somnolente, comment expliquer le météore Goya, si l'énergie
qui la jette à la même époque sur Napoléon, n'est pas chose
latente en elle, prête à éclater dans ses actes au moment où
on se l'imagine agonisante, ou morte? Et comment définir
l'énergie orientale, en Chine, aux Indes, en Islam, alors
qu'elle choisit précisément l'instant où elle parvient à sa cime
pour proclamer dans son art même, qui en est le plus haut
symbole, l'inutilité de cette énergie et la vanité de cet art?
Mystère. Rien ne peut marquer d'avance l'heure où tel peuple
parviendra au moment le plus favorable de son évolution
historique pour s'emparer de son milieu géographique, ni
comment il s'en emparera.
VII
La confrontation des systèmes de Taine et de Gobineau
nous conduit cependant à une image rajeunie de l'aventure
esthétique de l'homme, pourvu que nous consentions à les
retoucher l'un et l'autre et à les lancer, tout vivants et mêlés
ensemble, dans la durée dont ni l'un ni l'autre ne tient un
compte suffisant. Gobineau a certes entrevu que le milieu
primitif avait pu modeler ses races, — la vie rude, le froid,
l'air des montagnes déterminant l'énergie de la blanche dans
la santé de l'entr'aide et de l'effort quotidiens, l'utilisation
obstinée de l'alluvion nourricière déterminant la somnolence
pratique et rechignée de la jaune, la chaleur, la lumière, la
fièvre, la forêt luxuriante où volent des oiseaux de feu déter-
minant la sensualité et le lyrisme de la noire. Mais comment
n'a-t-il pas compris que le mélange ethnique, dont il dénonce
les méfaits, imprime le départ à des formes libérées des dis-
ciplines morales jugées par lui nécessaires au développement
de l'homme abstrait qu'il imagine, grâce à un échange cons-
tant entre les variations de l'homme et les variations du
milieu? C'est pour les adapter au milieu nouveau où les
migrations, la guerre, l'esclavage transportent les races pri-
— 103 —
qui la jette à la même époque sur Napoléon, n'est pas chose
latente en elle, prête à éclater dans ses actes au moment où
on se l'imagine agonisante, ou morte? Et comment définir
l'énergie orientale, en Chine, aux Indes, en Islam, alors
qu'elle choisit précisément l'instant où elle parvient à sa cime
pour proclamer dans son art même, qui en est le plus haut
symbole, l'inutilité de cette énergie et la vanité de cet art?
Mystère. Rien ne peut marquer d'avance l'heure où tel peuple
parviendra au moment le plus favorable de son évolution
historique pour s'emparer de son milieu géographique, ni
comment il s'en emparera.
VII
La confrontation des systèmes de Taine et de Gobineau
nous conduit cependant à une image rajeunie de l'aventure
esthétique de l'homme, pourvu que nous consentions à les
retoucher l'un et l'autre et à les lancer, tout vivants et mêlés
ensemble, dans la durée dont ni l'un ni l'autre ne tient un
compte suffisant. Gobineau a certes entrevu que le milieu
primitif avait pu modeler ses races, — la vie rude, le froid,
l'air des montagnes déterminant l'énergie de la blanche dans
la santé de l'entr'aide et de l'effort quotidiens, l'utilisation
obstinée de l'alluvion nourricière déterminant la somnolence
pratique et rechignée de la jaune, la chaleur, la lumière, la
fièvre, la forêt luxuriante où volent des oiseaux de feu déter-
minant la sensualité et le lyrisme de la noire. Mais comment
n'a-t-il pas compris que le mélange ethnique, dont il dénonce
les méfaits, imprime le départ à des formes libérées des dis-
ciplines morales jugées par lui nécessaires au développement
de l'homme abstrait qu'il imagine, grâce à un échange cons-
tant entre les variations de l'homme et les variations du
milieu? C'est pour les adapter au milieu nouveau où les
migrations, la guerre, l'esclavage transportent les races pri-
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