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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0166
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L ' 1S 11 L 1 F SJS

PRIME EXTRAORDINAIRE ET GRATUITE

DE L ÉCLIPSE

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m BOULEVERSEMENT FINANCIER

Alexandre Dumas fils a la spécialité de jeter un trouble
profond dans les questions qu'il aborde.

Les points de vue nouveaux auxquels il se place avec har-
diesse, les arguments imprévus qu'il emploie, on le don de
mettre tout d'un coup sens dessus dessous tous les sysièmes
et de provoquer de vraies révolutions dans chacune des
parties de notre état social, qu'il aborde tour à tour avec un
talent et une audace incontestables.

XXX

Aujourd'hui c'est tout notre système financier qu'il dis-
loque d'un trait de plume

Un incident triste que nos lecteurs connaissent sans doute,
lui en a fourni l'occasion.

Il s'agit de cette jeune fille séduite et abandonnée, dont le
père a presque tué l'amant.

XXX

A ce propos, Alexandre Dumas fils a publié une de ces
lettres-obus, dont il a le secret et qui éclatent brutalement
en plein dans une question palpitante, renversant les prin^
cipes qui paraissent les plus inébranlables, criblant les théo-
ries acceptées depuis le commencement du monde et me tant
par-dessus tête les raisonnements plus ou moins bêtes que
leur ancienneté avait presque fini par convertir en adages
et en sentences.

V XXX

Cette fois, pourtant, il faut bien en convenir, la lettre de
M. Alexandre Dumas fils, sur la séduction des jeunes filles,
n'est pas ce qu'on peut appeler un prodige de lucidité.

L'auteur des Idées de Mmo Aubray a esquissé une espèce de
projet do loi tandam à punir les larrons d'honneur par
l'amende et par la prison.

Cela malheureusement n'est pas absolument pratique, at-
tendu qu'il serait impossible, au moins quatre-vingt-dix-neuf
fois sur cent, d'établir qu'un « honneur » a été plutôt volé à
l'étalage que trouvé sur le trottoir ou même ramassé dans
le ruisseau.

XXX

La seule chose qui nous paraisse vraiment sérieuse, dans
la fameuse philippique de M. Alexandre Dumas fils, c'est le
conseil qu'il donne aux pères et aux mères de famille d'armer
leurs Allés contre les dangers auxquels elles seront exposées
en entrent dans la vie.

Mais de les armer par la connaissance même de ces dan-
gers qu'elles auroi.t à courir, et non pas par une ignorance
complète des écueils dont elles seront menacées.

Ignorance que les parents bourgeois et sots confondent
volontiers avec innocence; ignorance qui n'est pas plus la
virginité que le manque d'occasion d'être vicieux n'est
a vertu.

XXX

Donc la théorie de M. Dumas, théorie vieille, d'ailleurs,
mais toujours bonne à prêcher, a cela de bon, d'excellent,
qu'elle tend à fournir aux jeunes flli. s les moyens de vaincre
le péril en le regardant en face, au lieu de les exposer à pas-
ser à sa portée Sftns le voir, à force de baisser les yeux.

XXX

Cette ma> ière de voir me paraît la meilleure.
Il y aura moins de Faust le jour où les Marguerite sau-
ront au juste ce qu'ils leur veulent.

Mais, outre cette partie intéressante et solidement morale,
la lettre de M. Dumas fils contient, comme je le disais au
commencement, une révolution en germe dans tout nôtre
système financier.

Jusqu'ici-on ne connaissait que le capital monnayé.

Etaient Seuls réputés capiialistes les gens qui possédaient
cent francs, ou cent mille francs, ou un million.

1^*3»^^^ ....... v .

Voilà que M. Diîtriâs fils nous déniche, tout d'un coup*,
non-seulement un capital d'un nouveau genre, mais tout
une nouvelle couche de cabUatistes,

Il est bien fâcheux qu'il n'ait pas eu cette idée-là au mo-
ment où nous avions un pressant besoin de cinq milliards;
cela nous aurait mis un peu plus à notre aise.

XXX

Ce nouveau capital que vient de découvrir M. Dumas fils
c'est...

C'est la virginité des postulantes au Nanterriat.
XXX

Lisez plutôt :

« Une propriété et un capital doivent-ils être protégés par
« une loi ?
« Oui.

« L'honneur d'une fille est-il une propriété, et sa virginité
« est-elle un capital ?
« Oui.

« Propriété d'une telle importance, capitil d'une telle
« valeur, que quand cette propriété a été aliénée ou dérobée,
« que quand ce capital a été dispersé et détruit, il n'y a
« rien, absolument rien dans tout l'univers qui puisse le
« remplacer. »

XXX

On a bien raison de dire que la Fiance ne connaît pas sa
fortune.

Que de capitaux dont nous ne soupçonnions pas l'exis-
tence.

XXX

Voilà un mot heureux qui va plus faire à lui seul, pour
la morale publique, que cinq cents douzaines de sermons
sur la vertu emmanchés au bout les uns des autres.

Combien déjeunes filles, en apprenant tout à coup que
leur virginité est un «capital», vont en être maintenant
beaucoup plus soigneuses qu'avant.

XXX

A tous égards, il faut s'applaudir que M. Dumas ait mis la
main sur une définition claire et parlementaire d'une chose
que notre langue était devenue presque impuissante à dési-
gner décemment depuis que le vieux français est trouvé
trop cru.

C'était quelquefois gênant dans la conversation. Mais
maintenant, on pourra dire tranquillement dans un salon,
sans choquer personne :

— Vous savez., mademoiselle de*** se marie.

— Ah I bah !... malgré l'aventure du petit lieutenant?...

— Mais oui... très-bien.

— De. cooibien est sa dot ?

— Je ne sais pas au juste... On dit que le père constitue
Une renie de 15.000 francs, mais que le mari n'aura pas le
« capital »

XXX

Maintenant, des gens qui vont être absolument déroutés,
ce soiit les économistes qui ont enfourché le dada de l'im-
pôt sur le capitil.

Ils n'avaient pas prévu ce nouveau capital-là.

Cumment vont-ils s'en tirer, ceux qui prétendent que
leur impôt serait d'une perception simple, facile et peu coû-
teuse ?

XXX

Comment constater la fraude sur les déclarations?

Je sais bien qu'en somme cela n'aurait peut-être pas grand
inconvénient, parce que, dans ce cas-là, les contribuables du
sexe gracieux payeraient, sans murmurer, la taxe sur un
eapital, même absent, plutôt que d'aller dire au percepteur
qu'elles ne l'ont plus.

XXX

Ainsi, par exemple, supposons que l'administration des
contributions envoie la feuille suivante :

Exercice 1876

Mademoiselle Claudine TRUFFINETTE, rite Sreda, 16.

Cote personnelle....... i,Tâ

Un chien de luxe.......iO

D'office, comme célibataire ma-
jeure, son capital ...... 25

36,25

dont le douzième est de........ 3,02

XXX

Tout porte à croire que mademoiselle Trnffinette trouve-
rait le répartiteur excessivement poli et payerait ses vingt-
cinq francs avec plaisir.

XXX

Bref, le nouveau « capital » inventé par M. Dumas fils va
nécessairement bouscul r toutes nos habitudes et donner
lieu à mille combinaisons financières inconnues jusqu'à ce
jour.

XXX

Une preuve entre beàdcoup.

On cite une jeune personne des environs de Bourges, qui,
l'autre jour, après avoir lu la lettre de M. Dumas fils, s'est
écriée }

— Puisque c'est ça, je ne me marierai qu'en 1888.

Et comme on lui demandait la raison de cette résolution
subite, elle répondit :

—- Dam! on m'a toujours dit qu'un capital se doublait en
treize années... J'aime mieux attendre et avoir un gros
capitah

XXX

A l'heure où nous mettons sous presse, on n'est pas
encore parvenu à faire comprendre à cette jeune «capitaliste»
que dans presque tous tes cas, et surtout dans celui-ci, les
petits « capitaux » étaient d'un placement beaucoup plus fa-
cile que les gros.

LÉON BIENVENU.

FLAMBEES D'ÉQUINOXE

Suivi de son valet de chambre, le nommé Javelo (Charles),
qui trouve très-étrange, inconvenant même, que son maître
ne prenne pas une voiture, et lui fasse porter un sac de
nuit depuis la gare de l'Ouest (R. D.) jusqu'à la rue de l'Ar-
cade, 22, M. de Bois-d'Enghien d- scend la rue d'Amsterdam
en compagnie d'un ami quelconque qu'il a rencontré au
sortir du wagon, sur le quai.

M. de Bois-d'Enghien arrive de Ville d'Avray. Il vient
de passer trois jours dans cette bourgade fleurie, en revenant
de Dieppe, où il avait été supporter les chaleurs pendant
tout le mois dernier, et qu'il a quitté brusquement.

M. de Bois-d'Enghien n'avait donc fait que prendre lan-
gue à Paris, il y a soixante-douze heures ; aussi, en remet-
tant le pied sur les trottoirs de la bonne ville, il s'empresse,
profitant de la présence de sou ami... quelconque, de lui
demander des nouvelles de celui-ci et des détails sur
celles-là

L'ami quelconque, enchanté de l'occasion, publie orale-
ment sa petite gazette mondaine dans l'oreille de ce cher
Bois-d'Enghien, tout le long de la rue d'Amsterdam.

M. de Bois-d'Enghien remercie vivement l'orateur, et, au
grand désespoir du nommé Javelot (Charles), stationne
quelques minutes encore sur un des refuges qui ornent la
place du Havre, toujours en compagnie dudit ami quel-
conque.

Enfin on se quitte. Mais au moment de laisser retomber
la main qu'il détient dans la sienne, M. de Bois-d'Enghien
s'écrie :

— A propos ! que devient Des Renardeaux?
L'ami quelconque prend un air triste et répond :

— Vous ne savez donc pas ce qui lui est arrivé?

— Non, repart deBois-d'Enghien... il était si bien portant
quand...

— Eh bien! oui, mon cher ami... mais...

L'ami quelconque, en prononçant ce mais, prend une
physionomie plus lugubre encore, et, se penchant dans le
cou e Bois-d'Enghien, il lui dit :

— Des Renardeaux est marié!...

— Ah! mon Dieu! gémit de Bois-d'Enghien. Puis, entrant
immédiatement au cœur de la mauvaise plaisanterie faite
par l'ami quelconque, il ajoute avec intérêt, et d'un accent
pénétré :

— Et a-t-il bien soufl'ert?...

Sur ce mot, qui les charme, les deux amis se séparent.
Chacun tire de son côté. Le Pylade quelconque enfile la
rue Saint-Lazare. De Bois-d'Enghien, rêveur, se dirige vers
la rue da l'Arcade.

Le nommé Javelot (Charles) le suit incontinent. Un sou-
rire de satisfaction brille sur le visage de ce jeune et malheu-
reux serviteur.

On arrive bientôt au numéro 22 de la rue de l'Arcade.

Cinq heures (soir) sonnent à toutes les pendules.

— Monsieur Charles, dit le concierge au valet de chambre,
tandis que M. de Bois-d'Enghien pénètre dans son entre-sol,
monsieur Charles, il y a ici une lettre pour Monsieur. Elle
est arri >-ée avunt-hier. Comme je savais que vous alliez
revenir aujourd'hui, je ne l'ai point envoyée à Ville d'Avray.
La voici.

— Tiens, ça vient de Dieppe! murmure le nommé Javelot
en montant l'escalier, l'œil rivé sur les timbres qui émail-
lent la lettre. Ça doit être de ce M. Sabreux que nous avons
laissé là-bas?... Oui, ça doit être ça...

Le fidèle domestique, désespérant d'en savoir plus long,
Se décide enfin à remettre la lettre ès-mains de son maître,
qu'il trouve en train de demander à grands cris aux échos
de son cabinet de toilette, où ce misérable Charles a bien pu
fourrer les accessoires de son lavabo.

Délaissant le plateau turc qui supportait la missive diep-
poise, Javelot (Charles) se hâte d'entrer en fonctions, et
comble son m ître de mille attentions... bien payées.

Bottiné de frais, lavé, coiff >, parfumé, prêt enfin à faire
son entrée, en costume convenable, au célèbre dîner du
Kamtchatka (où le caviar est exquis!), M. de Bois-d'En-
ghien ouvre la lettre que lui présente gracieusement M. Ja-
velot (Charles).

— iSabreux m'écrit! diable! murmure M. de Bois-d'En-
ghien... Que me veut-il?... voyons!...

Tandis que Charles, l'air sévère, tient à la main le cha-
jSèaii et le stick de son maître, stick qui jouit, à peu de chose
près, des dimensions d'un bâton de sucre de pomme, M. de
Bois-d'Enghien parcourt rapidement les quatre pages serrées
qu'on lui lance à brûle-veston.

Enfin, il dit ces mots, que Javelot écoute avec douleur.

— Sabreux me demande des conseils ? ... Jolie corvée L.
Comme si j'étais un médecin consultant, de 2 à !.. Et
tout de suite encore!... Ah ! mais non! mon ami Sabreux!...
Ah! mais non! pas tout de suite... et après dîner les affaires
frivoles !... D'ailleurs, sa lettre a trois jours de date...—
Ainsi, que je réponde à l'instant, ou ce soir, cela ne chan-
gera lien à ce qui peut-être a été fait depuis ce temps-là.
Donc, à ce soir.

— Helas! soupire le nommé Javelot (Charles), moi qui
croyais être libre tout à l'heure \...

Et il tend néanmoins à son maître le bùton de jeunesse que
vous savez, ainsi que le chapeau reluisant comme une gi-
berne neuve...

— Charles, dit M. de Bois-d'Enghfen, tapotant avec la
paume de sa main gauche sa chevelure crêpelée , Cha les,
mon garçon, vous me ferez le plaisir d'aller vous promener
ce soir... Je n'aurai besoin de vous que très-tard... j'ai à
écrire.Vous entendez, vous êtes libre... jusqu'à minuit au
meins.

— Monsieur est bon, répond Javelot, avec la grave satis-
faction d'un domestique bien stylé. Et des horizons de par-
ties de bézigue interminables, chez un marchand de vin où
il y a des trompes de chasse, s'ouvrent devant ses yeux
ravis.

M. de Bois-d'Enghien s'éloigne enfin dans la direction du
fiïner du Kamtchatka (où le caviar est parfait !). Il arpente
les boulevards d'un pas de célibataire, jeune, bien portant
et joli garçon, en regardant les Petits-Chaperons rouges du
quartier Breda, qui s'en vont chez leur mère-grand', ou ail-
leurs, bâillât t aux sourires,et cherchant le loup qui doit les
dévorer.
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