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on se tourne une seconde vers le palais des papes d'Avi-
gnon (i).

IV

Cependant, la profusion ornementale des architectures en
dégénérescence, profusion qui correspond, dans le tableau,
à sacrifier à des détails anecdotiques ou pittoresques inutiles
un ensemble que son peintre se montre, de ce fait, incapable
de concevoir, acquiert une saveur singulière chez le primitif
qui en use aussi — je veux parler surtout du primitif d'Alle-
magne ou de Flandre car l'Italien manifeste une admirable
intelligence plastique dès les débuts de la peinture. C'est que
cette profus on ne répond pas, chez le primitif d'Allemagne
ou de Flandre, au souci d'éblouir le spectateur par une fausse
science, une virtuosité servile, l'étalage d'une érudition aussi
désordonnée que creuse, mais à un scrupule cand de, celui
de ne rien oublier de ce qu'il sait et de ce qu'il sent. Ce qui
le sauve, c'est la fraîcheur de ce qu'il sent et la naïveté avec
laquelle il raconte ce qu'il sait. L'ensemble qui a, chez lui
comme chez le plus épanoui des maîtres, une existence spiri-
tuelle profonde, n'est pas mis un quement en valeur, comme
chez celui-ci, par des procédés plastiques, subordonnant
l'émotion éprouvée à la conscience de cette émotion et aux
moyens de l'exprimer fournis par l'intelligence. L'émotion
éprouvée, où le sentiment l'emporte, s'exprime précisément
par l'accumulation de tout ce qui peut aider à rendre la
ferveur de ce sentiment. Si le détail domine, ici, il ne nuit
jamais à l'ensemble, qui n'est lui-même qu'un amas de
détails ordonnés tant bien que mal autour d'une émotion
unique qui 'eur transfuse confusément sa puissance. Alors
que chez celui qui parvient aux cimes de la peinture l'équi-
libre est réal sé entre l'instinct et la raison, il est rompu chez
le décadent, qui ne s'en doute même pas et tâtonne en aveugle,
(i) Art Médiéval, p. 161. Fig. 94.

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