DE
L’ART GREC
I
A condition qu’on les respecte, qu’on ne les relève pas, qu’on
laisse, apres leur avoir demandé leur secret, la cendre des siècles,
les os des morts, les débris amoncelés des végétations et des
races, la robe éternelle du feuillage les couvrir de nouveau, la des-
tinée des ruines est émouvante. C’est par elles que nous touchons
aux profondeurs de notre histoire comme nous nous rattachons aux
racines de notre vie par les deuils et les souffrances qui nous ont
formés. Une ruine n’est douloureuse à voir que pour l’homme inca-
pable de participer par son action à la conquête du présent.
Il n’est pas de volupté plus virile que de demander à nos douleurs
anciennes comment elles ont pu déterminer nos actions présentes.
Il n’est pas de volupté plus virile que de demander aux empreintes
de ceux qui nous ont préparé nos demeures actuelles de nous révéler
par ce qu’ils ont été le pourquoi de ce que nous sommes. Une statue
qui sort de terre, toute humide, un bijou oxydé, un morceau de poterie
portant la trace d’une peinture sont des témoignages qui nous ren-
seignent beaucoup plus sur nous-mêmes que sur les hommes dis-
parus qui ont porté ces témoignages. L’art vit dans le futur. Il est le
— 79 —
L’ART GREC
I
A condition qu’on les respecte, qu’on ne les relève pas, qu’on
laisse, apres leur avoir demandé leur secret, la cendre des siècles,
les os des morts, les débris amoncelés des végétations et des
races, la robe éternelle du feuillage les couvrir de nouveau, la des-
tinée des ruines est émouvante. C’est par elles que nous touchons
aux profondeurs de notre histoire comme nous nous rattachons aux
racines de notre vie par les deuils et les souffrances qui nous ont
formés. Une ruine n’est douloureuse à voir que pour l’homme inca-
pable de participer par son action à la conquête du présent.
Il n’est pas de volupté plus virile que de demander à nos douleurs
anciennes comment elles ont pu déterminer nos actions présentes.
Il n’est pas de volupté plus virile que de demander aux empreintes
de ceux qui nous ont préparé nos demeures actuelles de nous révéler
par ce qu’ils ont été le pourquoi de ce que nous sommes. Une statue
qui sort de terre, toute humide, un bijou oxydé, un morceau de poterie
portant la trace d’une peinture sont des témoignages qui nous ren-
seignent beaucoup plus sur nous-mêmes que sur les hommes dis-
parus qui ont porté ces témoignages. L’art vit dans le futur. Il est le
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