la mort. Mais ce bouclier étouffe aussi les restes de vie qu'il
couvre et risque de masquer les germes de vie nouvelle qui
apparaissent çà et là. La réforme anglo-saxonne et le classi-
cisme de France n'ont eu pour but que de substituer à un
organisme brisé par la Renaissance, pour arracher l'individu
aux ruines de cet organisme, une règle de vie et de pensée
destinée à donner pour quelques instants au monde l'illu-
sion que cet organisme n'avait pas cessé d'exister. Quand un
grand corps social ou religieux est en pleine puissance de
création et d'expansion, il n'a que faire de règlements pour
créer du « bien » et du « beau ». Il est un équilibre de forces
où les antagonismes entrent avec la même nécessité, la même
aisance, et aussi la même ivresse que, dans l'harmonie
de la danse, les bras, les jambes, le torse et la tête du
danseur.
Pour vivre, pour revivre, l'art, comme la conscience, con-
ditionne avant toute chose le devenir éternel. La morale,
comme l'esthétique, fait appel à la vérité éternelle. Là est le
mouvement, la découverte par le risque, ici la certitude fixe
dans le consentement à obéir. Ceux-là montent de nous.
Celle-ci descend des autres. Ceux-là seuls touchent réelle-
ment les hommes parce qu'ils vont de cœur à cœur. Celles des
œuvres « morales » qui parviennent à nous atteindre, les
Évangiles, par exemple, ou les Pensées de Pascal, passeraient
au-dessous de nous si une force artiste irrésistible ne les
animait. Mais sont-ce des œuvres « morales »? Je n'en crois
rien.
III
Il serait d'ailleurs imprudent de confondre « la morale »,
qui n'est que le transport sur le terrain social d'une méta-
physique sexuelle fondée sur le péché originel, avec les disci-
plines prohibitives généralement attachées à la religion,
dont nulle société n'a pu et ne pourra, on peut le craindre,
se passer dans l'avenir. Celles-ci, portant toutes sur des
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couvre et risque de masquer les germes de vie nouvelle qui
apparaissent çà et là. La réforme anglo-saxonne et le classi-
cisme de France n'ont eu pour but que de substituer à un
organisme brisé par la Renaissance, pour arracher l'individu
aux ruines de cet organisme, une règle de vie et de pensée
destinée à donner pour quelques instants au monde l'illu-
sion que cet organisme n'avait pas cessé d'exister. Quand un
grand corps social ou religieux est en pleine puissance de
création et d'expansion, il n'a que faire de règlements pour
créer du « bien » et du « beau ». Il est un équilibre de forces
où les antagonismes entrent avec la même nécessité, la même
aisance, et aussi la même ivresse que, dans l'harmonie
de la danse, les bras, les jambes, le torse et la tête du
danseur.
Pour vivre, pour revivre, l'art, comme la conscience, con-
ditionne avant toute chose le devenir éternel. La morale,
comme l'esthétique, fait appel à la vérité éternelle. Là est le
mouvement, la découverte par le risque, ici la certitude fixe
dans le consentement à obéir. Ceux-là montent de nous.
Celle-ci descend des autres. Ceux-là seuls touchent réelle-
ment les hommes parce qu'ils vont de cœur à cœur. Celles des
œuvres « morales » qui parviennent à nous atteindre, les
Évangiles, par exemple, ou les Pensées de Pascal, passeraient
au-dessous de nous si une force artiste irrésistible ne les
animait. Mais sont-ce des œuvres « morales »? Je n'en crois
rien.
III
Il serait d'ailleurs imprudent de confondre « la morale »,
qui n'est que le transport sur le terrain social d'une méta-
physique sexuelle fondée sur le péché originel, avec les disci-
plines prohibitives généralement attachées à la religion,
dont nulle société n'a pu et ne pourra, on peut le craindre,
se passer dans l'avenir. Celles-ci, portant toutes sur des
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