10
LIVRE D'OR DE L'EXPOSITION
celle de l'Exposition de 1878, est aussi, comme en 1878,
coupée au tiers de sa hauteur par un vaste balcon d'où
l'on aura sur le parc du Trocadéro une perspective que ne
défigurera point du tout la tour Eiffel, qui a le grand
avantage de ne rien écraser dans son voisinage, par la
seule raison qu'on voit le jour à travers.
En résumé, entrée superbe, mais qui était indispensable
pour deux raisons : d'abord il fallait une porte grandiose
pour le palais des Industries diverses, où l'on verra
d'abord, abrités sous la coupole, les produits merveilleux
de nos manufactures nationales, de Sèvres et des Gobe-
lins.
Ensuite, il fallait rompre par quelque chose de sérieux,
sinon de sévère, l'aspect un peu forain qu'eussent pré-
senté les bâtiments de l'Exposition, car sauf les portes
des palais des Beaux-Arts et des Arts libéraux qui, d'ail-
leurs, ne sont pas très monumentales, toutes les travées
de la façade en fer à cheval qui donne sur le jardin inté-
rieur sont converties en boutiques de consommation, cafés,
bars, brasseries, restaurants, où l'on pourra boire et
manger... dans toutes les langues.
Au moins, si l'on n'y trouve pas des mets complète-
ment exotiques, aura-t-on le plaisir de se les voir apporter
par des serviteurs des deux sexes, ayant les costumes
nationaux de tous les pays qui concourent à l'Exposition.
Cela coûtera bien un peu plus cher, mais cela semblera
bien meilleur.
Passons maintenant en revue les curiosités qui se
groupent dans les deux grandes allées extérieures qui
flanquent le palais des Expositions diverses.
Du côté de l'avenue de Suffren, il y a successivement, en
partant de la porte Desaix :
Le pavillon Chinois, très long, mais n'occupant qu'une
faible partie de la largeur de l'allée.
Le restaurant Roumain, où l'on mangera probablement
avec l'accompagnement d'une bande de musicisiens du cru,
plus ou moins mâtinés de tziganes.
La maison Russe, qui sera habitée par quelques blondes
marchandes de rafraîchissements, comme on en a vu à
toutes nos Expositions.
L'Exposition du Maroc avec accompagnement de bazar
et de musique.
Et le bazar Egyptien, agglomération de constructions
déjàcélèbresouslenomde rue du Caire, qu'elle mérite
bien, du reste, car c'est une véritable rue égyptienne,
avec ses maisons sarrasines aux façades irrégulières, aux
encorbellements fantastiques, supportant ces balcons
grillés à l'usage des pensionnaires des harems musulmans,
qu'on appelle des mouebarabiés.
Et ceux qu'on y voit sont des moucharabiés authen-
tiques, car ils proviennent de vieilles maisons qu'on a
démolies au Caire, pour les remplacer par de belles
constructions neuves dans notre style caserne.
Comme pendant à la rue du Caire, sur l'autre côté du
Champ de Mars, il y a une rue qui n'a pas encore de nom
officiel, mais qu'on pourrait appeler la rue des Grandes-
Usines, puisqu'elle n'est composée que de constructions
servant d'exposition particulière aux plus grandes indus-
tries du monde.
Cette rue va sans interruption de l'École militaire à la
porte Rapp, au delà de laquelle elle recommence.
Ce côté-là aussi sera curieux, peut-être un peu sérieux,
mais très intéressant.
Revenons maintenant dans le jardin intérieur, car à
moins d'être bien décidé à commettre des erreurs ou des
oublis, il faut absolument renoncer aujourd'hui à décrire
tout ce qu'il y aura et même tout ce qu'il y a, sur les flancs
des grands palais composant l'Exposition.
Au delà de la rotonde du palais des Expositions diverses,
p lus belle encore intérieurement qu'extérieurement, s'ouvre,
au milieu des galeries d'exposition, où s'installent toutes
les industries proprement dites, un promenoir qui aboutit
à l'entrée principale du palais des Machines, élevé à l'ex-
trémité du Champ de Mars voisine de l'École militaire,
d'après les plans et sous la direction de M. Dutert, et qui
est une des choses les plus originales, les plus nouvelles
de l'Exposition.
S'il fait l'admiration des ingénieurs et des gens du mé-
tier, il étonnera tout le monde, par l'audace de sa construc-
tion et l'immensité de ses dimensions.
Ainsi une surface de 50,000 mètres carrés (en chiffres
ronds) est couverte sans aucun point d'appui intermé-
diaire ; il n'y a pas de piliers, pas de colonnes, rien autre
chose pour porter la charpente que les montants des
fermes : seize intermédiaires et deux à chaque extrémité,
plus rapprochées l'une de l'autre, de façon à appuyer
dessus, de chaque côté, une. tribune de 21^,50 de largeur.
La salle des Pas-Perdus de la gare Saint-Lazare, qui
est pourtant une belle pièce, n'est plus qu'un corridor
comparativement à cette immense nef, qui a 114*°,30 de
largeur sur 430 de longueur.
Outre cette nef, d'une étonnante légèreté, le palais com-
prend des galeries annexes de 17 mètres de largeur, avec
premier étage desservi par des escaliers larges, commodes
et nombreux, de façon à répéter sur les deux côtés de la
grande galerie d'exposition, les tribunes existant aux deux
extrémités, qui sont d'ailleurs en communication de plain*
pied avez les premiers étages des deux galeries annexes
et formeront avec eux un promenoir splendide, d'où l'on
aura une vue d'ensemble sur la galerie des Machmes.
En somme, la disposition intérieure est à peu près celle
de la grande nef du palais de l'Industrie. Seulement les
dimensions ne sont plus les mêmes : celles du Champ de
Mars ayant 114 mètres de largeur au lieu de 48, et 430
mètres de longueur au lieu de 192.
Ceux qui connaissent le palais des Champs-Élysées peu-
vent se faire une idée, en doublant les proportions, de ce
qu'est, le palais des Machines de l'Exposition de 1889.
Si l'on ne compte pas pour une curiosité la cour des
forces motrices qui est derrière le palais des Machines,
il ne nous reste plus à voir maintenant que l'esplanade
des Invalides, et, d'où nous sommes, c'est assez loin; mais
on a trouvé des moyens, non pour diminuer les distances,
mais pour permettre de les franchir sans fatigue.
Je ne parle pas, bien entendu, des fauteuils roulants,
comme on en voyait déjà à l'Exposition de 1878... il y en
aura toujours pour circuler dans les intérieurs ; mais pour
l'extérieur, il y a mieux que cela, beaucoup mieux que cela.
LIVRE D'OR DE L'EXPOSITION
celle de l'Exposition de 1878, est aussi, comme en 1878,
coupée au tiers de sa hauteur par un vaste balcon d'où
l'on aura sur le parc du Trocadéro une perspective que ne
défigurera point du tout la tour Eiffel, qui a le grand
avantage de ne rien écraser dans son voisinage, par la
seule raison qu'on voit le jour à travers.
En résumé, entrée superbe, mais qui était indispensable
pour deux raisons : d'abord il fallait une porte grandiose
pour le palais des Industries diverses, où l'on verra
d'abord, abrités sous la coupole, les produits merveilleux
de nos manufactures nationales, de Sèvres et des Gobe-
lins.
Ensuite, il fallait rompre par quelque chose de sérieux,
sinon de sévère, l'aspect un peu forain qu'eussent pré-
senté les bâtiments de l'Exposition, car sauf les portes
des palais des Beaux-Arts et des Arts libéraux qui, d'ail-
leurs, ne sont pas très monumentales, toutes les travées
de la façade en fer à cheval qui donne sur le jardin inté-
rieur sont converties en boutiques de consommation, cafés,
bars, brasseries, restaurants, où l'on pourra boire et
manger... dans toutes les langues.
Au moins, si l'on n'y trouve pas des mets complète-
ment exotiques, aura-t-on le plaisir de se les voir apporter
par des serviteurs des deux sexes, ayant les costumes
nationaux de tous les pays qui concourent à l'Exposition.
Cela coûtera bien un peu plus cher, mais cela semblera
bien meilleur.
Passons maintenant en revue les curiosités qui se
groupent dans les deux grandes allées extérieures qui
flanquent le palais des Expositions diverses.
Du côté de l'avenue de Suffren, il y a successivement, en
partant de la porte Desaix :
Le pavillon Chinois, très long, mais n'occupant qu'une
faible partie de la largeur de l'allée.
Le restaurant Roumain, où l'on mangera probablement
avec l'accompagnement d'une bande de musicisiens du cru,
plus ou moins mâtinés de tziganes.
La maison Russe, qui sera habitée par quelques blondes
marchandes de rafraîchissements, comme on en a vu à
toutes nos Expositions.
L'Exposition du Maroc avec accompagnement de bazar
et de musique.
Et le bazar Egyptien, agglomération de constructions
déjàcélèbresouslenomde rue du Caire, qu'elle mérite
bien, du reste, car c'est une véritable rue égyptienne,
avec ses maisons sarrasines aux façades irrégulières, aux
encorbellements fantastiques, supportant ces balcons
grillés à l'usage des pensionnaires des harems musulmans,
qu'on appelle des mouebarabiés.
Et ceux qu'on y voit sont des moucharabiés authen-
tiques, car ils proviennent de vieilles maisons qu'on a
démolies au Caire, pour les remplacer par de belles
constructions neuves dans notre style caserne.
Comme pendant à la rue du Caire, sur l'autre côté du
Champ de Mars, il y a une rue qui n'a pas encore de nom
officiel, mais qu'on pourrait appeler la rue des Grandes-
Usines, puisqu'elle n'est composée que de constructions
servant d'exposition particulière aux plus grandes indus-
tries du monde.
Cette rue va sans interruption de l'École militaire à la
porte Rapp, au delà de laquelle elle recommence.
Ce côté-là aussi sera curieux, peut-être un peu sérieux,
mais très intéressant.
Revenons maintenant dans le jardin intérieur, car à
moins d'être bien décidé à commettre des erreurs ou des
oublis, il faut absolument renoncer aujourd'hui à décrire
tout ce qu'il y aura et même tout ce qu'il y a, sur les flancs
des grands palais composant l'Exposition.
Au delà de la rotonde du palais des Expositions diverses,
p lus belle encore intérieurement qu'extérieurement, s'ouvre,
au milieu des galeries d'exposition, où s'installent toutes
les industries proprement dites, un promenoir qui aboutit
à l'entrée principale du palais des Machines, élevé à l'ex-
trémité du Champ de Mars voisine de l'École militaire,
d'après les plans et sous la direction de M. Dutert, et qui
est une des choses les plus originales, les plus nouvelles
de l'Exposition.
S'il fait l'admiration des ingénieurs et des gens du mé-
tier, il étonnera tout le monde, par l'audace de sa construc-
tion et l'immensité de ses dimensions.
Ainsi une surface de 50,000 mètres carrés (en chiffres
ronds) est couverte sans aucun point d'appui intermé-
diaire ; il n'y a pas de piliers, pas de colonnes, rien autre
chose pour porter la charpente que les montants des
fermes : seize intermédiaires et deux à chaque extrémité,
plus rapprochées l'une de l'autre, de façon à appuyer
dessus, de chaque côté, une. tribune de 21^,50 de largeur.
La salle des Pas-Perdus de la gare Saint-Lazare, qui
est pourtant une belle pièce, n'est plus qu'un corridor
comparativement à cette immense nef, qui a 114*°,30 de
largeur sur 430 de longueur.
Outre cette nef, d'une étonnante légèreté, le palais com-
prend des galeries annexes de 17 mètres de largeur, avec
premier étage desservi par des escaliers larges, commodes
et nombreux, de façon à répéter sur les deux côtés de la
grande galerie d'exposition, les tribunes existant aux deux
extrémités, qui sont d'ailleurs en communication de plain*
pied avez les premiers étages des deux galeries annexes
et formeront avec eux un promenoir splendide, d'où l'on
aura une vue d'ensemble sur la galerie des Machmes.
En somme, la disposition intérieure est à peu près celle
de la grande nef du palais de l'Industrie. Seulement les
dimensions ne sont plus les mêmes : celles du Champ de
Mars ayant 114 mètres de largeur au lieu de 48, et 430
mètres de longueur au lieu de 192.
Ceux qui connaissent le palais des Champs-Élysées peu-
vent se faire une idée, en doublant les proportions, de ce
qu'est, le palais des Machines de l'Exposition de 1889.
Si l'on ne compte pas pour une curiosité la cour des
forces motrices qui est derrière le palais des Machines,
il ne nous reste plus à voir maintenant que l'esplanade
des Invalides, et, d'où nous sommes, c'est assez loin; mais
on a trouvé des moyens, non pour diminuer les distances,
mais pour permettre de les franchir sans fatigue.
Je ne parle pas, bien entendu, des fauteuils roulants,
comme on en voyait déjà à l'Exposition de 1878... il y en
aura toujours pour circuler dans les intérieurs ; mais pour
l'extérieur, il y a mieux que cela, beaucoup mieux que cela.