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L’EXPOSITION 13E PARIS

3

II

La Commission supérieure accomplit le
travail préparatoire que nous venons d’in-
diquer avec une activité dont il faut la
louer sans réserve. Le projet fut alors
soumis aux Chambres par les ministres
de l’agriculture et du commerce, et des
finances, MM. Teisserenc de Bort et Léon
Say; et la loi du 29 juillet 1876, portant
ouverture de compte parmi les services
spéciaux du Trésor, pour les dépenses de
l’Exposition, fut votée sans opposition dans
Lune comme dans l’autre. — Un décret
du 18 octobre suivant fixait le montant des
crédits, d’après l’évaluation des devis, à la
somme de 35,313,000 fr.

M. J.-B. Krantz, sénateur, qui avait été
rapporteur de la commission chargée de
l’examen de cette loi au Sénat, fut nommé
commissaire général de l’Exposition
universelle de 1878, par décret du
5 août 1876. Il était impossible de faire
un meilleur choix, non-seulement à cause
du caractère élevé de l’homme, mais parce
que M. Krantz, on se le rappelle, avait
été chargé, en 1867, de la construction
du palais du Champ-de-Mars et qu’il devait,
en conséquence, en connaître les côtés
faibles et pouvoir y remédier avec un
succès que personne mieux que lui n’était
en état d’atteindre.

A l’époque où M. Krantz accepta cette
mission difficile, il ne faut pas perdre de
vue que le système de construction aussi
bien que l’emplacement avaient été déter-
minés par la Commission supérieure des
Expositions internationales; le gouverne-
ment avait même adressé déjà des invita-
tions aux puissances étrangères, qui toutes,
l’Allemagne seule exceptée, avaient ré-
pondu par une adhésion. Mais c’était bien
peu, comparé à ce qui restait à faire.
M. Krantz mit sans marchander toute son
énergie au service de l’œuvre entreprise,
et aucune autre de cette importance, o>n
peut l’affirmer hardiment, ne fut conduite
avec plus de sûreté de tact et d’active per-
sévérance, au milieu des obstacles de toute
nature, suscités par l’intrigue ou l’ostensi-
ble malveillance des partis et des agita-
tions politiques, avec un délai si court,
d’autre part, pour arriver au but.

Nous ne voulons pas nous appesantir
sur ce sujet pénible, mais tout le monde
sait aujourd’hui, car la lumière a pu se
faire pour tous, que, à mesure que la
période du 16 mai au 14 décembre 1877
approchait de son terme, le décourage-
ment s’emparait de plus en plus des expo-
sants étrangers Des interpellations furent
faites, dans divers Parlements, sur la ques-
tion de savoir s’il convenait de poursui-
vre les préparatifs commencés en vue de
l’Exposition universelle de 1878 et d’aug-

menter par là la somme des frais déjà faits,
en pure perte probablement. De son côté,
M. Krantz recevait des lettres auxquelles
il était obligé de répondre, quoique sa
propre confiance ne fût pas restée, peut-
être, à l’abri de toute atteinte, pour con-
firmer que l’ouverture de l’Exposition se
ferait ponctuellement à la date indiquée.

On sait d’ailleurs que M. le président
de la République fut amené à prendre
solennellement la parole, en diverses cir-
constances où l’inquiétude générale affec-
tait le caractère aigu, pour calmer cette
inquiétude autant que possible. Une pre-
mière fois, dans la période à laquelle nous
avons fait allusion, c’était le 25 mai 1877,
le maréchal de Mac-Mahon se décidait à
visiter les travaux de l’Exposition. Cette
visite avait été annoncée au commissaire
général par le successeur deM. Teisserenc
de Bort au ministère de l’agriculture, M. le
comte de Meaux, dans une lettre où M. de
Meaux jugeait que le moment était venu
de « rassurer les grands intérêts du tra-
vail et de la paix contre les intrigues de
ceux qui s’efforcent de compromettre l’œu-
vre de l’Exposition universelle au profit
de leurs passions politiques ».

En vérité, il n’y a rien à ajouter à cela ;
et nous croyons avoir, en terminant par
cet extrait officiel, comblé la mesure des
tracas dont M. Krantz s’est laissé assaillir
sans broncher. Au lendemain du 15 mai,
le bruit de la démission du commissaire
général avait couru, mais il prit soin de le
démentir lui-même : il eût fallu attenter
directement à l’indépendance nécessaire
de sa position’officielle pour qu’il se reti-
rât. Or, si on avait pu remplacer le minis-
tre de l’instruction publique de manière
à faire soupçonner une intention ironique,
sans danger immédiat, il en aurait été
autrement du remplacement de M. Krantz
par un personnage honnête et craignant
Dieu, mais rien de plus. On se garda donc
bien de le menacer dans sa position,
même de la façon la plus indirecte.

III

Nous avons vu que, d’après l’évalua-
tion des devis, les dépenses totales de
l’Exposition devaient s’élever à la somme
approximative de 35,313,000 francs,
admise par décret du 18 octobre 1876
comme montant des crédits ouverts. Dans
le rapport de M. le commissaire général
sur la situation des travaux au lor novem-
bre 1877, cette somme est notablemement
dépassée, toujours en prévision. Mais il
s’est passé bien des choses dans l’inter-
valle.

Non-seulement les recettes .prévues
qui justifient la plupart des augmenta-
tions de dépenses dont le total s’élève à

9,482,000 francs couvriront ces dépen-
ses, mais, par suite d’une convention in-
tervenue entre l’État et la Ville de Paris,
en date du 14 avril 1877, le palais des
Fêtes du Trocadéro devient, de construc-
tion spéciale et éphémère, un édifice défi-
nitif. De sorte que, au lieu d’être con-
struit à la diable comme une baraque
foraine, il fallut songer à lui donner l’élé-
gance et la solidité qui lui eussent un peu
fait défaut sans cela.

Donc le palais des Fêtes nous reste. Il
se compose d’un immense massif circu-
laire, d’architecture orientale, contenant
une vaste salle de concert, où aura lieu la
solennité de la distribution des récompen-
ses. Cette salle est entourée de deux éta-
ges de galeries ouvertes. Deux galeries de
400 mètres de développement s’étendent
en hémicycle dans la direction du Champ-
de-Mars, se terminant par deux pavillons
où viennent aboutir les escaliers monu-
mentaux conduisant des avenues d’Iéna et
Delessert.

Dans l’hémicycle formé par ces gale-
ries, un parc magnifique a été planté,
avec pièces d’eau et la grande cascade, au
milieu, roulant ses eaux sur l’emplace-
ment de l’ancien escalier qui conduisait
naguère au sommet de la butte.

Le palais lui-même mesure 66 mètres
d’élévation. Il est flanqué de quatre
tours hautes de 83 mètres.

On sait que les architectes sont MM. Da-
vioud et Bourdais.

Nous ne pouvons donner ici rien de
plus que ces indications sommaires, sur
lesquelles il nous faudra revenir en
détail, de même que pour le palais du
Champ-de-Mars, dontle pont d’Iéna réunit
les annexes au bassin inférieur de la grande
cascade du Trocadéro.

Pour la construction du palais du
Champ-de-Mars, on a abandonné la
forme elliptique, adoptée en 1867, pour
la forme rectangulaire. Les autres modi-
fications sont peu importantes, si ce n’est
quant à l’étendue qui est notablement
plus considérable. Ainsi l’emplacement
total concédé aux exposants dans le palais
de 1867 était de 153,000 mètres; il est
de 240,000 mètres en 1878.

Le palais, au total, mesure 650 mètres
de longueur sur 350 mètres de largeur. On
arrive à la façade principale par un per-
ron de vingt marches, flanqué de massifs
étagés, conduisant à une terrasse de
17 mètres de profondeur sur 210 mètres
de développement. Le perron ne mesure
pas moins de 75 mètres de largeur. Vingt-
sept portes donnent accès de la terrasse
dans le grand vestibule qui s’étend sur
toute la largeur de l’édifice, et sur lequel
ouvrent toutes les galeries de l’Exposi-
tion.
 
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