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Polska Akademia Umieje̜tności <Krakau> / Komisja Historii Sztuki [Hrsg.]; Polska Akademia Nauk <Warschau> / Oddział <Krakau> / Komisja Teorii i Historii Sztuki [Hrsg.]
Folia Historiae Artium — N.S. 8/​9.2002/​3

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Boespflug, François; Załuska, Yolanta: Le Prologue de l'Évangile selon saint Jean dans l'art médiéval (IX-XII siecle): L'image comme "commentaire"
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https://doi.org/10.11588/diglit.20620#0034
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gne, XIIe s.)91, met en relation typologique le
Bapteme du Christ dans le Jourdain avec un
bapteme chretien dans une cuve, en presence des
parrains portant des yetements rituels. On trouve
pourtant des exemples du Bapteme du Christ admi-
nistre dans une cuve dans differentes oeuvres de la
zonę latine, tandis que dans la Bibie moralisee,
Tolede, Cathedrale, t. III, f. 14 C (Paris, lre moitie
du XIII6 s.), le Precurseur baptise dans une cuve.
Tout compte fait, Lidentite du Iohannes de Bamberg
n’est donc pas assuree ; mais ce n’est pas un element
essentiel de la signification de l’image. Capitale, en
revanche, est la place accordee au bapteme, et sur le
plan de 1’histoire de la liturgie, au yetement rituel,
en principe byzantin, du parrain, ainsi qu’a 1’assi-
stance lai'que. Cette affirmation de 1’unite ecclesia-
le autour des fonts baptismaux parait particuliere-
ment significatiye, compte tenu du fait que l’on se
trouve au tout debut de la reforme gregorienne92.

Sur la page en regard, sont deployees la suitę et
la fin du Prologue. Les principales composantes ico-
nographiques, Natiyite et Transfiguration, sont les
memes que dans le Codex d’Uta, mais le rendu, en-
core une fois, est tout autre. Deux baguettes ar-
gentees tracent une croix latine sur la page. La tra-
verse constitue le support de la Natiyite accom-
pagnee de 1’Annonce aux bergers. Comme dans
le Codex d’Uta et dans les Evangiles de Bernward
(fig. 9), 1’Enfant est sans ses parents; pas meme d’ane
ni de boeuf; et comme dans ce dernier manuscrit,
une etoile surmonte la creche surmontee d’une in-
scription calligraphiee en or: Verbum caro factiim-
est (Jn 1, l4a) ; au-dessus de la creche, un choeur
d’anges, sortant du ciel, tete en bas, chante la gloire
du nouveau-ne (Lc 2, 13-14). L’un des anges s’est
detache du groupe et se dirige vers la droite pour
annoncer la bonne nouvelle a trois bergers gardant
leur troupeau. Deux animaux regardent 1’Enfant
avec beaucoup d’attention93. Accroches a la traver-
se de la croix, des nuees rouge et bleu separent le
haut et le bas tout en sdntegrant a la Transfigura-
tion des deux champs inferieurs. Au-dessous de la
Natiyite, en effet, sur une montagne pourpre, le
Christ apparait entre Moise (Moyses) (a gauche) et

91 A. Boutz, Die romanischen Handschriften der Wurttem-
bergischen Landesbibliothek Stuttgart, t. 2, Stuttgart, 1987, p.
12-14 (n° 4), fig. 25.

92 Voir To u b e r t, leonographie et histoire...

93 Les reactions des animaux aux phenomenes theophaniąues
sont curieuses a observer dans 1'art. Certains artistes font d’eux
des temoins touches par le merveilleux.

94 La Transfiguration du ms de Bamberg a ete rapprochee

Elie (Helias), dominant les deux prophetes, vetu
d’une robę bleu pale et d’un manteau jaune pale, ces
couleurs etant censees rendre le yetement “blanc
comme la lumiere” du recit synoptique (Mt 17, 2 et
par.). En bas a droite, au-dessous de 1’Annonce aux
bergers, les trois apótres temoins de la scene: tombe
a la renyerse, Jean (imberbe) fixe le Transfigure;
Pierre leve les mains, probablement pour rappeler sa
proposition de construire trois tentes sur la montagne
(Mt 17, 14 et par.). La suitę du verset Jn 1, 14 par-
court la scene: et habitarit in nobis et vidimus gloriam
eius gloriam ąuasi unigeniti a Patre. Et c’est bien la
gloire du Yerbe, chantee par les anges lors de la
Natiyite, contemplee par les apótres lors de la Trans-
figuration, qui est le sujet principal de cette page a
la beaute de laquelle contribuent de maniere eloqu-
ente le jeu chromatique et la splendeur de Lor.

Ainsi que nous l’avons deja constate en analysant
le Codex d’Uta, le motif de la Transfiguration pour
fermer le Prologue a pu avoir pour source litteraire
soit 1’homelie de Bede sur la Natiyite, soit celle de
Jean Scot. Autant le texte de Bede est sec autant
celui de Jean Scot est plein de souffle poetique. En
contemplant les pages de Bamberg, on en vient a
penser que 1’auteur de ces enluminures s’est sans
doute laisse influencer par la beaute du texte de l’au-
teur carolingien94. Plus jamais, du moins a notre
connaissance, 1’essentiel de la theologie johannique
n’a ete rendu en peinture avec une force pareille.

C) Le cycle qui illustre le quatrieme Evangile
dans les Evangiles de Bernward (Hildesheim, Tresor,
ms 18), avec ses sept scenes deployees sur quatre
pleines pages, toutes bipartites, est assurement Lun
des plus riches qui soient. Bernward, eveque d’Hil-
desheim, a ete formę aux arts et fut un mecene
celebre (993—1022)95. La premiere page qui nous
interesse ici (f. 174; fig. II)96 montre dans la zonę
superieure, celeste, le Pere et LAgneau. L’Anonyme
de la grandę theophanie d’Ap 4-5, jeune et imber-
be, couronne d’un diademe d’or, la tete entouree
d’un nimbe crucifere, tróne dans une mandorle en
huit, les pieds poses sur le globe terrestre. II tient
dans la main gauche le livre ferme, scelle de sept

de 1’homelie de Jean Scot par Chris te, Les grands portails ro-
mans. .., p. 42—43.

95 Sur ce personnage, voir le cat. d’expo, Bernward von Hil-
desheim und das Zeitalter der Ottonen, Hildesheim, 1993 (2
vol.).

96 May r-Harting, op. cit., p. 101, fig. 55. Elle a ete ana-
lysee en rapport avec le Codex d’Uta et les Evangiles de Bam-
berg, par Kahsnitz, op. cit., p. 43—45.

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