25 Novembre 1877.
L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTREE
173
EN WAGON
Préliminaires d'une attaque : reconnaissance et études des approches de la place.
— Dites que je suis souffrante, Julie, que je ne
peux pas recevoir.
— Oh! madame, c'est le troisième jour que vous
refusez de le voir.
— Eh bien, qu'il vienne.
En voyant le comte, on comprend tout de suite la
répulsion qu'il doit inspirer à la délicate Sophie : il
est beau, élégant, distingué et très-amoureux.
— Vous souffrez donc toujours, chère enfant?
— Atrocement!... La migraine ne me quitte pas.
— C'est désolant!... Pauvre amie, ah!... Vous
a-t-on remis quelque chose de ma part aujourd'hui?
— Une broche et un bracelet, n'est-ce pas?
— Non, des pendants d'oreille et un collier.
— Ah! oui... je confondais.
— Est-ce qu'ils ne vous plaisent pas? On pourrait
les changer.
— Inutile. Je compléterai la parure le mois pro-
chain.
Ce reproche, enveloppé avec tant de goût, semble
être pénible au beau jeune homme, et il se hâte d'an-
noncer qu'il veut lui-même se charger de réparer la
faute qu'il a commise en envoyant les bijoux récla-
més.
— Vous me ferez plaisir, Gustave... Adieu.
' — Vous me renvoyez déjà?
— Oui, j'ai à causer avec madame.
— Quand me permettez-vous de vous revoir?
— Demain, après-demain ; je vous le ferai dire.
Adieu. Ah!... pas trop d'or dans le bracelet, c'est
canaille.
Après avoir baisé tendrement la menotte de la drô-
lesse, le beau jeune homme se retire discrètement en
marchant sur la pointe du pied.
— Hein?... quelle panade!
— Je le trouve supportable, moi.
— Parce que tu ne le connais pas... J'ai envie de
le battre quelquefois ! Croirais-tu que l'imbécile s'est
mis à pleurer dernièrement, à la fin d'un souper,
parce que je lui ai dit que je ne l'aimais pas. Comme
c'est gai de voir un grand dadais pleurnicher dans
son verre. — Qu'est-ce encore, Julie?
— Madame, c'est M. Frédéric.
Les traits maquillés de Sophie s'illuminent soudai-
nement. Elle se lève et court se jeter dans les bras
de l'homme adoré.
Il est laid, l'homme adoré ; mais on ne peut lui con-
tester un air de brutalité qui lui sied parfaitement;
et toutes les femmes de la catégorie de Sophie com-
prendront sa faiblesse, quand je leur aurai dit que le
drôle a fondu en lui les deux types, si rares à ren-
contrer ensemble, du maquignon et du cabotin.
— Comment! tu n'es pas seule, dit-il à Sophie, en
dardant son œilfascinateur et louche sur M110 Amanda.
— Madame est une de mes amies, mon loulou.
— Qu'est-ce que ça me fait... Est-ce que je viens
ici pour voir tes amies?
— Elle va s'en aller tout de suite.
— C'est heureux.
Sophie reconduit Amanda, et lui dit d'un air triom-
phant :
L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTREE
173
EN WAGON
Préliminaires d'une attaque : reconnaissance et études des approches de la place.
— Dites que je suis souffrante, Julie, que je ne
peux pas recevoir.
— Oh! madame, c'est le troisième jour que vous
refusez de le voir.
— Eh bien, qu'il vienne.
En voyant le comte, on comprend tout de suite la
répulsion qu'il doit inspirer à la délicate Sophie : il
est beau, élégant, distingué et très-amoureux.
— Vous souffrez donc toujours, chère enfant?
— Atrocement!... La migraine ne me quitte pas.
— C'est désolant!... Pauvre amie, ah!... Vous
a-t-on remis quelque chose de ma part aujourd'hui?
— Une broche et un bracelet, n'est-ce pas?
— Non, des pendants d'oreille et un collier.
— Ah! oui... je confondais.
— Est-ce qu'ils ne vous plaisent pas? On pourrait
les changer.
— Inutile. Je compléterai la parure le mois pro-
chain.
Ce reproche, enveloppé avec tant de goût, semble
être pénible au beau jeune homme, et il se hâte d'an-
noncer qu'il veut lui-même se charger de réparer la
faute qu'il a commise en envoyant les bijoux récla-
més.
— Vous me ferez plaisir, Gustave... Adieu.
' — Vous me renvoyez déjà?
— Oui, j'ai à causer avec madame.
— Quand me permettez-vous de vous revoir?
— Demain, après-demain ; je vous le ferai dire.
Adieu. Ah!... pas trop d'or dans le bracelet, c'est
canaille.
Après avoir baisé tendrement la menotte de la drô-
lesse, le beau jeune homme se retire discrètement en
marchant sur la pointe du pied.
— Hein?... quelle panade!
— Je le trouve supportable, moi.
— Parce que tu ne le connais pas... J'ai envie de
le battre quelquefois ! Croirais-tu que l'imbécile s'est
mis à pleurer dernièrement, à la fin d'un souper,
parce que je lui ai dit que je ne l'aimais pas. Comme
c'est gai de voir un grand dadais pleurnicher dans
son verre. — Qu'est-ce encore, Julie?
— Madame, c'est M. Frédéric.
Les traits maquillés de Sophie s'illuminent soudai-
nement. Elle se lève et court se jeter dans les bras
de l'homme adoré.
Il est laid, l'homme adoré ; mais on ne peut lui con-
tester un air de brutalité qui lui sied parfaitement;
et toutes les femmes de la catégorie de Sophie com-
prendront sa faiblesse, quand je leur aurai dit que le
drôle a fondu en lui les deux types, si rares à ren-
contrer ensemble, du maquignon et du cabotin.
— Comment! tu n'es pas seule, dit-il à Sophie, en
dardant son œilfascinateur et louche sur M110 Amanda.
— Madame est une de mes amies, mon loulou.
— Qu'est-ce que ça me fait... Est-ce que je viens
ici pour voir tes amies?
— Elle va s'en aller tout de suite.
— C'est heureux.
Sophie reconduit Amanda, et lui dit d'un air triom-
phant :
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
En wagon
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)