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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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L'BCLI PS s

AVIS IMPOi tTANT. - I^es sons-
orlpteurs à l'I clip*»© dont l'abon-
nement eacpire le 28 Février éont
priés de le r*»n -uveler sans retard,
s'ils n© veulent point s noir d'inter-
ruption dans la» réception du jour-
nal.

PRIME DE L'ÉCLIPSÉ

«•fit**

Album d® la lutine et de l'Kcllpwo,

contenant cent dessins de Gill. — Beau volume
in-4° à gravures coloriées.

CONDITIONS : Toute personne qui s'abonnera à
l'Éclipsé pourra retirer dans les bureaux dé ce
journal la prime ci-dessus annoncée, moyen-
nant trois francs.

Pour les départements, en raison des frais de port,
le prix de la prime est de six francs.

■->-

AVIS TRÈS-IMPORTANT

Le volume du Musée universel que l'ÉCLIPSE donnait
en prime à ses abonnis est complètement épuise. Il est donc dé-
sormais impossible de faire droit aux demandes qui pourraient
parvenir pour cette prime.

U N

MOYEN SUR DE DEVENIR CÉLÈBRE

Si mademoiselle Ghinassi eût vécu du temps d'Àlcibiade,
elle eût certainement coupé la queue de son havanais et se
fût promenée avec sur les boulevards pour conquérir une
célébrité que le théâtre des Variétés lui refusait impitoya-
blement.

«XXX

Mais comme, depuis Alcibiafle, tout a progressé, même la
réclame et le puff, et que le truc de couper la queue de son
chien paraîtrait aujourd'hui absolument enfantin) made-
moiselle Ghinassi a cherché un autre moyen de remplacer
son talent, jusqu'ici absent.

Elle est ontrée dans la cage à Bidel.

XXX

Ainsi, voilà une intéressante personne à laquelle per-
sonne ne s'intéressait tant qu'elle ne Jouait que de petits
bouts de rôle sans le plus petit bout de talent.

Un beau jour, elle Va s'asseoir sur la lionne d'un domp-
teur.

Et tout le monde parle d'elle.

11 faut convenir qu'il y a là de quoi décourager les jeunes
artistes qui se croient obligées, pour arriver à se faire un
petit nom, de passer trois ou quatre années au Conserva-
toire, à étudier les grands maîtres.

XXX

Quoi qu'il en soit, le résultat a été si foudroyant, et cette
simple visite à la ménagerie Bidel a procuré, en trente-six
heures, une telle célébrité à l'obscure pensionnaire des Va-
riétés, qu'une foule de gens Stibines de gloire facile ont ré-
solu de tenter l'aventure.

XXX

Depuis lundi dernier, le dompteur Bidel est littéralement
accablé de lettres dans lesquelles on lui demande d'entrer
dans la cage de ses lions.

Tout ce que Paris compte de fruits secs en littérature, eu
art dramatique, en peinture, ea poésie, etc., etc., se rac-
croche à cette dernière branche.

XXX .

Les peintres sans Valent, les écrivains s:ins imagination,
les poètes sans lecteurs, les comédiens sans voix, les com-
positeurs sans livret, le3 librettistes sans musiciens..;

Tous espèrent forcer la porte de la célébrité en allant
fourrer leur tête dans la gueu e de la lionne à Bidel.

XXX

Le célèbre dompteur a bien voulu nous permettre de feuil-
leter sa volumineuse correspondance.

Et nous en avons extrait les lettres suivantes, entre mille,
tendant toutes au même but.

XXX

« Monsieur Bidel,

« Je suis, comme vous devez le savoir; sur le point de
« quitter mon ministère.

« Une fois descendu du pouvoir, je sens bien que c'est
« l'oubli, l'oubli profond qui m'attend.

« Pendant quelques jours on parlera bien encore un peu
< de mes bévues, des cuirs que j'ai faits au conseil des mi-
te nistres, de la décoration Chauffard, etc.

« Mais après... ce sera bien fini!... personne ne parlera
« plus jamais de moi !...

« Vous devez comprendre, Monsieur, combien cette si-
te tuation est terrible pour un homme de ma trempe.

« Vous seul pouvez me sauver ; vous seul pouvez faire
« que les yeux de la France soient à jamais fixés sur moi et
« que ma popularité survive!...

« Laissez-moi, un soir de la semaine prochaine, aussitôt

« que le maréchal m'aura remplacé à mon ministère, entrer
« avtc vous dans la cage aux lions et lire un de mes dis-
« cours à votre lionne la plus féroce.
« Je suis en attendant votre réponse, Monsieur, etc., etc.

de cumontt,

Ministre de l'instruction publique.
XXX

« Monsieur et cher dompteur,

« Vous savez sans doute qu'au Journal le Pays c'est mol
« qui double de temps à autre M. Paul de Cr.ssagnac.

« Je voudrais bien faire autant de bruit que lui. J'ai
« d'aussi mauvaises intentions, (tiail malheureusement je
« manque de sa verv-'.

« J'ai beau me démener, entasser alinéas sUr alinéas,
« personne ne fait attention à ce que j'écris.

« Et je m'étiole dans une désolante obscurité.

« II y a quelque temps, j'avais bien eu la chance de fàre
« un peu parler de moi au moyen d'un certain combat au
« parapluie, sur le bouleva: d Montmartre, avtc un dénu-
« gogue de la pire espèce.

« Cette pépinade, mon plus beau titre de gloire lilté-
« raire, m'avait valu une semaine ou deux de célébrité;
« mais tout cela s'est bien vite oublié, et aujourd'hui, the
« voici de nouveau replongé dans le néant, si quelque pé-
« tard heureux ne vient me mettre en lumière.

« Une restauration bonapartiste? Il n'y faut guère son-
« ger. Il m'est venu à l'idée de vous demander une soirée.

« Laissez-moi entrer dans votre cage, en public, un de
« ces soirs; je crois que ça me relèvera.

« Albert Rogat,
« du Pays. »

XXX

« Monsieur Bidel,
« Ma double obscurité me pèse.

« Il faut à tout prix que je sorte d'une situation intolé-
« rable.

<t Comme feuilletoniste dramatique au Constitutionnel, je
« ne suis lu par personne.

« Comme directeur de théâtre, je ne puis mettre la main
« sur un succès, et je dois me contenter de reprendre ceux
« de mes confrères de Bruxelles.

« Je me donne un mal de chien, et personne à Paris n'a
« l'air de soupçonner que j'existe.

tt Les quelques rares personnes qui veulnnt bien s'occuper
« de moi ne le font que pour répéter que, comme lundiste,
« jo prends mes appréciations un peu partout, et que,
« comme directeur, je me fournis de pièces au Temple.

« Vous pouvez d'un seul coup me rendre célèbre. Laissez-
« moi entrer avec vous dans la cage aux animaux féroces. Il
« me tarde tant de voir mon nom un peu imprimé dans
tt les feuilles publiques.
« J'ai l'honneur, monsieur, etc., etc..

« Hostein,
« critique dramatique au Constitutionnel,
« directeur du théâtre de la Renaissance. »

XXX

« Monsieur Bidel,

« Quand je signe, en troisième, une bonne pièce comme La
« Mlle de Madame Angot, par exemple, tout le monde dit
« que je n'y ai pas collaboré.

« Quand j'en signe, en second, une mauvaise comme la
« Mère Gigogne, tout le monde croit que c'est moi qui ai dù
<< la faire tout entière.

tt Je ne sortirai jamais de la, et mon avenir est brisé si
« vous ne me laissez pas mo refaire une réputation en m'in-
« traduisant un de ces soirs auptès de votre lionne la plus
« terrible.

« Une fois que le public me verra assis dessus, il ne
« pourra pas dire que c'est Siraudin, ni Clairville.
« J'ai l'honneur, etc. »

Victor Konino.

XXX

« Monsieur,

« Je ne sais pas monter un opéra, je ne sais pas engager
« un bon artiste.

« J'ai fait une piteuse campagne avec l'opéta italien.

« J'ai tué en cinq jours l'opéra français de la salle Ven-
« tadour.

" En un mot, il m'est à peu près prouvé que, comme di-
* recteur de théâtre, je suis à peu près de la force d'un fa-
it bricant de queues de billard.

« Je crois — jo suis sûr, même — que je serais beaucoup
« plus remarqué et que je me ferais un nom dans les arts
« en allant me mettre à cheval sur un de vos tigres.

« Soyez assez bon pour me procurer cette occasion de
« passer à la postérité. — Je vous en serai reconnaissant. »

Bagier.

XXX

tt MonBleu Bidel,
« Rouhcr n'an finit pat.

« Moi je suit praissé. Ça m'annuie d'aprendre le latin que
« je n'aprand guâire, et le français que je n'aprand pat du
« tout.

« Sans conter les matémathiques, et la jéografie, et l'is-
« toire, et toute sorte de chauses qui ne sont pat nesséçaires
« pour aitre ampereur.

« Pandant tout ce temps-là, l'arjean de maman file pour
« antretenir des journeaux, et l'on ne fait pat attention à
« moi.

« Il faut que ja frapo un grant cou sur les maces.
« Laissé moi antré dans vautre cage au lions avec mon
B vélocipaide et je rôpont du plaibiciste.
« Je vous salut. »

Napoléon IV.

Pour copie conforme :

LÉON BIENVENU

CHOSES ET AUTRES

Un jeune homme d'une trentaine d'années se trouvait
absent de sa ville natale lors de la formation de la liste
pour l'armée territoriale.

Il adressa à la préfecture une demande d'exemption pour
raison de santé et y fit joindre les certificats de plusieurs
médecins.

L'employé chargé de classer le dossier écrivit en marge :
« Demande d'exemption pour infirmités personnelles. »

*

* *

Dans la semaine du nouvel an, le docteur X... fit sa com-
mande de cartes de visite à Stern, le graveur du passage
des Panoramas.

Le commis, qui lut la missive, s'arrêta tout à coup :

— Monsieur, dit-il, le docteur demande huit cents cartes
de visite ; qu'est-ce qu'il veut faire de tout cela ?

— Bah ! répondit Stern, c'est peut-être pour envoyer à
tous ceux qu'il a tués.

*

* *

Un journal de Berlin a prétendu que, lors de l'observa-
tion photographique du passage de Vénus, ce sont les astro-
nomes allemands qui ont pris les meilleures épreuves.

— Ça ne m'étonne nullement : du moment qu'il s'agit de
prendre quoi que ce soit...

Un jeune artiste a une femme qui ne serait pas laide si
elle n'avait pas l'habitude de se maquiller avec toutes les
teintes possibles.

L'autre soir, elle se trouvait à un bal ; sa figure portait
toutes les nuances de l'arc-en-ciel.

— Mais elle est affreuse, dit un invité à un ami de l'ar-
tiste.

— Cependant son mari l'adore.

— Dame ! c'est Notre-Dame des sept couleurs!

*
* *

On a annoncé, puis démenti récemment la mort de Sophie,
la cuisinière du docteur Véron.

Le célèbre cordon bleu, plus ferré sur les sauces que sur
l'orthographe, avait en ellet réussi, sous ce dernier rapport,
un tour de force qui n'e^t pas à la portée de tout le monde.

Eue était parvenue à signer son nom sans employer une
seule des lettres qui en fout par.ie :

Çaufy !

GEORGES STENNE.

-----

RAGES DISPARUES

( Suite et fin. )
VI

les vieux domestiques.

Or, où sont les neiges d'antan?

Le domestique à cheveux blancs, ce brave domestique du
Gymnase, le Dave de la vieille noblesse, je demande qu'ofl
me le fasse voir!

Élevé au château dès sa plus tendre enfance, tutoyé
par Madame et Monsieur, lier d'être domestique de si
bons maîtres, le valet des temps révolus a disparu, comme la
Bastille, Nlcolet, Franconi et la galeite du Chaperon-
Rouge.

Et la vieille bonne, pour passer à des couches Inférieures
de la société, où gît-elle? La serva padrona, la gouvernante,
Babet et sou lait de poule, que sont-elles devenues?

Il n'y en a plus. Les vieux garçons, présents et à venir,
sont dans la désolation.

Non, il n'y en a plus, et si, ce qu'à Dieu ne plaise, reve-
nait une autre Terreur, j'ai la ferme conviction que, loin
d'aider leurs maîtres de leur areent et de leur dévouement,
les domestiques vivants les dénonceraient au Comité de
Salut public.

VII

maman nounou.

La nourrice est retombée dans le domaine de la tragédiei
Le frère de lait — ô Berquin, souviens toi I — est couvert
d'oubli.

On paie le savon, le sucre, le café et les voyages à la ma-
man Nounou, et tout est dit. Quant au frère de lait et au
père nourricier, on les reçoit qnand ils viennent vous voir,"
maison se souvient toujours à temps d'une affaire pressante
pour les congédier.

VIII

lu grognard.

Comme il n'y a plus de vieille garde, il n'y a plus que des
Vieux de la Jeune. Randon s'obstine à leur faire tenir un
langage inintelligible; il a tort. Les soldats ne s'expriment
jamais ainsi.

IX

le bon fournisseur.

Les bons fournisseurs, pâtissier, traiteur, épicier, tail-
leur, etc., etc., sont plus difficiles à rencontrer que les gens
non décorés.

Le fournisseur, toujours renommé pour quelque produit,
ne tient plus au client. C'est réciproque, du reste. On vi
jadis des fournisseurs, dans des drames du boulevard, aller
jusqu'à sauver l'honneur, voire la vie de leurs pratiques t&~
solvables ou en danger. Cet heureux temps n'est plus. L0
tribunal de Commerce luit pour tout le monde. Lamarcha*1'
dise ne connaît pas les amis, il faut qu'elle s'écoule.

Et puis, le fournisseur d'aujourd'hui, bien matois, comPte
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