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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0195
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L' K t Li 1 FSE

Enfin un ami me rencontra. — Ah! que n'était-il venu la
veille sur mon chemin ! Il parla bas au sergent de ville. Je
crus entendre : « Laissez-le, il est soûl. »

Pauvre ami, comme il se trompait. Je n'avais rien bu, non
rien, je le jure.

» *

On prit un fiacre. La chaleur me revint. Je me sentis bien
heureux, et je pleurai toutes les larmes que je gardais de-
puis la veille sous mes paupières.

Mais j'avais attrapé un rhume très-violent, et l'on dut me
conduire ici, chez ce brave docteur Blanche, pour me faire
soigner. Ça va mieux, heureusement. Dans quelques jours,
j'irai rejoindre ma fiancée. Elle a dû trouver le temps long,
la charmante fille !

Pauvre Gustave D..., voilà six ans qu'il se fait traiter pour
un rhume dans la maison de santé du docteur Blanche;
nous allons dîner avec lui quelquefois, et chaque fois, inva-
riablement, il nous raconte son histoire, en ajoutant un
mot bien affreux à la lin de son récit, et qui fait froid,
venant de lui :

— Prenez garde aux rhumes... de cerveau.

ERNEST D'HERVILLV,

LE VOYAGE

de

S. A. LE PRINCE INCOGNITO

De temps en temps on lit dans le Moniteur :

S. A. le prince de VAlmanach de Gotha se rend à Paris

DANS LE PLUS STRICT INCOGNITO. S. A. est accompagnée

du baron Fataraphe, grand chancelier.
S. A. voyagera sous le nom de comte Hamlet. Elle partira

le 42 courant, à H heures 47 minutes, parle train spécial

express.

(Suit l'itinéraire jusqu'à Paris.)

Correspondance mystérieuse des journaux étrangers

S. A. le prince de VAlmanach de Gotha est un homme de
18 à 60 ans à peine, ni beau ni laid, ni blond ni brun, une
main de fer sous un gant de velours, bien que je ne lui
aie pas serré la main. Je puis même m'avancer jusqu'à dire
que je ne l'ai jamais vu. C'est un homme rempli d'urbanilé,
grand amateur de course et de chasse, etc.

Antre correspondance

J'attendrai encore une quinzaine de jours avant de vous
envoyer la note publiée la semaine dernière par le Moniteur,
de façon que nos lecteurs l'aient complètement oubliée.
Les détails du voyage de S. A. le prince de... etc., (j'ai oublié
le nom : mettez ce que vous voudrez) ne sont pas dans la
partie officielle. La partie non officielle ne m'inspire qu'une
médiocre confiance. Euh! euh! voilà. Vous savez, je ne
sais rien, savez-vous ? etc., etc.

Les journaux du soir

Paris/13 septembre.
S. A. le prince de VAlmanach de Gotha est arrivé ce matin
àlo heures, dans le plus strict incognito. Six régiments d'in-
fanterie, deux escadrons de lanciers, deux escadrons de
chasseurs, un escadron de spahis, trois batteries d'artillerie
montée, la gendarmerie de la Seine, cinq bataillons de
gardes nationaux, un piquet de la garde de Paris et un
peloton de sapeurs-pompiers, musique en tête, ont salué son
entrée dans la capitale au milieu d'un concours énorme de
population. Le prince de VAlmanach de Gotha est descendu à
10 heures 32 minutes au Rendez-vous des bons monarques, et
s'est mis au balcon avec sa suite dans le plus strict
incognito.

14 septembre.

S. A. le prince de VAlmanach des Muses — je veux dire de
Gotha — a reçu en audience calfeutrée les rédacteurs de
l'Indépendance belge, du Nord, du Midi, de l'Europe, du Sud,
de l'International, du Nord-Nord-Sud-Est-Ouest, qui ont été
amenés au palais les yeux bandés et la girouette au cha-
peau. Ils sont restés une heure en cet état dans le grand
salon de réception, où S. A. n'a pas paru à cause du strict
incognito qu'elle a résolu de garder pendant le temps de son
séjour à Paris. Ces journalistes, généralement bien informés
de leur santé réciproque, se sont empressés d'adresser les
curieuses révélations de cette entrevue à leurs feuilles res-
pectives sur papier pelure d'oignon, en annonçant une
bascule dans les plateaux de l'équilibre européen. — (Le port
en sus pour les villes de l'étranger.)

15 septembre.

Le prince de VAlmanach de Gotha a visité aujourd'hui, dans
le plus strict incognito, les ateliers de I'imprimerie natio-
nale. Le comte Hamlet a écouté avec le plus vif intérêt les
explications qui ont été données au prince de l'Alm. sur la
typographie comparée. On lui a remis en sortant un com-
pliment composé en 2.749 langues pendant la durée de sa
visite. — (Moniteur du soir.)

16 septembre.

Ce soir, le prince de l'Alm., etc., a assisté, dans le plus
strict incognito, à la représentation donnée par ordre à
I'opéra. Toutes les lorgnettes étaient braquées sur la loge
du comte Hamlet. Vu le strict incognito du prince, les spec-
tateurs étaient masqués. Le comte a salué le public d'un
air gracieux, et a daigné applaudir le pas de Trente ou qua-
rante danseuses habillées en jeu de cartes.

17 septembre.

Le prince de l'A. de G. visitera cette après-midi le jardin
d'acclimatation.
Tous les animaux garderont la chambre.

18 septembre.

La Presse illustrée — 2 sous — donne aujourd'hui le dessin
authentique, avec portrait, de la visite faite par le prince de
l'A..., dans le plus strict incognito, aux magasins de... de...
et de...

Tous ces marchands seront autorisés à prendre leur bre-
vet, contre facture, de fournisseurs brevetés du prince de
VAlmanach des 500.000 adresses. X...ki, le bottier à la mode,
chaussera donc une nouvelle tête couronnée !

19 septembre.

Le prince de VAlmanach de Mathieu de la Drôme visitera
aujourd'hui le Jardin des Plantes, Notre-Dame, la Samari-
taine, la salière de Saint-Geruiam-r.\uxerrois (église poivre,
mairie sel, tour au milieu), et montera sur la colonne Ven-
dôme.

20 septembre.

Il est impossible que le comte Hamlet quitte la France
sans avoir donné un coup d'œil à la manufacture de Sèvres
et à notre musée de Versailles !

21 septembre.

Demain le prince de VAlmanach-Bottin chassera dans la
forêt de Rambouillet, et tuera un piqueur et un garde cham-
pêtre, dans le plus strict incognito. £cs lapins illumineront
leurs garennes et les lièvres battront du tambour.

22 septembre, j

Il y aura demain réception générale ordinaire et extra-
ordinaire au Rendez-vous des bons monarques. A cause du strict
incognito, les dames seront admises, vu la discrétion na-
turelle à ce sexe enchanteur.

23 septembre.

Grand dîner diplomatique. Los rédacteurs de l'Indépen-
dance, du Nord, de l'Europe internationale, se déguiseront en
marmitons pour tremper leurs plumes dans la sauce des
secrets d'État. — Tout pour une nouvelle!

24 septembre.

On lit dans le Moniteur :

« S. A. le prince de VAlmanach de Gotha est rentré dans ses
États, où il a déposé le masque de son incognito. Nous pou-
vons donc parler sans contrainte :

« Tout le monde l'a reconnu. Il payait ses dépenses avec des
pièces à son effigie. »

CHARLES JOLIET

Gazette à la .0:1 air*

Ces joyeux journali&tes !...

Il y a une quinzaine d'années, notre confrère Jules Viard,
mort voici tantôt dix ans, — fit représenter à l'Odéon une
comédie en un acte et en vers, dont je n'ai plus le titre pré-
sent à la mémoire.

Le soir de ia première, le pauvre auteur était peut-être le
seul qui trouvât sa pièce trop longue.

En effet, le dernier omnibus allait partir, — l'omnibus de
Montmartre, où habitait alorsV'iard, — et celui-ci n'était pas
assez riche pour prendre une voiture.

Le malheureux poëte, n'ayant que six sous dans sa poche,
dut donc quitter le théâtre avant la chute du rideau : il n'eut
pas même la satisfaction d'entendre son nom annoncé au
public et salué par les bravos de ce dernier.

Et, ce soir-là, plus d'un camarade dit sans doute :

— Ce Viard a-t-il de la chance !...

XX

En revanche, le lendemain matin, il recevait, selon
l'usage, une députation de machinistes qui venait alui offrir
un bouquet.

' A ces honneurs, qui demandaient un pourboire, Viard ne
put répondre que par des remercîiucnts.

Et il donna les fleurs à ses enfants ; car, hélas ! ce jour-
là, il n'y avait pas de pain dans le ménage I

Ne vaudrait-il pas mieux rester clerc d'huissier toute sa
vie ?

^ , xx;

A cette même époque, Viard publiait, dans je ne sais plus
quel follicule littéraire, un travail intitulé : Confessions ou
Lamentations de Jonathas Miser. Il venait, alors, au journal,
accompagné d'un joli petit garçon, et, quand on l'interro-
geait :

— Est-ce que c'est à vous, ce gentil gamin ?

— Oui, nous disait-il avec un sourire triste, c'est le petit
Miser.

XX

Quelques mois plus tard, une après-midi, Angelo de Sorr,
— de qui nous tenons ces détails, ■— rencontra Viard dans
la rue des Martyrs. Il avait un paquet sous le bras et pa-
raissait accablé de douleur. Angelo de Sorr le questionna :

— Qu'est-ce que vous portez donc, mon cher?

— C'est mon fils.

— Votre fils?

— 11 est mort, cette nuit, et je vais chez Nadar le faire pho-
tographier.

« Et, tout en pleurant, ajoute Angelo de Sorr, il m'avoua
qu'il n'avait pas de quoi payer l'enterrement. Je le rassurai
à ce sujet, et, avec le concours de quelques amis, nous
fîmes les fonds de la funèbre cérémonie. »

XX

A propos du Voyage dans la Lune.

Sous ce titre d'une « palpitante » actualité, l'un de nos
plus sympathiques confrères et de nos collaborateurs les
plus assidus — nous ne travaillons pas l'un sans l'autre —
vient de lancer à toutes les aires du vont une élégante
br .churette dont on croirait les pages taillées dans le maillot
rose des charmantes Hirondelles du ballet des Flocons.

Nous en détachons deux madrigaux.

XX

Les deux madrigaux visent deux aimables danseuses.

a mademoiselle anais maillard.
Si tu jouais les bergères,
Je voudrais—soit dit sans fard—
Avec toi, sous les fougères,
Jouer au Colin, Maillard !

XX

a mademoiselle mézamat.
Pourquoi donc, faisant une niche
A cette fille aux purs contours,
Met-on Mézamat sur l'affiche,
Quand le public dit : Mes amours !

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PETITE GAZETTE
EXPOSITION INTERNATIONALE DE 1875

Moutarde Bornibus.— Médaille d'or

Le jury de l'Exposition internationale, d'accord en cela
avec l'opinion publique, vient encore d'affirmer la supério-
rité de la moutarde Bornibus en lui décernant la médaille
d'or.

Cette légitime récompense, qui ajoute un nouvel éclat à
sa renommée, et le diplôme d'honneur qui lui fut décerné
en 1873 par le jury gastronomique de Paris, prouvent que
cet habile industriel suit la marche progressive qui, seule,
fonde les grandes maisons.

La vaste usine que M. Bornibus a tout récemment cons-
truite, 58, boulevard de la Villette, et qu'il a si intelligem-
ment aménagée, fait dès aujourd'hui de sa maison un
véritable établissement modèle.

L'ENCBE-POUDBE-EWIG a obtenu deux médailles à
l'Exposition internationale de Paris 1875.

PAS DE CRÉDIT I 15 0/0 d'esc. Nous recommandons

aux économes SAVIGNY, tailleur, 47, r.Neuve-des-Petits-Champs.
—.-+-_

Librairie Alphonse Lemerre, éditeur,
passage Choiseul, 29.

EDMOND ET JULES DE CONCOURT

( OEuvres complètes. )
Viennent de paraître

RENÉ MAIPERIN - SŒUR PIIILOMÈNE

Volumes petit in-12 (format des elzévirs), imprimés sur
papier vélin teinté. Chaque vol. 6 fr.
A la même librairie en cours de publication

( œuvres complètes ).
Chaque volume 6 fr.

pour paraitre prochainement :

ALFRED DE MUSSET

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10 volumes à 6 fr.

Le premier volume des Contes et Légendes de J.-T.
de Saint-Germain vient de paraître à la bibliothèque

Charpentier. 11 contient : La Légende de Mignon. — Pour une
épingle. — La Feuille de coudrier. — La Fontaine de Médicis.—
La Roulette. Le public sera certainement heureux de trouver
rassemblés ces petits chefs-d'œuvre qn'il n'avait eus jus-
qu'ici que par petits volumes séparés.

La bibliothèque Charpentier met aujourd'hui en vente le
quatrième ouvrage de la série d'Histoire de la Littérature
contemporaine en Europe. Les précédents volumes étaient
relatifs à l'Italie, à la Bussie, à l'Angleterre; celui-ci est
l'Histoire de ta Littérature contemporaine en Espacme
Auteur : M. Gustave Hubbard.

Aujourd hui parait à la bibliothèque Charpentier le tome
sixième de 1 Histoire des Français de Théophile Laval-
lée, développée det830 à 1848 et continuée de t848 à 1875
par Frédénck Lock. Ce tome IV contient donc la période
comprise entre le 24 février 1848 et le 4 novembre 1875

1 vol., 600pages, 3 fr. 50.

nLe Jf i 8 Hautbour9, par E. Grenville-Murray (Paris, A
Ghio, éditeur, galerie d'Orléans, 28), étude d'un écrivain
anglais sur les mœurs de la France sous l'empire. L'auteur
M. Grenville-Murray, y déploie toutes les finesses de son
esprit observateur et satirique.

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GLADV frères, éditeurs, 10, rue de la Bourse, 10.

JOUIR

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