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116

L'ÉGYPTOLOGIE.

Abordons maintenant la troisième phrase :

o

KUOT-TOÏK GUIJl)

act-totk

mti

ii

ta

Ail

tiaov

Le groupe cuuh>, mode impulsif de A^/vvV , signifie efficere, perfteere, former, produire, achever,
perfectionner. 11 se prend habituellement pour désigner un travail bien fait, et exprime a lui seul
l'idée contenue dans le composé grec tùtpyènx. Ceci expliqué, la première partie de notre texte se
traduira : Tu es trouvé achever convenablement ton lieu qui est dans la vallée. Nous avons déjà vu
que la vallée (au) est une désignation de la localité des tombeaux 1 ; le lieu, Yendroit d'un Égyptien
dans Tau n'est autre chose que sa tombe.

Aux temps modernes l'expression creuser son tombeau n'éveille qu'une idée douloureuse; il en
était autrement dans l'ancienne Égypte , où la grande affaire de la vie était de préparer la sépulture.
Une bonne sépulture après la vieillesse, voilà le voeu qui se renouvelle le plus souvent à toutes
les époques de l'histoire égyptienne de la part des gens des conditions les plus diverses. Nous
avons déjà parlé des devoirs imposés aux enfants à l'égard des funérailles de leurs parents. A ce
même culte de la mort il faut attribuer la construction des énormes pyramides, le creusement des
profonds hypogées, les riches embaumements , etc. Certains personnages se font gloire de la
splendeur du tombeau qu'ils se sont préparés de leur vivant.

Des idées fort analogues régnent encore aujourd'hui en Chine, où bien des gens se soumettent à
des privations pour économiser l'argent nécessaire à de belles funérailles, et où le présent d'un
cercueil est très bien accueilli. En Égypte, la sépulture était considérée comme étroitement liée
au bonheur du défunt dans les régions infernales. Les scènes mythologiques figurées sur les parois
de l'hypogée, sur les cercueils, sur les enveloppes, et les légendes dont ces scènes étaient accompa-
gnées, devaient protéger le mort contre les incessants efforts des démons ou génies funestes. Aussi
achever pour soi-même une sépulture convenable , ce n'était pas seulement assurer la conservation
du corps momifié, mais de plus se préparer un bon accueil outre-tombe, ou , comme nous dirions
aujourd'hui, assurer son salut.

Le philosophe Ani, que nous avons déjà vu assimiler les bons sentiments à la prière et aux
oblations, rentre ici dans le même ordre d'idées : Aie, dit-il, pour principe de garder une conduite
équitable, et tu seras considéré comme t'étant préparé une belle sépulture, kuot-totk est forcé-
ment au futur d'après le contexte. Nous avons déjà eu l'occasion de signaler des cas analogues *.

Les derniers mots du texte analysé : tiaot 2<vnor Jjt-totk , se lisent : Demain cachant ton
corps. Il n'existe pas de sujet pour le verbe 2Anor , cacher. Mais il est possible qu'il y ait élision
du relatif et de l'affixe sujet. Qu'on lise ton lieu qui est dans la vallée, demain cachant ton
corps, ou qui demain cache (pour cachera) ton corps, c'est absolument la même chose. Le moraliste
fait intervenir ici la pensée de l'imminence de l'inévitable mort. Cette partie du précepte est sûre-
ment traduite et nous donne quelque confiance dans l'ensemble de nos premiers résultats, que nous
résumons en ces termes : Rappelle-toi ce qui a été; sache-le ; place devant toi, comme une voie à
suivre, une conduite équitable; tu seras considéré comme i étant préparé une sépulture convenable dans
la Vallée funéraire qui demain cachera ton corps.
i Ci-devant, p. 95. 2 Ci-devant, p. 39 et 55.

Chalon-s.-S., Imp. de J. Dejussieu.
 
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