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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0158
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L'ÉCLIPSÉ

Prime extraordinaire et gratuite de l'Eclipsé

DOMÉE 4 TOUS IES NOUVEAUX ABONNÉS D'UN AN OU AUX ABONNÉS ACTUELS QUI RENOUVELLERONT LEUR ABONNEMENT D'UN AN PAR ANTICIPATION

V ÉCLIPSE a acquis le droit d'offrir en prime à ses abonnés la publication à succès du moment : Y édition illustrée de LA FILLE"
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LE DERNIER ATOUT

Il y a bientôt cinq ans, au début de cette fameuse partie
d'écarté dont la France était et est encore aujourd'hui l'en-
jeu, les réactionnaires de l'Assemblée avaient un assez beau
jeu en mains.

XXX

Leurs adversaires, eux, avaient été moins bien partagés
par le sort.

Le 8 février 1871, c'était l'empereur Guillaume qui avait
coupé avant la distribution des cartes.
Et il avait porté malheur aux républicains.

XXX

Les cinq cartes des réactionnaires se composaient de deux
atouts et de trois rois.
C'était superbe.

Ils pouvaient espérerjjfaire aisément la vole.

XXX

Les républicains n'avaient que quelques atouts inférieurs
et des fausses cartes.

Il fallait desjprodiges d'adresse pour faire deux ou trois
levées.

Leur partie sembla longtemps désespérée.

XXX

Cependant, les réactionnaires, enhardis par leur veine^et
croyant qu'ils avaient gagné en main, jouèrent avec témé-
rité.

Ils risquèrent d'emblée un roi.

A leur grand étonnementj ce roi fut coupé net.

XXX

Furieux, ils se dirent :

— Il n'est pas probable que les républicains aient eucore
des atouts !... Essayons!...
Et ils jouèrent leurseoond roi.
Ce second roi fut coupé comme le premier.
Ceei les fit réfléchir, mais ne calma pas leur colère.

XXX

Aujourd'hui la partie en est là, et elle est devenue très-
intéressante.

Les réactionnaires ont encore un roi dans leur jeu, mais
ils n'osent le jouer, dans la crainte que les républicains le
leur coupent encore.

Il leur reste aussi un atout, le dernier.

Èt le bruit court en ce moment que, après de très-pro-
fondes réflexions, ils ont pris le parti de le jouer.

XXX

Si cet atout est maître, leur jeu sera beau, et ils pourront
peut-être immédiatement passer le dernier roi qu'ils ont en
réserve.

Si, au contraire, il est coupé, gare la-dessous ! le point
est compromis.

La galerie et les parieurs attendent avec anxiété que la
carte soit jetée sur la table pour voir le coup.

Il paraît que ce sera pour la rentrée de la Chambre.

XXX

Ce dernier atout que les réactionnaires se préparent à ris-
quer, parles mains de M. Buffet, qui tient les cartes, c'est
la question de cabinet à propos du scrutin de liste.

XXX

Aussitôt l'Assemblée revenue de vacances, le ministère
aborderait la loi électorale et déclarerait qu'il se retire Si on
ne lui accorde pas le scrutin d'arrondissement.

De plus, pour forcer la carte, il déclarerait en outre que si
le scrutin de liste tst adopté, le gouvernement se montrera
hostile à la dissolution.

XXX

Traduction libre :

Si les élections doivent donner une Assemblée meilleure
que celle que nous avons, nous aimons mieux garder celle-ci.

XXX

Le coup est hardi.

Réussira-t-il ? Ceci est le secret des dieux de l'écarté en
cinq secs.

XXX

Nous savons bien que, en principe, on ne doit pas donner
de conseils aux joueurs.

Ceci est basé sur l'axiome — très-connu :

« Les conseilleurs ne sont pas les payeurs."

Mais ici, ce n'est pas le cas ; en toute hypothèse, nous
serons les payeurs; par conséquent nous nous croyons bien
un peu en droit de donner notre avis sur un coup duquel
dépend la fortune de la France et même son existenee.

XXX

Comment les républicains vont-ils accueillir ce dernier
atout, cet atout suprême!... Cela nous intéresse et nous in-
quiète même.

C'est devenu d'autant plus inquiétant que les républicains
depuis quelque temps ne semblent plus d'accord entr'eux
sur les moyens de conduire cette grande partie.

XXX

Quand l'action définitive va être engagée sur la question
du scrutin de liste ou d'arrondissement, les uns vont peut-
être vouloir céder encore comme ils l'ont fait pour tout le
reste dans l'espoir que la République r. sistera à ce dernier
assaut et sortira finalement victorieuse de l'épreuve.

XXX

D'autres, au contraire, cédant à la mauvaise humeur d'a-
voir été constamment d çus et bernés, d'avoir tout concédé
en échange de rien, se cabreront probablement devant un
nouvel ultimatum et jet'eront les cartes sur la table après
s'être aperçus qu'elles étaient biseautées.

XXX

Ce serait la, nous en convenons, fin gâchis abominable.

Mais cependant, ce gâchis d'un moment, et auquel reste-
rait forcément sino» quelque chose de bon, du moins quel-
que chose de net, ne serait-il pas encore préférable à la con-
tinuation d'une partie frauduleuse.

XXX

J'avoue que pour mon compte personnel, je n'aurais ja-
mais la vertu de terminer une partie avec un monsieur que
je surprendrais en train de reprendre des cartes dans son
écart.

On aurait beau me dire :

— Contenez-vous!... Ça va faire du scandale et nuire à Ja
tranquillité du cercle.

J'aimerais encore mieux risquer l'ennui d'un quart d'heure
désagréable que de me laisser plumer par un adversaire de
mauvaise foi.

XXX

Si donc il m'était permis de donner un conseil à la Cham-
bre le jour où M. Buffet Jettera audacieusement son dernier
atout sur la table, en l'appuyant de cette menace :

— Le scrutin d'arrondissement ou pas de dissolution!...
Je dirais à tous les députés honnêtes et scandalisés d'un

pareil procédé d'intimidation :

Serrez-vous tous les uuscontre les autres, quelles que soient
vos opinions ou vos tendances, et coupez-moi sec, à une im-
posante majorité, cet atout insolent d'un ministre par trop
présomptueux.

XXX

11 serait vraiment inadmissible qu'après avoir voté une
Constitution — après débats fort longs et fort minutieux,
on osât prétendre en subordonner la mise en œuvre à une
question tout à fait indépendante.

XXX

Que le scrutin de liste soit adopté ou repoussé, la Consti-
tution du 25 février n'en restera pas moins debout.

Voilà même trop de temps qu'elle est debout sans qu'on
lui dise de prendre un siège.

Elle doit trouver cela plus ou moins poli.

XXX

Nous ne fondons certainement pas sur la majorité ac-
tuelle (2a sièges vacants réservés) de l'Assemblée de Ver-
sailles, de grandes espérances en ce qui touche le libéra-
lisme.

Mais tout au moins est-il permis de croire qu'elle se ré-
voltera un peu devant l'outrecuidance d'un ministère osant
employer de tels procédés d'intimidation pour lui forcer la
carte.

XXX

Fort mauvais joueur et même légèrement tricheur,
M. Buffet prétend dire à l'Assemblée :

— Voilà mon dernier atout... Si vous le coupez, je m'en
vais.

L'Assemblée coupera.
Et M. Buffet s'en ira.

Où sera le mal?

Nous n'en sommes pas à craindre de perdre au change, il
me semble.

LÉON BIENVENU-

UN CERTAIN SOIR

i .

Ce soir-là, un bouquet de chrysanthèmes, cueilli la veille,
se désséchait sur la cheminée, dans un vase gagné à une
fête quelconque.

Ce soir-là, le feu brûlait comme il voulait ; plus de pin-
cettes empressées : c'était à qui des charbons pâlots dégrin-
golerait le plus vite.

Ce soir-là, la lampe filait bien certainement.

Ce soir-là, une victime sauvée du fleuve Jaune parisien,
un petit chien adopté autrefois, allait pleurant et flairant
par toute la chambre.

Ce soir-là, la chambre n'était pas rangée, le lit était défait,
et les couvertures, dans un très pittoresque désordre, cau-
saient avec le tapis.

Ce soir-là, les deux oreillers, éloignés l'un de l'autre, se
regardaient comme deux époux de vingt-cinquième année, et
encore...

Ce soir-là, la pipe était au râtelier et s'inclinait avec mé-
lancolie : les allumettes avaient perdu leur singulière habi-
tude de traîner sur tous les meubles.

Ce soir-là, le cahier de papier à cigarette gisait éventré sur
la table, son caoutchouc pendait avec désespoir.

Ce soir-là, le inarylan et le caporal goûtaient dans leurs
pots d'argile le calme de la régie natale.

Ce soir-là, enfin, on avait les mains dans les poches et,
étendu sur son fauteuil, on tâchait de ne penser à rien, tout
en lorgnant du coin de l'œil une petite photographie appen-
due au mur.

II

C'est que ce soir-là on était triste, triste jusqu'à la mort,
et l'on voulait aller sur les montagnes pleurer comme la
fille de Jephté.

Ah ! c'est que ce soir-là avait un vilain matin !

C'est que ce matin-là, on s'était fâché pour une bêtise.

Elle avait dit : — SI !

On avait dit : Non !

Elle avait accemué un second : — Si !

Et l'on avait répondu par : — Va te promener!

Alors gentille Anneîte n'avait plus voulu « supporter une
vie pareille. » — On la rendait trop, trop malheureuse...

Et gentille Annette était partie.

Et on lui avait souhaité — un bon voyage !

Et l'on était resté seul.

Voilà pourquoi l'on ne fumait pas, pourquoi le feu brûlait
à sa fantaisie, pourquoi la lampe filait, pourquoi le petit
chien cherchait quelqu'un, pourquoi le lit n'était pas fait,
pourquoi les chrysanthèmes avaient soif.

III

Et l'on s'était écrié : — Oh ! les femmes, les femmes !

Puis l'on s'était mis à raisonner : — « Va te promener,
est-ce gentil? — là, franchement... »

Et comme on était seul, on s'était trouvé stupide.

Mais... on avait réfléchi à la rapidité de cette rupture, et
l'on avait trouvé :

1° Qu'un départ aussi prompt,

2° Qu'une sortie aus;i résolue,

3° Que des yeux aussi secs,

4° Que... etc., etc.. étaient choses louches, et que tout
cela méritait un grand point d'interrogation... ci : ?

IV

Et l'on se rappelait, tout en se reprochant ses dout^
affreux, les aventures d'Horace, de Lydie et de Calais, c6
qui amenait à la confection de ce quatrain :

Idéal, Idéal, la cire de tes ailes
S'est fondue au soleil de la Réalilé :
0 mes rêves d'Icare, illusions trop belles,
Tombez à l'Éridan qu'on nomme Vérité,

Que l'on brûlait séance tenante.

Puis l'on se replongeait dans le marasme, et l'on se so$
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