L ' É C L I P S E
—'C'est ce que nous verrons!... hurla Croix-Dieu.
Et tirant rapidement de ses poches deux revolvers, il les
^aqua à la fois sur Jobin et ses agents.
Ces deux derniers sautèrent sur Croix-Dieu et lui saisi-
chacun un poignet.
'C'était là que le mrS%tftëte les attendait. Imprimant
s°udain une violente secousse à ses deux bras,munis,comme
^ le sait, de mains artificielles, Il sauta d'un bond par la
Guêtre de la chambre, laissant un<de ses poignets articulés
''ans chacune des mains des deux policiers ébahis.
Au moment où, revenus de leur stupeur, ils allaient s'é-
lancer sur les .tr-ftoes de Croix-Dieu, ils tombèrent tous deux
frapp ss d'une balte «a pleine poitrine.
Croix-Dieu, avant âe se séparer de ses mains mécaniques,
avait fait jouer, (pour chacune d'elles, avec son coude, le
Assort des doigte fui devaient presser la détente des revol^
vers.
Ce mouvement, imprimé par le duc de Croupignac avant
sa fuite, ne s'était transmis aux ressorts des phalanges pos-
tiches que quelques secondes après,
Et les deux agents tombèrent foudroyés par les revolvers
lue serraient Sans leurs doigts crispés ces deux mains à 65
^ancs.
xxx
N'insistons pas, le volume entier est sur ce ton.
C'est la charge la plus extravagante du roman-feuil-
leton. C'est l'ahurissement poussé à ses dernières
imites.
On peut en mourir. Avis à ceux qui ont une belle-
*Hùre.
Gazette îi la irxaln
La première semaine de septembre
mercredi 1er.
Ouah! ouah! ouah ! Pif ! paf! pouf ! Tonton, tonton, tontainc,
tonton!...
La chasse est ouverte. Le gibier arrive par bourriches à
la Halle. Les racontaines cynégétiques surabondent pa-
reillement dans les feuilles de tous les formats...
AU right. Il y a des braconniers partout, — et, pour les
deviner, tout le monde ne possède pas le flair et la sagacité
vieux garde en compagnie duquel Paul d'Ivoi se prome-
ttait sous bois, un matin...
Un paysan les croise. Le garde lui adresse à voix basse
Quelques paroles menaç mtes. L'interpellé rougit, se trouble
61 finit par décamper d'un air tout penaud...
— Que lui avez-vous dit? questionne le journaliste.
— Ja lui ai dit que si je le pinçais en flagrant délit de
braconnage, je le ferais mettre en prison.
~ yous le connaissez donc pour un braconnier?
— Non ! c'est la première fois que je le vois, et cependant
je suis sur que c'est un braconnier.
— Voilà qui est fort ! Et à quoi avez-vous vu cela?
— Navez-vous pas entendu dire que Vidocq avait reconnu
des forçits évadés à un certain traînement de la jambe qui
a porté la chaîne?
— Si, je l'ai entendu dire.
— Ne savez vous pas qu'on reconnaît un soldat qui a été
hussard au coup de jarret dont la sabretache lui a fait con-
tracter l'habitude, et un ancien tambour à son mouvement
de la hanche ?
— Je l'ai remarqué en effet; mais un braconnier?...
— Eh bien ! je reconnais un braconnier, comme un capi-
taine reconnaît un homme qui a servi. Cet individu mar-
chait devant nous depuis une heure sans sa métier. Je l'ai
observé. Un lièvre a passé, il l'a mis t-n joue avec son bâton,
cOmme s'il le tirait. En traversant le bois, il allait douce-
ment, les yeux en terre, examinant les sentiers, les pas, les
boutis de sanglier, les coulées des lapins, jetant la vue à
droite et à gauche... Il a aperçu un terrier, il l'a visité pour
savoir s'il était bien frayé... Il fait tout cela instinctivement,
sans penser peut-être à revenir par ici ; mais c'est égal, c'est
S'ï vie, c'est sa passion que de braconner, et je reconnaîtrais
les braconniers rien qu'à leur chapeau, qu'ils portent tou-
jours rabittu sur les yeux.
xx
Résurrection annuelle de la Renaissance et des Bouffes-
■Parisiens.
Le trésor des fèves de la gomme et la fleur des pois de la
demoiselleric s'empressent d'assister à cette double solennité.
Mme Théo et Jeanne Granier sont toujours les deux char-
mantes poupées à musique que vous savez. Dans la Jolie
tarfumeuse, une gentille petite personne, dénuée de toute
espèce d'embonpoint, M110 Zélie Weil, a repris le rôle de la
sympathique Mme Grivot. On me demande :
— Quelle différence faites-vous entre ce nouveau Bavolet
et sa devancière?
Réponse :
— Celle qui existe entre l'épingle et la pelote !
Jeudi 2.
Réserviste, que tu m'affliges
En m'apprenant ton départi
J' vas ma périr sur ma tige,
Si tu n' reviens tôt ou tard !
Tiens, voilà quatre chemises,
Deux mouchoirs, un' pair' de bas!
Song' sans cesse à ta promise
Qui jamais ne t'oubliera!
\ Vendredi 3.
Je lis, dans le Courrier de Vaugelas, — une gazette très-
trieuse, très-précieuse à consulter sous le rapport des ori-
gines et des règles de notre langue, — cette question posée,
le crois, par un correspondant étranger :
« J'ai trouvé dernièrement la phrase suivante, relative à
acteur dont on venait de faire l'éloge :
« On ne saurait entrer plus complètement dans la peau du
0flhomme...
« C'est la première fois que je rencontre cette expression.
Quesignifie-t-elle?
xxx
iLe -fourrier de Vaugelas répond :
« Dans la langue familière, nousdisons, en parlant d,rtftfe
ipersottHe dont nous sommes loin d'envier le sort : je ne vou-
drais pas être dans Isa peau, et nous employons souvent le
«w>t bonhômme pour signifier un individu, un monsieur, un
•Uoimme quelconque.
« Or, comme un 'auteur joue d'autant mieux qu'il sait
mieux se mettre, pa* la pensée, à la place du personnage
qu'il 'est chargé de 'représenter, on a créé, dans le langage
des coulisses, l'expression pittoresque entrer dans la peaii'Uu
bonhomme, pour signifier comprendre très-bien son rôlô, <ët
le rendre dans la perfection. »
xx
Le Courrier de Vditgelas aurait pu ajouter que ce fut l'ac-
teur J3ignon qui, pour la première fois, fit usage, au théâtre,
de cette locution en l'appliquant au personnage de Danton
qu'il venait de créer dans la Charlotte, Corday, de Ronsard.
Abordant Théophre Gautier :
•- Eh btén ! lui detaanda-t-il, suis-je entré carrément dans
la peau à* nonhommte?
C'est cè qui faisait écrire à l'illustre critique dans son feuil-
leton de la Presse du 20 mars 1830 :
« Biguon, qui représente Danton, est entré carrément dans
la peau du bonhomme. Nous copions ici cette naïve apprécia-
tion de Bignon sut lui-même, car elle est parfaitement
vraie. »
Samedi 4
Bébé interroge l'auteur de aes jours :
— Papa, qu est-ce que ça veut donc dire : manifester !
— Mon enfant, cela veut dire : témoigner quelque chose
avec la main.
Le soir, quand Bébé rentre de la promenade, Mistigris, le
chien de la mai-on, l'accable de caresses.
— Yois-tu, fait le père, comme cet animal est content de
revoir sa petite maîtresse! comme il manifeste sa satisfac-
tion !
— Tu te trompes, papa. Il n'a pas de mains, le chien. Tu
veux dire : comme il pattifeste !
Dimanche 5.
Inauguration de la statuede Chateaubriand à Saint-Malo.
Certes, la France devait bien le souvenir d'un morceau
de marbre ou de bronze à l'écrivain du Génie du Christianis-
me, â'Atala, de Bénê, des Martyrs, des Natchez tt du Dernier
des Abencerages.
Ce ne fut pas seulement un homme d'Etat d'une honnê-
teté rare et d'un mérite transcendant, un penseur profond,
un styliste nierveilleux : ce fut encoreTun âes «causeurs »
les plus brillants de son époque, dans le sens que les "Vol-
taire, les Fontenelle, les Rivarol et les Chamfort ont su
attacher à ce mot.
— J'ai vu, diSait-il, des femmes de tous les pays : l'Ita-
lienne ne croit être aiméa ce son amant que quand il est
capable de commettre un crime pour elle ; l'Anglaise, une
folie, et la Française, une sottise.
Lundi 6
Je me dérange pour aller voir jouer la Guigne...
Mais la Guigne a déjà disparu de l'affiche, malgré le talent
dePradeau,de Léonce, de Bertlielier, de Baron, de Daniel
Bac et de M110 Benhe Legrand. Je ne nomme pas —et pour
cause— M. Coqueiin très-cadet. .
Les Variétés ont repris les Saltimbanques, avec M. Chris-
tian dans le carrick de l'immortel Bilboquet.
Personne, assurément, n'est plus digUo de coiffer le cha-
peau-tromblon de l'héroïque funambule, m. Christian a la
verve gouailleuse, picaresque et légèrement canaille de ce
personnage légendaire. Avec lui, tous les mots portent
» Sauvons la caisse!... — Cette malle doit être à nous.., —H
manque de tout /...» Et Ls autres !.•• Le rôle en est farci. Des
mots sublimes, — connus du monde en;ier.
Par malheur, l'ancien Jupiter d'Orphée, — l'Orphée retou-
ché de là Gaieté, — entend ajouter, substiluer ses cascades
particulières et ses propres balançoires aux traditions de la
pièce.
Or, chacun sait que, comme celui de M. Clair ville, l'esprit
de M. Christian nu fleure pas souvent la bergamotte ou le
benjoin.
Il me revient que M. Christian est engagé quelque part
aux appointements de trente-quatre mille francs par an...
Or, savez-vous ce que gagnait Odry, _ ie grand Odiy,—
aux Variétés, quand il créa lis Saltimbanques ?
Douze cents francs par mois, — feux compris !
Il est vrai qu'à présent, au prix où est le beurre...
Ce qui n'empêche pas MIlc Ghinassi de manger, tous les
jours, du poisson à la maître a hôtel.
Mardi 7
Entendu devant l'affiche qui annonce la réouverture pro-
chaine du théâtre Taitbout :
— Tiens! Céline Chaumont qui fait partie de la troupe !
Est-ce qu'elle n'a pas perdu sa voix ?
— Elle n'en a jamais eu. C'est son mari qu'elle a perdu.
— Alors, c'est une compensation.
STAR.
—------—
m CURIEUSE PUBLICATION
L'anniversaire du 4 Septembre n'a été signalé à Paris
que par l'apparition d'une brochure.
Mais elle est intitulée : Les Journaux du 4 Septembre 1870,
et elle est aussi curieuse à lire qu'intéressante à conserver.
C'est en effet la reproduction, fidèle jusque dans l'aspect
typographique, des journaux publiés à Paris au lendemain
de la proclamation de la 3me République.
On y voit,dans toute sa splendeur, l'explosion du lyrisme
républicain de M. Léonce Detroy.it, promoteur de la Répu-
blique universelle, qui depuis... Mais alors il éprouvait le
besoin d'orner son képi de garde nationaldes sept galons du
général de division au camp de la Rochelle.
On y voit la profession de foi du Figaro, qui depuis...
mais alors...
On y voit les manifestations anti-impérialistes du Gau-
lois, qui depuis... mais alors...
En un mot, on y rencontre, à chaque page, l'application
de ce vers satirique, qui est devenu un axiome politique :
L'homme absurde est celui qui ne change jamais,
et l'occasioa de faire des réflexions qui* si elles ne sont pas
tout à fait neuves, sont encore moins consolantes.
25 CENTIMES LA LIVRAISON
BELLE ÉÏHTION DE BIBLIOTHÈQUE DE
L'HISTOIRE
DE iA
uni 1 1870-71
Pat JULES CLARETIE
La Chute de l'Empire. — La Guerre. — Le Siège de
Paris. —- La Commune. — La Présidence de
M. Thiers. — La Présidence du Maréchal de Mac-
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Publication illustrée de nombreuses gravures
hors texte, vignettes et fleurons
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aura le format in-8 carre" des éditions de Bibliothèque des ou-
vrages historiques de M. Thiers.
/. ouvrage sera
;» f tries à î fra<
complet en 120 livraisons à 25 c
!C et îû volumes à C fr.
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PETITE GAZETTE
La Gazette des Beaux-Arts du 1" septembre contient les
articles suivants :
Recherches s'rùr un groupe de Praxitèle, par M. Heuzey ; Ga-
varni, par Duplessis ; les Sceaux du moyen âge, par
M. Demay ; Jules Jaquemart, .par M. Louis Gonse; les Eaux-
fortes de Van Dyck et de Paul Potter, par M. Paul Chéron ;
Murillo, par M. Paul Lefort, et l'Exposition rétrospective de
Nancy, par M. Alfred Darcel. Elle est illustrée de nom-
breuses gravur. s dans le texle, parmi lesquelles nous cite-
rons une série de dessins inédits de Gavarni, et de trois gra-
vures hors texte, dont une eau-forte de M. Jules Jacquemart.
La librairie Dego-ce-Cadot, 70 bis, rue Bonaparte, vient
de mettre en vente :
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PANTHEON DE POCHE
par
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Librairie Alphonse Lemerre, éditeur, passage Choiseul, 31.
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sur papier vélin teinté. Chaque volume, 6 fr.
WILLIAM SHAKESPEARE & °£t92k
cois-Victor Hugo. — 12 vol. petit in-12, papier vergé.
Chaque vol. 5 fr.
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sard, du Bellay,
Remi Belleau, Jodelle, Baif, Doratet PontusdeTyarp,
avec nott-s et glossaire par Ch. jVIarty La veaux, 15 vol.
in-8° écu, porlraiis. Chaque vol., tiré à 230exemplaires, 25 f.
Rabelais, La Bruyère, Montaigne, Agrippa d'Aubignè,
Mathurin Régnier, Molière, Lafontaine (œuvres com-
plètes). "Volumes in-8° écu, imprimés s r papier de Hollan-
de, 10 fr. le volume.
Œuvres de Théodore de Banville, André Lemoyne,
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ZEUX, andré ChÈNIER, LÉON GOZLAN, edmond et jules de
Goncourt, Barbey d'Aurevilly, Gustave Flaubert, etc.
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de
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—'C'est ce que nous verrons!... hurla Croix-Dieu.
Et tirant rapidement de ses poches deux revolvers, il les
^aqua à la fois sur Jobin et ses agents.
Ces deux derniers sautèrent sur Croix-Dieu et lui saisi-
chacun un poignet.
'C'était là que le mrS%tftëte les attendait. Imprimant
s°udain une violente secousse à ses deux bras,munis,comme
^ le sait, de mains artificielles, Il sauta d'un bond par la
Guêtre de la chambre, laissant un<de ses poignets articulés
''ans chacune des mains des deux policiers ébahis.
Au moment où, revenus de leur stupeur, ils allaient s'é-
lancer sur les .tr-ftoes de Croix-Dieu, ils tombèrent tous deux
frapp ss d'une balte «a pleine poitrine.
Croix-Dieu, avant âe se séparer de ses mains mécaniques,
avait fait jouer, (pour chacune d'elles, avec son coude, le
Assort des doigte fui devaient presser la détente des revol^
vers.
Ce mouvement, imprimé par le duc de Croupignac avant
sa fuite, ne s'était transmis aux ressorts des phalanges pos-
tiches que quelques secondes après,
Et les deux agents tombèrent foudroyés par les revolvers
lue serraient Sans leurs doigts crispés ces deux mains à 65
^ancs.
xxx
N'insistons pas, le volume entier est sur ce ton.
C'est la charge la plus extravagante du roman-feuil-
leton. C'est l'ahurissement poussé à ses dernières
imites.
On peut en mourir. Avis à ceux qui ont une belle-
*Hùre.
Gazette îi la irxaln
La première semaine de septembre
mercredi 1er.
Ouah! ouah! ouah ! Pif ! paf! pouf ! Tonton, tonton, tontainc,
tonton!...
La chasse est ouverte. Le gibier arrive par bourriches à
la Halle. Les racontaines cynégétiques surabondent pa-
reillement dans les feuilles de tous les formats...
AU right. Il y a des braconniers partout, — et, pour les
deviner, tout le monde ne possède pas le flair et la sagacité
vieux garde en compagnie duquel Paul d'Ivoi se prome-
ttait sous bois, un matin...
Un paysan les croise. Le garde lui adresse à voix basse
Quelques paroles menaç mtes. L'interpellé rougit, se trouble
61 finit par décamper d'un air tout penaud...
— Que lui avez-vous dit? questionne le journaliste.
— Ja lui ai dit que si je le pinçais en flagrant délit de
braconnage, je le ferais mettre en prison.
~ yous le connaissez donc pour un braconnier?
— Non ! c'est la première fois que je le vois, et cependant
je suis sur que c'est un braconnier.
— Voilà qui est fort ! Et à quoi avez-vous vu cela?
— Navez-vous pas entendu dire que Vidocq avait reconnu
des forçits évadés à un certain traînement de la jambe qui
a porté la chaîne?
— Si, je l'ai entendu dire.
— Ne savez vous pas qu'on reconnaît un soldat qui a été
hussard au coup de jarret dont la sabretache lui a fait con-
tracter l'habitude, et un ancien tambour à son mouvement
de la hanche ?
— Je l'ai remarqué en effet; mais un braconnier?...
— Eh bien ! je reconnais un braconnier, comme un capi-
taine reconnaît un homme qui a servi. Cet individu mar-
chait devant nous depuis une heure sans sa métier. Je l'ai
observé. Un lièvre a passé, il l'a mis t-n joue avec son bâton,
cOmme s'il le tirait. En traversant le bois, il allait douce-
ment, les yeux en terre, examinant les sentiers, les pas, les
boutis de sanglier, les coulées des lapins, jetant la vue à
droite et à gauche... Il a aperçu un terrier, il l'a visité pour
savoir s'il était bien frayé... Il fait tout cela instinctivement,
sans penser peut-être à revenir par ici ; mais c'est égal, c'est
S'ï vie, c'est sa passion que de braconner, et je reconnaîtrais
les braconniers rien qu'à leur chapeau, qu'ils portent tou-
jours rabittu sur les yeux.
xx
Résurrection annuelle de la Renaissance et des Bouffes-
■Parisiens.
Le trésor des fèves de la gomme et la fleur des pois de la
demoiselleric s'empressent d'assister à cette double solennité.
Mme Théo et Jeanne Granier sont toujours les deux char-
mantes poupées à musique que vous savez. Dans la Jolie
tarfumeuse, une gentille petite personne, dénuée de toute
espèce d'embonpoint, M110 Zélie Weil, a repris le rôle de la
sympathique Mme Grivot. On me demande :
— Quelle différence faites-vous entre ce nouveau Bavolet
et sa devancière?
Réponse :
— Celle qui existe entre l'épingle et la pelote !
Jeudi 2.
Réserviste, que tu m'affliges
En m'apprenant ton départi
J' vas ma périr sur ma tige,
Si tu n' reviens tôt ou tard !
Tiens, voilà quatre chemises,
Deux mouchoirs, un' pair' de bas!
Song' sans cesse à ta promise
Qui jamais ne t'oubliera!
\ Vendredi 3.
Je lis, dans le Courrier de Vaugelas, — une gazette très-
trieuse, très-précieuse à consulter sous le rapport des ori-
gines et des règles de notre langue, — cette question posée,
le crois, par un correspondant étranger :
« J'ai trouvé dernièrement la phrase suivante, relative à
acteur dont on venait de faire l'éloge :
« On ne saurait entrer plus complètement dans la peau du
0flhomme...
« C'est la première fois que je rencontre cette expression.
Quesignifie-t-elle?
xxx
iLe -fourrier de Vaugelas répond :
« Dans la langue familière, nousdisons, en parlant d,rtftfe
ipersottHe dont nous sommes loin d'envier le sort : je ne vou-
drais pas être dans Isa peau, et nous employons souvent le
«w>t bonhômme pour signifier un individu, un monsieur, un
•Uoimme quelconque.
« Or, comme un 'auteur joue d'autant mieux qu'il sait
mieux se mettre, pa* la pensée, à la place du personnage
qu'il 'est chargé de 'représenter, on a créé, dans le langage
des coulisses, l'expression pittoresque entrer dans la peaii'Uu
bonhomme, pour signifier comprendre très-bien son rôlô, <ët
le rendre dans la perfection. »
xx
Le Courrier de Vditgelas aurait pu ajouter que ce fut l'ac-
teur J3ignon qui, pour la première fois, fit usage, au théâtre,
de cette locution en l'appliquant au personnage de Danton
qu'il venait de créer dans la Charlotte, Corday, de Ronsard.
Abordant Théophre Gautier :
•- Eh btén ! lui detaanda-t-il, suis-je entré carrément dans
la peau à* nonhommte?
C'est cè qui faisait écrire à l'illustre critique dans son feuil-
leton de la Presse du 20 mars 1830 :
« Biguon, qui représente Danton, est entré carrément dans
la peau du bonhomme. Nous copions ici cette naïve apprécia-
tion de Bignon sut lui-même, car elle est parfaitement
vraie. »
Samedi 4
Bébé interroge l'auteur de aes jours :
— Papa, qu est-ce que ça veut donc dire : manifester !
— Mon enfant, cela veut dire : témoigner quelque chose
avec la main.
Le soir, quand Bébé rentre de la promenade, Mistigris, le
chien de la mai-on, l'accable de caresses.
— Yois-tu, fait le père, comme cet animal est content de
revoir sa petite maîtresse! comme il manifeste sa satisfac-
tion !
— Tu te trompes, papa. Il n'a pas de mains, le chien. Tu
veux dire : comme il pattifeste !
Dimanche 5.
Inauguration de la statuede Chateaubriand à Saint-Malo.
Certes, la France devait bien le souvenir d'un morceau
de marbre ou de bronze à l'écrivain du Génie du Christianis-
me, â'Atala, de Bénê, des Martyrs, des Natchez tt du Dernier
des Abencerages.
Ce ne fut pas seulement un homme d'Etat d'une honnê-
teté rare et d'un mérite transcendant, un penseur profond,
un styliste nierveilleux : ce fut encoreTun âes «causeurs »
les plus brillants de son époque, dans le sens que les "Vol-
taire, les Fontenelle, les Rivarol et les Chamfort ont su
attacher à ce mot.
— J'ai vu, diSait-il, des femmes de tous les pays : l'Ita-
lienne ne croit être aiméa ce son amant que quand il est
capable de commettre un crime pour elle ; l'Anglaise, une
folie, et la Française, une sottise.
Lundi 6
Je me dérange pour aller voir jouer la Guigne...
Mais la Guigne a déjà disparu de l'affiche, malgré le talent
dePradeau,de Léonce, de Bertlielier, de Baron, de Daniel
Bac et de M110 Benhe Legrand. Je ne nomme pas —et pour
cause— M. Coqueiin très-cadet. .
Les Variétés ont repris les Saltimbanques, avec M. Chris-
tian dans le carrick de l'immortel Bilboquet.
Personne, assurément, n'est plus digUo de coiffer le cha-
peau-tromblon de l'héroïque funambule, m. Christian a la
verve gouailleuse, picaresque et légèrement canaille de ce
personnage légendaire. Avec lui, tous les mots portent
» Sauvons la caisse!... — Cette malle doit être à nous.., —H
manque de tout /...» Et Ls autres !.•• Le rôle en est farci. Des
mots sublimes, — connus du monde en;ier.
Par malheur, l'ancien Jupiter d'Orphée, — l'Orphée retou-
ché de là Gaieté, — entend ajouter, substiluer ses cascades
particulières et ses propres balançoires aux traditions de la
pièce.
Or, chacun sait que, comme celui de M. Clair ville, l'esprit
de M. Christian nu fleure pas souvent la bergamotte ou le
benjoin.
Il me revient que M. Christian est engagé quelque part
aux appointements de trente-quatre mille francs par an...
Or, savez-vous ce que gagnait Odry, _ ie grand Odiy,—
aux Variétés, quand il créa lis Saltimbanques ?
Douze cents francs par mois, — feux compris !
Il est vrai qu'à présent, au prix où est le beurre...
Ce qui n'empêche pas MIlc Ghinassi de manger, tous les
jours, du poisson à la maître a hôtel.
Mardi 7
Entendu devant l'affiche qui annonce la réouverture pro-
chaine du théâtre Taitbout :
— Tiens! Céline Chaumont qui fait partie de la troupe !
Est-ce qu'elle n'a pas perdu sa voix ?
— Elle n'en a jamais eu. C'est son mari qu'elle a perdu.
— Alors, c'est une compensation.
STAR.
—------—
m CURIEUSE PUBLICATION
L'anniversaire du 4 Septembre n'a été signalé à Paris
que par l'apparition d'une brochure.
Mais elle est intitulée : Les Journaux du 4 Septembre 1870,
et elle est aussi curieuse à lire qu'intéressante à conserver.
C'est en effet la reproduction, fidèle jusque dans l'aspect
typographique, des journaux publiés à Paris au lendemain
de la proclamation de la 3me République.
On y voit,dans toute sa splendeur, l'explosion du lyrisme
républicain de M. Léonce Detroy.it, promoteur de la Répu-
blique universelle, qui depuis... Mais alors il éprouvait le
besoin d'orner son képi de garde nationaldes sept galons du
général de division au camp de la Rochelle.
On y voit la profession de foi du Figaro, qui depuis...
mais alors...
On y voit les manifestations anti-impérialistes du Gau-
lois, qui depuis... mais alors...
En un mot, on y rencontre, à chaque page, l'application
de ce vers satirique, qui est devenu un axiome politique :
L'homme absurde est celui qui ne change jamais,
et l'occasioa de faire des réflexions qui* si elles ne sont pas
tout à fait neuves, sont encore moins consolantes.
25 CENTIMES LA LIVRAISON
BELLE ÉÏHTION DE BIBLIOTHÈQUE DE
L'HISTOIRE
DE iA
uni 1 1870-71
Pat JULES CLARETIE
La Chute de l'Empire. — La Guerre. — Le Siège de
Paris. —- La Commune. — La Présidence de
M. Thiers. — La Présidence du Maréchal de Mac-
Mahon.
Publication illustrée de nombreuses gravures
hors texte, vignettes et fleurons
dessinés par les meilleurs artistes.
PORTRAITS, SCÈNES, VUES, TYPES MILITAIRES, ETC., ETC.
Cetlè nouvelle édition de l'Histoire de la Révolution de 1870-71
aura le format in-8 carre" des éditions de Bibliothèque des ou-
vrages historiques de M. Thiers.
/. ouvrage sera
;» f tries à î fra<
complet en 120 livraisons à 25 c
!C et îû volumes à C fr.
entimes,
PETITE GAZETTE
La Gazette des Beaux-Arts du 1" septembre contient les
articles suivants :
Recherches s'rùr un groupe de Praxitèle, par M. Heuzey ; Ga-
varni, par Duplessis ; les Sceaux du moyen âge, par
M. Demay ; Jules Jaquemart, .par M. Louis Gonse; les Eaux-
fortes de Van Dyck et de Paul Potter, par M. Paul Chéron ;
Murillo, par M. Paul Lefort, et l'Exposition rétrospective de
Nancy, par M. Alfred Darcel. Elle est illustrée de nom-
breuses gravur. s dans le texle, parmi lesquelles nous cite-
rons une série de dessins inédits de Gavarni, et de trois gra-
vures hors texte, dont une eau-forte de M. Jules Jacquemart.
La librairie Dego-ce-Cadot, 70 bis, rue Bonaparte, vient
de mettre en vente :
La deuxième édition
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par
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Goncourt, Barbey d'Aurevilly, Gustave Flaubert, etc.
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Compositions
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