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Faure, Élie
Histoire de l'art (5): L'esprit des formes — Paris: Éditions d'histoire et d'art, Librarie Plon, 1949

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https://doi.org/10.11588/diglit.71100#0215
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multitudes par les musiciens, et du poème biologique qui
continue à se développer de nos jours, marque probablement
le moment décisif où, la charpente ancienne étant décidé-
ment brisée par la chute des corporations, un noyau de force
apparaît, capable de ramener à son attraction centrale la
science et l'art écartés l'un de l'autre par la critique et la
méthode qui avaient charge de réunir des matériaux après
l'effondrement de l'édifice chrétien. Tout, à dater de ce jour,
se fait passage, devenir, harmonie en formation des forces
contradictoires. La forme, que les savants croyaient jusqu'ici
pouvoir délimiter et décrire pour toujours sous tous ses
aspects devient, comme le savaient, comme l'ont toujours su
les poètes, une expression momentanée et fugitive d'un mou-
vement interne, instable, et cependant continu. La biologie
et la mathématique se rencontrent dans ce concept où les
avaient précédés la danse, la peinture et la musique, et d'où
l'unité spirituelle, sans doute, est destinée à rejaillir.

III
Ainsi, l'homme n'a pas cessé, malgré l'apparition, après
Phidias, de la critique grecque ouvrant l'enquête nécessaire
au changement du rythme de sa marche, malgré la Renais-
sance poursuivant un but analogue, d'être environné d'un
univers confus où le divin commence aux limites de la con-
naissance. L'art, la science, la philosophie, la règle sociale,
tout est poésie à l'origine. Tout redevient poésie dès que
la connaissance, après avoir saturé les esprits, est de nou-
veau forcée de faire appel à l'intuition synthétique pour forcer
le cercle rigide que tout système crée fatalement quand il
épuise sa vertu. L'expérience, presque toujours, sinon tou-
jours, a confirmé les grandes synthèses lyriques dont elle n'a
pu que déchirer le voile tissé de symboles. Elle brûle le
charbon. Elle ne mord pas le diamant. Mais il est vrai qu'en
brûlant le charbon, elle laisse un résidu de cendres si riche

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