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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0106
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L ' t G L l P 8 S

Prime extraordinaire et gratuite de l'Eclipsé

DONNÉE A TOUS LIS NOUVEAUX ABONNÉS D'UN AN OU AUX ABONNÉS ACTUELS (P RENOUVELLERONT LEUR ABONNEMENT D'UN AN PAR ANTICIPATION

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par JULES CLARETIE.

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qui désireront recevoir le volume à domicile devront envoyer 8 fr. 60 c, représentant le prix de l'abonnement et les frais de port de la prime.

LA TRANSACTIOMIAME

Si le mot n'est pas encore français, la chose est du moins
fort à la mode. *

Mais, tant il est Vrai que nous ne savons rien faire à de-
mi, la rage des concessions, des compromis et des sacrifices
est devenue telle (nous ne parlons que de la politique), que
les hommes de principes, les intransigeants sont traités par
les autres comme de vrais galeux.

XXX

Aux irréconciliables et aux radicaux contre lesquels on a
jeté tant de cris, a succédé une nouvelle espèce d'outran-
ciexs : les outranciers de la transaction.

XXX

ÏNous avons vu ces jours derniers un toile général s'élever
dans toute la presse, même la presse républicaine, contre
MM. Louis Blanc et Madier de Montjuu, à l'occasion du
dernier discours qu'ils ont prononcé à propos des lois cons-
titutionnelles.

XXX

Les jeunes républicains, qui s'intitulent eux-mêmes :
républicains de l'école pratique, et qui ont la préteniion —
mal justifiée à mon avis — de valoir mieux que les vieux,
ont poussé d'effroyables clameurs en entendant deux hom-
mes jeier du haut de la tribune, au nom de principes sacrés
sur lesquels leurs confrères se sont beaucoup tiop assis de-
puis quelque temps, des paroles viriles et fécondes comme
nous sommes, hélas ! déshabitués d'en entendre.

XXX

Les jeunes républicains de « l'école pratique, » comme ils
se plaisent à le dire, ont été plus qu'irrévencieux envers
deux 'vieux républicains de principes, dont l'un est un
maître.

Ils les ont, Dieu me pardonne !... traités de « vieux
homes. »

« Vieilles ganaches » viendra à la première occasion, n'en
doutons pas.

XXX

Non... n'en doutons pas, car aujourd'hui le vent de la
politique est solidement fixé au sud-sud-ouest des conces-
sions mensongères et des transactions biaiseuses.

La rectitude, la droiture, le respect de la vérité, tout cela
est devenu complètement rococo, démodé.

XXX

La bonne politique maintenant n'est plus pour les répu-
blicains de « l'école pratique » de combattre loyalement pour
leurs opinions, d'imprimer sur leur drapeau en énormes
caractères visibles d'un pôle à l'autre, leur programme, et
de défendre ce qu'ils y ont inscrit contre tous, contre tout,

et coûte que coûte, comme il convient à des hommes qui
combattent pour des idées et non pour des intérêts de clo-
cher.

XXX

Non, nous avons — ou plutôt les nouveaux républicains
de « l'école pratique » ont changé tout cela.
Ils concèdent tout.
Ils reculent à propos de tout.
Ils transigent sur tout.
Au besoin, ils renient tout.

Et si l'on s'étonne de cette conduite indigne d'une aussi
sainte cause que celle qu'ils prétendent soutenir, ils répon-
dent d'un air capable :

— Chut!... Taisez-vous !... mystère et prudence !... c'est
pour l'enfant.

XXX

Mon Dieu !... loin de moi de prétendre que la politique

des jeunes républicains de « l'école pratique » ne vaut pas
celle des vieux républicains de principes.

J'ai pourtant mon sentiment là-dessus, et le plus cher de
mes désirs est certainement que l'avenir me donne tort.

XXX

Je reconnais même jusqu'à un certain point que la poli?
tique de transaction à outrance a remporté depuis quelques
mois comme des apparences de succès.

Ces apparences sutiitent, à ce qu'il paraît, à beaucoup de
monde, puisqu'un concert d'enthousiasmes très nourris a
accueilli la conduite des transigeants et poussé des hourrahs
de triomphe au vote de la constitution Wallon.

XXX

Sans vouloir décourager tous ces braves gens qui me sem-
blent prendre des vessies pour des lanternes et mordre à
belles dents dans l'ombre d'un fromage, je les ajourne tris-
tement à quelques meis.

lis regretteront peut-être leurs chants d'allégresse.

XXX

Mais enfin, là, n'est pas la question.

Les outranciers de la transaction tenant aujourd'hui la
tète du mouvement républicain, et ayant promis de le me-
ner à bien, nous n'avons pas à escompter leur succès ni leur
défaite.

Qu'ils aillent jusqu'au bout du chemin tortueux qui leur
a semblé le plus sûr ; ils se sont trop engagés dans ce sentier
— qui me paraît, à moi, un dangereux cul-de-sac — pour
revenir maintenant sur leurs pas.

XXX

Où nous mènent-ils?... Où mènent-ils la République?
J'ai peur que nous le sachions toujours assez tôt.

XXX

Seulement, co que je ne puis guère voir tranquillement,
c'est l'aplomb de ces jeunes républicains de l'école dite pra-
tii[iie, qui n'ont encore rien fait pour la cause républicaine
que de la galvauder dans des compagnies interlop s avec ses
adversaires, qui répondent du succès, c'est vrai, mais qui

n'en ont encore obtenu aucun, jetant, le cœur léger, par-des-
sus bord, les hommes de foi qui s'opposent de toutes leurs
forces à ce que les républicains entrent en lutte de finesse,
d'astuce, de mensonge avec les partis monarchiques.

XXX

Comment!... voilà des hommes qui sont convaincus que
la République ne doit entrer dans l'histoire que pur la
grande porte d'honneur, qui considèrent comme indignes
d'elle les fourberies mesquines et les compromis honteux
auxquels ses prétendus défenseurs se livrent en son nom.

Et vous vous permettez, vous, messieurs les jeunes répu-
blicains de « l'école pratique, » de traiter ces hommes en en-
nemis de la République, de prétendre qu'ils sont des uto-
pistes, des rêveurs, des romantiques, qu'ils compromettent
votre ouvrage !

XXX

Quel courage, messieurs, avez-vous donc tant à compro-
mettre?

Et qu'avez-vous donc fait jusqu'ici pour cette République
quo vous prétendez chérir si tendrement?

Rien... absolument rien, que de la discréditer et de l'hu-
miiier.

XXX

Vous prétendez, il est vrai, la sauver par votre adresse,
votre finesse.

Vous êtes, dites-vous, maintenant un parti discipliné,
prudent, adroit, dupeur au besoin.

Vous brisez les reins de la République pour lui apprendre
à entrer par des portes basses.

Vous lui apprenez à subir toutes les injures, toutes les
mystifications.

L'essentiel est qu'elle entre, prétendez-vous, et vous
ajoutez :

— Nous la ferons entrer, nous en répondons; mais que
les pontifes du parti nous laissent faire, ces vieux-là ne sont
plus bons à rien.

XXX

Pardon! messieurs de l'école pratique; ces pontifes-là sont
bons à quelque chose.
E t voici à quoi.

XXX

Votre succès n'est pas aussi assuré que vous semblez le
croire.

En dépit de tout votre machiavélisme et de tout votre
génie de l'enfoncement, vous pouvez être dupes vous-mêmes.
Qui joue au fin peut trouver son maître.

XXX

Si, après avoir rompu votre jeune République, — encore
contestée, — à ces exercices de platitude auxquels vous l'ha-
bituez depuis deux ans, vous ne vous êtes pas trouvés les
plus malins;

Si, un beau jour, en dépit de toutes vos madreries, vous
trouvez plus madré que vous, qui vous l'escamote cette Ré-
publique habilement disloquée par vos soins;

Que resiera-t-il de votre campagne de polilique louche,
d'ententes cauteleuses avec vos adversaires, d'alliances de

LE SOLDAT

v C'est un état comme un autre,que celui de Soldat, me dit

le lieutenant ***, et, parmi tous les travailleurs de ce
monde, il n'en est peut-être pas de plus laborieux que
l'humble piou-piou, qui se lève avec le jour et se couche avec
lui, fait l'exercice, lave, astique, étudie à la fois la théorie et
la grammaire, va à la cible et à l'école, et sert de son mieux
la République et la France. Lorsque le soldat n'est plus
l'instrument du règne d'un despote, il est le gardien de la
liberté et de l'indépendance d'une nation. C'est lui qui
veille, l'arme au bras, sur toutes les autres œuvres du tra-
vail ; c'est lui qui, gardien résolu, empêche l'étranger de
vider nos tonneaux, de saccager nos champs, de brûler nos
maisons, de piller nos fermes, d'insulter nos femmes, nos
sœurs et no3 mères. Je l'aime, ce fusilier Pitou, ce soldat
Boquillon, ce fantassin Dumanet, dont s'amusent les vau-
devilles. 11 est enfant et bon enfant ; il est naïf et curieux ;
il ne sait rien et devine tout ; il n'entend pas grand'chose à
la politique et il paye, de son sang, les fautes et les crimes
des hommes d'Ëiat. H suit ses généraux en aveugle et il
croit toujours, et il espère — le pauvre garçon si confiant! —
qu'ils vont le mener, tambour battant, à la victoire. Il est
l'incarnation du peuple veillant sur le sol, un uniforme sur
le dos, regrettant l'atelier ou le sillon, le faubourg ou le
village, mais fidèle au devoir, obéissant au coup de clairon

comme à la voix même de la patrie, et prêt à se faire hacher
pour cette loque à trois couleurs qu'on appelle d un nom
sonore, le drapeau.

« Il f.ut avoir vécu côte à côle avec lui, pour le bien con-
naître. Le Soldat est timide et ne se livre point, ou il est
narquois et il blague. Entre ses silences confus et ses hâble-
ries railleuses, il y a la vérité. Cette vérité, c'est que le Sol-
dat français, gai, vivant, s'amusant de tout, constitue le
type achevé du bon et bravo Soldat. Les Allemands vous le
diront eux-mêmes, dans leur langage à prétentions philoso-
phiques : « la matière militaire, s n France, est meilleure que
partout ailleurs. » On a accusé nos Soldats d'indiscipline.
Sans doute les prétoriens et les grognons, — ces groguard3
dégénéiés, — ont donné, dans la dernière guerre, de déplo-
rables exemples. Les rues de Strasbourg, à la veille des pre-
miers combats, virent passer plus d'un Soldat ivre. Mais, en
somme, le Soldat, le vrai Soldat, fut discipliné, obéissant, et,
jusqu'à la dernière heure, plein d'espoir. Cette pauvre armée
de Metz, ne la vit-on p <s se confier, sans murmure, au chef
qui fallait rendre à l'ennemi? Elle avait ioi dans «a propre
destinée, dans son propre courage et, sous les murs de Metz,
pendant les pluies et les bourrasquog dY.ctobre, elle atten-
dait impatiemment le signal du combat, certaine que co
serait un signal de gloire. Pauvre troupeau de moutons
héroïques qu'on vit, un matin, défiler, sans armes, devant
les Pussiens, et qui, par longues files, s'acheminèrent, sous
la pluie, vers les prisons allemandes!...

« Vous n'avez guère connu ; vous autres, au siège de
Paris, que le Soldat battu et ramené, semblable au cavalier
qui a été démonté et qui n'ose se remettre en selle. Et pour-
tant, que de bravoure dans ces bataillons sans cadre, dans
ces régiments décimés ! Le Soldât du siège de Paris, celui
du Buurget, de la Malmaison ou de Champigny, et le Sol-
dat de la Loire ou de l'BsU celui de Coulœiers, de Josne ou

de'Villersexel, resteront comme des types à part dans l'his-
toire de notre armée. Leur allure, leur uniforme, leur face
même, tout en eux semblait nouveau. B avis gens ! Ils
souffraient terriblement, par ce rude hiver qui se fit, il y a
trois ans, l'allié de l'Allemagne ! Ces petits fcrmieis grêles
et presque imberbes, ces mobiles arrachés au foyer, grelot-
taient sous la peau de moutoa qui leur couvrai les épaules
et la poitrine, et dans laquelle ils glissaient leurs mains
gercées de froid. Ils battaient la semelle, aux heures de
halte, en attendant qu'ils maniassent le chassepot ou qu'on
leur donnât l'ordre de courir à la baïonnette. Leurs oreilles
gelées s'abritaient sous des mouchoirs entortillés !m tour de
la tête ou sous le fameux passe-montagne que n'ont pas
oublié les gardes nationaux aux remparts. C'était pitié de
voir ces malheureux enfants transis, à la peau violacée, au
nez rougi et sabré par la bise. Eux ue se plaignaient pas.
Ils étaient là, ils y restaient et faisaieut leur devoir. Sur
une des maisons à demi effondrée p r les obus qu'un déta-
chement d'un régiment de ligne occupait à Bondy, una
main inconnue avait tracé ces mots : Caserne des victimes du
plébiscite.

a Mais, s'il était triste et grelottant, en ces heures atroces
de la défaite et de la lui te en plein froid, contre des armées
victorieuses, il faut voir ce Soldat français, co même petit
soldat, lorsque le succès lui sourit, lorsqu'il marche en
avant, lorsqu'il attaque et fait fuir l'ennemi. C'èst la gaîté
dans la bataille, c'est l'entrain, c'est l'élan, c'est l'humeur
même de la France 1 La furia francese,disaient les Italiens du
quinzième siècle, the jacobinul rage, disaient les Anglais en
1793. Demandez-lui, à co petit soldat de quatre sous, ce que
vous voudrez, il l'accomplira. Exigez de lui des prodiges, il
les réalisera. Mais il lui faut le succès, le soleil, les acclama-
tions dts villes conquises, le sourire des femmes charmées,
ltis lendemains de Magenta, les rues toutes ileuries de Milan»
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