monument tout entier contenu dans une imagination décidée
à rattacher à son centre tous les points de l'univers.
V
La danse est un art négligé. Le cinématographe un art
naissant. L'un et l'autre sont méconnus. Il me semble pour-
tant que le cinéma et la danse pourraient nous livrer le secret
des rapports de tous les arts plastiques avec l'espace et les
figures géométriques qui nous en donnent à la fois la mesure
et le symbole. La danse, à toute époque, comme le cinéma
demain, est chargée de réunir la plastique à la musique, par
le miracle du rythme à la fois visible et audible, et de faire
entrer toutes vives dans la durée les trois dimensions de
l'espace. Le caractère vivant et passionné de la danse devrait
lui assurer une prééminence éternelle sur les arts qui se
développent parallèlement à elle et lui servent de cadre le
plus souvent. Mais comme ils ont pour eux la persistance
de la matière qui les exprime, ils se mêlent encore à nos vies,
ils ne s'effacent pas de nos mémoires, alors que le bruit et
le mouvement de la danse se perdent dans l'oubli avec l'exis-
tence même du danseur. Qui sait si le cinéma, en perpétuant
la danse sous les yeux des générations, et surtout en trou-
vant dans ses propres ressources le moyen de précipiter
dans la durée le drame mouvant de la forme, n'est pas des-
tiné à restituer leur d gnité aux plus complets des arts plas-
tiques qui incorporent à leur rythme tous les moyens expres-
sifs de la tragédie spirituelle que l'architecture, la sculpture,
la peinture et la musique se partageaient jusqu'ici?
Les enfants les plus jeunes dansent. Les animaux dansent.
Partie du besoin de rythme le plus élémentaire celui qui
pousse à frapper en cadence le sol alternativement de l'un
et l'autre pied, j'imagine que la danse a précédé la musique
même et l'architecture. La musique, sans doute, a été créée
pour accompagner la danse primitive que rythmaient tout
— 198 —
à rattacher à son centre tous les points de l'univers.
V
La danse est un art négligé. Le cinématographe un art
naissant. L'un et l'autre sont méconnus. Il me semble pour-
tant que le cinéma et la danse pourraient nous livrer le secret
des rapports de tous les arts plastiques avec l'espace et les
figures géométriques qui nous en donnent à la fois la mesure
et le symbole. La danse, à toute époque, comme le cinéma
demain, est chargée de réunir la plastique à la musique, par
le miracle du rythme à la fois visible et audible, et de faire
entrer toutes vives dans la durée les trois dimensions de
l'espace. Le caractère vivant et passionné de la danse devrait
lui assurer une prééminence éternelle sur les arts qui se
développent parallèlement à elle et lui servent de cadre le
plus souvent. Mais comme ils ont pour eux la persistance
de la matière qui les exprime, ils se mêlent encore à nos vies,
ils ne s'effacent pas de nos mémoires, alors que le bruit et
le mouvement de la danse se perdent dans l'oubli avec l'exis-
tence même du danseur. Qui sait si le cinéma, en perpétuant
la danse sous les yeux des générations, et surtout en trou-
vant dans ses propres ressources le moyen de précipiter
dans la durée le drame mouvant de la forme, n'est pas des-
tiné à restituer leur d gnité aux plus complets des arts plas-
tiques qui incorporent à leur rythme tous les moyens expres-
sifs de la tragédie spirituelle que l'architecture, la sculpture,
la peinture et la musique se partageaient jusqu'ici?
Les enfants les plus jeunes dansent. Les animaux dansent.
Partie du besoin de rythme le plus élémentaire celui qui
pousse à frapper en cadence le sol alternativement de l'un
et l'autre pied, j'imagine que la danse a précédé la musique
même et l'architecture. La musique, sans doute, a été créée
pour accompagner la danse primitive que rythmaient tout
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