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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0142
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L ' É G L I P S E

rime extraordinaire et gratuite de l'Eclipsé

DONNÉE A TOCS US NOUVEAUX ABONNÉS D'UN AN OU AUX ABONNÉS ACTUELS QUI RENOUVELLERONT LEUR ABONNEMENT D'UN AN PAR ANTICIPATION

V ÉCLIPSE a acquis le droit d'offrir en prime à ses abonnés Ja publication à succès du moment : Y édition illustrée de LA FILLE
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par JULES CIARETIE.

Toute personne qui prendra un abonnement d'un an ou qui renouvellera, par anticipation, son abonnement, également pour un an, aura le droit de
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qui désireront recevoir le volume à domicile devront envoyer 8 fr. 60 c, représentant le prix de l'abonnement et les frais de port de la prime.

SCÈNES PARISIENNES

"> la CANTONNA3>e" VViï petit journal

Comme le théâtre, comme l'amour, comme les restaurants
à un franévingt-cinq, comme tout d'ailleurs, — le petit jour-
nalisme a ses coclisses,

Et souvent elles né sont pas beaucoup plus propres.

■:,':lJ 1 XXX . '

Les hommes qui font métier de montrer leur esprit, s'ai-
ment entr'eux à peu près autant que les femmes qui font
métier de montrer leurs jambes.

Veux-tu, lecteur, que. nous commencions cette série de
scènes parisiennes en allant faire un petit tour à la cantonade
du Mirliton méphistophélique, organe littéraire et frondeur?

i xxx

Quand nous aurons vu celle-là, nous en aurons vu beau-
coup d'autres.

XXX
SCÈNE PREMIÈRE.
La salle de rédaction du mirliton méphistophélique.

Les rédacteurs sont au complet, excepté Saint-Aiglon, le
rédacteur en chef.

camboustrac à Breluchet.

Mon cher... compliments sincères... Votre dernière chro-
nique est d^on réussi...

breluchet à Camboustrac,

Tiens... je voulais justement vous féliciter de votre nou-
velle série... Sapristi... c'est touché... Vous ferez avec cela
une brochure qui se vendra à vingt mille... Soyez difficile
pour le choix d'un éditeur... Ils se disputeront le volume...
Tenez Dentu un peu raide!...

bourrachon à Ledoucet.

Parfait !... délicieux !... votre article sur le nouveau livre
de Belot... C'est du sérieux et du ban!... Si Villemessant
vous fait des offres, tenez ferme pour 1-e prix.

ledoucet à Bourrachon.

Oh ! moh cher... je ne sais pas où diable vous allez cher-
cher les idées de vos : Par monts et par vaux. On est toujours
étonné de ne pas trouver au bas la signature de Monselet...
C'est d'une finesse, d'un mordant!...

breluchet

Avez-vous lu, messieurs, les quatrains de Bourrachon dans
notre dernier numéro?... Est-ce assez épatant ?... ça vaut
du Banville premier nuniéro.

bourrachon *

Je trouve que la chose la plus saillante du Mirliton méphis-
tophélique de dimanche dernier a été l'article de notre cama-
rade Camboustrac, intitulé : le Gommoxéra.

La scène continue sur ce ton.

Camboustrac renvoie la balle à Ledoucet, qui la lance à
Bourrachon ; Bourrachon la retourne à Breluchet, qui la
rejette à Camboustrac.

L'admiration mutuelle, commencée en soli successifs, se
termine par un chœur d'ensemble des mieux nourris.

Quinze encensoirs,' crevés par la fatigue, restent sur. le
parquet.

0.; se sépare.

XXX
SCÈNE II

au café de mulhouse

breluchet à Bourrachon.
Je ne comprends vraiment pas comment notre rédacteur
en chef, Saint-Aiglon, conserve Ledoucet au Mirliton méphis-
tophélique... Ses critiques théâtrales sont tout simplement
idiotès.1'. c'est à croire, ma parole d'honneur, qu'il paie pour
se faire insérer..

bourrachon à Breluchet.

Il y a longtemps que je suis de votre avis... c'est insensé...
Eh bien! et Camboustrac, donc !... en voilà de la prose!...
Bien sûr, Saint-Aiglon ne le garde qu'à cause de sa femme,
qui est fort agHçantj. %

breluchet

Tenez!... voulez-vous qve je vous dise, Bourrachon?... si
S:i':U-Aiglon continue ainsi, le Mirliton méphistophélique
n'en a pas pour trois mois... Ce qu'il faut à notre feuille,
c'cot'une rédaction corsée et sérieuse; et je nevois que nous
deux qui pourrions soutenir ce journal.

bourrachon

C'est ce que j'ai toujours pensé, mon cher Breluchet...

à nous deux, nous ferions ça parfaitement...

breluchet

Et ça aurait un autre œil...

SCÈNE III

au café de suède

ledoucet à Camboustrac,
Quel triste numéro que notre dernier, hein!!... Trois
articles de Bourrachon! .. et c'est écrit en Auvergnat!...

camboustrac à Ledoucet.

Et les échos de Breluchet, donc!... les Quinze-Vingts de
l'Encyclopediana !...

ledoucet

C'est honteux !...

camboustrac.

Écœurant !...

ledoucet.

Quand je pense qu'à nous deux nous ferions un si joli
journal.

camboustrac.

Ah !... oui... mais la coterie... Ils invitent Saint-Aiglon à
dîner toutes les semaines pour qu'il les place à la première
page.

XXX

SCÈNES IV, V, VI et VII.

En rentrant
chez lui. Le-
doiicet écrit h
son rédacteur
en chef, Samt-
Aiglon, un bil-
let dont voici
la teneur, à
quelques va-
riantes près :

« Cher maî-
tre, * ,

« Veriez-donc
dîner un de ces
soirs à la mai-
son , j'ai un
plan nouveau
à vous soumet-
tre pour la ré-
daction du Mir-
liton méphisto-
phélique.

« Mille ami-
tiés,

« LEDOUCET.»

En rentrant
chez lui, Cam-
boustrac écrit
à son rédac-
teur en chef,
Saint-Aialon...

(La suite com-
me ci-contre).

En rentrant
chez lui, Bre-
luchet écrit à
son rédact...

(La suite com-
me ci-contre).

En rentrant
chez lui, Bour-
rachon écrit à..

(La suite com-
me ci-contre).

«Tout à vous,

« CAMBOUSTRAC. »

« Votre dé-,
voué,

« BRELUCHET. »

Affection vive,

« BOURRACHON.»

XXX

SCÈNE VIII

(Chez Camboustrac au dessert.)

camboustrac, à Saint-Aiglon.
Voyez-vous, mon cher Saint-Aiglon, ce qu'il faut au Mir-
liton méphistophélique, ce sont des articles un peu montés.
Certainement, Ledoucet, Bourrachon et Breluchet ont du
talent ; mais c'est trop léger, trop rieur, trop sans impor-
tance...

(Nota p.ene.— Camboustrac est une sorte de fruit sec qui a
la corde essentiellement lourde, doctorale et ennuyeuse. Il vou-
drait ramener le ton du Mirliton méphistophélique au
diapason de ses infirmités).

camboustrac, cotitinuant.

Eh bien, mon cher Saint-Aiglon, si vous le voulez, et dam
l'intérêt du journal, je me mets à votre disposition pour
vous faire, dans chaque numéro, un premier Paris, un arti-
cle de genre, une revue théâtrale, une tartine de fond, des
échos de la ville, une bibliographie, un courrier de la mode
et des nouvelles à la main. Ledoucet, Bourrachon et Brelu-
ï'chet feraient»à eux trois le dépouillement de la boîte du
journal; et, comme cela, le Mirliton méphistophélique aurait
toujours une rédaction très-amusante et très-variée.

XXX

SCÈNE IX
(Chez Ledoucet, au dessert).
ledoucet, à Saint-Aiglon.

Voyez-vous, mon cher Saint-Aiglon, ce qu'il faut au Mir-
liton méphistophélique, ce sont des articles...

(Pour la suite, voir la scène VIII avec la variante des noms pro-
pres).

■ XXx

.SCÈNE X
(Chez Bourrachon, au dessert.)
bourrachon, à Saint-Aiglon.
Voyez-vous, mon cher Saint-Aiglon, ce qu'il faut au Mir-
■ liton méphistophélique...
(La suite comme ci-dessus)1.

xxx

SCÈNE -XI
(Chez Breluchet, au dessert). . ,
breluchet, à Saint-Aiglon.
Voyez-vous, mon cher Saint-Aiglon... ce qu'il faut...
(Transposez les noms, et servez.)

LÉON BIENVENU-

NOTRE GRANDE FACHERIE

Au collège, en province.

Un lundi de janvier, à l'étude du soir (j'avais alors quinze
ans), le lendemain d'une des « sauteries » hebdomadaires
que donnait mon oncle le professeur aux jeunes filles et aux
collégiens de ma connaissance, je reconnus, à n'en pouvoir
douter—[j'avais baâé mon diagnostic sur les renseignements
fournis par mon La Bruyère), — que j'étais tombé ^perdu-
ment amoureux d'une certaine M11* Nelly Wagner, chère
créature âgée de quatorze ans peut-être, mais déjà ornée de
deux longues nattes châtaines terminées par des nœuds de
rubans vert, et avec laquelle, la veille, j'avais dansé et causé
comme un fon.

11 pouvait être de sept heures sept minutes à sept heures
et quart lorsque ji fis cette stupéfiante découverte, en pas-
sant à plusieurs reprises ma main sur mon cœur, et, consé-
quemment, sous mon gilet d'uniforme. Elle suivit immédia-
tement la confidence flatteuse pour mon amour-propre, que
me fit en cet instant, et touchant cette même Nelly, mon
copain, Legrand II. (On le numérotait ainsi parce qu'il avait
un frère en seconde;)

Legrand II, ami de toutes ces demoiselles (ne sais pour-
quoi), grâce sans doute à sa sœur Angélina (douze ans), l'in-
time de Nelly, me murmura, pendant que je potassais le dic-
tionnaire de Bouillet :

« Dis donc, tu ne sais pas? hier, chez ton oncle, Nelly a
dit à Angélina, en te regardant rédower : Il a l'air extrême-
ment distingué !

— Bah! >> répondis-je d'un air parfaitement indifférent.
Mais j'étais joliment content, allez! — Distingué! — Je le

crois sans peine. J'avais même dépensé deux francs cin-
quante centimes pour atteindre ce bnt suprême.

Et voici comment. — Aux vacances du jour de l'an der-
nier, j'étais allé à Paris dans ma famille. Le matin des
étrennes, dès l'aube, à peine eus-je reçu le cadeau paternel,
— un louis, nom d'un chien ! — je courus tout d'une traite,
de Belleville à la rue de la Lune. J'avais remarqué, dans
une petite baraque édifiée en face de cette voie publique
qu'illustrent ses briochos, un lorgnon en fausse écaille et
x qui m'avait séduit. Oh! posséder ce lorgnon! l'orner d'un
ruban moiré très-large! mettre le tout sur un nez récalci-
trant et endolori au bout de trois minutes... quel rêve!

Ce d^sir, je l'exauçai moi-même. Le lorgnon devint ma
proie.

« Comme cela me donne bon genre ! » pensais-je, passant,
fier comme un paon, devant les glaces des magasins.

Mais, ô châtiment! le marchand do lorgnons, né malin,
m'avait vendu le premier pince-nez venu. Par timidité, je
n'avais pas osé choisir! Et mon lorgnon, qui eût rendu de
véritables services à une myopie ridicule, me faisait voir, à
moi que parent encore des yeux excellents, les gens gros
comme des mouch< s.

A chaque instant, semblable au chat de Plorian qui re-
garde par le gros bout de la lorgnette, je me heurtais contre
des gens que je croyais à dix pas de moi.

« Voilà l'absinthe! » eût murmuré Hamlet.

Mais, c'est égal, je me trouvais l'air « très-distingué! » Et
la preuve que je n'étais pas le seul de mon opinion, c'est que
M110 Nelly, un ange à grosses nattes châtaines, l'avait dit à
M110 Angélina qui.... etc.... qui.... etc....

La révélation amicale de mon copain, Legrand II, me mit
si bien la cervelle sens dessus dessous, que, rejetant avec
mépris le respectable Bouillet loin de moi, je m'acharnai à
confectionner une déclaration d'amour — en vers! — à cette
Nelly déjà adorée à l'excès.

Au bout de vingt pénibles minutes, j'accouchai d'un dis-
tique que je priai mon copain de faire tenir, le dimanche
suivant, par sa sœur à Nelly.

Voici ce distique :

Je vous aime, Nelly. Si vous ne m'aimez pas,
Devant moi vont s ouvrir les portes du trépas !

Je trouvais ces deux vers d'une distinction parfaite, d'une
exquisité de pensées particulières. Il me semblait que le
dernier peignait admirablement l'état triste d'une âme qui
ne trouvera plus désormais de repos que dans les bras de la
mort, si sa flamme est repoussée.

Hum !

Legrand II me jura « sur l'autel de l'amitié, » comme un
confident de tragédie, de faire l'impossible pour rapprocher
deux cœurs si bien faits pour s'entendre.

En effet, le dimanche (jour de sortie!), je me rendis au
Parc après déjeuner. Les musiciens de la earnison faisaient
retentir les échos. Toute la ville se pressait autour du rond
f >rmé par les chaises de ces Orphées en pantalon garance.

En province, on va tous les dimanches et tous les jeudis
au Parc entendre le concert militaire.

Mais je m'occupais bien des pas redoublés ou des variations
sur la Muette, composées par le chef de musique. Ce que j'at-
tendais, la cœur ivre d'anxiété et l'air plus distingué que
jamais, mon lorgnon sur le nez, c'était i'arrivée de Nelly,—
qui devait av.Mr reçu mon distique, distique écrit en encres
ae couleurs sur vélin!

Ineffable moment !

Enfin, parurent Nelly et Angélina suivies de leurs mères
terribles. Legrand 11, pensif, accablé sous le poids du secret
dont il était le dépositaire fidèle, marchait à côté de ces
dames si redoutables.

Il m'aperçut, doubla le pàs, e*, pendant que je saluais
gauchement, atteint en plein cœur par un regard brillant
de Nelly, plus charmante que jamais avec ses longues nattes
surmontées d'un toquet à pompons, il vint me prendre par
le bras.

. Ces dames, visions exquises pour moi, passèrent en sou-
riant.

« Mon vieux, s'écria Legrand II, quand nous fûmes seuls,
allons fumer une vieille pipe dans un coin, et deviser de l'a- 1
mour! — Tu verras ta Nelly, ce soir, chez ton oncle. Elle
est extrêmement fiattée, m'a dit Angélina, de ta recherche,
et ne dansera qu'avec toi.

— Tu me rends la vie ! » m'écriai-je.

Mais nous avions compté sans la coquetterie de Nelly,
Legrand II et moi. Et le soir, chez mon oncle, Nelly, ses
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