L'ÉGLIPSE
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«eiij
'Ht.
»e,et
te, et
4
TROISIÈME TABLEAU
Le théâtre représente une petite maison de campagne des environs de
Paris, trouée par les obus, avec les vitres cassées et ses persienne»
bris&es. On entend dans le lointain une musique' militaire,
SCÈNE PREMIÈRE
TRENTÈ-sûùs, en costume d'ouvrier. Il itent à la main une pelle
avec laquelle il écarte les décombres du rez-de-chaussée. — Ils par-
tent... Ils sont partis ! Enfin I (montrant la maison en ruines) ce
qu'ils n'ont pas brisé ou brûlé, ils l'emportent... Ils emportent
tout ce qni est à nous, mais, selon leur habitude [il fait un gale
de dégoût), il» nous laissent quelque chose...
Air d'Offenbaeh
Vous connaissez le chien d' Nivelle
Qui toujours fuit quand on l'appelle;
C'est errcor autrement, Prussien,
Que tu me fais songer au chien... (bis)
Même, quand la maison est toute nue,
On sent... ici que la brute est venue
Et faut prendre gard', partout, chez soi
D' marcher dans un... souvenir bavarois,
(On entend Us dernières mesures de la musique.)
Mais ce bruit?... Est-ce qu'ils reviendraient encore? Est-ce
qu'ils auraient oublié quelque chose? Ce serait invraisemblable.
pendulard, dans le lointain. — Boum ! Boum ! Pif-paf. Boum...
trente-SOUS. Ali! non, c'est leur musique qui s'éloigneI
Même dans leur musique, 11 faut qu'ils mettent du canon. (Il se
remet à travailler.)
SCÈNE IR
TRENTE-SOUS, 1" ....ISTE, 2° ....ISTE, 3» .. .ISTE.
trente-sous. — Qu'est-ce qui arrive-là ?...On dirait les trois
s?
1" ....ISTE, 2e ...-.iste, 3° ....iste, personnages masqués et mar-
chant avec mystère.
Ensemble :
Nous venons tous les trois,
Avec les mêmes droits,
En avant le cliché 1... C'est pour rendre à la France
Patrie, Union, Ordre, Indépendance,
Et le seul de nous trois
Qui le puisse, c'est moi 1 !
(Parle", avec respect.)
Monsieur Trente-sous, s'il vous plait.
trente-sous. — C'est moi ! ou plut&t c'était moi, quand il
n'y avait plus de travail et qu'il fallait absolument manger —
mais, maintenant, il n'j a plus de Trente-sous ; maintenant que
les affaires, quoique vous en disiez, ont repris, il n'y a plus de
Trente-sous, il y a l'ouvrier qui peut et qui doit gagner, avec
son travail, sa vie et celle de sa famille.., Donc au fait... que
me voulez-vous ? Parlez, voyons... car je suis drôlement bâti,
peut-être, mais j'aime pas les masques.
TOUS les trois ...jstes. — Monsieur.,, (Ils lui lendentunpe-
lit papier.)
trénte-sous, le dépliant. — Un bulletin de vote... (Avec iro-
nie...) Je suis donc redevenu quelque chose...
premier ...iste, prenant d part Trenle-sous et tout bas. — Pre-
nez mon... Aigle... sans mon cousin.
deuxième ....iste, mémejeu. — Prenez mon coq...
TRENTE-sOUS montrant ironiquement le troisième..... iste. —
Est-ce avec la Poule au pot I (Il rit) Ah 1 Ah I comme vous me
faites rire! (àpart) Aujourd'hui mendiant, et demain.,,
LES TROIS .... istes. — Eh bien votre réponse?
TRENTE-SOUS
(Air d'Offenbaeh)
Si vous croyez que je vais dire
Qui j'ose aimer !
C'n'est pas, oh non ! C n'est pas l'Empire
Que j' veux nommer.
mmmmmmmtTmsmwsma
Celle que j'aime, en conscience
Vous le savez,
Je ne suis pas, daas notre France
Seul à l'aimer.
J'ia sais honnête... et modérée...
Puis-j'être jaloux,
Si de tous elle est adorée
Si non par vous.
premier... iste. — Il faut l'arrêter, c'est un Rouge.
deuxième... iste. — Un Coinmuneux !
troisième... iste. — UnPétroleuxl Ils courent sur Trenle-sous
pour s'emparer de lui.
SCÈNE IU-
LES MÊMES, LA. REVANCHE , puis ALSACE-ET-LORRAINE, VER-
SAILLES-CAPITALE et PARIS-BOURGADE et PENDULARD.
la revanche. (Elle sort de la maison en ruines — elle est en
grand deuil.)
Qu'y a-t-il donc, messieurs ?
trente-sous. — Oh! rien, ma-
dame! — Ce sont ces messieurs qui
sont en train de faire leur essai
loyal de la République ! mais vous-
mêmes, qui êtes-vous ?
les trois .... istes. — Oui, qui
êtes-vous, pour vous mêler de nos
affaires.
la revanche. — Qui je suis ? Je
suis celle que tout Français doit
avoir à chaque instant devant les
yeux, celle dont le nom seul fait
trembler la Prusse. Celle qui vous
entraînera derrière elle, enfants ,
vieillards, soldats, ouvriers, lorsque
r je jugerai l'heure venue de donner le
signal. Je suis la Revanche.
TOUS. — La Revanche !
Justement, c'est vous que nous atten-
dons, que nous appelons de tous nos vœux.
LA revanche. — Non, messeigneurs ! vous vous trompez; je
ne suis pas la Revanche que vous croyez. Votre Revanche à
vous, c'est la Vengeance, Pour moi, vous êtes l'inconnu ou le
trop connu, et pour que l'un de vous trois puisse arriver, même
temporairement, il faudrait une révolution. Or, plus de révo-
lutions en France, tant qu'il y aura un Prussien. Ma revanche
à moi, la voici ;
PREMIER... ISTE.
(Elle montre l'Alsace qui entre, donnant le bras à un Lorrain.)
deuxième ......iste. — Qu'est-ce que ces étrangers*
la revanche.—Des étrangers pour vous, c'est possible ; pour
nous, Alsaciens et Lorrains seront toujours Français, n'est-ce
pas, mes amis, que même malheureuse, il n'y a encore que la
France. (Elle leur serre la main.)
ALSACE-LORRAINE.
Air d'Olfenbach.
Je suis Alsacienne,
TRENTE-SOUS l'interrompant. —Ah! encore de l'Offenbach.
la revanche.— Comment, Trente-sous, toi aussi te voilà in-
juste ! Ayons donc le courage de nos plaisirs.
alsace-lorraine, reprenant,
Je suis Alsacienne,
(Elle montre son compagnon.)
Lui, c'est un Lorrain.
Avant que j'sois prussienne,
Us repass'ront le Rhio.
Pas d'traité qui tienne !
Tant pis pour Berlin!
Je suis Alsacienne,
Lui, c'est un Lorrain,
Voilà,
Oui, voilà
Ce que l'on vous dira ;
Voilà,
Oui, voilà
Ce qu'on vous apprendra.
Et toujours on verra
Que dans l'Alsa:e, oui dà,
La femme qu'épousera
Un garçon, lui dira :
Reiprise de
Je suis Alsacienne, etc.
(Entrent Paris - Bourgade el Versailles-Capitale.)
trente-sous. — Mais, je ne me trompe pas, ce petit garçon
et cette grande dame... c'est mon pauvre Paris et Son Altesse
Madame Versailles!... En voilà deux qui ne sont pas aussi
d'accord que ceux-là.
la revanche. — Erreur, mon brave Treute-sous ! C'est en-
core une de mes revanches... N'est-ce pas, Versailles, que le
temps de la défiance est passé, que les rancunes s'appaisent
et que Paris va redevenir la capitale du monde, le rendez-vous
des étrangers, le foyer de l'esprit et du goût? Déjà le com-
merce se rassure, l'or rougit de se cacher, les théâtres...
trente-sous. —Ah! pardon de vous interrompre... mais
sous ce rapport là, nous ne sommes pas jusqu'ici positivement
heureux.
LA revanche. — C'est vrai, mais, parmi ceux qui ont échoué,
la plupart avaient depuis longtemps pris leur revanche d'un in-
succès. Paris aura encore ses grandes fêtes littéraires et ses
plaisirs sans pareils. On assure même que les jeux seront...
rétablis sur une échelle monstre au palais de l'Indnstrie.
trente-sous. — Tant pis...
LA revanche. — Et pourquoi ? Si l'on supprime les tripots. —
D'ailleurs, c'est pour un temps, jusqu'à ce que l'on ait payé les
milliards de la Prusse... avec l'argent de l'étranger et en lui
enlevant sa clientèle, en ruinant Bade, Hombourg,~Wiesbaden,
toutes ces pépinières d'ennemis.
trente-sous, — Si c'est comme cela! merci de tes prédic-
tions, madame La Revanche, tu es plus rassurante que ce petit
vieux de Mathieu de la Drôme, quoique, si je l'eusse écouté, je
n'aurais pas là (il montre sa jambe) un souvenir de Montretout.
Et maintenant, de grâce, chante-nous le couplet final de ri-
gueur.
la revanche. — Chanter ! Quand je chanterai, Trente-sous,
ce sera la Marseillaise 1 et le Chant du Départ !
(En ce moment on voit passer, en courant, Pendulard, clutrgè de
bagages, au milieu desquels on aperçoit à peine son casque.)
trente-sous. — Tiens! on dirait que
tu fais peur à cet homme avec ces deux
noms-là. Parbleu! c'est encore un Prus-
sien! il aura fait un deuxième voyage,
n'ayant pas pu tout emporter à la fois.
pendulard, dans le lointain. — Adieu !
Adieu!
trente-sous, lui criant : — Non ! Au re-
voir et le plus tôt possible ! — La ioite
tombe,
La toile se relève
la claque de L'ECLIPSE aoec indigna'
tion. — L'auteur, l'auteur I
trente-SOUS reparaît, et s'inclinant avec un profond respect. —
Mesdames et Messieurs, la revue qui vient d'être représentée
devant vous, est pour les dessins de M. Hadol, pour la musique
de M. Jacques Offenbach: et pour les paroles de M.
ADOLPHE DUPEUTY.
LANTEB1 DE BOPM \° 48. 5fe
LlSAVEfîlîRESDi
(franco 1 fr. 20 c.)
^ÉV4UTO 18711-71, ptJ6fc3^V;.,série
[ I AU illustrées par A. Hum-
iLlfiJ.l, bert, I vol. I franc.
de la
mm ET LOilKANE, ^°ria
1 vol 25 c. (fran-
OPÉRA. — Bal masqué tous les samedis. — Chef d'orchestre :
Strauss. — Abonnement 40 francs. — Administration, 3, rue
Drouot.
VALENTINO. — Concerts : lundi, mercredi et vendredi. —
— Bals : dimanehe, mardi, jeudi et samedi.
------------------.*—----------=------
Exposition de peinture. — Le succès de l'exposition
de peinture de la rue Le Peletier s'accentua chaque jour. Tous
ceux qui ont assisté au siège de Paris y retrouvent les événe-
ments reproduits avec une vérité saisissante.
L'exposition est ouverte tous les jours jusqu'à dix heures du
soir (les samedis de bal de l'Opéra jusqu'à minuit).
ï^ï-ime^-Etï-eïiiiLes de L'ECLIPSE
MJEVI.WPSE met m la disposition de tes abonnés les trois primes suivantes t
PREMIÈRE PRIME
Albums pittoresques et lxu.morlstiqi.tteS
les deux sièges de Paris, série de 32 planches, par les premiers
artistes.
Environs de Paris après le siège et la guerre civile.
Souvenirs du siège de Paris, par Draner.
Paris assiégé, par Draner.
Les Soldats de la République, par Draner.
Les Folies de la Commune, par Cham.
Album du siège, par Cham et Daumier.
Ces albums ont été vendus partout, jusqu'à ce jour, 4 et 5
francs.
Pour nos abonnés, le pris est réduit h 9 francs par album.
Ajouter SO centimes par album pour recevoir franco.
DEUXIÈME PRIME
Un buste de la RÉPUBLIQUE, par
Georges Hébert
Ce buste, en imitation de terre cuite, mesure 50 centimètres
de haut avec son support.
Facile à accrocher à la muraille, elle peut également prendre
place sur un meuble, sur un rayon d'étagère ou de bibliothè-
que, sur un marbre de cheminée ou de console. Elle peut orner
indifféremment le salon ou le boudoir, la chambre à coucher ou
le cabinet de travail.
Pria: de la Prime
Prise dans nos bureaux, sans être emballée........ 8 fr.
Emballée avec soin, et prête à être expédiée........ 9 fr.
Le Port reste a la charge du destinataire
TROISIÈME PRIME
Une superbe X-iArVTEFtrSTE MAGIQUE»
dite LAMPASCOPB
Le système ingénieux sur lequel repose notre lanterne magi-
que en permet l'usage instantané dans toutes les conditions. Le
Lampascope donne les mêmes résultats que l'ancienne et tradi-
tionnelle lanterne magique. 11 a l'avantage de ne nécessiter
aucuns préparatifs; il ne s'agit que d'apposer l'appareil sur la
première lampe venue. Les douze verres qui accompagnent le
lampascope reproduisent quarante-huit des charges les plus
célèbres de Gill : Thérésa, Thiers, Bismarck, Jules Favre,
Eochefort, Yictor Hugo, etc., etc.
Prix de la Prime
Prise dans nés bureaux, sans être emballée. . . 7 Fr.
Emballée avec soin et prête à être expédiée. . .
Le port reste à la charge du destinataire
eMei
«eiij
'Ht.
»e,et
te, et
4
TROISIÈME TABLEAU
Le théâtre représente une petite maison de campagne des environs de
Paris, trouée par les obus, avec les vitres cassées et ses persienne»
bris&es. On entend dans le lointain une musique' militaire,
SCÈNE PREMIÈRE
TRENTÈ-sûùs, en costume d'ouvrier. Il itent à la main une pelle
avec laquelle il écarte les décombres du rez-de-chaussée. — Ils par-
tent... Ils sont partis ! Enfin I (montrant la maison en ruines) ce
qu'ils n'ont pas brisé ou brûlé, ils l'emportent... Ils emportent
tout ce qni est à nous, mais, selon leur habitude [il fait un gale
de dégoût), il» nous laissent quelque chose...
Air d'Offenbaeh
Vous connaissez le chien d' Nivelle
Qui toujours fuit quand on l'appelle;
C'est errcor autrement, Prussien,
Que tu me fais songer au chien... (bis)
Même, quand la maison est toute nue,
On sent... ici que la brute est venue
Et faut prendre gard', partout, chez soi
D' marcher dans un... souvenir bavarois,
(On entend Us dernières mesures de la musique.)
Mais ce bruit?... Est-ce qu'ils reviendraient encore? Est-ce
qu'ils auraient oublié quelque chose? Ce serait invraisemblable.
pendulard, dans le lointain. — Boum ! Boum ! Pif-paf. Boum...
trente-SOUS. Ali! non, c'est leur musique qui s'éloigneI
Même dans leur musique, 11 faut qu'ils mettent du canon. (Il se
remet à travailler.)
SCÈNE IR
TRENTE-SOUS, 1" ....ISTE, 2° ....ISTE, 3» .. .ISTE.
trente-sous. — Qu'est-ce qui arrive-là ?...On dirait les trois
s?
1" ....ISTE, 2e ...-.iste, 3° ....iste, personnages masqués et mar-
chant avec mystère.
Ensemble :
Nous venons tous les trois,
Avec les mêmes droits,
En avant le cliché 1... C'est pour rendre à la France
Patrie, Union, Ordre, Indépendance,
Et le seul de nous trois
Qui le puisse, c'est moi 1 !
(Parle", avec respect.)
Monsieur Trente-sous, s'il vous plait.
trente-sous. — C'est moi ! ou plut&t c'était moi, quand il
n'y avait plus de travail et qu'il fallait absolument manger —
mais, maintenant, il n'j a plus de Trente-sous ; maintenant que
les affaires, quoique vous en disiez, ont repris, il n'y a plus de
Trente-sous, il y a l'ouvrier qui peut et qui doit gagner, avec
son travail, sa vie et celle de sa famille.., Donc au fait... que
me voulez-vous ? Parlez, voyons... car je suis drôlement bâti,
peut-être, mais j'aime pas les masques.
TOUS les trois ...jstes. — Monsieur.,, (Ils lui lendentunpe-
lit papier.)
trénte-sous, le dépliant. — Un bulletin de vote... (Avec iro-
nie...) Je suis donc redevenu quelque chose...
premier ...iste, prenant d part Trenle-sous et tout bas. — Pre-
nez mon... Aigle... sans mon cousin.
deuxième ....iste, mémejeu. — Prenez mon coq...
TRENTE-sOUS montrant ironiquement le troisième..... iste. —
Est-ce avec la Poule au pot I (Il rit) Ah 1 Ah I comme vous me
faites rire! (àpart) Aujourd'hui mendiant, et demain.,,
LES TROIS .... istes. — Eh bien votre réponse?
TRENTE-SOUS
(Air d'Offenbaeh)
Si vous croyez que je vais dire
Qui j'ose aimer !
C'n'est pas, oh non ! C n'est pas l'Empire
Que j' veux nommer.
mmmmmmmtTmsmwsma
Celle que j'aime, en conscience
Vous le savez,
Je ne suis pas, daas notre France
Seul à l'aimer.
J'ia sais honnête... et modérée...
Puis-j'être jaloux,
Si de tous elle est adorée
Si non par vous.
premier... iste. — Il faut l'arrêter, c'est un Rouge.
deuxième... iste. — Un Coinmuneux !
troisième... iste. — UnPétroleuxl Ils courent sur Trenle-sous
pour s'emparer de lui.
SCÈNE IU-
LES MÊMES, LA. REVANCHE , puis ALSACE-ET-LORRAINE, VER-
SAILLES-CAPITALE et PARIS-BOURGADE et PENDULARD.
la revanche. (Elle sort de la maison en ruines — elle est en
grand deuil.)
Qu'y a-t-il donc, messieurs ?
trente-sous. — Oh! rien, ma-
dame! — Ce sont ces messieurs qui
sont en train de faire leur essai
loyal de la République ! mais vous-
mêmes, qui êtes-vous ?
les trois .... istes. — Oui, qui
êtes-vous, pour vous mêler de nos
affaires.
la revanche. — Qui je suis ? Je
suis celle que tout Français doit
avoir à chaque instant devant les
yeux, celle dont le nom seul fait
trembler la Prusse. Celle qui vous
entraînera derrière elle, enfants ,
vieillards, soldats, ouvriers, lorsque
r je jugerai l'heure venue de donner le
signal. Je suis la Revanche.
TOUS. — La Revanche !
Justement, c'est vous que nous atten-
dons, que nous appelons de tous nos vœux.
LA revanche. — Non, messeigneurs ! vous vous trompez; je
ne suis pas la Revanche que vous croyez. Votre Revanche à
vous, c'est la Vengeance, Pour moi, vous êtes l'inconnu ou le
trop connu, et pour que l'un de vous trois puisse arriver, même
temporairement, il faudrait une révolution. Or, plus de révo-
lutions en France, tant qu'il y aura un Prussien. Ma revanche
à moi, la voici ;
PREMIER... ISTE.
(Elle montre l'Alsace qui entre, donnant le bras à un Lorrain.)
deuxième ......iste. — Qu'est-ce que ces étrangers*
la revanche.—Des étrangers pour vous, c'est possible ; pour
nous, Alsaciens et Lorrains seront toujours Français, n'est-ce
pas, mes amis, que même malheureuse, il n'y a encore que la
France. (Elle leur serre la main.)
ALSACE-LORRAINE.
Air d'Olfenbach.
Je suis Alsacienne,
TRENTE-SOUS l'interrompant. —Ah! encore de l'Offenbach.
la revanche.— Comment, Trente-sous, toi aussi te voilà in-
juste ! Ayons donc le courage de nos plaisirs.
alsace-lorraine, reprenant,
Je suis Alsacienne,
(Elle montre son compagnon.)
Lui, c'est un Lorrain.
Avant que j'sois prussienne,
Us repass'ront le Rhio.
Pas d'traité qui tienne !
Tant pis pour Berlin!
Je suis Alsacienne,
Lui, c'est un Lorrain,
Voilà,
Oui, voilà
Ce que l'on vous dira ;
Voilà,
Oui, voilà
Ce qu'on vous apprendra.
Et toujours on verra
Que dans l'Alsa:e, oui dà,
La femme qu'épousera
Un garçon, lui dira :
Reiprise de
Je suis Alsacienne, etc.
(Entrent Paris - Bourgade el Versailles-Capitale.)
trente-sous. — Mais, je ne me trompe pas, ce petit garçon
et cette grande dame... c'est mon pauvre Paris et Son Altesse
Madame Versailles!... En voilà deux qui ne sont pas aussi
d'accord que ceux-là.
la revanche. — Erreur, mon brave Treute-sous ! C'est en-
core une de mes revanches... N'est-ce pas, Versailles, que le
temps de la défiance est passé, que les rancunes s'appaisent
et que Paris va redevenir la capitale du monde, le rendez-vous
des étrangers, le foyer de l'esprit et du goût? Déjà le com-
merce se rassure, l'or rougit de se cacher, les théâtres...
trente-sous. —Ah! pardon de vous interrompre... mais
sous ce rapport là, nous ne sommes pas jusqu'ici positivement
heureux.
LA revanche. — C'est vrai, mais, parmi ceux qui ont échoué,
la plupart avaient depuis longtemps pris leur revanche d'un in-
succès. Paris aura encore ses grandes fêtes littéraires et ses
plaisirs sans pareils. On assure même que les jeux seront...
rétablis sur une échelle monstre au palais de l'Indnstrie.
trente-sous. — Tant pis...
LA revanche. — Et pourquoi ? Si l'on supprime les tripots. —
D'ailleurs, c'est pour un temps, jusqu'à ce que l'on ait payé les
milliards de la Prusse... avec l'argent de l'étranger et en lui
enlevant sa clientèle, en ruinant Bade, Hombourg,~Wiesbaden,
toutes ces pépinières d'ennemis.
trente-sous, — Si c'est comme cela! merci de tes prédic-
tions, madame La Revanche, tu es plus rassurante que ce petit
vieux de Mathieu de la Drôme, quoique, si je l'eusse écouté, je
n'aurais pas là (il montre sa jambe) un souvenir de Montretout.
Et maintenant, de grâce, chante-nous le couplet final de ri-
gueur.
la revanche. — Chanter ! Quand je chanterai, Trente-sous,
ce sera la Marseillaise 1 et le Chant du Départ !
(En ce moment on voit passer, en courant, Pendulard, clutrgè de
bagages, au milieu desquels on aperçoit à peine son casque.)
trente-sous. — Tiens! on dirait que
tu fais peur à cet homme avec ces deux
noms-là. Parbleu! c'est encore un Prus-
sien! il aura fait un deuxième voyage,
n'ayant pas pu tout emporter à la fois.
pendulard, dans le lointain. — Adieu !
Adieu!
trente-sous, lui criant : — Non ! Au re-
voir et le plus tôt possible ! — La ioite
tombe,
La toile se relève
la claque de L'ECLIPSE aoec indigna'
tion. — L'auteur, l'auteur I
trente-SOUS reparaît, et s'inclinant avec un profond respect. —
Mesdames et Messieurs, la revue qui vient d'être représentée
devant vous, est pour les dessins de M. Hadol, pour la musique
de M. Jacques Offenbach: et pour les paroles de M.
ADOLPHE DUPEUTY.
LANTEB1 DE BOPM \° 48. 5fe
LlSAVEfîlîRESDi
(franco 1 fr. 20 c.)
^ÉV4UTO 18711-71, ptJ6fc3^V;.,série
[ I AU illustrées par A. Hum-
iLlfiJ.l, bert, I vol. I franc.
de la
mm ET LOilKANE, ^°ria
1 vol 25 c. (fran-
OPÉRA. — Bal masqué tous les samedis. — Chef d'orchestre :
Strauss. — Abonnement 40 francs. — Administration, 3, rue
Drouot.
VALENTINO. — Concerts : lundi, mercredi et vendredi. —
— Bals : dimanehe, mardi, jeudi et samedi.
------------------.*—----------=------
Exposition de peinture. — Le succès de l'exposition
de peinture de la rue Le Peletier s'accentua chaque jour. Tous
ceux qui ont assisté au siège de Paris y retrouvent les événe-
ments reproduits avec une vérité saisissante.
L'exposition est ouverte tous les jours jusqu'à dix heures du
soir (les samedis de bal de l'Opéra jusqu'à minuit).
ï^ï-ime^-Etï-eïiiiLes de L'ECLIPSE
MJEVI.WPSE met m la disposition de tes abonnés les trois primes suivantes t
PREMIÈRE PRIME
Albums pittoresques et lxu.morlstiqi.tteS
les deux sièges de Paris, série de 32 planches, par les premiers
artistes.
Environs de Paris après le siège et la guerre civile.
Souvenirs du siège de Paris, par Draner.
Paris assiégé, par Draner.
Les Soldats de la République, par Draner.
Les Folies de la Commune, par Cham.
Album du siège, par Cham et Daumier.
Ces albums ont été vendus partout, jusqu'à ce jour, 4 et 5
francs.
Pour nos abonnés, le pris est réduit h 9 francs par album.
Ajouter SO centimes par album pour recevoir franco.
DEUXIÈME PRIME
Un buste de la RÉPUBLIQUE, par
Georges Hébert
Ce buste, en imitation de terre cuite, mesure 50 centimètres
de haut avec son support.
Facile à accrocher à la muraille, elle peut également prendre
place sur un meuble, sur un rayon d'étagère ou de bibliothè-
que, sur un marbre de cheminée ou de console. Elle peut orner
indifféremment le salon ou le boudoir, la chambre à coucher ou
le cabinet de travail.
Pria: de la Prime
Prise dans nos bureaux, sans être emballée........ 8 fr.
Emballée avec soin, et prête à être expédiée........ 9 fr.
Le Port reste a la charge du destinataire
TROISIÈME PRIME
Une superbe X-iArVTEFtrSTE MAGIQUE»
dite LAMPASCOPB
Le système ingénieux sur lequel repose notre lanterne magi-
que en permet l'usage instantané dans toutes les conditions. Le
Lampascope donne les mêmes résultats que l'ancienne et tradi-
tionnelle lanterne magique. 11 a l'avantage de ne nécessiter
aucuns préparatifs; il ne s'agit que d'apposer l'appareil sur la
première lampe venue. Les douze verres qui accompagnent le
lampascope reproduisent quarante-huit des charges les plus
célèbres de Gill : Thérésa, Thiers, Bismarck, Jules Favre,
Eochefort, Yictor Hugo, etc., etc.
Prix de la Prime
Prise dans nés bureaux, sans être emballée. . . 7 Fr.
Emballée avec soin et prête à être expédiée. . .
Le port reste à la charge du destinataire