dans le jeu des formes, des lumières, des ombres et des mou-
vements un langage plus propre à suivre pas à pas les
méandres infinis des sentiments et des idées que font lever
en lui ses désirs et ses sensations. La démocratie ne contrarie
pas le développement de l'artiste, que la liberté sans cesse
aiguillonne, sollicite, inquiète, entraîne et lance sur des che-
mins inexplorés. Mais elle contrarie l'unité du style que l'éga-
lité, en détruisant de fond en comble le principe de hiérarchie
dans les fonctions et dans les aptitudes, ruine aussi dans le
monument. Peut-être trouverait-on dans l'art des Indes une
sorte d'oscillation tragique entre ces pôles opposés. Le régime
des castes y règne, rigide comme le fer : mais la liberté des
instincts laissés par lui aux multitudes qui emplissent ses
compartiments comme une eau bourbeuse et fermentante,
imprime à l'art entier une forme hybride où les procédés de
contrastes, d'éclairement, de passages et de valeurs propres
à la peinture forcent la pierre même, dans son cadre monu-
mental, à obéir aux moindres impulsions sensuelles de tous
les individus (i).
IV
Si l'ordre politique et moral peut être l'occasion de
l'œuvre d'art, il n'est jamais, en aucun cas, sa cause déter-
minante. Il est, comme elle, l'effet de forces antérieures qui
les baignent et les traversent l'une et l'autre pour leur sur-
vivre et s'incarner plus loin en des formes renouvelées.
L'idée de perfection à atteindre, qui a animé tout l'art grec
dans le plan physique (2) et dont s'est emparé le christia-
nisme pour la transposer dans le plan moral a sans doute,
sur l'orientation des foules et l'effort qu'elle exige d'elles,
une influence décisive. Mais, si elle a pu donner là à l'art
grec, ici à l'énergie puritaine un accent singulier, et conve-
(1) Fig. 51, 56, 77 et 78.
(2) Fig. 116.
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vements un langage plus propre à suivre pas à pas les
méandres infinis des sentiments et des idées que font lever
en lui ses désirs et ses sensations. La démocratie ne contrarie
pas le développement de l'artiste, que la liberté sans cesse
aiguillonne, sollicite, inquiète, entraîne et lance sur des che-
mins inexplorés. Mais elle contrarie l'unité du style que l'éga-
lité, en détruisant de fond en comble le principe de hiérarchie
dans les fonctions et dans les aptitudes, ruine aussi dans le
monument. Peut-être trouverait-on dans l'art des Indes une
sorte d'oscillation tragique entre ces pôles opposés. Le régime
des castes y règne, rigide comme le fer : mais la liberté des
instincts laissés par lui aux multitudes qui emplissent ses
compartiments comme une eau bourbeuse et fermentante,
imprime à l'art entier une forme hybride où les procédés de
contrastes, d'éclairement, de passages et de valeurs propres
à la peinture forcent la pierre même, dans son cadre monu-
mental, à obéir aux moindres impulsions sensuelles de tous
les individus (i).
IV
Si l'ordre politique et moral peut être l'occasion de
l'œuvre d'art, il n'est jamais, en aucun cas, sa cause déter-
minante. Il est, comme elle, l'effet de forces antérieures qui
les baignent et les traversent l'une et l'autre pour leur sur-
vivre et s'incarner plus loin en des formes renouvelées.
L'idée de perfection à atteindre, qui a animé tout l'art grec
dans le plan physique (2) et dont s'est emparé le christia-
nisme pour la transposer dans le plan moral a sans doute,
sur l'orientation des foules et l'effort qu'elle exige d'elles,
une influence décisive. Mais, si elle a pu donner là à l'art
grec, ici à l'énergie puritaine un accent singulier, et conve-
(1) Fig. 51, 56, 77 et 78.
(2) Fig. 116.
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