L'ECLIPSE
M. D'Al)DIFFRET-P;iSQlIIER
Riche de ce qu'autrefois on appelait un beau nom, — d'une
fortune raisonnable qui ne doit rien à personne, d'un talent
oratoire dont les circonstances n'ont pas peu contribué à sou-
ligner l'acuité, — d'une énergie que chacun applaudit, —d'une
honnêteté que nul ne suspecte, M. d'Audiffret-Pasquier est cer-
tainement le lion du jour, — un lion aux griffes lustrées, aux
crocs polis par la courtoisie parlementaire, — mais non moins
acharnés et non moins terribles.
J'ignore ce qu'il y aura à rabattre — plus tard — de son
succès de l'autre jour...
Mais, ce que je sais bien, c'est que ce succès a été l'un des
plus éclatants, des plus spontanés et des plus unanimes qui
aient jamais galvanisé la nécropole de Versailles.
M. d'Audi ffret-Pasquier est un Diogène au rebours:
Sa lanterne au poing, le cynique d'Athènes cherchait un
homme...
M. d'Audiffret-Pasquier est un homme qui, éclairé par un
patriotisme ardent et réfléchi, cherche et découvre les cyniques
des marchés à la fois grotesques et effrontés auxquels le pays
doit sa perte.
Aucun d'eux n'échappera à ses investigations.
Et, grâce à celles-ci, la France saura bientôt, parmi ces
trafiquants éhontés et impunis, qui elle doit maudire, flétrir et
■châtier !
Stàb.
J'A! REÇU VOTRE HONORÉE DU...
PETIT COURRIER
MONSIEUR GODENBOIS, à It/Oli.
Vous me dites, monsieur, avoir lu dans votre journal que la
compagnie du chemin de fer de Paris-Lyon-Méditerranée refuse
toute réduction du prix des places aux délégués'des Chambres
syndicales ouvrières qui veulent aller assister à votre exposition.
Il vous semble, — et je partage votre manière de voir — que
ce serait là une singulière iaçon d'encourager cette fête de l'in-
telligence.
Nous allons aller aux informations ; mais nous espérons bien
vous annoncer prochainement que votre journal est mal ren-
seigné.
Nous croyons d'autant moins à cette rigueur de la part de
la compagnie Préparez les Matelas, que pour ce qu'elle fait sou--
vent des voyageurs qu'on lui confie, elle peut bien "leur passer
ça à moitié prix.
A propos, si vous voyez madame Bazaine, séchez ses larmes,
le maréchal ne couche pas sur la planche ; il a trois matelas et
deux lits de plume.
Recevez, monsieur, etc., etc.
MONSIEUR TA.KDOINEA.U, « Chantilly.
Oui, Monsieur, oui.., on vous a dit vrai. Il y a, en ce moment,
une commission d'enquête qui fonctionne, composée de qua-
rante-cinq députés.
Elle est chargée de rechercher les moyens d'améliorer le sort
des classes ouvrières.
Si quelquefois, dans votre entourage, vous connaissiez quel-
que malheureux travailleur père de six enfants qu'il ne peut
pas nourrir avec quatre francs par jour, et que cet infortuné
fût sur le point de mourir de misère, priez-le d'attendre encore
deux ou trois ans.
En lui disant qu'il y aune commission qui fonctionne, ça ne
l'aidera peut-être pas à prendre un bouillon; mais ça lui fera
prendre patience.
Maintenant, vous me demandez, monsieur, s'il est vrai que
cette commission d'enquête pense, comme on le dit, à s'adjoin-
dre un certain nombre de personnes prises en dehors de la
chambre, notamment le comte de Paris.
Je n'en sais rien ; mais cela me paraît très-possible et même
très-vraisemblable.
Il y a des gens qui ne peuvent pas travailler à fonder une Ré-
publique sans aller chercher des princes prétendants pour les
aider ; c'est un tic.
F Le comte de Paris, en dépit de son fameux livre sur les
Trades unions qui a été fabriqué pour les besoins de sa cause,
est évidemment fait pour travailler à l'amélioration des classes
ouvrières, comme les chats pour travailler au bonheur des
souris.
Vous avez donc tort, monsieur, en vous enthousiasmant du
choix fait par la commission d'enquête.
Il y a en France six cent mille individus plus intelligents que
le comte de Paris, et qui auraient pu rendre de véritables ser-
vices à cette commission.
Seulement, comme ils ne sont pas les petis-fils de Louis-
Philippe, et qu'il est bien entendu que nous voulons faire un
mai loyal de la République, il est tout naturel qu'on cherche à
y introduire le plus de prétendants-possible, de façon, si la Ré-
publique rend quelques services, à pouvoir dire plus tard que
c'est aux princes que nous les devons.
A propos, si vous voyez madame Bazaine, séchez ses pleurs,
).& maréchal a été autorisé à ajouter onze plats par repas à l'or-
dinaire habituel des pris«nniers.
Veuillez agréer, monsieur, etc.
monsieur boulnigre, à Saint-Malo.
Vous me demandez, monsieur, ce que je pense de ce frère de
l'école chrétienne d'Anzances (Creuse) qui vient d:être arrêté sur
■la plainte de quinzh pères de famille, pour avoir commis des
-attentats à la pudeur sur les enfants à qui il était chargé de
montrer la grammaire et la géographie.
Mon Dieu, monsieur, que voulez-vous que je vous dise?
Je. pense que a'est à peu près la quinzième fois que cela ar-
rive... depuis le commencement de l'année, et qu'il serait peut-
être'eeïQp^cPëxaïHiner si l'instruction laïque n'offre pas quel-
qués"avantages sur l'autre.
Je pense encore que ce frère ignorantin avait une singulière
façon de faire étudier la mappemonde à ses élèves.
A propos, si vous voyez madame Bazaine, séchez ses larmes.
Le maréchal ne croupit pas, privé des soins les plus indispen-
sables : il a trois domestiques, un coiffeur et une lectrice.
J'ai l'honneur, Monsieur, eto. etc.
madame de flatigny, au château de Btrlurac.
Vous pensez, madame, avec notre très saint-père le Pape,
que l'éruption du Vésuve ne peut avoir d'autre cause que la
révolution de 89.
Vous avez bien raison.
Profondément écœuré des menées de l'Internationale, le Vé-
suve en vomit de dégoût.
Aussitôt que Henri V sera restauré, il ne jettera plus que
du sirop de groseilles. C'est entendu.
Selon votre désir, nous faisons renouveler YOtre abonnement
à la Gazette de France,
A propos", si vous voyez madame Bazaine, séchez ses larmes,
le maréchal n'est pas perdu de puces, comme elle pourrait le
craindre, sa cellule à coucher est tendue en damas bleu,.
Recevez, madame, etc., etc.
monsieur cartelard, à Mantes.
Vous me demandez, Monsieur, des nouvelles du projet de
loi qui doit régir la presse à propos des comptes rendus des
séances de l'Assemblée.
J'ai été à Versailles tout exprès pour vous : voici les rensei-
gnements que j'ai pu obtenir ; cependant je ne vous les garan-
tis pas.
La commission s'est réunie hier : Elle a adopté le projet
suivant :
art. lor. — Aucun journal ne pourra discuter les séances de
la Chambre sans les reproduire in extenso dans ses colonnes.
art. il- — Le compte rendu devra être imprimé en caractères
au moins aussi forts que ceux de la Bible.
art. ni. — Il ne leur sera pas permis de donner leur
avfë sur le discours d'un député sans publier en tête de l'arti-
cle le portrait de l'orateur, grandeur naturelle.
art. iv. — Toute appréciation des débats parlementaires qui
ne contiendrait pas : le bulletin de la santé de tous les dépu-
tés présents, renonciation détaillée de leur toilette et un plan
complet de la salle des séances, sera punie d'une amende de
1000 à 0000 fr.
art v. — Les gestes des orateurs devront être reproduits
par des croquis dont la dimension ne pourra être moindre de
50 centimètres de haut sur 30 de large.
Voilà, monsieur, tout ce que j'ai pu apprendre.
Vous ne serez dcnc point étonné si. un de ces jours, le jour-
nal que vous recevez pour six francs par an monte le prix de
ses abonnements à 476 francs.
A propos, si vous voyez madame Bazaine, séchez ses larmes,
sur la demande du maréchal on vient de lui faire porter un
piano superbe, et on pose le gaz dans toute la maison.
Je vous prie de recevoir, monsieur, etc., etc.
monsieur gorniflard, à Gahors.
Vous annoncez, monsieur, qu'à Lima on manque de femmes.
Aussitôt, vous offrez la vôtre. C'est d'un grand cœur.
C'est moi qui comprends ça !...
A propos, si vous voyez madame Bazaine, séchez ses larmes.
On vient de mettre un jet d'eau dans le parc du maréchal
et d'y installer une toupie hollandaise, un billard chinois et des
lanternes vénitiennes dans tous les arbres.
Recevez, Monsieur, etc.
monsieur périnbt, à Couryeron.
Mon avis est que vous devez calmer votre indignation.
Vous vous plaignez amèrement que don Carlos, après avoir
fait une importante commande de fusils à un armurier de Bor-
deaux, se refuse aies payer maintenant que son équipée a raté.
Je crois que vous vous faites 'une assez fausse idée des opé-
rations commerciales en général, et en particulier de celles qui
consistent à faire des fournitures aux prétendants.
L'armurier de Bordeaux vous intéresse, vous trouverez bon
qu'il me dégoûte.
En vendant à crédit des armes à don Carlos, l'armurier sa-
vait parfaitement à quoi il s'exposait.
Si l'affaire tournait bien, il était sans aucun doute fait grand
duc de Crapulos-Chenapandez, décoré et payé de ses fouraitu*
res par dessus le marché.
Elle tourne mal, il perd le montant de ses factures, rien de
plus juste. C'est le cas de tous les commanditaires.
Enveloppez vos chagrins, brave homme, et tesserrez-les dans
le bas de votre commode jusqu'à meilleure occasion.
Vous me faites l'effet d'avoir l'âme bien sensible. Est-ce que,
par hasard, vous auriez avancé de l'argent à Napoléon III, rem-
boursable après sa restauration?
A propos, si vous voyez madame Bazaine, séehezses pleurs^ il
est question d'envoyer les artistes du Théâtre-Français donney
trois représentations par semaine dans le salon du maréchal.
Je vous présente, monsieur, etc.
monsieur vig-nolle.
Vous me demandez, monsieur, si l'on va bientôt lever l'état
de siège.
Vous n'avez sans doute plus votre raison, mon pauvre
homme!...
S'il vous reste quelques instants de lucidité dans la journée,
lisez le Constitutionnel, et vous y verrez que, non-seulement il
n'est pas question de lever l'état de siège, mais encore que les
commerçants de Paris feraient une révolution si on parlait seu-
lement de prendre cette mesure, tant l'état de siège leur fait
un velours sur l'estomac.
A proposai vous voyez madame Bazaine, séchez ses larmes, le
maréchal aura un feu d'artifice tous les dimanches soir.
Je vous présente, monsieur, etc.
madame cognelet, à Peronns.
Je reconnais bien là votre sexe, madame, toujours curieux I
Vous venez de lire dans votre journal une statistin
ris et les renseignements que l'on vous donne ne von * îa"
pas. sufflsem
Vous me dites :
On indique bien les arrondissements où il y a eu ,
mariages. Est-ce que l'on ne pourrait pas indiquer 1 e
ges où il y a eu le plus d'arrondissements. CS """n-
J'écris à la Préfecture, Madame, je vous renseignerai
que possible. °nerai ««Mot
A propos, si vous voyez madame Bazaine, séchez se i '
on vient de lâcher dans le pare du maréchal 1 5m r™"8'
400 chevreuils et 3,000 lièvres. Il lance aujourd'hui m- s'
invitations de la première série, e des
J'ai l'honneur, Madame, etc., etc.
LÉON BIENVENU.
LES BLOUSES ROUGES
Le commerce des épouvantails n'allait plus, en 1869
A bout de ressources, sentant la faillite venir, l'empire
inventé les Blouses-BUnches. Cet article nouveau bie ""'
nonce dans les journaux, redonna quelque vigueur au débit T
la maison Piétri et Cie, qui était au coin du quai Mai 1
vogue dura peu. Au 4 septembre, le directeur fit de'saleTaf
faires et se sauva en Angleterre. On sait le reste.
Un solde énorme de blouses blanches. eD pièce ou confection
nées, fut donc forcément abandonné àParis, dans les ma
fermés, °aslQS
***
Les temps les plus durs s'écoulèrent sur ces entrefaites Enfin
le calme revint dans la capitale. Naturellement le commerce de*
blouses blanches ne fut pas repris ostensiblement. Il y *!
seulement, ici et là, quelques « mises envenlem\i rez-de-cliair-
aée des journaux en construction. Ce fut tout.
On se demandait donc (les curieux!) ce que les blouses blan-
ches de l'empire pouvaient bien être devenues. Comme à la
vente du linge des Tuileries, on n'en voyait pas apporter sur la
table, on pensait que la masse entière de ce « rossignol poli-
tique » avait été détruite d'une manière ou d'une autre
Erreur f profonde erreur !
Les Blouses-Blanches existent toujours. Oa les a remises
dans la circulation depuis plusieurs semaines. Seulement, pour
que le public, — qui est malin comme un singe, — ne les re-
connaissent pas, et aussi pour l'allécher, on les a fait teindre.
Aujourd'hui les Blouses-Blanches sont devenues les Blouses-
Rouges (ce qui est bien plus voyant) et c'est la Patrie qui les
exhibe, de temps à autre, à son étalage.
Mais à paFt les sept acheteurs de la Patrie, personne ne se
laisse prendre à ee truc. On regarde. On hausse les épaules
on palpa l'étoffe, on. dit: mauvais teint. Et l'on s'en va en
riant. "
*
Pourtant l'article est toujours bien le même.
C'est toujours une blague destinée à effrayer le consommateur
paisible qui prend un gloria innocent, après son déjeuner.
Il faut croire que le truc est éventé.
Quoiqu'il en soit, le rayon des blouses rouges est ' particuliè-
rement soigné à la Patrie, j'aime à le répéter,.
Chaque fois qu'elle voit l'opinion publique aller au magasin
d'en face, qui fait simplement son- exposition d'étoffes répu-
blicaines, solides et tout fil, vite, elle arbore une blouse rouge
à la porte.
— Une blouse dans ce genre, par exemple :
— * Hier, découverts d'une vaste conspiration révolutionnaire à
» Lyon. Six mille fusils surpris à Bordeaux. On s'égorge à Mar-
o seille. M. Tkxers fait son testament. »
Ou bien, lorsque la Chambre versailleuse vote avec la g
la Patrie, pleine de rage, déplie vite une ribambelle
écarlates, et s'écrie :
— c On insulte les prêtres! — Napoléon III est à Calais. —£<*
Bourse est au plus basl — Les incendies se multiplient. —' L'Inter-
nationale relêoc la tote. — Gambetta a parlé! »
*
Alors, les sept abonnés de la Patrie tremblent, pâlissent, en-
terrent leur argent, compromettent le fond de leur culotte, se
laissent blouser avec des petits cris d'épouvante, et — renouvel-
lent leur abonnement !
Mais la foule, elle, se tord de plaisir, en parcourant les faus-
ses nouvelles couleur de pourpre dont la, Patrie émaille ses co-
lonnes, et le pauvre journal, après avoir mis au vent des Blou-
ses, est obligé — métamorphose singulière — de remporter des
vestes !
Allons, ma vieille Patrie, invente autre chose I
ERNEST n7HER.VlLLV-
UNE MEPRISE
II» étaient une demi-douzaine à deviser des choses du jour-
ni hommes ni femmes, tous partisans du droit divin — c
l'honorable marquis de Sainte-Ampoule, quand le jeune Char
entra, l'Union à îa main.
— Voici votre journal, mon oncle.
— Y a-t-il du nouveau?
— Je ne sais pas ; je ne l'ai pas ouvert.
— Vois donc. , , !j.
Le jeune homme, reprit le journal qu'il avait déjà jeté s
table, et, en rompant la bande sans enthousiasme : i
— Qu'est-ce qui se passe en Espagne ? demanda avec m»,
le vicomte de la Roche-Tremblante. e
M. Charles ouvrit le journal devant lui pour dissimuler
grimace ; puis, après avoir donné un coup d'œil furtir au c
vennoulu des visiteurs de son oncle :
— Ah ! sapristi I s'écria-t-il tout à coup.
TC Quoi donc?
do*»*
,#«><
^•c"des(rdr:
.•«KUwW'"'
_ „ Soldats a Baver h
„ «, comme soi»
!5td.-»ael'in4e
„.„«.»« «ri»«8ds ;
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te,uel.ileste«nsep.J«'l«»i
ses troupes.
Et il lut :
, Obligation de mille fanes
«boursable dans les denprt
blieaia. »
_ Quelle odieuse esploitatio:
-EtemoteiiCeswleur;
contributions ou de toute dett'
_ Ah ! ah I voili une jolie g
- C'est incroyable de cjnis!
— Le désintéressement des
eu circulation s'esplique tout
-Si celalee empêchait en'
tinuasoutenu; maisaor.
Et il lut encore:
Les bandits ont d'akrd fa
ter son siège et l'ont forcé d
nace d'un coup de fusil, s'il
Puis tons les vovageurs
toute leur monnaie, de lenr;
e Le conducteur de la yoj
e-maitra gai
S\voléjusgu'i
— IgQdufe, ajnoble I e'éoi
—!0n raidira pas que la i
unaveeAgirais setes,
awstjnt».
— Mais no sait-on pas ass
prarees gens-là, k politique
tîiudoutils«udraient«n
rapines.
-Parbleu! dit un autre
Jersûnne.
-fas,teout4-couj;M
«Hutumant-U-co™
-«s tirés!
■^«.jelisausteec
*^*»«tr,q;7
"^estpnspossiblei
-''«tune erreur.
J»»*i»epr,odrell
=£&»
journal. ™*-Hji
M. D'Al)DIFFRET-P;iSQlIIER
Riche de ce qu'autrefois on appelait un beau nom, — d'une
fortune raisonnable qui ne doit rien à personne, d'un talent
oratoire dont les circonstances n'ont pas peu contribué à sou-
ligner l'acuité, — d'une énergie que chacun applaudit, —d'une
honnêteté que nul ne suspecte, M. d'Audiffret-Pasquier est cer-
tainement le lion du jour, — un lion aux griffes lustrées, aux
crocs polis par la courtoisie parlementaire, — mais non moins
acharnés et non moins terribles.
J'ignore ce qu'il y aura à rabattre — plus tard — de son
succès de l'autre jour...
Mais, ce que je sais bien, c'est que ce succès a été l'un des
plus éclatants, des plus spontanés et des plus unanimes qui
aient jamais galvanisé la nécropole de Versailles.
M. d'Audi ffret-Pasquier est un Diogène au rebours:
Sa lanterne au poing, le cynique d'Athènes cherchait un
homme...
M. d'Audiffret-Pasquier est un homme qui, éclairé par un
patriotisme ardent et réfléchi, cherche et découvre les cyniques
des marchés à la fois grotesques et effrontés auxquels le pays
doit sa perte.
Aucun d'eux n'échappera à ses investigations.
Et, grâce à celles-ci, la France saura bientôt, parmi ces
trafiquants éhontés et impunis, qui elle doit maudire, flétrir et
■châtier !
Stàb.
J'A! REÇU VOTRE HONORÉE DU...
PETIT COURRIER
MONSIEUR GODENBOIS, à It/Oli.
Vous me dites, monsieur, avoir lu dans votre journal que la
compagnie du chemin de fer de Paris-Lyon-Méditerranée refuse
toute réduction du prix des places aux délégués'des Chambres
syndicales ouvrières qui veulent aller assister à votre exposition.
Il vous semble, — et je partage votre manière de voir — que
ce serait là une singulière iaçon d'encourager cette fête de l'in-
telligence.
Nous allons aller aux informations ; mais nous espérons bien
vous annoncer prochainement que votre journal est mal ren-
seigné.
Nous croyons d'autant moins à cette rigueur de la part de
la compagnie Préparez les Matelas, que pour ce qu'elle fait sou--
vent des voyageurs qu'on lui confie, elle peut bien "leur passer
ça à moitié prix.
A propos, si vous voyez madame Bazaine, séchez ses larmes,
le maréchal ne couche pas sur la planche ; il a trois matelas et
deux lits de plume.
Recevez, monsieur, etc., etc.
MONSIEUR TA.KDOINEA.U, « Chantilly.
Oui, Monsieur, oui.., on vous a dit vrai. Il y a, en ce moment,
une commission d'enquête qui fonctionne, composée de qua-
rante-cinq députés.
Elle est chargée de rechercher les moyens d'améliorer le sort
des classes ouvrières.
Si quelquefois, dans votre entourage, vous connaissiez quel-
que malheureux travailleur père de six enfants qu'il ne peut
pas nourrir avec quatre francs par jour, et que cet infortuné
fût sur le point de mourir de misère, priez-le d'attendre encore
deux ou trois ans.
En lui disant qu'il y aune commission qui fonctionne, ça ne
l'aidera peut-être pas à prendre un bouillon; mais ça lui fera
prendre patience.
Maintenant, vous me demandez, monsieur, s'il est vrai que
cette commission d'enquête pense, comme on le dit, à s'adjoin-
dre un certain nombre de personnes prises en dehors de la
chambre, notamment le comte de Paris.
Je n'en sais rien ; mais cela me paraît très-possible et même
très-vraisemblable.
Il y a des gens qui ne peuvent pas travailler à fonder une Ré-
publique sans aller chercher des princes prétendants pour les
aider ; c'est un tic.
F Le comte de Paris, en dépit de son fameux livre sur les
Trades unions qui a été fabriqué pour les besoins de sa cause,
est évidemment fait pour travailler à l'amélioration des classes
ouvrières, comme les chats pour travailler au bonheur des
souris.
Vous avez donc tort, monsieur, en vous enthousiasmant du
choix fait par la commission d'enquête.
Il y a en France six cent mille individus plus intelligents que
le comte de Paris, et qui auraient pu rendre de véritables ser-
vices à cette commission.
Seulement, comme ils ne sont pas les petis-fils de Louis-
Philippe, et qu'il est bien entendu que nous voulons faire un
mai loyal de la République, il est tout naturel qu'on cherche à
y introduire le plus de prétendants-possible, de façon, si la Ré-
publique rend quelques services, à pouvoir dire plus tard que
c'est aux princes que nous les devons.
A propos, si vous voyez madame Bazaine, séchez ses pleurs,
).& maréchal a été autorisé à ajouter onze plats par repas à l'or-
dinaire habituel des pris«nniers.
Veuillez agréer, monsieur, etc.
monsieur boulnigre, à Saint-Malo.
Vous me demandez, monsieur, ce que je pense de ce frère de
l'école chrétienne d'Anzances (Creuse) qui vient d:être arrêté sur
■la plainte de quinzh pères de famille, pour avoir commis des
-attentats à la pudeur sur les enfants à qui il était chargé de
montrer la grammaire et la géographie.
Mon Dieu, monsieur, que voulez-vous que je vous dise?
Je. pense que a'est à peu près la quinzième fois que cela ar-
rive... depuis le commencement de l'année, et qu'il serait peut-
être'eeïQp^cPëxaïHiner si l'instruction laïque n'offre pas quel-
qués"avantages sur l'autre.
Je pense encore que ce frère ignorantin avait une singulière
façon de faire étudier la mappemonde à ses élèves.
A propos, si vous voyez madame Bazaine, séchez ses larmes.
Le maréchal ne croupit pas, privé des soins les plus indispen-
sables : il a trois domestiques, un coiffeur et une lectrice.
J'ai l'honneur, Monsieur, eto. etc.
madame de flatigny, au château de Btrlurac.
Vous pensez, madame, avec notre très saint-père le Pape,
que l'éruption du Vésuve ne peut avoir d'autre cause que la
révolution de 89.
Vous avez bien raison.
Profondément écœuré des menées de l'Internationale, le Vé-
suve en vomit de dégoût.
Aussitôt que Henri V sera restauré, il ne jettera plus que
du sirop de groseilles. C'est entendu.
Selon votre désir, nous faisons renouveler YOtre abonnement
à la Gazette de France,
A propos", si vous voyez madame Bazaine, séchez ses larmes,
le maréchal n'est pas perdu de puces, comme elle pourrait le
craindre, sa cellule à coucher est tendue en damas bleu,.
Recevez, madame, etc., etc.
monsieur cartelard, à Mantes.
Vous me demandez, Monsieur, des nouvelles du projet de
loi qui doit régir la presse à propos des comptes rendus des
séances de l'Assemblée.
J'ai été à Versailles tout exprès pour vous : voici les rensei-
gnements que j'ai pu obtenir ; cependant je ne vous les garan-
tis pas.
La commission s'est réunie hier : Elle a adopté le projet
suivant :
art. lor. — Aucun journal ne pourra discuter les séances de
la Chambre sans les reproduire in extenso dans ses colonnes.
art. il- — Le compte rendu devra être imprimé en caractères
au moins aussi forts que ceux de la Bible.
art. ni. — Il ne leur sera pas permis de donner leur
avfë sur le discours d'un député sans publier en tête de l'arti-
cle le portrait de l'orateur, grandeur naturelle.
art. iv. — Toute appréciation des débats parlementaires qui
ne contiendrait pas : le bulletin de la santé de tous les dépu-
tés présents, renonciation détaillée de leur toilette et un plan
complet de la salle des séances, sera punie d'une amende de
1000 à 0000 fr.
art v. — Les gestes des orateurs devront être reproduits
par des croquis dont la dimension ne pourra être moindre de
50 centimètres de haut sur 30 de large.
Voilà, monsieur, tout ce que j'ai pu apprendre.
Vous ne serez dcnc point étonné si. un de ces jours, le jour-
nal que vous recevez pour six francs par an monte le prix de
ses abonnements à 476 francs.
A propos, si vous voyez madame Bazaine, séchez ses larmes,
sur la demande du maréchal on vient de lui faire porter un
piano superbe, et on pose le gaz dans toute la maison.
Je vous prie de recevoir, monsieur, etc., etc.
monsieur gorniflard, à Gahors.
Vous annoncez, monsieur, qu'à Lima on manque de femmes.
Aussitôt, vous offrez la vôtre. C'est d'un grand cœur.
C'est moi qui comprends ça !...
A propos, si vous voyez madame Bazaine, séchez ses larmes.
On vient de mettre un jet d'eau dans le parc du maréchal
et d'y installer une toupie hollandaise, un billard chinois et des
lanternes vénitiennes dans tous les arbres.
Recevez, Monsieur, etc.
monsieur périnbt, à Couryeron.
Mon avis est que vous devez calmer votre indignation.
Vous vous plaignez amèrement que don Carlos, après avoir
fait une importante commande de fusils à un armurier de Bor-
deaux, se refuse aies payer maintenant que son équipée a raté.
Je crois que vous vous faites 'une assez fausse idée des opé-
rations commerciales en général, et en particulier de celles qui
consistent à faire des fournitures aux prétendants.
L'armurier de Bordeaux vous intéresse, vous trouverez bon
qu'il me dégoûte.
En vendant à crédit des armes à don Carlos, l'armurier sa-
vait parfaitement à quoi il s'exposait.
Si l'affaire tournait bien, il était sans aucun doute fait grand
duc de Crapulos-Chenapandez, décoré et payé de ses fouraitu*
res par dessus le marché.
Elle tourne mal, il perd le montant de ses factures, rien de
plus juste. C'est le cas de tous les commanditaires.
Enveloppez vos chagrins, brave homme, et tesserrez-les dans
le bas de votre commode jusqu'à meilleure occasion.
Vous me faites l'effet d'avoir l'âme bien sensible. Est-ce que,
par hasard, vous auriez avancé de l'argent à Napoléon III, rem-
boursable après sa restauration?
A propos, si vous voyez madame Bazaine, séehezses pleurs^ il
est question d'envoyer les artistes du Théâtre-Français donney
trois représentations par semaine dans le salon du maréchal.
Je vous présente, monsieur, etc.
monsieur vig-nolle.
Vous me demandez, monsieur, si l'on va bientôt lever l'état
de siège.
Vous n'avez sans doute plus votre raison, mon pauvre
homme!...
S'il vous reste quelques instants de lucidité dans la journée,
lisez le Constitutionnel, et vous y verrez que, non-seulement il
n'est pas question de lever l'état de siège, mais encore que les
commerçants de Paris feraient une révolution si on parlait seu-
lement de prendre cette mesure, tant l'état de siège leur fait
un velours sur l'estomac.
A proposai vous voyez madame Bazaine, séchez ses larmes, le
maréchal aura un feu d'artifice tous les dimanches soir.
Je vous présente, monsieur, etc.
madame cognelet, à Peronns.
Je reconnais bien là votre sexe, madame, toujours curieux I
Vous venez de lire dans votre journal une statistin
ris et les renseignements que l'on vous donne ne von * îa"
pas. sufflsem
Vous me dites :
On indique bien les arrondissements où il y a eu ,
mariages. Est-ce que l'on ne pourrait pas indiquer 1 e
ges où il y a eu le plus d'arrondissements. CS """n-
J'écris à la Préfecture, Madame, je vous renseignerai
que possible. °nerai ««Mot
A propos, si vous voyez madame Bazaine, séchez se i '
on vient de lâcher dans le pare du maréchal 1 5m r™"8'
400 chevreuils et 3,000 lièvres. Il lance aujourd'hui m- s'
invitations de la première série, e des
J'ai l'honneur, Madame, etc., etc.
LÉON BIENVENU.
LES BLOUSES ROUGES
Le commerce des épouvantails n'allait plus, en 1869
A bout de ressources, sentant la faillite venir, l'empire
inventé les Blouses-BUnches. Cet article nouveau bie ""'
nonce dans les journaux, redonna quelque vigueur au débit T
la maison Piétri et Cie, qui était au coin du quai Mai 1
vogue dura peu. Au 4 septembre, le directeur fit de'saleTaf
faires et se sauva en Angleterre. On sait le reste.
Un solde énorme de blouses blanches. eD pièce ou confection
nées, fut donc forcément abandonné àParis, dans les ma
fermés, °aslQS
***
Les temps les plus durs s'écoulèrent sur ces entrefaites Enfin
le calme revint dans la capitale. Naturellement le commerce de*
blouses blanches ne fut pas repris ostensiblement. Il y *!
seulement, ici et là, quelques « mises envenlem\i rez-de-cliair-
aée des journaux en construction. Ce fut tout.
On se demandait donc (les curieux!) ce que les blouses blan-
ches de l'empire pouvaient bien être devenues. Comme à la
vente du linge des Tuileries, on n'en voyait pas apporter sur la
table, on pensait que la masse entière de ce « rossignol poli-
tique » avait été détruite d'une manière ou d'une autre
Erreur f profonde erreur !
Les Blouses-Blanches existent toujours. Oa les a remises
dans la circulation depuis plusieurs semaines. Seulement, pour
que le public, — qui est malin comme un singe, — ne les re-
connaissent pas, et aussi pour l'allécher, on les a fait teindre.
Aujourd'hui les Blouses-Blanches sont devenues les Blouses-
Rouges (ce qui est bien plus voyant) et c'est la Patrie qui les
exhibe, de temps à autre, à son étalage.
Mais à paFt les sept acheteurs de la Patrie, personne ne se
laisse prendre à ee truc. On regarde. On hausse les épaules
on palpa l'étoffe, on. dit: mauvais teint. Et l'on s'en va en
riant. "
*
Pourtant l'article est toujours bien le même.
C'est toujours une blague destinée à effrayer le consommateur
paisible qui prend un gloria innocent, après son déjeuner.
Il faut croire que le truc est éventé.
Quoiqu'il en soit, le rayon des blouses rouges est ' particuliè-
rement soigné à la Patrie, j'aime à le répéter,.
Chaque fois qu'elle voit l'opinion publique aller au magasin
d'en face, qui fait simplement son- exposition d'étoffes répu-
blicaines, solides et tout fil, vite, elle arbore une blouse rouge
à la porte.
— Une blouse dans ce genre, par exemple :
— * Hier, découverts d'une vaste conspiration révolutionnaire à
» Lyon. Six mille fusils surpris à Bordeaux. On s'égorge à Mar-
o seille. M. Tkxers fait son testament. »
Ou bien, lorsque la Chambre versailleuse vote avec la g
la Patrie, pleine de rage, déplie vite une ribambelle
écarlates, et s'écrie :
— c On insulte les prêtres! — Napoléon III est à Calais. —£<*
Bourse est au plus basl — Les incendies se multiplient. —' L'Inter-
nationale relêoc la tote. — Gambetta a parlé! »
*
Alors, les sept abonnés de la Patrie tremblent, pâlissent, en-
terrent leur argent, compromettent le fond de leur culotte, se
laissent blouser avec des petits cris d'épouvante, et — renouvel-
lent leur abonnement !
Mais la foule, elle, se tord de plaisir, en parcourant les faus-
ses nouvelles couleur de pourpre dont la, Patrie émaille ses co-
lonnes, et le pauvre journal, après avoir mis au vent des Blou-
ses, est obligé — métamorphose singulière — de remporter des
vestes !
Allons, ma vieille Patrie, invente autre chose I
ERNEST n7HER.VlLLV-
UNE MEPRISE
II» étaient une demi-douzaine à deviser des choses du jour-
ni hommes ni femmes, tous partisans du droit divin — c
l'honorable marquis de Sainte-Ampoule, quand le jeune Char
entra, l'Union à îa main.
— Voici votre journal, mon oncle.
— Y a-t-il du nouveau?
— Je ne sais pas ; je ne l'ai pas ouvert.
— Vois donc. , , !j.
Le jeune homme, reprit le journal qu'il avait déjà jeté s
table, et, en rompant la bande sans enthousiasme : i
— Qu'est-ce qui se passe en Espagne ? demanda avec m»,
le vicomte de la Roche-Tremblante. e
M. Charles ouvrit le journal devant lui pour dissimuler
grimace ; puis, après avoir donné un coup d'œil furtir au c
vennoulu des visiteurs de son oncle :
— Ah ! sapristi I s'écria-t-il tout à coup.
TC Quoi donc?
do*»*
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^•c"des(rdr:
.•«KUwW'"'
_ „ Soldats a Baver h
„ «, comme soi»
!5td.-»ael'in4e
„.„«.»« «ri»«8ds ;
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te,uel.ileste«nsep.J«'l«»i
ses troupes.
Et il lut :
, Obligation de mille fanes
«boursable dans les denprt
blieaia. »
_ Quelle odieuse esploitatio:
-EtemoteiiCeswleur;
contributions ou de toute dett'
_ Ah ! ah I voili une jolie g
- C'est incroyable de cjnis!
— Le désintéressement des
eu circulation s'esplique tout
-Si celalee empêchait en'
tinuasoutenu; maisaor.
Et il lut encore:
Les bandits ont d'akrd fa
ter son siège et l'ont forcé d
nace d'un coup de fusil, s'il
Puis tons les vovageurs
toute leur monnaie, de lenr;
e Le conducteur de la yoj
e-maitra gai
S\voléjusgu'i
— IgQdufe, ajnoble I e'éoi
—!0n raidira pas que la i
unaveeAgirais setes,
awstjnt».
— Mais no sait-on pas ass
prarees gens-là, k politique
tîiudoutils«udraient«n
rapines.
-Parbleu! dit un autre
Jersûnne.
-fas,teout4-couj;M
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-«s tirés!
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