LIVRE D'OR DE L'EXPOSITION
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Je ne veux pas dire par là que M. Vail n'ait pas vérita-
blement vu la Tamise, mais seuiement qu'il n'a pas pris ses
modèles outre-Manche.
La Tamise, du reste, a beaucoup inspiré les artistes
américains. Nous avons déjà vu que M. Dana l'avait prise
pour décorde deux, peut-être même de trois de ses tabieaux :
voilà maintenant AL Lionel Walden,— un élève de Garolus
Duran qui ne peint pas le portrait, — qui expose deux vues
du grand tleuve navigable, qui fait de Londres un port de
mer : 3Mf Ù7 IGmU-s'C et le lApr^?' h? S'âv/â ^g.s'gg/7-
Mais là encore nous avons affaire à un peintre qui aime
mieux peindre les bateaux que la mer.
Si vous voulez voir des mariniers dans l'acception la
plus étroite du mot, regardez la Pln/Me de AL Ilarrison, il
n'y a là que de l'eau et du ciel; regardezlaV%?Tde AL Sim-
mons, mer grise d'un effet superbe et probablement très
exact; regardez aussi Tunique tableau de AI. James Craig
Nicoll, représentant le soleil sur la mer, et puis voyez l'ex-
position de AI. Charles Stanley Reinhart, il y a là deux
tableaux en ce genre, la et la Afnrg'g wonRmfe, qui vous ]
satisferont, bien que ce ne soient pas les plus suggestifs
des six qu'il a envoyés.
AI. Reinhart est surtout un peintre de mœurs. Ce sont
des mœurs maritimes, il est vrai, mais la mer n'est guère
là qu'un accessoire. Dans l'AUg/^e elle a tout
le fond du tableau; les premiers plans étant occupés par
les femmes de pêcheurs de la côte normande, qui groupées
autour d un calvaire, attendent le retour de leurs maris et
interrogent anxieusement l'horizon, pour reconnaître leurs
barques.
C'est dans le genre de notre regretté Ulysse Butin, et
AL Reinhart serait son élève que cela ne m'étonnerait pas
du tout.
Dansl'Æp%vg, la mer n'a qu'un coin du tableau, mais la
scène est plus dramatique, le tableau est plus saisissant,
cependant si j'avais à choisir, je ne sais pas si je ne pren-
drais pas l'autre.
Ce sont d'ailleurs les peintres de mœurs qui sont en ma-
jorité dans la section des Etats-Unis. Commençons donc
par Al. Alelchers, puisqu'il a obtenu une médaille d'hon-
neur.
Avec cet artiste, qui est élève de Gustave Boulanger et
de Jules Lefèbre, c'est avec les mœurs hollandaises que
nous faisons connaissance.
Voici la qui n'a pas précisément l'aspect
d'un tableau religieux, sauf pour les protestants qui sont
habitués à voir leurs prêtres officier en redingote, et com-
munient sous les deux espèces, absolument comme s'ils
cassaient une croûte. J'en dirai autant du Pr&Ag, mais
c'est plus naturel puisqu'on ne voit que les fidèles qui
écoutent un sermon, mais au moins ils écoutent bien.
Lespf/of&s sont assis dans leur poste, c'est ce qu'on appe-
lait autrefois un tableau de comwvyayfo??,; il est bien vrai
que les marins de M. Alelchers ne se disent rien; je ne sais
si c'est parce qu'ils sont mal placés, — trop bas pour un
tableau aussi grand, — mais ils ne me disent rien du tout
non plus; je les trouve trop posés comme des bonshommes
qui se font Tfrer en portrait, et habillés trop uniformément
avec des étoffes de couleurs assez éteintes, c'est vrai, mais
où le bleu, le vert et le violet ne s'harmonisent pas préci-
sément, bien qu'ils composent à peu près toute la palette
du peintre.
Les pilotes de notre pays ne sont point vêtus de la sorte,
mais c'est peut-être comme cela en Hollande.
AI. Melchers n'est pas le seul Américain qui ait pris ses
modèles dans les Pays-Bas; nous avons aussi AI. Alac Ewen,
qui fait corner assez agréablement une LUVofn? & fgt'g-
??%7?L$à des femmes hollandaises ; AL Kavanagh, qui expose
une femme de Scheveningue, et il n'est guère possible que
AI. Hitchcock ait vu les champs de tulipes qu'il a peints^
ailleurs que dans les environs d'Utrecht ou de Amena.
AI. Henry Alossler, lui, n'est pas un hollandais, c'est un
breton, et bien plus breton que AL Melchers, — quia fait une
excursion jusqu'à Stockholm pour son PrecAg, — n'est hol-
landais; ses six tableaux nous présentent des Bretons bre-
tonnants avec leurs costumes si pittoresques, mais il y en a
trois qui ne sont pas d'une gaieté folle; il suffit de nommer
les DgnMgfg les Dgr/Mgr-s SacnwagMôs, pour qu'on
sache tout de suite à quoi s'en tenir.
Le PrfoMf est encore moins folâtre, car le personnage
auquel le mot s'applique est une sorte de mauvais fils dans
le genre de celui de Gi euze, qui rentre au bercail le jour
même où son père, qui vient de rendre le dernier soupir,
est veillé par le prêtre.
Ils ne sont, du reste, pas rares, les tableaux mortuaires,
dans les salles des États-Unis ; on y voit la Ug7^gg rmjjfés
nmrf de AL Lee Lash, l'Ætw?^we de AL Samuel Ri-
chards, qui est une sœur, au lit de mort d'un vieillard.
Comme compensation, il y a dans les trois autres tableaux
de AL Alossler une Lgpott. & ûbhoM et, chose plus bruyante
encore, la FcTg & Û7
Ce ne sont pas précisément des Bretons que peint
M'*° Elisabeth Gardner, mais ce sont des paysans, ou, pour
mieux dire, des paysannes, car elle prend généralement des
modèles du sexe auquel elle appartient elle-même. La
LWc , qu'elle expose, ne manque point de charme,
elle a même de l'élégance, un peu rustique il est vrai, mais
assez pour faire voir que son père est un fermier à Taise,
puisqu'il a pu l'envoyer en pension.
Si AL Charles Sprague Pearce n'avait pas exposé le très
joli portrait d'une dame, embarrassée d'un chien et d'un
éventail, on pourrait le croire aussi peintre de paysannes,
car sa Pergène n'est, tout naturellement, pas autre chose,
puisqu'elle n'est pas du temps où les princesses gardaient
elles-mêmes leurs troupeaux; mais dans saA/g7%HC0pg, il y
a des visées plus hautes. Ce n'est plus là de la peinture de
mœurs, c'est de la philosophie, presque de l'allégorie.
AL Stewarts, dontnous avons déjà remarqué les portraits,
est aussi peintre de mœurs et aussi paysagiste, puisqu'il
expose la Z?<??vye & et une C'W'g.
Alais il peint les mœurs de la high life. Ses deux tableaux
intitulés SoMpgf & cMs'ga et PaV & et où tous les
hommes sont en habit rouge et les dames décolletées, sont
très amusants et gais de couleur, mais ils se ressemblent
un peu trop.
Je sais bien que ce sont des pendants, mais ce n'est pas
une raison, je crois même que ce sont plus que des pen-
dants, et la preuve que je ne suis pas seul de mon avis,
c'est qu'on ne les a pas placés à côté l'un de l'autre, et ils
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Je ne veux pas dire par là que M. Vail n'ait pas vérita-
blement vu la Tamise, mais seuiement qu'il n'a pas pris ses
modèles outre-Manche.
La Tamise, du reste, a beaucoup inspiré les artistes
américains. Nous avons déjà vu que M. Dana l'avait prise
pour décorde deux, peut-être même de trois de ses tabieaux :
voilà maintenant AL Lionel Walden,— un élève de Garolus
Duran qui ne peint pas le portrait, — qui expose deux vues
du grand tleuve navigable, qui fait de Londres un port de
mer : 3Mf Ù7 IGmU-s'C et le lApr^?' h? S'âv/â ^g.s'gg/7-
Mais là encore nous avons affaire à un peintre qui aime
mieux peindre les bateaux que la mer.
Si vous voulez voir des mariniers dans l'acception la
plus étroite du mot, regardez la Pln/Me de AL Ilarrison, il
n'y a là que de l'eau et du ciel; regardezlaV%?Tde AL Sim-
mons, mer grise d'un effet superbe et probablement très
exact; regardez aussi Tunique tableau de AI. James Craig
Nicoll, représentant le soleil sur la mer, et puis voyez l'ex-
position de AI. Charles Stanley Reinhart, il y a là deux
tableaux en ce genre, la et la Afnrg'g wonRmfe, qui vous ]
satisferont, bien que ce ne soient pas les plus suggestifs
des six qu'il a envoyés.
AI. Reinhart est surtout un peintre de mœurs. Ce sont
des mœurs maritimes, il est vrai, mais la mer n'est guère
là qu'un accessoire. Dans l'AUg/^e elle a tout
le fond du tableau; les premiers plans étant occupés par
les femmes de pêcheurs de la côte normande, qui groupées
autour d un calvaire, attendent le retour de leurs maris et
interrogent anxieusement l'horizon, pour reconnaître leurs
barques.
C'est dans le genre de notre regretté Ulysse Butin, et
AL Reinhart serait son élève que cela ne m'étonnerait pas
du tout.
Dansl'Æp%vg, la mer n'a qu'un coin du tableau, mais la
scène est plus dramatique, le tableau est plus saisissant,
cependant si j'avais à choisir, je ne sais pas si je ne pren-
drais pas l'autre.
Ce sont d'ailleurs les peintres de mœurs qui sont en ma-
jorité dans la section des Etats-Unis. Commençons donc
par Al. Alelchers, puisqu'il a obtenu une médaille d'hon-
neur.
Avec cet artiste, qui est élève de Gustave Boulanger et
de Jules Lefèbre, c'est avec les mœurs hollandaises que
nous faisons connaissance.
Voici la qui n'a pas précisément l'aspect
d'un tableau religieux, sauf pour les protestants qui sont
habitués à voir leurs prêtres officier en redingote, et com-
munient sous les deux espèces, absolument comme s'ils
cassaient une croûte. J'en dirai autant du Pr&Ag, mais
c'est plus naturel puisqu'on ne voit que les fidèles qui
écoutent un sermon, mais au moins ils écoutent bien.
Lespf/of&s sont assis dans leur poste, c'est ce qu'on appe-
lait autrefois un tableau de comwvyayfo??,; il est bien vrai
que les marins de M. Alelchers ne se disent rien; je ne sais
si c'est parce qu'ils sont mal placés, — trop bas pour un
tableau aussi grand, — mais ils ne me disent rien du tout
non plus; je les trouve trop posés comme des bonshommes
qui se font Tfrer en portrait, et habillés trop uniformément
avec des étoffes de couleurs assez éteintes, c'est vrai, mais
où le bleu, le vert et le violet ne s'harmonisent pas préci-
sément, bien qu'ils composent à peu près toute la palette
du peintre.
Les pilotes de notre pays ne sont point vêtus de la sorte,
mais c'est peut-être comme cela en Hollande.
AI. Melchers n'est pas le seul Américain qui ait pris ses
modèles dans les Pays-Bas; nous avons aussi AI. Alac Ewen,
qui fait corner assez agréablement une LUVofn? & fgt'g-
??%7?L$à des femmes hollandaises ; AL Kavanagh, qui expose
une femme de Scheveningue, et il n'est guère possible que
AI. Hitchcock ait vu les champs de tulipes qu'il a peints^
ailleurs que dans les environs d'Utrecht ou de Amena.
AI. Henry Alossler, lui, n'est pas un hollandais, c'est un
breton, et bien plus breton que AL Melchers, — quia fait une
excursion jusqu'à Stockholm pour son PrecAg, — n'est hol-
landais; ses six tableaux nous présentent des Bretons bre-
tonnants avec leurs costumes si pittoresques, mais il y en a
trois qui ne sont pas d'une gaieté folle; il suffit de nommer
les DgnMgfg les Dgr/Mgr-s SacnwagMôs, pour qu'on
sache tout de suite à quoi s'en tenir.
Le PrfoMf est encore moins folâtre, car le personnage
auquel le mot s'applique est une sorte de mauvais fils dans
le genre de celui de Gi euze, qui rentre au bercail le jour
même où son père, qui vient de rendre le dernier soupir,
est veillé par le prêtre.
Ils ne sont, du reste, pas rares, les tableaux mortuaires,
dans les salles des États-Unis ; on y voit la Ug7^gg rmjjfés
nmrf de AL Lee Lash, l'Ætw?^we de AL Samuel Ri-
chards, qui est une sœur, au lit de mort d'un vieillard.
Comme compensation, il y a dans les trois autres tableaux
de AL Alossler une Lgpott. & ûbhoM et, chose plus bruyante
encore, la FcTg & Û7
Ce ne sont pas précisément des Bretons que peint
M'*° Elisabeth Gardner, mais ce sont des paysans, ou, pour
mieux dire, des paysannes, car elle prend généralement des
modèles du sexe auquel elle appartient elle-même. La
LWc , qu'elle expose, ne manque point de charme,
elle a même de l'élégance, un peu rustique il est vrai, mais
assez pour faire voir que son père est un fermier à Taise,
puisqu'il a pu l'envoyer en pension.
Si AL Charles Sprague Pearce n'avait pas exposé le très
joli portrait d'une dame, embarrassée d'un chien et d'un
éventail, on pourrait le croire aussi peintre de paysannes,
car sa Pergène n'est, tout naturellement, pas autre chose,
puisqu'elle n'est pas du temps où les princesses gardaient
elles-mêmes leurs troupeaux; mais dans saA/g7%HC0pg, il y
a des visées plus hautes. Ce n'est plus là de la peinture de
mœurs, c'est de la philosophie, presque de l'allégorie.
AL Stewarts, dontnous avons déjà remarqué les portraits,
est aussi peintre de mœurs et aussi paysagiste, puisqu'il
expose la Z?<??vye & et une C'W'g.
Alais il peint les mœurs de la high life. Ses deux tableaux
intitulés SoMpgf & cMs'ga et PaV & et où tous les
hommes sont en habit rouge et les dames décolletées, sont
très amusants et gais de couleur, mais ils se ressemblent
un peu trop.
Je sais bien que ce sont des pendants, mais ce n'est pas
une raison, je crois même que ce sont plus que des pen-
dants, et la preuve que je ne suis pas seul de mon avis,
c'est qu'on ne les a pas placés à côté l'un de l'autre, et ils