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https://doi.org/10.11588/diglit.3702#0229
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Tu- Laboubie
BELLE
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levard,
nard,
iffées.
es,
lavard,
i gaillard,
Saint Boch sera le patron des Dur-à-Cuire,
Saint Anicet sera le patron des Bourgeois.
Saint Hippolyte, sera le pntron des Lucas.
Saint Thomas sera le patron des Pots.
Saint Germain sera le patron des Cousins.
Saint Urbain sera le patron des "Villes.
Saint Rustique sera le patron des Campagnes.
Saint Martial sera le patron des Guerriers.
Saint Cloud sera le patron des Fesse-Mathieu.
Saint Fiacre patron des Conversations intimes.
Pour compléter la nomenclature de l'année nous y joindrons :
Saint Hure, patron des Charcutiers et des Couturières.
Enfin, quand l'année sera bissextile, nous aurons un surnumé-
raire tout prêt et nous prendrons' en supplément le dernier de
tous :
Saint Dyck, patron des Faillis.
Si ce nouveau Calendrier était adopté, nous volerions à saint
Cyr un cierge deremerciment.
GAZETTE A LA MAIN ■
Sur toute la ligne des boulevards, de la Bastille à la Périne,
— pardon : à la Madeleine, — la belle Gabrielle, en effet, n'en est
pas encore au repentir, — le Nouvel An vient d'installer ses bara-
ques et de déballer ses bibelots.
Le Nouvel An !
Déjà !.-.
Est-ce possible 1...
m -
En vérité, j'ai beau regarder autour de moi...
J'ai beau voir les joujoux qui encombrent les boutiques, les
réclames qui tapissent les journaux et les livres d'étrennes qui re-
luisent comme des cent-gardes, dans leur hoqueton d'orfèvrerie, k
l'étalage des libraires...
J'ai beau voir les proclamations où, en un style assez élevé, —
sur les murailles, — M. le rédacteur en chef dé VEtcndard initie
les populations aux douceurs des produits de Seugnot, ~ confiseur
des rois de France, — ce qui, par parenthèse,»a fait dire à
M. Dréolle :
— Nousne tenons pas, chez nous, la dragée haute, au Public.
J'ai beau, enfin, voir mon portier, ma femmeet les... succur-
sales de celle-ci me faire mine et patte de velours...
Je ne nTimaginerai jamais que le Premier Janvier, avec la formi-
dable queue d'inconvénients qu'il porte vissée à l'échiné, ose se
présenter chez nous, par cet air tiède, ce soleil printanier^ et ces
bouffées de pluie caressante, sans nous avoir envoyé, au préalable,
une bombe glacée d'intempéries ou un parfait aux frimats pana-
chés.
Un Nouvel An sans neige !...
La Pompadour sans poudre !...
Sur le chemin de fer d'Auteuil, un gentleman, seul dans un
wagon de première classe, y voit monter trois dames.
Au bout de deux minutes, ces dames se mettent à rouler des ci-
garettes et les allument effrontément.
Alors le monsieur, saluant avec la plus exquise politesse :
— Mesdames, si cela ne vous gêne pas, voudriez-rous me per-
mettre de ne pas fumer?
Un couple se présente chez un avocat consultant.
Les deux époux exposent leucs griefs.
— Que voulez-vous, madame? demande l'avocat.
— La séparation de corps et de biens.
? — Et vous, monsieur? ;
— La séparation de corps et de biens. '
— A merveille ! Madame et monsieur, vous pouvez vous retirer :
vous êtes parfaitement d'accord.
Mademoiselle Fanny T... est bête à déjeuner avec ses che-
.vaux.
H est vrai que celui qui les lui a donnés est encore plus bète
qu'elle.
L'autre jour, elle entra résolument dans un magasin de dentelles,
et se fit montrer plusieurs voilettes de prix.
— Choisissez, lui dit la dame do magasin ; nous avons des voiles
de toute espèce, de Chantilly, d'Alençon. d'Angleterre.
— Ce n'est pas ces dentelles-là que "je cherche, fit l'aimable grue;
est-ce que vous n'auriez pas chez vous le voile de l'anonvme dont
j'entends parler si souvent? ,
THÉÂTRES
Voilà plus de quinze jours que la Madone des Hoses a été jouée
pour la première fois, et non seulement elle n'est pas morte, en-
terrée, oubliée dans ce grand cimetière dramatique du feuilleton
dont les comptes-rendus sont des.croix; mais elle vit, elle pros-
père, elle se corrobore et menace la caisse de la Gaîté d une inva-
sion des francs...
J'entends d'ici Victor Koning dire à ces étrangers avec l'intona-
tion d'Hamlet aux comédiens :
— Messieurs, soyez les bienvenus dans Elseneur'
■ . *
Les décors, les costumes, la mise en scène, les interprètes de la
Madone des roses expliquent et fortifient ce succès___
Quant à la pièce, elle a trois actes excellents, une scène char-
mante, — la scène des raisins, qui deviendra le pendant de la scène
despommes, de Fanfan la Tulipe, — et, dans l'allure et le langage,
je ne sais quoi d'impétueux et de grand...
Shakespeare spoken herel
Mais le mol de la fin appartient au machiniste...
William Séjour, laissez parler l'incendie de M. Eugène Godin.
Comme on doit aux enfants une grande révérence, on doit
pareillemon't aux vieillards un coup de chapeau respectueux.
J'ai dû tirer le mien, plusieurs fois, l'autre soir, à d'anciennes
connaissances du Hanneton et de l'Image...
M. Eélix Favard les promenait, ces vénérables calembours, avec
des attentions toutes paternelles, a travers la Petite-Provence de la
rue de la Tour-d'Auvergne...
La revue qui leur sert de canne s'appelle La Tour prends garde,
je crois. On y trouve de jolis couplets. Malheureusement, où il
faudrait des cigales, l'Ecole-Lyrique n'a guère pu se procurer que
des cri-cris !...
Mademoiselle Clara Pilvois mérite seule quelque attention dans
cette pécore...
Elle dansait, j'en suis fort aise :
Elle chante fort bien maintenant. '
BALS DU GHATELET (1).
Public mêlé... cassis ! Des attachés d'ambassade et des décrochez-
moi ça ! des porte-mousqueton des 'vols 'de la féerie, — des Casi-
nettes, des Vatentinetles en rupture d'Arban, et des cavaliers qui
figurent à la cour de l'Empereur,— dans Bonaparte ou les premières
pages d'une grande histoire, — le faubourg Saint-Germain et le fau-
bourg dn Temple, le corps diplomatique et le corps de ballet, —
M. de Gamors et mademoiselle Faite-an-Moule, qui joue les sus-
pensions dans les apothéoses, — madame de Ghalis et M. PHsson-
neau, qui joue la troisième vague à gauche dans le Naufrage de la
Méduse... Dieu sait avec quel galbe, quel naturel et quel talent !
Il y a deux ans, la belle madame W,.. une gentlewoman du pays
des Skittles et des Cora, s'était éprise d'un adolescent qui repré-
sentait une grenouille dans le divertissement d'Aladin.
Ellcapprit que les grenouilles d'Aladin étaient visibles — et tangi-
bles — au bai du Chàtelet...
(1) Celte physionomie parisienne est tirée de au cal masqué, — par Paul
Mahalin. — Un joli vol. in-18, qu'achèteront certainement tous ceux qui
lisent Emile Blondet. — E. Pache, éditeur, 164, rue de Rivoli. Prix : 3 Fr.
Un samedi, elle s'esquiva de l'Opéra, où elle trône, d'ordinaire,
d'ans la loge du prince Z... accourut au Chàtelet, fit la cour à son
jeune homme, l'enleva en coupé, l'installa, couvert de sa peau de
batracien, dans la salle à manger d'ébène sculpté de sOn petit
hôtel de la rue Jean-Goujon, lui servit à souper de sesmains patri-
ciennes, et, au dessert- :
m
— Je t'aime !.., Mais veux-tu que je t'adore, dis, le veux-tul
Eh bien, remets ta têie de grenouille !...
*
La même année, le Chàtelet avait eu besoin, pour ce même
Aladin , je crois, d'un jeune premier jouissant d'un physique et
d'une voix agréables.
On le découvrit dans un théâtre des départements, où il chan-
tait les chœurs dans la soirée, après avoir, dans lajournée, restauré
lesbjttines mâles et femelles de ses comoatriotes.
On l'appela dans la. capitale ;
On le décrassa suffisamment.;
On lui serina son rôle à bouche-que-veux-tu; »
Et puis, on le lança... dans la féerie.
Les costumes, l'aplomb et l'instrument du débutant prirent les
yeux et le cœur de toutes les femmes.
. Madame de B..., entre autres, s'en énamoura absolument.
Elle ne manqu-i pas une seule des cent représentations de la
Lampe merveilleuse.
Mais tout aun terme—même leauccès: la pièce quitta l'afficha,
et Madame deB... se trouva fort empêchée de contempler l'objet
de ses adorations,..
Sur ces entrefaites, on l'informa que celui-ci ne manquait pas
un seul des bals de son théâtre. .
Aussitôt, la jeune femme s'y fit conduire, en masque — déci-
dée à tout sacrifier pour s'enivrer une fois de plus des accents de
cette voix d'une si harmonieuse tendresse !
En arrivant devant le Chàtelet, elle appercut notre comédien
qui fumait une cigarette sur le seuil du café G'oulhrot et re-ardait
entrer le inonde...
Il étaiSTà, ganté, frisé, musqué, verni,— tout fringant neuf
dans une toilette taillée par les ciseaux de Bonne... °
Quelle grâce cavalière ! Quel charme vainqueur I Quelle dis-
tinction aristocratique I pensa madame deB... A tout prix, il faut
que je lui parle... Oui, mais quel moyen employer?...
Elle réfléchit un instant.
Puis elle sourit...
Le moyen était trouvé !
La jeune femme ordonna à son cocher de fouetter ses chevaux à
tour debras, — en rasant le trottoir...
Et, au moment où la voiture ellleurait le café, notre héroïne, ou-
vrant brusquement la portière, s'élança dehors, au risque de se
briser la tète sur le trottoir...
Elle tomba dans les bras du jeune homme...
- Alors, émue, épouvantée et heureuse,— rougissant et pâlissant
a la fois : . . *
— Oh ! monsieur, vous m'avez sauvée! balbutia-t-elle.
Mais lui, avec une intonation que Ménier-Ohopard ne désavoue-
rait point :
— Tonnerre! ma petite mère, il est certain que sans mézigue
vous vous esquintiez drôlement la margoulelle sur le pavé I
^____________ Emile Blondet.
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pas de mèche à régulariser. Les douze verres qui accompagnent le Lampascope reproduisent quarante-lmit des charges les plus célèbres de Gill : Thérésa, ïhiers, Bismark,
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Saint Anicet sera le patron des Bourgeois.
Saint Hippolyte, sera le pntron des Lucas.
Saint Thomas sera le patron des Pots.
Saint Germain sera le patron des Cousins.
Saint Urbain sera le patron des "Villes.
Saint Rustique sera le patron des Campagnes.
Saint Martial sera le patron des Guerriers.
Saint Cloud sera le patron des Fesse-Mathieu.
Saint Fiacre patron des Conversations intimes.
Pour compléter la nomenclature de l'année nous y joindrons :
Saint Hure, patron des Charcutiers et des Couturières.
Enfin, quand l'année sera bissextile, nous aurons un surnumé-
raire tout prêt et nous prendrons' en supplément le dernier de
tous :
Saint Dyck, patron des Faillis.
Si ce nouveau Calendrier était adopté, nous volerions à saint
Cyr un cierge deremerciment.
GAZETTE A LA MAIN ■
Sur toute la ligne des boulevards, de la Bastille à la Périne,
— pardon : à la Madeleine, — la belle Gabrielle, en effet, n'en est
pas encore au repentir, — le Nouvel An vient d'installer ses bara-
ques et de déballer ses bibelots.
Le Nouvel An !
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J'ai beau voir les joujoux qui encombrent les boutiques, les
réclames qui tapissent les journaux et les livres d'étrennes qui re-
luisent comme des cent-gardes, dans leur hoqueton d'orfèvrerie, k
l'étalage des libraires...
J'ai beau voir les proclamations où, en un style assez élevé, —
sur les murailles, — M. le rédacteur en chef dé VEtcndard initie
les populations aux douceurs des produits de Seugnot, ~ confiseur
des rois de France, — ce qui, par parenthèse,»a fait dire à
M. Dréolle :
— Nousne tenons pas, chez nous, la dragée haute, au Public.
J'ai beau, enfin, voir mon portier, ma femmeet les... succur-
sales de celle-ci me faire mine et patte de velours...
Je ne nTimaginerai jamais que le Premier Janvier, avec la formi-
dable queue d'inconvénients qu'il porte vissée à l'échiné, ose se
présenter chez nous, par cet air tiède, ce soleil printanier^ et ces
bouffées de pluie caressante, sans nous avoir envoyé, au préalable,
une bombe glacée d'intempéries ou un parfait aux frimats pana-
chés.
Un Nouvel An sans neige !...
La Pompadour sans poudre !...
Sur le chemin de fer d'Auteuil, un gentleman, seul dans un
wagon de première classe, y voit monter trois dames.
Au bout de deux minutes, ces dames se mettent à rouler des ci-
garettes et les allument effrontément.
Alors le monsieur, saluant avec la plus exquise politesse :
— Mesdames, si cela ne vous gêne pas, voudriez-rous me per-
mettre de ne pas fumer?
Un couple se présente chez un avocat consultant.
Les deux époux exposent leucs griefs.
— Que voulez-vous, madame? demande l'avocat.
— La séparation de corps et de biens.
? — Et vous, monsieur? ;
— La séparation de corps et de biens. '
— A merveille ! Madame et monsieur, vous pouvez vous retirer :
vous êtes parfaitement d'accord.
Mademoiselle Fanny T... est bête à déjeuner avec ses che-
.vaux.
H est vrai que celui qui les lui a donnés est encore plus bète
qu'elle.
L'autre jour, elle entra résolument dans un magasin de dentelles,
et se fit montrer plusieurs voilettes de prix.
— Choisissez, lui dit la dame do magasin ; nous avons des voiles
de toute espèce, de Chantilly, d'Alençon. d'Angleterre.
— Ce n'est pas ces dentelles-là que "je cherche, fit l'aimable grue;
est-ce que vous n'auriez pas chez vous le voile de l'anonvme dont
j'entends parler si souvent? ,
THÉÂTRES
Voilà plus de quinze jours que la Madone des Hoses a été jouée
pour la première fois, et non seulement elle n'est pas morte, en-
terrée, oubliée dans ce grand cimetière dramatique du feuilleton
dont les comptes-rendus sont des.croix; mais elle vit, elle pros-
père, elle se corrobore et menace la caisse de la Gaîté d une inva-
sion des francs...
J'entends d'ici Victor Koning dire à ces étrangers avec l'intona-
tion d'Hamlet aux comédiens :
— Messieurs, soyez les bienvenus dans Elseneur'
■ . *
Les décors, les costumes, la mise en scène, les interprètes de la
Madone des roses expliquent et fortifient ce succès___
Quant à la pièce, elle a trois actes excellents, une scène char-
mante, — la scène des raisins, qui deviendra le pendant de la scène
despommes, de Fanfan la Tulipe, — et, dans l'allure et le langage,
je ne sais quoi d'impétueux et de grand...
Shakespeare spoken herel
Mais le mol de la fin appartient au machiniste...
William Séjour, laissez parler l'incendie de M. Eugène Godin.
Comme on doit aux enfants une grande révérence, on doit
pareillemon't aux vieillards un coup de chapeau respectueux.
J'ai dû tirer le mien, plusieurs fois, l'autre soir, à d'anciennes
connaissances du Hanneton et de l'Image...
M. Eélix Favard les promenait, ces vénérables calembours, avec
des attentions toutes paternelles, a travers la Petite-Provence de la
rue de la Tour-d'Auvergne...
La revue qui leur sert de canne s'appelle La Tour prends garde,
je crois. On y trouve de jolis couplets. Malheureusement, où il
faudrait des cigales, l'Ecole-Lyrique n'a guère pu se procurer que
des cri-cris !...
Mademoiselle Clara Pilvois mérite seule quelque attention dans
cette pécore...
Elle dansait, j'en suis fort aise :
Elle chante fort bien maintenant. '
BALS DU GHATELET (1).
Public mêlé... cassis ! Des attachés d'ambassade et des décrochez-
moi ça ! des porte-mousqueton des 'vols 'de la féerie, — des Casi-
nettes, des Vatentinetles en rupture d'Arban, et des cavaliers qui
figurent à la cour de l'Empereur,— dans Bonaparte ou les premières
pages d'une grande histoire, — le faubourg Saint-Germain et le fau-
bourg dn Temple, le corps diplomatique et le corps de ballet, —
M. de Gamors et mademoiselle Faite-an-Moule, qui joue les sus-
pensions dans les apothéoses, — madame de Ghalis et M. PHsson-
neau, qui joue la troisième vague à gauche dans le Naufrage de la
Méduse... Dieu sait avec quel galbe, quel naturel et quel talent !
Il y a deux ans, la belle madame W,.. une gentlewoman du pays
des Skittles et des Cora, s'était éprise d'un adolescent qui repré-
sentait une grenouille dans le divertissement d'Aladin.
Ellcapprit que les grenouilles d'Aladin étaient visibles — et tangi-
bles — au bai du Chàtelet...
(1) Celte physionomie parisienne est tirée de au cal masqué, — par Paul
Mahalin. — Un joli vol. in-18, qu'achèteront certainement tous ceux qui
lisent Emile Blondet. — E. Pache, éditeur, 164, rue de Rivoli. Prix : 3 Fr.
Un samedi, elle s'esquiva de l'Opéra, où elle trône, d'ordinaire,
d'ans la loge du prince Z... accourut au Chàtelet, fit la cour à son
jeune homme, l'enleva en coupé, l'installa, couvert de sa peau de
batracien, dans la salle à manger d'ébène sculpté de sOn petit
hôtel de la rue Jean-Goujon, lui servit à souper de sesmains patri-
ciennes, et, au dessert- :
m
— Je t'aime !.., Mais veux-tu que je t'adore, dis, le veux-tul
Eh bien, remets ta têie de grenouille !...
*
La même année, le Chàtelet avait eu besoin, pour ce même
Aladin , je crois, d'un jeune premier jouissant d'un physique et
d'une voix agréables.
On le découvrit dans un théâtre des départements, où il chan-
tait les chœurs dans la soirée, après avoir, dans lajournée, restauré
lesbjttines mâles et femelles de ses comoatriotes.
On l'appela dans la. capitale ;
On le décrassa suffisamment.;
On lui serina son rôle à bouche-que-veux-tu; »
Et puis, on le lança... dans la féerie.
Les costumes, l'aplomb et l'instrument du débutant prirent les
yeux et le cœur de toutes les femmes.
. Madame de B..., entre autres, s'en énamoura absolument.
Elle ne manqu-i pas une seule des cent représentations de la
Lampe merveilleuse.
Mais tout aun terme—même leauccès: la pièce quitta l'afficha,
et Madame deB... se trouva fort empêchée de contempler l'objet
de ses adorations,..
Sur ces entrefaites, on l'informa que celui-ci ne manquait pas
un seul des bals de son théâtre. .
Aussitôt, la jeune femme s'y fit conduire, en masque — déci-
dée à tout sacrifier pour s'enivrer une fois de plus des accents de
cette voix d'une si harmonieuse tendresse !
En arrivant devant le Chàtelet, elle appercut notre comédien
qui fumait une cigarette sur le seuil du café G'oulhrot et re-ardait
entrer le inonde...
Il étaiSTà, ganté, frisé, musqué, verni,— tout fringant neuf
dans une toilette taillée par les ciseaux de Bonne... °
Quelle grâce cavalière ! Quel charme vainqueur I Quelle dis-
tinction aristocratique I pensa madame deB... A tout prix, il faut
que je lui parle... Oui, mais quel moyen employer?...
Elle réfléchit un instant.
Puis elle sourit...
Le moyen était trouvé !
La jeune femme ordonna à son cocher de fouetter ses chevaux à
tour debras, — en rasant le trottoir...
Et, au moment où la voiture ellleurait le café, notre héroïne, ou-
vrant brusquement la portière, s'élança dehors, au risque de se
briser la tète sur le trottoir...
Elle tomba dans les bras du jeune homme...
- Alors, émue, épouvantée et heureuse,— rougissant et pâlissant
a la fois : . . *
— Oh ! monsieur, vous m'avez sauvée! balbutia-t-elle.
Mais lui, avec une intonation que Ménier-Ohopard ne désavoue-
rait point :
— Tonnerre! ma petite mère, il est certain que sans mézigue
vous vous esquintiez drôlement la margoulelle sur le pavé I
^____________ Emile Blondet.
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