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Polska Akademia Umieje̜tności <Krakau> / Komisja Historii Sztuki [Editor]; Polska Akademia Nauk <Warschau> / Oddział <Krakau> / Komisja Teorii i Historii Sztuki [Editor]
Folia Historiae Artium — N.S. 8/​9.2002/​3

DOI article:
Boespflug, François; Załuska, Yolanta: Le Prologue de l'Évangile selon saint Jean dans l'art médiéval (IX-XII siecle): L'image comme "commentaire"
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https://doi.org/10.11588/diglit.20620#0035
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sceaux, portant le mot VITA97, et dans la main
droite le medaillon de 1’Agneau; celui-ci s’apprete a
ouvrir les sceaux en posant la patte avant droite sur
le livre. L’Agneau porte egalement un nimbe cru-
cifere et il n’a pas, comme c’est souvent le cas,
d’aspect apocalyptique (egorge, dote de sept cornes
et sept yeux).

L’entourage de Celui qui siege est emprunte a la
vision de Yahve Sabaot (Is 6). La mandorle en huit
est en effet inscrite dans une gloire circulaire ou se
tiennent deux seraphins avec leurs six ailes, ces gar-
diens du tróne de Dieu qui adorent la gloire de
1’Eternel, repetant sans cesse: “Saint, Saint, Saint est
Yahve Sabaot, Sa gloire remplit toute la terre” (Is 6,
3). C’est evidemment le triple acclamation de la
saintete de Dieu qui permet a 1’artiste de substituer
aux traditionnels Quatre Vivants de 1’Apocalypse les
deux seraphins, cette substitution suggerant a elle
seule 1’identite entre le Yahve de 1’Ancien Testament
et le Dieu du Prologue du quatrieme Evangile. Sur
le plan pictural, 1’image s’inspire d’un modele caro-
lingien, analogue a celui que Ton trouve dans le Sa-
cramentaire de Metz fait pour Charles le Chauve et
conserve a la BNF (ms lat. 1141, f. 6)98.

Le champ inferieur de la miniaturę represente la
zonę terrestre ou s’est accomplie 1’Incarnation du
Verbe en accord avec le v. 14 du Prologue. Comme
dans les Evangiles de Munich et de Bamberg, cet
evenement est represente par 1’Enfant divin place
dans une creche, sans les autres figures usuelles de
la Nativite - dans le contexte du Prologue, fort so-
bre a ce sujet, peu importe comment Jesus est ne:
seul est mis en yaleur le fait que le Verbe a reelle-
ment revetu la naturę humaine; c’est ce que dit
1’image par cet enfant enyeloppe de langes et allonge
dans la creche99. Comme a Bamberg, la creche est
surmontee d’une etoile, ici a cinq rayons ; elle fait le
lien entre les deux zones en soulignant ainsi 1’unite
de Dieu trónant en gloire, immole comme Agneau
ou fait Enfant. Elle rappelle aussi que le Verbe est “la
lumiere qui luit dans les tenebres”, lumiere que “les
tenebres nont pu atteindre” (Jn 1, 5). Le monde ter-
restre est rendu par une personnification de 1’Ocean
et de la Terre ferme, comme dans le sacramentaire
carolingien evoque plus haut; figuree en femme ap-
puyee contrę un arbre, la terre est un lieu d’habita-
tion; grace au contexte, 1’arbre peut etre lu comme

9 Apc 5, 1: “Alors j’aperęus dans la main droite de Celui qui
siege sur le tróne un livre «roule, ecrit au recto et au verso» et
scelle de sept sceaux”.

98 Kahsnitz, op. rit., p. 43 et fig. 29-

11. Evangiles de Bernward, Hildesheim, Tresor de la cathedrale,
ms 18, f. 174; av. 1022 (d’apres Kahsnitz)

celui de la connaissance du bien et du mai (Gn 2, 17)
autour duquel est enroule l’Adversaire tendant dans
sa gueule une pomme qu’il offre a Eve, tandis
qu’Adam s’accroche a la queue du Malin. L’hostilite
du monde ou Dieu est venu pour racheter 1’huma-
nite que representent Adam et Eve serres dans le
giron de la Terre se remarque a 1’aspect deplaisant
des personnifications qui entourent la creche, et la
caducite de la naturę humaine est dite par 1’adroite
transposition des traditionnels attributs de la terre,
des enfants symbolisant sa fertilite, en premiers
parents en train de commettre le peche. Cette ela-
boration exceptionnelle des motifs confere une
expressivite presque poignante aux traditionnelles
personnifications de 1’Ocean et de la Terre. Leur role
est de rappeler le caractere cosmique et redempteur

99 Ibid., p. 44, rappelle que la Nativite representee par 1’En-
fant seul dans la creche, ou assiste seulement du boeuf et de
l'ane, comme dans le Codex d’Uta et les Evangiles de Bamberg,
renvoie aux origines paleochretiennes de cette iconographie.

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