mitives et pour que leur descendance y puisse vivre que le
mélange des sangs s'y opère presque automatiquement. Et
c'est du drame biologique même provoqué par ces mélanges
que naissent, non pas la civilisation, mais les civilisations. La
lutte intérieure entre l'intérêt pratique, la volonté et la sen-
sualité provoque, chez celui où elle se livre, et y fait parfois
aboutir le désir impérieux de réaliser leur accord. Les plus
hautes manifestations de l'intuition, de l'imagination, de
l'intelligence, de tous les moyens que l'esprit met en œuvre
pour embrasser un univers dont croît la complexité, ne sont
que les fruits de cet accord sans cesse brisé et reconquis.
Je ne songe pas à nier les désordres qu'un trop grand et trop
brusque afflux de sang noir peut provoquer dans l'équilibre
moral d'une espèce jaune ou blanche, mais il suffit que cette
espèce, après les premiers ébranlements, se stabilise en
quelque milieu favorable, pour qu'un grand essor spirituel y
naisse et y crée une forme de culture supérieure, et inconnue
jusque-là.
Le concept « civilisation » ne pourra donc nous aveugler
longtemps sur le fait esthétique qui donne leur accent formel
aux mélanges de races tels que nous les constatons. Les
images qu'ils nous laissent ne sont qu'une harmonie conquise
entre leur univers intérieur et l'univers extérieur qui a plus
ou moins changé. Il existe, où qu'on s'arrête, entre le milieu
et l'homme, une entente nécessaire qui les contraint à des
dominations et à des servitudes réciproques d'où son image
moyenne ne peut pas ne pas sortir. Ce qui la fait si tour-
mentée, précisément, c'est le souci de maintenir malgré tout
cette entente alors que les variations des mélanges ethniques
risquent de la brouiller ou de la briser à chaque instant. Si
la race apporte l'esprit, le milieu fournit l'image, et le drame
de l'art tourne autour du point d'équilibre où cet esprit et
cette image se voient contraints de s'accorder. Les nouveaux
arrivants, c'est entendu, apportent du fond de leur race des
paysages subconscients et des passions, des habitudes qui
vont à leur tour agir, par l'entremise des générations success
sives, sur la vision des autochtones, leurs habitudes, leurs
passions. Mais rien ne peut empêcher que les uns et les
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mélange des sangs s'y opère presque automatiquement. Et
c'est du drame biologique même provoqué par ces mélanges
que naissent, non pas la civilisation, mais les civilisations. La
lutte intérieure entre l'intérêt pratique, la volonté et la sen-
sualité provoque, chez celui où elle se livre, et y fait parfois
aboutir le désir impérieux de réaliser leur accord. Les plus
hautes manifestations de l'intuition, de l'imagination, de
l'intelligence, de tous les moyens que l'esprit met en œuvre
pour embrasser un univers dont croît la complexité, ne sont
que les fruits de cet accord sans cesse brisé et reconquis.
Je ne songe pas à nier les désordres qu'un trop grand et trop
brusque afflux de sang noir peut provoquer dans l'équilibre
moral d'une espèce jaune ou blanche, mais il suffit que cette
espèce, après les premiers ébranlements, se stabilise en
quelque milieu favorable, pour qu'un grand essor spirituel y
naisse et y crée une forme de culture supérieure, et inconnue
jusque-là.
Le concept « civilisation » ne pourra donc nous aveugler
longtemps sur le fait esthétique qui donne leur accent formel
aux mélanges de races tels que nous les constatons. Les
images qu'ils nous laissent ne sont qu'une harmonie conquise
entre leur univers intérieur et l'univers extérieur qui a plus
ou moins changé. Il existe, où qu'on s'arrête, entre le milieu
et l'homme, une entente nécessaire qui les contraint à des
dominations et à des servitudes réciproques d'où son image
moyenne ne peut pas ne pas sortir. Ce qui la fait si tour-
mentée, précisément, c'est le souci de maintenir malgré tout
cette entente alors que les variations des mélanges ethniques
risquent de la brouiller ou de la briser à chaque instant. Si
la race apporte l'esprit, le milieu fournit l'image, et le drame
de l'art tourne autour du point d'équilibre où cet esprit et
cette image se voient contraints de s'accorder. Les nouveaux
arrivants, c'est entendu, apportent du fond de leur race des
paysages subconscients et des passions, des habitudes qui
vont à leur tour agir, par l'entremise des générations success
sives, sur la vision des autochtones, leurs habitudes, leurs
passions. Mais rien ne peut empêcher que les uns et les
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