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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0146
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L'ÉGLIPSE

o,

Prime extraordinaire et gratuite de l'Eclipsé

DOMÉE i TOUS LES NOUVEAUX ABONNÉS D'il AN OU AUX ABONNÉS ACTUELS QUI RENOUVELLERONT LEUR ABONNEMENT D'UN AN PAR ANTICIPATION

L'ÉCLIPSÉ a acquis le droit d'offrir en prime à ses abonnés la publication à succès du moment : Y édition illustrée de LA FILLE
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qui désireront recevoir le volume à domicile devront envoyer 8 fr. 60 c, représentant le prix de l'abonnement et les frais de port de la prime.

LE NÉPOTISME DIRIGEANT

Le Rappel vient de publier un travail fort intéressant et
fort instructif sur la composition de l'Assemblée de Ver-
sailles.

Notre confrère s'est amusé à faire, de nos sept cent cin-
quante honorables, des petits tas composés chacun de dépu-
tés appartenant à la même farrirrte.

XXX

Le résultat de ce dépouillement est drôle,mais il n'est pas
consolant.

Le Rappel a trouvé, entre autres choses non moinsgrosses
de promesses pour l'établissement de la République, que
quatre familles, à elles seules, comprennent quinze mem-
bres do l'Assemblée de Versailles-les-Germains.

XXX

M. Buffet, M. de Rémusat, M. de Broglie et M. d'Audif-
fret-Pasquier sont, à la Chambre, les têtes de file d'un
entrecroisement de neveux, de gendres, de cousins, d'oncles
et de beaux-frères à faire pâlir un dîner de noces.

I ' ; ! xxx »

Nous n'avons ni l'intention ni la place d'énumérer ici
le nom de tous les députés qui siègent à côté d'autres mem-
bres de leur famille.

Nous résumerons simplement, au profit de nos lecteurs,
l'édifiant travail du Rappel, en disant que nous avons
compté, sur la liste de parenté que1 publie notre confrère,
quatre-vingts familles, représentées en double ou en triple
à l'Assemblée de Versailles.

xxx

Contrairement à ce que l'on répète souvent après avoir
raconté quelque chose d'étonnan t, ce fait ne se passe pas de
commentaires.

Je trouve qu'il en exige, au contraire.

Surtout par le temps qui court de propension au classedi-
rigeantalisme, tant de parents que ça dans une Assemblée
chargée de diriger un pays, vaut bien qu'où s'en occupe.

XXX

J'entends une voix qui me répond : (
— Ah!... Parbleu !... vous êtes bien toujours le même!...
Jamais content de rien, chirchant noise à propos de tout...
Qu'est-ce que vous avez encore à réclamer? L'Assemblée
n'est-elle pas élue par le suffrage universel, par votre suf-
frage universel?... Eh bien ! si le suffrage universel prend
plusieurs membres dans une même famille, c'est que proba-
blement il trouve que ces familles pullulent de gens dis-
tingués, honnêtes et capables. Vous voyez bien que votre
suffrage universel lui-même vous condamne, vous et vos
dangereuses théories égalitaires, et qu'il sent bien qu'une
nation doit être conduite par un petit groupe de diri-
geants héréditaires !...

XXX

Vous avez fini, monsieur mon interlocuteur ? — Oui !...
—Ah !... Eh! bien, à mon tour, si vous voulez bien le pei-
Énettre.

D'abord, vous commencez par me prêter de méchantes
intentions.

Je ne vous ai jamais dit, ni même insinué, qa'il me pa-
raissait impossible qu'une même famille réunît plusieurs
membres capables d'être députés.

JfâÊr xxx

Je vous accorde même, si cela peut vous obliger, que le
talent est dars le sang.

Seulement je vous avoue que je ne vois pas trop à quoi
oelt* concession vous servira pour défendre les gen.ires, les
beaux frèrei et tous fcs parents par alliance qui forment, en
somme, le plus gros do cette confrérie signalée par le
Rappel.

Si vraiment le talent se transmet dans'le sang, ça n'ex-
plique pas encore suffisamment qu'il saute des veines d'un
père dans celles du mari de sa fille, <m d'un cerveau d'un
frère dans celui de l'époux de sa sœur.

Enfin... pssftons.

' .' •*'.V: XXX

En contemplant cette parenté à outrance, j'ai simplement
voulu dire qu'elle pouvait paraître assez singulière pour
que l'on essayât d'en pénétrer les causes.

C'est ce que nous allons faire.

-.. ; xxx *

La France compte environ 36 millions d'habitants, soii,

à raison de cent citoyens par famille (et c'est peut-être
beaucoup), 360.000 familles à peu près.

Nous avons 750 députés, ce qui donne, en moyenne, un
député par 480 familles.

xxx

Convenez qu'il est bien extraordinaire, alors qu'une fa-
mille entière n'a qu'un 480m> de chance d'envoyer un de
ses membres à la Chambre, qu'il se trouve plus de 80 fa-
milles qui en envoient plusieurs à la fois.

Et cela vous paraîtra, comme à moi, encore bien plus
étrange, j'en suis sûr, si vous voulez remarquer, en outre,
qu'en tous temps, sous la République, sous l'empire, sous
la monarchie, ce sont toujours ces quatre-vingts mêmes
familles qui, de père en fils, de beaux-pères en gendres,
d'oncles en neveux, etc., composent la plus grosse partie
de nos Assemblées parlementaires.

XXX

Vous me dites à cela :

— Eh ! bien, après ?... Cela prouve que les mérites et les
talents se groupent toujours dans les mêmes milieux.

xxx 'xiÊSÈÈ&tZ$

A quoi je me permets de vous répondre :

— Êtes-vous bien sûr que ce soient les talents qui se grou-
pent et que ce ne soient pas tout simplement les influences
qui se transmettent?

C'est que, voyez-vous, si par hasard c'était cela, nous se-
rions en plein dans le fameux système de la classe dirigean-
talisation auquel nous préparons en ce moment le suprême
assaut.

XXX

Oui, je vous entends... Vous vous retranchez toujours
derrière le fameux suffrage universel que vous n'aimiez
guère pourtant, à ce qu'il me semble; mais qui vous sert en
cette circonstance.

— Vous ne pouvez empêcher, me dites-vous, le suffrage
universel de choisir ses mandataires où cela lui plaît, de
prendre à sa convenance dans une même famille trois ne-
veux, cinq cousins, deux frères et huit gendres et de leur
confier les destinées de la France.

□P., XXX

Nous sommes en cela parfaitement d'accord.

Seulement, où il vous plaît de faire semblant de croire
que les électeurs choisissent librementfous ces candidats-là
il me pflaît à moi d'être convaincu qu'on force la cause au
suffrage universel en la mettant dans la quasi-impossibilité
d'en choisir d'autres.

Et c'est justement cela qu'il faut empêcher le plus tôt pos-
sible.

XXX

Comment y arriver..? En se cabrant constamment devant
les exigences et les envahissements des classes dirigeantes
qui tendent à transformer leur manie de diriger en attribu-
tion de droit divin.

Pendant des centaines d'années consécutives (lisez notre
histoire et celle de bien d'autres peuples), on voit toujours
les mêmes noms titulaires des mêmes places.

XXX

Des demi-douzaines de générations de d'Haustrouville, de
Roufflègard, se succèdent, et toujours on voit occupant un
haut emploi quelconque, un de Roufflègard et un d'Haus-
trouville.

Aussi généreuse que puisse se montrer la nature à l'égard
des membres de ces familles privilégiées, on ne me fera ja-
mais accroire quelle ne met jamais aucune interruption dans
ses faveurs et qu'elle crée invariablement tous les d'Haus-
trouville et tous les Roufflègard mâles et femelles aptes à
occuper les postes les plus importants de l'Etat et pour faire
des enfants nés-ministres à leurs maris ministres eux-
mêmes.

XXX

Il y a donc autre chose.

Ce quelque chose c'est un profond idiotisme national qui
porte les hommes à suivre toujours les sentiers battus par la
routine et à s'imaginer que leurs affaires ne peuvent être
faites que par les fils de ceux qui les ont faites précédemment.

C'est leur aveuglement qui ne leur permet pas de voir
qu'en se livrant toujours aux mômes espèces d'individus, ils
s'exposent naturellement et .perpétuellement aux mêmes
déboires.

xxx

Ce quelque chose c'est une soumission bête au classe diri-

geantalisme héréditaire, tout aussi absurde et injuste que la
monarchie héréditaire de laquelle il coatinue l'œuvre.

■ xxx ; " ^W-

Voilà bientôt cent ans que nous nous sommes aperçus à
quel point il était imbécile qu'une femme accouchât d'un
roi.

Et à l'heure qu'il est, nous ne nous sommes pas encore
rendu compte que cela n'était pas plus insensé qu'une femme
de député accouchant d'un député.

XXX >

Ce fils de roi, nous étions forcé de le subir; nous l'avons
flanqué sens dessus dessous.

Ce fils de député, rien ne nous oblige à l'élire. Nous choi-
sissons.

XXX

Es que semble-t-il de tout cela?

C'est qu'un grand et splea lide pays, comptant trente-six
millions d'habitants, est administré par cent cinquante fa-
milles — toujours les mêmes —- qui dirigent parce que leurs
chefs ont dirigé et dont les rejetons dirigeront parce qu'eux-
mêmes dirigent.

xxx

Cela constitue en petit sur la France eet écheveau inex-
tricable que les têtes couronnées étendent sur l'Europe en
mariant leurs fils, leurs nièces, leurs frères et leurs cousins
avec les oncles, les sœurs, les filles eï les cousines doî souve-
rains d'alentour.

XXX

On me dira peut-être à cela :

— Calmez-vous — les élections générales approchent.
Parbleu!... J'y compte bien.

LÉON BIENVENU-

LES NOUVELLES TRAGÉDIES DE PASIS

L'HOMME AUX MAINS POSTICHES'

Touchatout vient de l'aire' paraître un volume,
insensé comme toujours.

Jamais peut-être sa verve endiablée, sa cocasserie,
son originalité, son... Mais voyez vous-même.

CHAPITRE V

DÉBUTS BRILLANTS DES MAINS POSTICHES

Le duc de Croupignac longe t les boulevards jusqu'au fau-
bourg Saint-Martin, eans lequel il s'engagea vivement, non
sans avoir opéré quelques changements dans sa tenue.

Il jeta son chapeau et sa canne dans une allée obscure,
tira de sa poche un ignoble chapeau mou qu'il cabossa de
son mieux avant de se le poser sor la tète, jeta un pardessus
sur ses épaules sans enfiler les manches, ce qui est un nou-
veau signe d ; ralliement des communards, à ce qu'il pa-
raît, se posa sous le nez une grosse moustache postiche
rousse, et monta le faubourg d'un pas très-vif.

Arrivé à la rue des Ecluses-Saint-Martin, il tourna à
gauche, entra dans une des maisons obscures de cette rue,
monta à l'entre-sol et frappa six petits coups, deux par deux,
plus un septième plus fort et isolé.

C'était évidemment un signal.

Grisolles — car nous sommes chez Grisolles — ouvrit ;
mais avant de laisser entrer le nouveau venu, il lui dit
durement :

— Frère !.., le mot d'ordre !

— Strapontin et vengeance !.

— Très-bien!... Entre!...
Croix-Dieu, en montant le

s'était pas aperçu qu'il était suivi de très-près par un petit
homme maigre qui ne perdait aucun de ses mouvements et
avait monté silencieusement l'escalier derrière lui.

Au moment où Grisolles allait refermer la porte, il vit un
genou qui avançait vivement dans l'entre-bâillement.

Puis une brusque poussée, venant du dehors, jeta à terre
l'ancien officier d'ordonnance de GaribaldLet deux hommes
se précipitèrent dans la chambre.

Grisolles, en trébuchant, s'était écrié :

— Tonnerre de Caprera !... nous sommes trahis! les Ja-
guars de la rue Maubuée ont été vendus !...

A ces mots, le duc de Croupignac se retourna et se trouva
face à face avec les deux hommes qui venaient de se préci-
piter sur ses pas.

— Jobin!... s'écria-t-il. Toujours Jobin!...

— Moi-même, Frédéric Muller, répondit l'un des deux
hommes, et, cette fois, tu ne nous échapperas pas.

répondit Croix-Dieu,
faubourg Saint-Martin, ne

1. Librairie Ghio,
2 francs.

galerie d'Orléans, Palais-Royal. — 1 volume,
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