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Faure, Élie
Histoire de l'art (5): L'esprit des formes — Paris: Éditions d'histoire et d'art, Librarie Plon, 1949

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https://doi.org/10.11588/diglit.71100#0344
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tourbillons de sable les terrasses d'où ils observent, dans la
pureté de l'espace, le mouvement circulaire des cieux. Il est
normal que les Hellènes, assemblés pour les fêtes que recon-
naissent toutes les constitutions particulières de leurs cités,
surveillent avec passion le jeu des muscles sous la peau halée
des athlètes et l'harmonie des mouvements dans la course
ou le saut. On comprend sans peine pourquoi l'imagier du
xiiie siècle fait rentrer dans le cadre tantôt charmant, tantôt
farouche de la mythologie judéo-chrétienne imposée peu à
peu par les conciles et les évêques, les gestes des métiers de
France et la forme de ses fleurs. Pourquoi l'autocrate romain
fait daller les routes et élever les aqueducs qui amènent au
centre de son empire, de toutes ses provinces disparates, la
richesse et la vie. Pourquoi un château environné de jardins
symbohse tout un système politique de l'intelligence autour
de l'autocrate français. Et pourquoi les travaux de la maison
et les paysages où le ciel et l'eau se pénètrent résument, dans
la peinture, l'effort du bourgeois de Hollande à s'installer
confortablement sur le sol qu'il a conquis. Mais il est impos-
sible de prétendre que tel ou tel moyen de gouverner les
hommes doive imprimer tel ou tel accent à tel ou tel de leurs
moyens de s'exprimer. Sur ce terrain, l'enquête nous conduit
à des résultats très variables. Si variables, en vérité, qu'on
se demande si nos habitudes d'esprit nous permettent de
comprendre la formation spirituelle qu'ont infligée aux
hommes les modes de groupement et de gouvernement que
nous appelons autocratique, théocratique, aristocratique,
démocratique : ce ne sont que des étiquettes, sous lesquelles
nous plaçons des formes qui ne répondent vraisemblablement
qu'au sens actuel que nous prêtons à ces mots.
Quelques constatations pourtant s'imposent. La tyrannie
n'empêche pas fatalement l'éclosion du poème. La liberté
ne la favorise pas fatalement. Il plane bien plus haut sur
l'Angleterre ensanglantée par la hache d'Elisabeth que sur
l'Angleterre accablée de liberté et de richesses sous le trident
de Victoria, sur l'Espagne de Philippe II où l'Inquisition
brûle, tenaille et roue, que sur l'Espagne parlementaire où
le livre et la presse sont libres de construire et de critiquer,

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