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AU LECTEUR

Aussitôt que, d’un déplacement acci-
dentel du trantran ordinaire de la vie ac-
tive, surgit ou paraît surgir un intérêt
nouveau, un journal se crée, avec l’ambi-
tion d’être l’organe de cet intérêt ou d’en
avoir l’air, et de tirer tout le profit possi-
ble d’une pareille situation. C’est fatal.

Il n’y a aucun mal à cela, en vérité :
tout intérêt, légitime ou non, réclamant
une publicité spéciale qu’il appartient aux
spécialistes de cette catégorie de lui offrir,
et ces spécialistes ayant le droit absolu,
incontestable, de lutter entre eux à qui
remportera la timbale.

C’est ainsi que toutes les Expositions
universelles ont donné naissance à des
publications plus ou moins nombreuses,
qui n’avaient pas d’autres raisons d’être.
Car en pareil cas l’intérêt est immense,
international, universel ! — et le besoin
de publicité aussi. Si, au début, l’offre et
la demande ont quelque peine à trouver
leur équilibre, si des querelles d'Alle-
mands s’élèvent d’abord entre organes,
les choses ne tardent guère à se régulariser
et tout va bientôt le mieux du monde, à
la satisfaction des deux parties.

A Dieu ne plaise que, dans l’occasion
actuelle, nous venions troubler cet accord!

Notre objectif, à nous, c’est l’Exposition
elle-même, et dans ce cas nous arrivons à
temps, c’est-à-dire au terme de cette pé-
riode de gestation si laborieuse, si sou-
vent menacée de complications mortelles,
heureusement écartées en fin de compte,
dont l’histoire, qu’on a mis ailleurs dix-
huit mois ou deux ans à conter, nous
prendra quelques colonnes à peine.

Nous venons, un moment seulement
« devant que les chandelles soient allu-
mées », pour suivre, avec un intérêt en-
tier, profond, naïf, les péripéties de cette
grande fête de la fraternité des peuples,
^ chacun apporte le produit de son tra-
vail et de son génie, non pas seulement
avec une pensée de lutte et l’ambition du
triomphe, mais dans un but de compa-
raison et d’échange d’idées.

Dans un banquet donné à Mansion-
Ilouse, en mai 1850, aux premiers sous-
cripteurs de la première Exposition in-
ternationale, le feu prince Albert caracté-
risait par quelques mots qui nous ont
frappé le rôle de l’Exposition internatio-
nale de 1851. Cette exposition, suivant le
prince consort, devait présenter comme
un tableau vivant des progrès accomplis
par l'humanité tout entière dans les scien-
ces, l’industrie et les arts, et fixer un
point de départ nouveau aux efforts de
chacun dans cette voie de progrès main-

L’EXPOSITION DE PARIS

tenant si féconde, jadis presque stérile et
d’une pratique pénible, dangereuse même.

C’est bien là aussi ce que nous voyons
dans chaque Exposition nouvelle, dont
l’importance et l’intérêt vont croissant avec
une constance, une régularité pour ainsi
dire mathématiques. Et c’est à ce specta-
cle magnifique que nous voulons assister,
exempt de préoccupations mesquines, et
faire assister le lecteur, présent ou absent.
Quand il nous arrivera d’insister pour atti-
rer son attention sur un objet remarqua-
ble entre tous, sur une œuvre d’art mar-
quée au coin du génie, ou de nous com-
plaire dans la description d’une machine
ingénieuse, inventée ou heureusement
perfectionnée, il peut croire, en toute sé-
curité, que c’est pour son propre bénéfice.

C’est donc de lui, après tout, c’est-à-
dire du public, que Y Exposition de Paris
seral’organe, car, de même qu’elle insistera
sur les progrès réalisés et proclamera bien
haut le nom des auteurs, elle ne se fera pas
faute de signaler ses besoins, ses desi-
derata non satisfaits ; et s’il est possible
d’espérer qu’il en soit tenu compte, ce
doit être dans une occasion solennelle
comme celle-ci, ou jamais. *

Et maintenant que notre but est connu
et apprécié, nous l’espérons, nous pou-
vons entrer en matière sans plus de
préambule.

Adolphe Bitard.

L’EXPOSITION UNIVERSELLE

DE 1878

I

Sur le rapport de M. Teisserenc de Bort,
ministre de l’agriculture et du commerce,
M. le maréchal président delà République
décrétait, à la date du 4 avril 1876, qu’une
Exposition universelle des produits agri-
coles et industriels, à laquelle toutes les
nations étaient conviées, s’ouvrirait à Pa-
ris le 1er mai 1878, pour être close le
31 octobre suivant. *

A peine ce décret était-il promulgué, à
peine la Commission supérieure des Ex~
positions internationales était-elle saisie de
la question, que projets et combinaisons
commençaient à pleuvoir.

Il s’agissait avant tout de fixer l’em-
placement sur lequel les constructions de-
vraient s’élever. Deux projets indiquaient
le bois de Boulogne : l’un y installait l’Ex-
position sur la partie découverte qui s’é-
tend de la porte Dauphine au boulevard
d’Auteuil, l’autre choisissait l’hippodrome
de Longchamp. Deux autres projets se
prononçaient en faveur de Saint-Cloud :
l’un pour le plateau de la Lanterne de
Démosthène, l’autre pour le terrain qui

sépare la commune de Saint-Cloud du
mont Valérien. Tel projet proposait le bois
de Vincennes, tel autre les buttes'Chau-
mont. Un autre enfin établissait l’Exposi-
tion en plein Paris, depuis la cour du
Carrouseljusqu’à l’esplanade de Invalides,
en passant par les Champs-Elysées. Dans
ce projet, dont l’auteur est M. Bionne, la
cour des Tuileries, la place de la Con-
corde, l’avenue des Champs-Elysées jus-
qu’au rond-point étaient couvertes, ainsi
que le pont des Invalides; des ponts sus-
pendus reliaient les parties couvertes, par
exemple de la cour des Tuileries à la place
de la Concorde, par-dessus le jardin pro-
fondément modifié et embelli.

La Commission supérieure, sur le rap-
port de sa sous-commission (M. Viollet-
le-Duc, rapporteur), rejeta tous ces pro-
jets et décida que les constructions de
l’Exposition universelle s’élèveraient sur
le terrain du Champ-de-Mars, comme en
1867, mais que ses annexes seraient éta-
blies sur les hauteurs du Trocadéro au
lieu d’être transportées à Billancourt.
C’est donc sur ces bases que les archi-
tectes furent invités à proposer des projets
pour les constructions nécessaires. Des
prix étaient offerts, non-seulement au
projet qui aurait été choisi, mais encore
aux mieux conçus, à l’appréciation de la
Commission, parmi ceux qui ne pourraient
pas être acceptés.

Quatre-vingt-quatorze projets furent
présentés. Us restèrent exposés à l’École
des beaux-arts du 18 au 22 mai; aucun
ne réunit les suffrages ni pour le pre-
mier ni pour le second prix; aucun par
conséquent ne fut choisi pour être exécuté
dans toutes ses dispositions; mais douze
furent distingués, dont les six premiers
obtinrent une prime de 3,000 francs et
les six autres une de 1,000 francs.

Chacun de ces douze projets avait sé-
duit en quelqu’une de ses parties, plus
ou moins considérable, les membres de
la Commission, et il avait été décidé qu’on
emprunterait à chacun, dans cette mesure,
pour constituer le plan définitif.

C’est à cette combinaison, assurément
nouvelle, que nous devons l’ensemble
magnifique des constructions de l’Exposi-
tion universelle de 1878 : le splendide
palais du Trocadéro avec ses galeries en
fer à cheval, sa cascade, son parc, ses
annexes, relié à l’immense palais indus-
triel du Champ-de-Mars par le pont d’Iéna
élargi et couvert.

Nous donnons aujourd’hui, avec le plan
des sections du palais du Champ-de-Mars,
une vue générale à vol. d’oiseau des con-
structions de l’Exposition sur les deux ri-
ves. D’un dessin très-correct et très-soigné,
cette vue donne une idée tout à fait exacte
de l’ensemble.
 
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