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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0130
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Prime extraordinaire et gratuite de l'Eclipsé

DONNÉE A TOUS LES NOUVEAUX ABONNÉS D'UN AN OU AUX ABONNÉS ACTUELS QUI RENOUVELLERONT LEUR ABONNEMENT D'UN AN PAR ANTICIPATION

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m EXTREMIS

On prête de plus en plus à l'Assemblée de Versailles l'in-
tention d'employer les premiers instants qui suivront son
retour à éplucher le suffrage universel.

XXX

Elle serait même — si l'on en croit certains bruits — dis-
posée à jeter au panier tout ce qu'il lui paraîtra contenir
d'impur.

Les conditions d'âge seraient élevées, celles de domicile
également, etc., etc.

XXX

Cette accusation est stupide.

Il est du devoir de la presse de défendre l'Assemblée natio-
nale, qui n'a pu concevoir url tel projet.

Elle sait trop bien ce qu'a coûté au pays, en 18ol,pareille
tentative d'escamotage du suffrage universel, pour penser,
ne fût-ce qu'une minute, à recommencer l'épreuve.

XXX

L'Assemblée nationale, en acceptant, le 8 février 1871, ses
pouvoirs du suffrage universel, l'a nécessairement reconnu.
C'est un marché qu'elle a fait avec lui.

XXX

Il ne peut jamais appartenir à l'une des parties contrac-
tantes de décider que l'autre n'a pas des droits égaux aux
siens.

Et dans le cas présent, si l'une des deux parties pouvait
dépendre de l'autre, je crois que ce serait plutôt l'Assemblée
qui dépendrait du suffrage universel, duquel elle relève
directement.

XXX

Il n'est pas admissible que l'on puisse même essayer de
nous faire assister à cette scène du monde renversé, les can-
didats de demain choisissant dès aujourd'hui leurs élec-
teurs.

XXX

Certaines gens, qui y ont le plus grafld intérêt, préten-
dent que c'est le droit de l'Assemblée dè réviser la loi élec-
torale.

Je ne vois pas trop éù l'on prend ce droit-là.
Cela serait enfantin et rappellerait trop la fameuse plai-
santerie :

— Dieu fit l'homme à son image. Qui est-ce qui dit cela ?
— L'homme.

— L'Assemblée est supérieure à la volonté nationale. —
Qui est-ce qui dit cela? — L'Assemblée.

XXX

A ce compte-là, l'Assemblée, qui n'a pas de mandat limité,
pourrait décider qu'elle est inamovible, et décréter qu'elle
ne se renouvellera qu'au fur et à mesure du décès de ses
membres, ou même pas du tout, si cela lui convenait.

XXX

Quoi qu'elle en dise, l'Assemblée n'est pas moins con-
vaincue aujourd'hui qu'elle doit des comptes à l'opinion
publique.

Et, bien qu'elle crie très-fort :

— Je puis rester là tant que ça me plaira....

Elle se dispose très-bien à plier bagage dans un délai —
qui, pour être moral, n'en est pas plus énorme.

XXX

Il est bien évident qu'il en sera des bruits de mutilation
du suffrage universel, comme de bien d'autres qui se sont
en somme évanouis.

Soulever cette question de révision électorale est un moyen
pour les monarchistes de faire un peu de bruit.

Et pour des gens dont on ne parle pas assez à leur gré,
faire un peu de bruit est encore du bonheur.

XXX

Mais l'Assemblée, malgré tous ses petits travers de vieille,
ne veut pas de mal à la France.

Elle n'oubliera pas qu'une pareille mesure serait aussi un
moyen presque infaillible d'agitation.

Et elle ne risquera certainement pas ce paquet-là sur le
dos de notre pauvre pays, qui n'a pas besoin de cela pour le
moment.

XXX

Du reste, je crois que la question peut se résoudre très-
clairement ainsi :

L'Assemblée étant issue du suffrage universel ne peut,
sans froisser les règles les plus élémentaires de l'équité et de
la logique, dire à ses mandants :

— Il a fallu que vous soyez électeurs pour que j'existe. Et
maintenant, moi, pour ne pas mourir, je décide que vous ne
l'êtes plus.

LÉON BIENVENU.

A QUOI RÊVENT LES VIEILLES FILLES

Paris dort.

C'est l'heure où, dans les Enfers, — suivant ia Mytholo-
gie des écoles primaires, — s'ouvrent la porte d'ivoire et la
porte de corne, qui laissent s'échapper des Songes, doux ou
cruels.

Oui, c'est le moment où les Songes, petits-noëls quoti-
diens, s'introduisent par la cheminée dans les domiciles pa-
risiens, et viennent réjouir ou tourmenter les faibles mor-
tels et les quarante Immortels eux-mêmes.

Voici justement que prend son vol, sur l'ordre de Mor-
phée, le Songe en chef, la troupe indisciplinée des Rêves
qui vont s'abattre au chevet du lit des vieilles lilles.

Suivons-les, ces Songes, et, cachés sous leurs ailes noires,
comme les compagnons d'Ulysse sous la toison blanche des
moutons de Polyphème, pénétrons dans le sanctuaire des
virginités sur le retour.

Quelle est cetto vieille fille ? Devinez4

Elle a gardé jusque dans son sommeil, sur son visage, le
masque de sévérité qu'exige sa profession.

Elle se tient raide, convenablement. Le lit n'est pas tour-
menté. L'oreiller, déprimé à peine en son centre, a conservé
sa forme rectangulaire.

Le sourcil, froncé pendant le jour, ne s'est pas détendu
pendant la nuit. La bouche, railleusement entr'ouverte,
semble donner un premier avertissement à quelqu'un.
Parfois elle prononce des mots sans suite, dans une langue
étrangère : — « That the Sultan Mahmoud by... » — ou adresse
dans le vide des questions bizarres : — « Qu'est-ce qu'un pro-
montoire?... » — ou dicté : — « un point, à la ligne... »

Cependant sa figure se déride tout à coup. La vieille fille
rêve, je le jure, qu'on lui souhaite... quelque chose... sa
fête, par exemple. Les doigts, longs et blancs comme des
touches de piano, pressent un bouquet imaginaire. Elle le
respire. — Délicieuse odeur !

Une larme, larme annuelle I coule entre ses cils courts, et
elle murmure : «Mesdemoiselles! ah! c'est trop fort ! »

Soudain, son reve change d'objet. Les traits de la vieille
s'imprègnent de la conviction de sa haute valeur. On dirait
qu'elle trône dans quelque endroit solennel. Des lueurs d'or-
gueil illuminent son front, et elle s'écrie :

« — Cosmographie supérieure, premier prix... Louise de Salis,
bury, née à Cambridge!... »

n

Une robe de bal est là, sur un fauteuil. La pendule sonne
une heure du matin. Près du lit, sur une petite table de
nuit couverte de fioles, tout ce qu'il faut « pour réparer des
ans l'irréparable outrage. »

Elle dort, la dame de céans ; elle dort dans son bonnet à
dentelles. Son front huilé, ses joues graissées de pommades
adoucissantes, rafraîchissantes, rajeunissantes, reluisent
sous les rayons do la veilleuse.

Une épaule maigre dépasse' le bord de la fine couver-
ture ; elle invite à descendre dans de profondes vallées —
désolées 1

« Trop bête ? rêve la dame de céans, — trop gros ; trop
maigre; trop petit ; trop grand.., me croit-on femme à prendre le
premier venu!... Et pourtant,pour une fille, quarante ans, c'est
lourd à porter !... »

Et pendant qu'elle vagit ainsi, dans la nuit, elle revoit le
premier de ses prétendants, le jeune et beau garçon que son
père lui amena un jour, à la campagne, et qu'elle a repoussé
en riant aux éclats.

Rêve poignant, regret amer !

Mourra-t-elle fille, cette vierge mûre? Dieu! que la per-
spective de finir .par le limaçon dont parle La Fontaine doit
lui sembler désagréable.

III

Ici, tout est calme. La vieillesse a été franchement accep-
tée, et sur l'oreiller, qui n'aura jamais de compagnon, s'éta-
lent les papillotes en papier marron où sont roulées les
mèches grises.

Oui, les mèches sont grises; il y en a même de blanches,
et elles font un contraste éclatant avec la boucle d'un noir de
jais, qui est là-bas, dans un petit cadre, à côté de la glace
de la cheminée, sous le portrait au crayon d'un jeune
homme inconnu.

Ah ! c'est que la boucle noire n'a pas eu le temps de rece-
voir la neige blanche que l'âge fait pleuvoir. La tête qui la
portait a disparu, bien jeune, sous le gazon, et les mèches
grises, autrefois blondes, lui sont restées fidèles et lui ont
voué un culte attendri.

Voyez comme il bat régulièrement et avec placidité le
noble cœur de cette vieille ûlle, sous le drap blanc. Voyez-
vous ce sourire jeune ! comme il transfigure cette face ridée
et jaunie 1

Oh ! ne la réveillez pas. Le soleil du passé éclaire et
réchauffe en ce moment son âme sur la route des souvenirs
joyeux. Laissez-la dormir,

IV

Hum!... on sent l'oignon ici.

Parbleu ! nous sommes dans une mansarde de domesti-
que. La lune lance une flèche d'argent par le jour-de-souf-
france du plafond.

Un corset aux goussets vastes repose sur une chaise gro
sière. Des bas de laine — longs comme des spectres — traî
nent sur le carreau rouge, près des souliers.

Un tablier blanc, à poches, est accroché au mur.

— Eh ! eh ! nous sourions, ma grosse dormeuse ; qu'avons
nous donc? Est-ce que Louis-Onésime Chamouroux, ser
gent au 1er de la garde, vous a signé un papier par lequel i
s'engage à vous épouser, à son retour dans ses foyers ?

Hélas ! non, la vieille fille des champs ne pense pas d
tout à Louis-Onésime Chamouroux, le héros de la Crimée
et du Mexique. Le traître grenadier l'a affligée d'une façon
indigne. Chut !

Elle rêve maintenant à une place de loueuse de chaises,
vacante, pour le moment, à Sainte-Elisabeth. Elle a fait de
petites économies ; ses maîtres sont si bons... et si con-
fiants ! Loueuse de chaises, quel joli sort !... Et puis, 1
sonneur est encore un bien bel homme ! Ce célibataire
acharné, cet ami de la bouteille pleine, ferait un mari pré-
sentable après tout.

Et la grosse doiidon, dans sa félicité, se donne une claque
sur... la main.

Laissons-la, laissons-la vite à ses rêves, car ici on sent
l'ail, sapristi !

f. . . V -i

La chambre est petite, froide ; le carreau ciré est frotté
avec excès. Les murs sont blanchis à la chaux, et nus. Ici.
un Christ en plâtre sur une croix noire ; là-bas, une sainte,
en habits rouge, jaune et bleu, avec une auréole.

Pour tous meubles : un lit, une chaise, un prie-Dieu ;leS
draps sont en serge, minces sont les couvertures. Derrière leS
vitres dépolies de la fenêtre se découpent, aux rayons lunai-
res, les ombres noires des barreaux croisés.

Une coiffe blanche, des vêtements gris sont pliés soigneu-
sement sur la chaise. A la ceinture de la robe pend un ro-
saire à gros grains, au bout duquel une croix de cuivre se
balance entre une petite tête de mort en ivoire et une paire
de ciseaux. Sur le pied du ht un grand tablier à bavette
s'étale.

Sur le dur traversin repose Une tête pâle, pâle comme de
la vieille cire. Un serre-tête blanc coiffe ce crâne sans che-
veux. Les lèvres blanches lancent automatiquement des
lambeaux de phrases :

— « te numéro 15 est mal, três-meil, — Pauvre jeune homme!
— gargarisme... eau de son alunée... — Oui, monsieur le doc-
teur... — C'est une femme... foie de soufre... huile d'olive... du
bon vin?... monneur l'interne l'a dit. — Le 1? — Hier, à deux
heures, monsieur... Allons, mon enfant, du courage... graine de
lin... non, ma sœur... soyez biert sage... un œuf à la coque... Ie
i 0 est très-pieux, mon père. »

Dors, brave vieille fille, dors. Va, là-haut, près du Père,
163 anges baiseront ta main vénérable.

VI

Silence! ici sommeille la marquise de C..., homme de
lettres.

Elle s'est endormie sur ia table, la plume en main, a«
milieu des redoutables restes d'un article commencé,
fuseau des Salons, journal de modes, lui avait commandé vfi
article amusant sur les tours-de-tête en caoutchouc, en l'if|
vitant à y placer le nom de soixante-sept fabricants en r«'
nom et abonnés 1

Plaignez la malheureuse marquise de C...! A l'âge de diw
sept ans, elle envoyait déjà des vers à toutes les revues. C«5
vers restèrent en route,- ils avaient pourtant assez de pieds
pour faire lour chemin.

Un bon mariage, un mariage d'inclination, mystérieux el
poétique, était pourtant au bout de cette plume. QuelqU0
métromane aurait pu devenir fou d'amour pour les sédu*'
santés initiales M80 de C... qui signaient les menus vers <J"
cette dame. Mais le sort en avait décidé autrement. Et 1*
marquise deC... rêve aux tours-de-tête en caoutchouc :

— « Chères lectrices... petits babies roses... les salons de •*
princesse de K... allez chez Hoskoff, notre grand parfumeur-''
voici les beaux jours... les papillons... soutaché... jupe taiVf
dée... ce qu'il y a de mieux porté... Champs-Elysées... grafld
largeur... les demoiselles... jupon êcarlate... dans le dos, icMf
cré... votre humble chroniqueuse... »

Silence! silence! ici sommeille la marquise de C..., honi^
de lettres, (A suivre.)

ERNEST D'HERVILL*

_-*-

PRÉDICTIONS DE L ÉCLIPSE

POUR LA SECONDE QUINZAINE D'AOUT

Banquet commémoratif à Chislehurst à l'occasion de
St-Napoléon. f
L'ex-Impératrice chante au dessert : C'était le bon tetnp-''
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