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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0071
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L ' ÊOLIPSE

*nr'eîon d'escrime, qui sert de prétexte à une réclame fortement
Juticipée en faveur de l'instruction obligatoire... Ce croquemitaine
"sxon qui vient tou« le* jours régulièrement, depuis un mois, sai-
«ner un pauvre chevalier français... Cette invention puérile de la
cloche d'argent, qui ne sonne jamais et qui va sonner tout-à-l'heure,

tout le monde en est averti par le récit du commencement... Une
contrefaçon bien maladroite du cor die Hernani. — Quoi encore?
«e Charlemagne, retombé en enfance, qui se préoccupe surtout de
Gérald et de la cloche d'argent ... le défi... l'arrivée de Gérald... le
combat soustrait à l'oeil du spectateur et suivi par l'intermédiaire de
Charlemagne et de Berthe, conformément aux vieilles règles ou-
bliées des tragédies abolies... l'éternelle jérémiade de Ganelon, ce
traître raté, à qui le repentir tient lieu de faux-nez, et qui porte
perpétuellement la main à son visage pour s'assurer que le carton
protecteur y est toujours... la reconnaissance subite par Charlema-
gDe de celui que personne n'a reconnu depuis vingt ans... Qu'est-ce
qu'il y a dans tout cela ? Bien peu de chose I Soyons franc : rien du
tout ! — Eh bien, qui a fait quelque chose de rien ? Qui a donné la
■vie, la couleur et un certain relief à tous ces pâles fantoches archaï-
ques?... Qui? le directeurI — Qui, le directeur? — Moi. — Qui,
moi? Perrin. — La Fille de Roland, telle qu'elle est, c'est moi qui
Vai montée, «'est moi qui l'ai faite, autant dire. Que peut-on de-
mander de plus? Rien, n'est-ce pas? — Eh bien, à la prochaine
Reprise, je la monterai mieux, oui, mieux encore. Perrin surpassera
Perrin. — Comment ? me dira-t-on. Çà, c'est mon affaire. Par exem-
ple, v#ilà Sarah-Bernhart, que tout le ^monde trouve charmante,

Maubant-Chariemagne, écume de mer
véritable, d'un eulottage facile, très-
agréable au goût.

occupe déjà pour la reprise... Je sais bien que Maubant y est fort
convenable : de la tenue, un bel organe... mais pour voir un Char-
lemagne comme vous n'en avez jamais vu, attendez la reprise (
attendez de voir Croizette, avec le sceptre impérial, et une grande
barbe... »

(Un importun, gui frappe à la porte du directeur,
interrompt ici sa rêverie).

Sarah-Bwthe-Bernard, le lys dans la «oulisse?

î°Hch»nte, chaste, fière, empoignante, tout ce qu'on vaudra, dans
tôle de Berthe.... M»is elle ne le remplit pas assez... Dame, un
;<*le si ample ! Eh bien, pour la reprise, j'ai sous la main une per-
;?n>ie qui le remplira infiniment mieux que Sarah-Bernhart... Qui
*?? — Croizette, parbleu! — C'est comme le rôle de Mounet-Sully...
certainement, Mounet-Sully est un Gérald très-sympathique, întel-
"8ent et dont la voix va au cœur- des femmes... Mais j ai mieux
Sue Mounet-Sully en vue, pour la reprise... Qui çà?... Croizette,
dieu oui! Croizette avec une épée à deux mains; vous m'en
des nouvelles... Il y a un Charlemafne aussi, dont je me pré-

Le comte Amaury, aux Funambules, il s'appelait Cassandre.

ACTE QUATRIÈME

Minuit moins le quart. — La sortie du Théâtre-Français... Cohue...
Le monsieur gobeur du prologue, qui n a rien entendu ni vu, mais
qu'on vient de réveiller, sort dans un enthousiasme difficile à com-
prendre... Il lâche entre ses dents des exclamations élogieuses
comme « splendide!.. héroïque!... Cornélien!... » Puis il se faufile
au milieu des groupes, avide de recueillir le; impressions de la
foule et insensible à l'enfoncement de ses côtes comme à l'écrase-
ment de ses pieds...

Une Anglaise, escortée de ses quatre filles, qui n'entendent pas trois
mots de notre langue. — Very beautifull !...

Les quatre misses. — Oh yes !

Une bourgeoise, à sa compagne. — Ça s'est passé tout pareil, je
vous dis, au mariage de ma cousine... Quand le maire a demandé
si personne ne faisait opposition, un monsieur auquel on n'avait
pas fait attention s'est levé, comme ce Ragenhardt, et a, dit : Non !
Vous pensez si çà m'a donné un coup de revolver une histoire pa-
reille à la comédie!,.. Moi qui étais venue pour m'amuser...

Un membre de l'Université, qui escorte une dame entre deux âges,
mais non dépourvue de prétentions.

Ce dernier acte est sublime, tout bonnement... Entendons-nous :
sublime avec discrétion et sobriété ; sublime san6 l'emphase et le
mauvais goût des romantiques... Tous les seigneurs de la Cour de
Charlemagne, parlant l'un après l'autre pour absoudre le jeune
héros du crime de son père... La grandeur d'âme de Gérald, refu-

La perle de cette œuvre triomphante, est, a coup sûr, le nouvel
accessoire sentimental créé par M. de Bornier et qui prendra place
près de la croix de ma mère soua le nom de ;a honte de mon
père.

sant le bonheur qui lui est offert... Le courage avec lequel Berthe
accepte à son tour cette séparation... Comme tout cela est beau;
comme tout cela est bien de. l'époque.

Un monsieur grincheux. — Les Burgxaves en plâtre stéaritté, té*
duction Collas, bronzé par le procédé Caussmus.

La Dame entre deux âges, à son cavalier- — Serait-il vrai, comme
on le, dit, que l'auteur du dran«e fût bossu.,, pauvre jeune
homme !

L Universitaire, avec aplomb. — Pas le moins du monde... M. de
Bornier est droit comme un lys... C'est Victor Hugo qui est bossu...
A telles enseignes que moi qui vous parle, étant entré une fois au
bain du Pont-Royal.....

(Un reporter du Figaro note précieusement sur son carnet h confi-
dence ci-dessus.)

Francisque Sarcet, à un élevé du Conservatoire. — Mon avis sur
cette pièce? Je l'ai vue le soir de la première... J'en ai dit du bien
et du mal, ce que j'en pensais... Depuis, j'y suis retourné plusieurs
fois, et cela m a confirmé dans l'opinion que j'en avais conçue tout
d abord... J y retournerai plusieurs fois encore, et selon toute ap-
parence, cela ne fera que me confirmer dans mes convictions pre-
mières, — à moins qu'elles ne changent du tout au tout...

Coquelin aine, à d'Hervilly. — De jolis vers, je ne dis pas non...
Mais voyez-vous, il n'y a qu'un poète, qui est Ferrierl... Pailleron,
lui-même, ne vient quaprès...

Ernest d'Hervilly. — En manière de conclusion :

n Qui ne sut se Bornier ne sut jamais écrire ! »

Tout le monde est parti... Plus de voitures... Le monsieur en-
thousiaste se retrouve seul sur la place du Théâtre-Français, sous
une pluie fine et grise comme les alexandrins de la Fille de Roland...
Un commencement de grippe le rappelle enfin au sentiment de la
réalité, et il s'éloigne en éternuant...

EPILOGUE :

Chez M"« Croizette, dans ce luxueux appartement donf pas une
pièce (sans en excepter les retraites les plus intimes), n'a échappé
aux descriptions enthousiastes de M. Adrien Marx.

Pour l'ameublement de la chambre à coucher, voir aux Indiscré-
tions parisiennes de l'auteur précité... Sur la cheminée, des vases
garnis de fleurs vénéneuses; sur la table de nuit, dans quelques
verres d'eau sucrée, se dissolvent divers poisons, car M"« Croizette
étudie sans relâche.

M"« Croizette, en déshabillé galant, a demi-couchée sur une
chaise longue, bâille languissamment. Des murmures entre coupés
s'échappent de temps en temps de ses lèvres roses.

Cette Filk de Roland qui tient toujours l'affiche ! et ça fajt des
recettes!... Monter des grandes machines en vers, sans un petit
bout de rôle pour Sophie, c'est raide !... A quoi songe Perrin?...
Si ça continue... (Coup de sonnette.) Ah ! on sonne... (Elle bâille
profondément.)

Entre un monsieur très-chic, sans en avoir l'air. Moustaches
longues, tournure de sous-officier en retraite ; voir chez divers
photographes, entre Léonide Leblanc et Bazaine.

Compliments d'usage.

M"e Croizette.—Et, comme çà, vous venez de voir la pièce?
Comment trouvez-vous Sarah Bernhardt?

Le monsieur très-chic, timidement. — Mais... pas sans talent...
Une voix touchante... de beaux cris au 3* acte...

Mlle Croizette, dédaigneusement. — Ah ! vous trouvez?... Une
jolie voix, c'est possible ; mais (Faisant claquer sa main sur le côté
gauche de son corsage, à l'endroit où l'on a coutume de placer le
cœur.) croyez-vous qu'elle ait de ça?

Le monsieur très-chic, louchant à force de regarder dans la direc-
tion indiquée, et balbutiant. — Mais...

M"« Croizette, avec un sourire de sphinx. — Non, sans blagues,
dites! croyez-vous qu'elle...

Le monsieur, louchant de plus en plus. — Il est certain, ma chère...
(Il bredouille, et pour sortir du trouble où ses sens paraissent plon-

gés, tire de sa poche une pipe en terre, modèle Gambier, qu'il bourre
consciencieusement.)

MIle Croizette, avec hauteur. — Comment! itous allez encore fu-
mer cette horrible pipe ?

Le monsieur chic — Oh ! j'en ai une plus belle...

Mlle Croizette, vexée. — Eh bien, vous êtes poli ! Pour aller dans
le monde, n'est-ce pas?

Le monsieur chic. — Non... pour régner!

M'lB Croizette. — Comme Charlemagne ?

Le monsieur chic, sérieusement. — Comme Charlemagne.

M"« Croizette, non sans ironie. — Ou comme Pépin.

ANDRÉ GILL.

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Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
La fille de Roland & de Bornier
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Gill, André
Entstehungsdatum
um 1875
Entstehungsdatum (normiert)
1870 - 1880
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Frankreich
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 8.1875, Nr. 340, S. 18_03
 
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