2» Année. — N" 153.
PRIX : S CENTIMES
Charleville, le 3 Mars 1916.
Gazette des Ardennes
JOURNAL DES PAYS OCCUPÉS PARAISSANT TROIS FOIS PAR SEMAINE
On s'abonne dans tous les bureaux de poste
LA VOIX DU CANADA
* Si les Français de France l'ont oublié, si la France
officielle fait tout pour en détruire le soutenir mulrisé-
culaire, il y a tout de même encore au loin, par delà
l'Océan, flea fils de Français qui ne savent que trop
bien ce que cache le masque hypocrite d'Albion,
n protectrice du droit des nationalités », « ange gar-
dien » des faibles et des opprimés 1
Cette voix d'outre-mer, où nous sentons vibier
l'âme du vieux Canada, du Canada jadis français,
l'organe principal des Irlandais d'Amérique, « Irish
World n nous en apporte i echo. Ce journal icnd
compte d'une réunion publique qui a eu lieu à
Montréal et qui se termina pai une* imposante mani-
festation des Canadiens de race française contre la
participation à la guerre européenne. L'orateur princi-
pal, M. Henri Bouias»*, chef des nationalistes français
du Canada, a prononcé, h cette occasion, un discours
tcnsationncl, dans lequel il expliqua à t>ee auditeurs ac-
courus en masse Ici raisons pour lesquelles il jugeait
bon de met lu: le.- Canadiens en gurde contre le torrent
impérialiste artificiellement gonllé, qui menaçait de lus
entraîner dans le conllit mondial.
« Depuis le début de la guerre, dit en substance
M. Bourassa, nous posons sans cesse la question, pour-
quoi le Canada y participe. Le Ca; ada, I A.,-tniIie, la
Nouvelle Zélande y participent uniquement en leur
qualité de colonies anglaises, tt sans vouloir agrandir
leur territoire ou réaliser quclqu'autre profit. C'est la
première fois dans l'histoire de l'Empire britannique,
que des Etats autonomes se voient mêlés à une guerre
sans savoir pourquoi, uniquement parce qu'ils sont des
Etats -britanniques. 11 serait tempo qu'on nous dite
pourquoi. Ce n'est que parce que nous avons négligé
de poser cette question à temps qu'il a étc possible à
nos gouvernants de mettre le pays dans la position
funeste où il se trouve, »
A l'appui de cette opinion, M. Bourassa lui des
extraits de discourt, de lettres et de traités liisloi iquet,
empruntés aux plus grands hommes d'btat canadiens,
depuis Cartier jusqu'à Sir YYilfricd Laurier. 11 s'ap-
puya particulièrement sur un discours pcononcé il y a
quelques années par Laurier, dans lequel cet homme
d'Etat déclarait que ce aérait libéralement un crime., li
le Canada voulait .participer à une guerre étrangi-ie,
tant -que toutes les forces disponible» du pays étaient
encore nécessaires à l'organisation intérieure.
ii Aucun principe, déclara M. Bourassa, ne suurait
obliger le Canada à participer à nne guerre anglaise,
sinon la défense de son propre territoire. Jusqu'à la
campagne sud-africaine aucun Anglais n'avait eu d'ail-
leurs l'idée de considérer comme un devoir pour ies
Canadiens, de porter aide à la Grande Brcl.igne en
dehors du Canada même. » Et M. Bourassa prouve, les
lois existantes en main, que la milice du pays est ex-
clusivement réservée à la défense de son propre ter-
ritoire. >
« Il y a des gens, continua l'orateur, qui osent
reprocher aux Canadiens français leur refus de prendre
les armes et de verser leur sang pour l'Angleterre.
- Ce n'est pourtant pas notre affaire de cimenter avec
notre sang cet Empire que l'Angleterre se sent inca-
pable de maintenir sous son sceptre pur ses propres
moyens. Il fut un temps où l'Angleterre était encore
plus gravement menacée qu'aujourd'hui ; c'était lors
' de la grande insurrection des Indes. Mais en ce teinps-
là, ni le Canada ni l'Australie n'envoyèrent de troupes.
L'affirmation qu'il est de notre devoir d'agir autrement
dam la guerre présente, n!e*t qu'une phrase lancée par
les opportunistes des deux partis pu 1 ligues de notre,
pays et qui ne sert qu à leûii-er le [-tupie.
«Soyons persuadés que l'fciupire bntannique n'hé-
siterait pas a sacrifier pour les Indes tout s ses autres
colonies, y compris le Canada t
«'La raison, pour laquelle le Canada s'est vu
entravé lu «aï m» développement et ne uépaase pas le
chiffre de y ataettung d'habitants, c'est que depuis
iuu ans les Canadien! se sont laissés éblouir par l'éclat
de l'Empire britannique. Avant la Confédération, ies
hommes d'Etat britanniques ne tenaient pas grande-
ment a h-ur colonie canadienne. Mais après que la
Confédération eut été réalisée, ils se rendirent compte
qu'ils pourraient l'exploiter et commencèrent à l'aimer
de tout cceur I »
M. Bourassa démontre cependant, les preuves
historiques eu main, que néanmoins toutes les tenta-
tives des dirigeants anglais, d'entraîner le Canada dans
leurs guerres, échouèrent jusqu'ici giâce à la fermeté
des hommes d'Etat canadiens. Il rappelle que lors de
la campagne du Soudan, l'un des hommes tes plus
populaire* du Canada, Sir John Macdonald, a expres-
sément refusé d'envoyer des troupes en Afrique.
« Le « militarisme » britannique, souligna ensuite
M. Bourassa, ne se distingue en aucune façon du '« mi-
litai isine » d un autre Etat ; son but est la conquête
d'un territoire et d'un butin aussi vastes que possible,
la soumission de peuples, aussi nombreux que
possible, a la u race souveraine » I
«Mais les Anglais ont changé de lactique. Pour attein-
dre leur but, ils n'emploient pkis uniquement la for-
ce, iU ont recours à la flatterie et aux faveurs de tous
genres, dont ils comblent leurs ministres coloniaux. Un
pKtend qu'on n'use d'aucune violence pour forcer
noli. participation i ht guerre. C*st exact, mais il faut
ajouter qu'on abuse du servilisjiie de nos gouvernants,
&i l'Angleterre a besoin de soldais, tout Canadien o le
droit de s'enrôler, mais ce n'est pas l'affaire du gouver-
nement canadien d'équiper et de payer ces soldats.
«Nous devrions déclarer nettement aujourd'hui, com-
me l'a fait jadis Sir Wilfried Laurier, que la situation
de notre pays ne nous oblige nullement, voire môme
qu'elle ne nous permet pas d'envoyer de* troupes en An-
gleterre. - v
« A Londres, ils font grand bruit autour de l'exécu-
tion de Miss Cavell, mais ils oublient que cette «héroïne
anglaise » avait commis un crime qui méritait punition
en temps de guerre. Moi, jé songe aux pauvres inslifu-
trices des écoles d'Ottawa qu'on a brutalement chassées
de leur poste et qui n'avaient rien d'autre à se reprocher
que d'avoir voulu enseigner leur langue maternelle aux
petits Français du Canada.
« On nous cite un grand nombre de raisons, pour
lesquelles nous devrions prendre le» armes. On nous
dit avant tout qu'il nous faut courir u l'aide de la « civi-
lisation française ». C'est mon avis ; et là civilisation
française s'étend partout où l'on parle un mot de fran-
çais. Mais alors nous avons vraiment suffisamment à
faire et à sauver dans notre pays. Quand nous aurons
terminé notre tâche ici, nous pourron.s' songer à passer
la mer pour aller aider là-bas !
u Mais la civilisation française a-t-elle vraiment
besoin d'être sauvée par l'Angleterre ?
« Ceffe Angleterre, dont les armées ont tant de fois
saccagé la France, anéantissant plus de trésors et détrui-
sant plus d'églises que les Allemands ne pourraient en
détruire en dix ans !
u On nous parle oncore des droits des petits Etats.
Pensons à la Russie et pensons a l'Angleterre, qui ont
toutes deux accaparé et pillé tant qu'elles ont pu 1 »
Qu'ajouterions-nous à ce langage clair et viril P
BULLETINS OFFICIELS ALLEMANDS
Grand UuarLicr général, lu 29 luvrwr 1910.
Théâtre de la guerre à l'Ouest.
L'activité renforcée de L'artillerie continua sur beau-
coup de points.
A l'est de la Meuse nuus enlevâmes d'assaut un petit
ouvrage blindé, immédiatement au nord-ouest du vil-
lage de Douaumont. Dans cette région, de nouvelles
tentatives d'attaque ennemies fuient étouffées dans leur
développement.
Dans la Woe'vxe nos troupes franchirent Dieppe,
Abaucourt, Blanzéc. Elles nettoyèrent la vaste région
boisée au nord-'est de WatronvUle 'et de H&udiomont
et enlevèrent d'un élan courageux Manheullea *et
Champion.
Jusqu'il hier soir on s compté, en fuit de prisonniers
non blessés : 228 officiers, 16,575 hommes.
En outre, 78 canons, dont beaucoup de pièces
lourdes de dernier modèle, 86 mitrailleuses et un
nombreux matériel, qui ne peut encore être évalué,
ont été signalés comme butin.
• Près de la maison forestière de Thiaville (au nord-
est de ïladonviller un saillant de la position française
fut attaqué et enlevé. Un assez grand nombre de
prisonniers resta "entre nos mains.
Théâtre de la guerre à t'Est et théâtre de la guerre
aux Balkans.
Lu situation est sans changement.
Grand Quartier guneral, lu 1*' mars 1910
Théâtre de la -guerre à l'Ouest.
Hier encore l'activité de l'artillerie fut très vive dans
beaucoup de parties du front, surtout du côté ennemi.
Sur plusieurs points, il est vrai, ce ne fut, de la part de
l'adversaire, qu'une . tentative de nous tromper. Par
contre, l'ennemi sembla vouloir nous endommager
sérieusement dans la région de l'Yter, en Champagne,
ainsi qu'entre Meuse et Moselle. 11 n'a pas atteint
son but. • k '
Dans un combat aérien un biplan anglais fut
obligé d'atterrir près de Mcnin ; les occupants sont
prisonniers. Deux biplans français furent descendus
par l'artillerie anti-aérienne, l'un d'eux près de
Vozaponin, au nord-ouest de Soissons (les occupants
sont prisonniers), l'autre immédiatement au sud-ouest
de Soissons (les occupants sont probablement morts).
Un avion piloté par le lieutenant de réserve Kûhl,
qu'accompagnait comme observateur le lieutenant de
réserve Haber, arrêta ù coups de bombes un train de
transport militaire sur la ligue de Besançou-Jussey et
combjuttit à coups de mitruilleusc les hommes des-
cendus du train.
Thetiire de la guerre à t'Est et théâtre de la guerre
aux Balkans
Bien de particulièrement iinpoilant.
BULLETINS OFFICIELS FRANÇAIS
Fans, 24 février 191G, soir.
Noua avons exécuté une cunecntiation de feux sur les
orguinsutiuns ennemies a l'ouest de Mmsuns-de-Champogne
et uu sud de Saintc-Mane-à-Py. * -
En Aigunué, tus de destiuction sur les ouvrages alle-
mands a La Fille-Moi te.
bans la région au noid de Veidun, l'ennemi a continué
à bombarder avec lu même intensité notre dont depuis la
Meuse jusqu'au sud de Froinciey. L'activité de l'artillerie
s'est uu peu ralentie eutie Malancourt et la rivo gauche de
la Meuse. Aucune action d'infanterie ne s'est encore produite
dans cette région.
Entre la rive droite de la Meuse et Ornes, l'ennemi a tait
preuve du îuèuie acharnement que le Jour précédent «t a
multiplié ies attaques furieuses, laissant sur le terrain des
monceaux de cadavres, sans parvenir à rompre notre front.
Aux deux ailes, nuus avons reporté notre ligne, d'une
part en arrière de Samogneux, d'autre part au sud d'Ornes.
Noire artillerie a répondu sans relâche à l'artillerie
ennemie.
Ligne du front AVANT l'attaque
allemande : •jûWlFGIIi
Verdiin-Combres
En Lorraine, nous avons repoussé et poursuivi une recon-
naissance ennemie qui tentait de s'appiocher d'un de nos
petits pustes au nord de Suint-Martin.
Paru, 25 février 1910, 3 heures.
En Argonne, nous avons exécuté de nouveaux tirs sur
des ouvrages ennemis dans la région du bois de Cheppy
{est de Vauqueis).
Activité intermittente de l'artillerie entre Mslancourt et
la rive gauche de la Meuse.
La canonnade u continué avec moins de violence dans la
région au nord de Verdun, L'ennemi n'a dirigé aucune at-
toqoe sur nos positions au cours de la nuit. Nous sommes
établis sur une ligne de résistance organisée en arrière de
Beaumont, sur les hauteurs s'éten(lant a 1 est de Champneu-
villç* au sud d'Ornes.
'Nuit calme sur le reste du front
Paris, 25 février 191(1, soir.
En Champagne, (Tans la matinée, nous- avons attaqué et
enlevé un saillant ennemi au sud de Sainte-Mune-a-Py. Au
cours de cette action, nous avons fait trois cents prison-
nière, dont seize sous-olflciera et cinq officiers.
En Argonne, tirs de destruction efficaces sur les. organisa-
tions allemandes uu nord de La Harazée.
Dans la région au nord do Verdun, la neige est tombée
en abondance au cours de la journée.
L'activité des deux artilleries est toujuurs d'une exLréme
intensité sur tout l'ensemble du front et principalement à
l'est' de la Meuse, où le combat se poursuit avec le même
acharnement.
Plusieurs attaques ullemuiides à gros effectifs, menées
avec une violence moule, sur la côle du Poivre, sont restées
sous succès. Une autre attaque sur nus positions du bois
de la Vauche a été également arrêtée.
A l'ouest de la Meuse, aucune action d'infanterie.
Dans les Vosges, duel d uililleiie dans, la vallée de la
FecbC
, ' Paris, 2G février 1910, 3 heures.
La lutte est toujours ûpre dans la région au nord de
Verdun, ou l'ennemi continue à porter ses efforts sur le
front a, l'est de la Meuse.
U'apiès les derniers renseignements, nus troupes résistent
héroïquement sur les mêmes positions uux assauts répètes
ait sanglunts d'un ennemi qui ne compte plus ses sacrifices.
Dans lu région de Douaumont, les combats en, cours ont
jrevfitu un caïuctèie d'acharnement particulier.
' Sur le front de la Wuevre, les éléments avunces que nous
.lerauns comme ligne de surveillance d'Ornes a Eimcmont,
'depuis les combats de l'année dernière, ont été inppiochés du
pied des Coles-de-Meuse sur l'ordre du commandement et
sans attaques de l'adversaire.'
Notre artillerie do lu rive gauche et de la rive droite de
la Meuse répond sans relâche uirbouibaidement ennemi.
MM à signuler sur le reste du front.
FAITS DE GUERRE
■ LES COMBATS AU NORD DE VERDUN
ïl est futile de commenter, au jour le jour, les détails des
événements qui bc déroulent au noid et au nord-est de
Verdun. *
No connaissant pas les intentions du commandement qui
mène l'attaque, Ignorant le but qu'il s'est proposé d'uttein-
dre, mieux vaut s'enregistrer que les faits. Et comme les
communiqués do 1 elat-major ullcinund le font avec autant
de netteté que de sobriété, nous ne jugeons pas nécessaire
d'y ajouter des commentaires vagues et superflus.
En face d'une situation qui ne fait pas tout a fait vu af-
faire, Maurice Barrés lui-même se rallie ù cette méthode ex-
pectative, al il lui arrive, comme par hasard, d'écrire cea
ligues asset sensées (a i'cho de Pari» » du 37 février) :
« Celle bataille de Verdun peut se prolonger plus qu'au-
cune autre bataille, plus que Moukdcn par exemple. On ne
commente pas utilement les péripéties d'une telle lutte. Elle
a ses fluctuations j elle est pleine d'événements, de surprîtes
locales...
n Une bataille est toujours une aventure où il intervient
d'innombrables facteurs complexes. L'opinion doit attendre
la fin de celle-ci. »
Ce n'est pat, cependant, ce que fait la majeure partie de
- la preste parisienne. Elle témoigne d'une grande impatience
à savoir oc qui en est. La i< Lanterne 0 résume ainsi la pen-.
sée de totls :
« Pourquoi cette offensive inouïe, féroce, désespérée (?)
faite au cœur de l'hiver, contre une place forte dont la puis-
sance est justement réputée dans le monde entier ? Les Alle-
mands, qui connaissent à merveille l'art de la guerre, n'é-
taient pas sans prévoir la difficulté.... Alors quoi?....,
Les critiques militaires s'interrogent avec anxiété, n
Pourquoi ? Mais tout simplement parce qu'il y a la
guerre, et qu'en guerre l'attaque est le moyen normal d'al-
teindre l'objectif qu'on te propose, quel qu'il soit I
Cette explication très simple ne semble toutefois pas suf*
lire aux stratègea en chambre de la presse parisienne et des
radiogrammes officiel!. Ils s'en vont chercher «par derrière)).
Sans d'ailleurs .trouver autre Chose que let vieilles sornettes
dont leurt lecteurs devraient vraiment être repus : Lassitude
du peuple allemand, « famine a allemande, désespoir alle-
mand, chute du mark allemand, émeutes (!) a Berlin, etc..
La meilleure réponse qu'on puisse faire à cet sottises, c'est
de renvoyer not lecteurs au a Miroir rétrospectif de la presse
française o, dam lequel la « Gazette u reproduit au jour la
jour des extrait! choisis de la presse parisienne de l'on passé.
Ils verront qa'ators déjà l'Allemagne^était « i bout » et mou-,
rait de faim. Décidément, les journaliste! de Paris ont l'ima-
gination courte !
Leur but est clair cependant. Us suivent la consigne offi-
cielle qui consiste à exagérer l'effort allemand, pour en
amoindrir les résultats, tout en excusant le recul français.
1.' « énormité inouïe n de l'effort allemand et la prétendue
a gravité des pertes allemandes u_revicnnenl dans tous les
articles avec une régularité qui tent le mot d'ordre. Ce fut
toujours ainsi. Chaque foit que les Allemands remportèrent
un succès ou une victoire, la presse alliée n'a psi manqué
de parler d'm effort désespéré u et de « monceaux de,cadavres
allemands ». Il est vraiment inutile de revenir là-dessus I
• Mais il est intéressant de uoter un petit exemple qui prou-
ve combien la presse parisienne ignore la franchise. Un com-
muniqué allemand ayant opposé aux pertes françaises «extra*
ordinairement lourdes » les perles u supportables » des trou-
pes allemandes, la presse parisienne déclare que ce mot « en
dit long ». (tt Écho de Parii u, 27 février.) Mais non, ce mol~
signifie exactement ce qu'il exprime / En Allemagne, on n'a
pas l'habitude de jouer sur les mots. On laisse ce petit jeu
aux journalistes parisiens.
Le a Matin », célèbre pour 1' u exactitude » de ses infor-
mations, se surpasse lui-même, en écrivant :
brutale, nulle pensée stratégique,
télé baissée, à la manière d'une
« Dans cette opéralic
L'armée allemande jonc
bande de buffles. i .
*Lo stratège qui écrit ces lignes.divertissantes est le même
sjui signa, il y a un an, l'bilurante prophétie que nos lec-
teurs trouveront dans le u Mtroir rétrospectif u en dernière
page de la présente a Gazette ». C'est aBscz dire ce que tant
l'opinion de M. de Civrieux. ,
Le « Malin a tient, d'uitleurs, a ne pas se laisser dépasser
par la concurrence. Le 28 février, il annonça il ses lecteurs,
qui n'en sont plus à une stupéfaction prés, que même
«< la prise de Verdun n'aurnit aucun sens militaire. Elle ne
rapprochtraii pas l'armét allemande de Paris____u
Car « il y a plus de six mois que la place forte de Verdun
est déclassée.
Il y a plus de six moi» que ce fort de Douaumont qui n'a
jamais contenu plus d'une compagnie, ne renferme ni un
canon, ni un fantassin. 11 y a plas de six mois que Verduu,
ancienne forteresse, n'est plus qu'une coque vide. »
Et dire qu'il y avait des Elançait qui prenaient Verdun
pour.uue forteresse 111 y en a même encore pas mal sujour-
d'hui, jusque dans U presse parisienne. Ecoutons 1' a Huma-
niti » du a6 février :
PRIX : S CENTIMES
Charleville, le 3 Mars 1916.
Gazette des Ardennes
JOURNAL DES PAYS OCCUPÉS PARAISSANT TROIS FOIS PAR SEMAINE
On s'abonne dans tous les bureaux de poste
LA VOIX DU CANADA
* Si les Français de France l'ont oublié, si la France
officielle fait tout pour en détruire le soutenir mulrisé-
culaire, il y a tout de même encore au loin, par delà
l'Océan, flea fils de Français qui ne savent que trop
bien ce que cache le masque hypocrite d'Albion,
n protectrice du droit des nationalités », « ange gar-
dien » des faibles et des opprimés 1
Cette voix d'outre-mer, où nous sentons vibier
l'âme du vieux Canada, du Canada jadis français,
l'organe principal des Irlandais d'Amérique, « Irish
World n nous en apporte i echo. Ce journal icnd
compte d'une réunion publique qui a eu lieu à
Montréal et qui se termina pai une* imposante mani-
festation des Canadiens de race française contre la
participation à la guerre européenne. L'orateur princi-
pal, M. Henri Bouias»*, chef des nationalistes français
du Canada, a prononcé, h cette occasion, un discours
tcnsationncl, dans lequel il expliqua à t>ee auditeurs ac-
courus en masse Ici raisons pour lesquelles il jugeait
bon de met lu: le.- Canadiens en gurde contre le torrent
impérialiste artificiellement gonllé, qui menaçait de lus
entraîner dans le conllit mondial.
« Depuis le début de la guerre, dit en substance
M. Bourassa, nous posons sans cesse la question, pour-
quoi le Canada y participe. Le Ca; ada, I A.,-tniIie, la
Nouvelle Zélande y participent uniquement en leur
qualité de colonies anglaises, tt sans vouloir agrandir
leur territoire ou réaliser quclqu'autre profit. C'est la
première fois dans l'histoire de l'Empire britannique,
que des Etats autonomes se voient mêlés à une guerre
sans savoir pourquoi, uniquement parce qu'ils sont des
Etats -britanniques. 11 serait tempo qu'on nous dite
pourquoi. Ce n'est que parce que nous avons négligé
de poser cette question à temps qu'il a étc possible à
nos gouvernants de mettre le pays dans la position
funeste où il se trouve, »
A l'appui de cette opinion, M. Bourassa lui des
extraits de discourt, de lettres et de traités liisloi iquet,
empruntés aux plus grands hommes d'btat canadiens,
depuis Cartier jusqu'à Sir YYilfricd Laurier. 11 s'ap-
puya particulièrement sur un discours pcononcé il y a
quelques années par Laurier, dans lequel cet homme
d'Etat déclarait que ce aérait libéralement un crime., li
le Canada voulait .participer à une guerre étrangi-ie,
tant -que toutes les forces disponible» du pays étaient
encore nécessaires à l'organisation intérieure.
ii Aucun principe, déclara M. Bourassa, ne suurait
obliger le Canada à participer à nne guerre anglaise,
sinon la défense de son propre territoire. Jusqu'à la
campagne sud-africaine aucun Anglais n'avait eu d'ail-
leurs l'idée de considérer comme un devoir pour ies
Canadiens, de porter aide à la Grande Brcl.igne en
dehors du Canada même. » Et M. Bourassa prouve, les
lois existantes en main, que la milice du pays est ex-
clusivement réservée à la défense de son propre ter-
ritoire. >
« Il y a des gens, continua l'orateur, qui osent
reprocher aux Canadiens français leur refus de prendre
les armes et de verser leur sang pour l'Angleterre.
- Ce n'est pourtant pas notre affaire de cimenter avec
notre sang cet Empire que l'Angleterre se sent inca-
pable de maintenir sous son sceptre pur ses propres
moyens. Il fut un temps où l'Angleterre était encore
plus gravement menacée qu'aujourd'hui ; c'était lors
' de la grande insurrection des Indes. Mais en ce teinps-
là, ni le Canada ni l'Australie n'envoyèrent de troupes.
L'affirmation qu'il est de notre devoir d'agir autrement
dam la guerre présente, n!e*t qu'une phrase lancée par
les opportunistes des deux partis pu 1 ligues de notre,
pays et qui ne sert qu à leûii-er le [-tupie.
«Soyons persuadés que l'fciupire bntannique n'hé-
siterait pas a sacrifier pour les Indes tout s ses autres
colonies, y compris le Canada t
«'La raison, pour laquelle le Canada s'est vu
entravé lu «aï m» développement et ne uépaase pas le
chiffre de y ataettung d'habitants, c'est que depuis
iuu ans les Canadien! se sont laissés éblouir par l'éclat
de l'Empire britannique. Avant la Confédération, ies
hommes d'Etat britanniques ne tenaient pas grande-
ment a h-ur colonie canadienne. Mais après que la
Confédération eut été réalisée, ils se rendirent compte
qu'ils pourraient l'exploiter et commencèrent à l'aimer
de tout cceur I »
M. Bourassa démontre cependant, les preuves
historiques eu main, que néanmoins toutes les tenta-
tives des dirigeants anglais, d'entraîner le Canada dans
leurs guerres, échouèrent jusqu'ici giâce à la fermeté
des hommes d'Etat canadiens. Il rappelle que lors de
la campagne du Soudan, l'un des hommes tes plus
populaire* du Canada, Sir John Macdonald, a expres-
sément refusé d'envoyer des troupes en Afrique.
« Le « militarisme » britannique, souligna ensuite
M. Bourassa, ne se distingue en aucune façon du '« mi-
litai isine » d un autre Etat ; son but est la conquête
d'un territoire et d'un butin aussi vastes que possible,
la soumission de peuples, aussi nombreux que
possible, a la u race souveraine » I
«Mais les Anglais ont changé de lactique. Pour attein-
dre leur but, ils n'emploient pkis uniquement la for-
ce, iU ont recours à la flatterie et aux faveurs de tous
genres, dont ils comblent leurs ministres coloniaux. Un
pKtend qu'on n'use d'aucune violence pour forcer
noli. participation i ht guerre. C*st exact, mais il faut
ajouter qu'on abuse du servilisjiie de nos gouvernants,
&i l'Angleterre a besoin de soldais, tout Canadien o le
droit de s'enrôler, mais ce n'est pas l'affaire du gouver-
nement canadien d'équiper et de payer ces soldats.
«Nous devrions déclarer nettement aujourd'hui, com-
me l'a fait jadis Sir Wilfried Laurier, que la situation
de notre pays ne nous oblige nullement, voire môme
qu'elle ne nous permet pas d'envoyer de* troupes en An-
gleterre. - v
« A Londres, ils font grand bruit autour de l'exécu-
tion de Miss Cavell, mais ils oublient que cette «héroïne
anglaise » avait commis un crime qui méritait punition
en temps de guerre. Moi, jé songe aux pauvres inslifu-
trices des écoles d'Ottawa qu'on a brutalement chassées
de leur poste et qui n'avaient rien d'autre à se reprocher
que d'avoir voulu enseigner leur langue maternelle aux
petits Français du Canada.
« On nous cite un grand nombre de raisons, pour
lesquelles nous devrions prendre le» armes. On nous
dit avant tout qu'il nous faut courir u l'aide de la « civi-
lisation française ». C'est mon avis ; et là civilisation
française s'étend partout où l'on parle un mot de fran-
çais. Mais alors nous avons vraiment suffisamment à
faire et à sauver dans notre pays. Quand nous aurons
terminé notre tâche ici, nous pourron.s' songer à passer
la mer pour aller aider là-bas !
u Mais la civilisation française a-t-elle vraiment
besoin d'être sauvée par l'Angleterre ?
« Ceffe Angleterre, dont les armées ont tant de fois
saccagé la France, anéantissant plus de trésors et détrui-
sant plus d'églises que les Allemands ne pourraient en
détruire en dix ans !
u On nous parle oncore des droits des petits Etats.
Pensons à la Russie et pensons a l'Angleterre, qui ont
toutes deux accaparé et pillé tant qu'elles ont pu 1 »
Qu'ajouterions-nous à ce langage clair et viril P
BULLETINS OFFICIELS ALLEMANDS
Grand UuarLicr général, lu 29 luvrwr 1910.
Théâtre de la guerre à l'Ouest.
L'activité renforcée de L'artillerie continua sur beau-
coup de points.
A l'est de la Meuse nuus enlevâmes d'assaut un petit
ouvrage blindé, immédiatement au nord-ouest du vil-
lage de Douaumont. Dans cette région, de nouvelles
tentatives d'attaque ennemies fuient étouffées dans leur
développement.
Dans la Woe'vxe nos troupes franchirent Dieppe,
Abaucourt, Blanzéc. Elles nettoyèrent la vaste région
boisée au nord-'est de WatronvUle 'et de H&udiomont
et enlevèrent d'un élan courageux Manheullea *et
Champion.
Jusqu'il hier soir on s compté, en fuit de prisonniers
non blessés : 228 officiers, 16,575 hommes.
En outre, 78 canons, dont beaucoup de pièces
lourdes de dernier modèle, 86 mitrailleuses et un
nombreux matériel, qui ne peut encore être évalué,
ont été signalés comme butin.
• Près de la maison forestière de Thiaville (au nord-
est de ïladonviller un saillant de la position française
fut attaqué et enlevé. Un assez grand nombre de
prisonniers resta "entre nos mains.
Théâtre de la guerre à t'Est et théâtre de la guerre
aux Balkans.
Lu situation est sans changement.
Grand Quartier guneral, lu 1*' mars 1910
Théâtre de la -guerre à l'Ouest.
Hier encore l'activité de l'artillerie fut très vive dans
beaucoup de parties du front, surtout du côté ennemi.
Sur plusieurs points, il est vrai, ce ne fut, de la part de
l'adversaire, qu'une . tentative de nous tromper. Par
contre, l'ennemi sembla vouloir nous endommager
sérieusement dans la région de l'Yter, en Champagne,
ainsi qu'entre Meuse et Moselle. 11 n'a pas atteint
son but. • k '
Dans un combat aérien un biplan anglais fut
obligé d'atterrir près de Mcnin ; les occupants sont
prisonniers. Deux biplans français furent descendus
par l'artillerie anti-aérienne, l'un d'eux près de
Vozaponin, au nord-ouest de Soissons (les occupants
sont prisonniers), l'autre immédiatement au sud-ouest
de Soissons (les occupants sont probablement morts).
Un avion piloté par le lieutenant de réserve Kûhl,
qu'accompagnait comme observateur le lieutenant de
réserve Haber, arrêta ù coups de bombes un train de
transport militaire sur la ligue de Besançou-Jussey et
combjuttit à coups de mitruilleusc les hommes des-
cendus du train.
Thetiire de la guerre à t'Est et théâtre de la guerre
aux Balkans
Bien de particulièrement iinpoilant.
BULLETINS OFFICIELS FRANÇAIS
Fans, 24 février 191G, soir.
Noua avons exécuté une cunecntiation de feux sur les
orguinsutiuns ennemies a l'ouest de Mmsuns-de-Champogne
et uu sud de Saintc-Mane-à-Py. * -
En Aigunué, tus de destiuction sur les ouvrages alle-
mands a La Fille-Moi te.
bans la région au noid de Veidun, l'ennemi a continué
à bombarder avec lu même intensité notre dont depuis la
Meuse jusqu'au sud de Froinciey. L'activité de l'artillerie
s'est uu peu ralentie eutie Malancourt et la rivo gauche de
la Meuse. Aucune action d'infanterie ne s'est encore produite
dans cette région.
Entre la rive droite de la Meuse et Ornes, l'ennemi a tait
preuve du îuèuie acharnement que le Jour précédent «t a
multiplié ies attaques furieuses, laissant sur le terrain des
monceaux de cadavres, sans parvenir à rompre notre front.
Aux deux ailes, nuus avons reporté notre ligne, d'une
part en arrière de Samogneux, d'autre part au sud d'Ornes.
Noire artillerie a répondu sans relâche à l'artillerie
ennemie.
Ligne du front AVANT l'attaque
allemande : •jûWlFGIIi
Verdiin-Combres
En Lorraine, nous avons repoussé et poursuivi une recon-
naissance ennemie qui tentait de s'appiocher d'un de nos
petits pustes au nord de Suint-Martin.
Paru, 25 février 1910, 3 heures.
En Argonne, nous avons exécuté de nouveaux tirs sur
des ouvrages ennemis dans la région du bois de Cheppy
{est de Vauqueis).
Activité intermittente de l'artillerie entre Mslancourt et
la rive gauche de la Meuse.
La canonnade u continué avec moins de violence dans la
région au nord de Verdun, L'ennemi n'a dirigé aucune at-
toqoe sur nos positions au cours de la nuit. Nous sommes
établis sur une ligne de résistance organisée en arrière de
Beaumont, sur les hauteurs s'éten(lant a 1 est de Champneu-
villç* au sud d'Ornes.
'Nuit calme sur le reste du front
Paris, 25 février 191(1, soir.
En Champagne, (Tans la matinée, nous- avons attaqué et
enlevé un saillant ennemi au sud de Sainte-Mune-a-Py. Au
cours de cette action, nous avons fait trois cents prison-
nière, dont seize sous-olflciera et cinq officiers.
En Argonne, tirs de destruction efficaces sur les. organisa-
tions allemandes uu nord de La Harazée.
Dans la région au nord do Verdun, la neige est tombée
en abondance au cours de la journée.
L'activité des deux artilleries est toujuurs d'une exLréme
intensité sur tout l'ensemble du front et principalement à
l'est' de la Meuse, où le combat se poursuit avec le même
acharnement.
Plusieurs attaques ullemuiides à gros effectifs, menées
avec une violence moule, sur la côle du Poivre, sont restées
sous succès. Une autre attaque sur nus positions du bois
de la Vauche a été également arrêtée.
A l'ouest de la Meuse, aucune action d'infanterie.
Dans les Vosges, duel d uililleiie dans, la vallée de la
FecbC
, ' Paris, 2G février 1910, 3 heures.
La lutte est toujours ûpre dans la région au nord de
Verdun, ou l'ennemi continue à porter ses efforts sur le
front a, l'est de la Meuse.
U'apiès les derniers renseignements, nus troupes résistent
héroïquement sur les mêmes positions uux assauts répètes
ait sanglunts d'un ennemi qui ne compte plus ses sacrifices.
Dans lu région de Douaumont, les combats en, cours ont
jrevfitu un caïuctèie d'acharnement particulier.
' Sur le front de la Wuevre, les éléments avunces que nous
.lerauns comme ligne de surveillance d'Ornes a Eimcmont,
'depuis les combats de l'année dernière, ont été inppiochés du
pied des Coles-de-Meuse sur l'ordre du commandement et
sans attaques de l'adversaire.'
Notre artillerie do lu rive gauche et de la rive droite de
la Meuse répond sans relâche uirbouibaidement ennemi.
MM à signuler sur le reste du front.
FAITS DE GUERRE
■ LES COMBATS AU NORD DE VERDUN
ïl est futile de commenter, au jour le jour, les détails des
événements qui bc déroulent au noid et au nord-est de
Verdun. *
No connaissant pas les intentions du commandement qui
mène l'attaque, Ignorant le but qu'il s'est proposé d'uttein-
dre, mieux vaut s'enregistrer que les faits. Et comme les
communiqués do 1 elat-major ullcinund le font avec autant
de netteté que de sobriété, nous ne jugeons pas nécessaire
d'y ajouter des commentaires vagues et superflus.
En face d'une situation qui ne fait pas tout a fait vu af-
faire, Maurice Barrés lui-même se rallie ù cette méthode ex-
pectative, al il lui arrive, comme par hasard, d'écrire cea
ligues asset sensées (a i'cho de Pari» » du 37 février) :
« Celle bataille de Verdun peut se prolonger plus qu'au-
cune autre bataille, plus que Moukdcn par exemple. On ne
commente pas utilement les péripéties d'une telle lutte. Elle
a ses fluctuations j elle est pleine d'événements, de surprîtes
locales...
n Une bataille est toujours une aventure où il intervient
d'innombrables facteurs complexes. L'opinion doit attendre
la fin de celle-ci. »
Ce n'est pat, cependant, ce que fait la majeure partie de
- la preste parisienne. Elle témoigne d'une grande impatience
à savoir oc qui en est. La i< Lanterne 0 résume ainsi la pen-.
sée de totls :
« Pourquoi cette offensive inouïe, féroce, désespérée (?)
faite au cœur de l'hiver, contre une place forte dont la puis-
sance est justement réputée dans le monde entier ? Les Alle-
mands, qui connaissent à merveille l'art de la guerre, n'é-
taient pas sans prévoir la difficulté.... Alors quoi?....,
Les critiques militaires s'interrogent avec anxiété, n
Pourquoi ? Mais tout simplement parce qu'il y a la
guerre, et qu'en guerre l'attaque est le moyen normal d'al-
teindre l'objectif qu'on te propose, quel qu'il soit I
Cette explication très simple ne semble toutefois pas suf*
lire aux stratègea en chambre de la presse parisienne et des
radiogrammes officiel!. Ils s'en vont chercher «par derrière)).
Sans d'ailleurs .trouver autre Chose que let vieilles sornettes
dont leurt lecteurs devraient vraiment être repus : Lassitude
du peuple allemand, « famine a allemande, désespoir alle-
mand, chute du mark allemand, émeutes (!) a Berlin, etc..
La meilleure réponse qu'on puisse faire à cet sottises, c'est
de renvoyer not lecteurs au a Miroir rétrospectif de la presse
française o, dam lequel la « Gazette u reproduit au jour la
jour des extrait! choisis de la presse parisienne de l'on passé.
Ils verront qa'ators déjà l'Allemagne^était « i bout » et mou-,
rait de faim. Décidément, les journaliste! de Paris ont l'ima-
gination courte !
Leur but est clair cependant. Us suivent la consigne offi-
cielle qui consiste à exagérer l'effort allemand, pour en
amoindrir les résultats, tout en excusant le recul français.
1.' « énormité inouïe n de l'effort allemand et la prétendue
a gravité des pertes allemandes u_revicnnenl dans tous les
articles avec une régularité qui tent le mot d'ordre. Ce fut
toujours ainsi. Chaque foit que les Allemands remportèrent
un succès ou une victoire, la presse alliée n'a psi manqué
de parler d'm effort désespéré u et de « monceaux de,cadavres
allemands ». Il est vraiment inutile de revenir là-dessus I
• Mais il est intéressant de uoter un petit exemple qui prou-
ve combien la presse parisienne ignore la franchise. Un com-
muniqué allemand ayant opposé aux pertes françaises «extra*
ordinairement lourdes » les perles u supportables » des trou-
pes allemandes, la presse parisienne déclare que ce mot « en
dit long ». (tt Écho de Parii u, 27 février.) Mais non, ce mol~
signifie exactement ce qu'il exprime / En Allemagne, on n'a
pas l'habitude de jouer sur les mots. On laisse ce petit jeu
aux journalistes parisiens.
Le a Matin », célèbre pour 1' u exactitude » de ses infor-
mations, se surpasse lui-même, en écrivant :
brutale, nulle pensée stratégique,
télé baissée, à la manière d'une
« Dans cette opéralic
L'armée allemande jonc
bande de buffles. i .
*Lo stratège qui écrit ces lignes.divertissantes est le même
sjui signa, il y a un an, l'bilurante prophétie que nos lec-
teurs trouveront dans le u Mtroir rétrospectif u en dernière
page de la présente a Gazette ». C'est aBscz dire ce que tant
l'opinion de M. de Civrieux. ,
Le « Malin a tient, d'uitleurs, a ne pas se laisser dépasser
par la concurrence. Le 28 février, il annonça il ses lecteurs,
qui n'en sont plus à une stupéfaction prés, que même
«< la prise de Verdun n'aurnit aucun sens militaire. Elle ne
rapprochtraii pas l'armét allemande de Paris____u
Car « il y a plus de six mois que la place forte de Verdun
est déclassée.
Il y a plus de six moi» que ce fort de Douaumont qui n'a
jamais contenu plus d'une compagnie, ne renferme ni un
canon, ni un fantassin. 11 y a plas de six mois que Verduu,
ancienne forteresse, n'est plus qu'une coque vide. »
Et dire qu'il y avait des Elançait qui prenaient Verdun
pour.uue forteresse 111 y en a même encore pas mal sujour-
d'hui, jusque dans U presse parisienne. Ecoutons 1' a Huma-
niti » du a6 février :