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Polska Akademia Umieje̜tności <Krakau> / Komisja Historii Sztuki [Hrsg.]; Polska Akademia Nauk <Warschau> / Oddział <Krakau> / Komisja Teorii i Historii Sztuki [Hrsg.]
Folia Historiae Artium — N.S. 8/​9.2002/​3

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Boespflug, François; Załuska, Yolanta: Le Prologue de l'Évangile selon saint Jean dans l'art médiéval (IX-XII siecle): L'image comme "commentaire"
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https://doi.org/10.11588/diglit.20620#0033
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sacramentaire carolingien Paris, BNF, ms lat. 1141,
f. 6. Siegeant sur l’univers et elevant bien haut sa
droite benissant, il est reconnu non seulement com-
me Createur, mais aussi comme Pantocrator dont la
toute-puissance maintient 1’ordre de l’univers, prin-
cipe et fin du temps et de 1’espace. Le monde, siege
de Dieu, est divise en deux zones principales,
separees 1’une de 1’autre par un bandeau portant
le verset 3 du Prologue, omnia per ipsmn facta sunt
et sine ipso factum est nihil. Dans la zonę superieure,
plus grandę, qui delimite le monde spirituel, se
deroule une liturgie celeste avec des anges pour
ministres. La zonę inferieure, en revanche, terrestre
et charnelle, est a son tour subdivisee en deux par-
ties, l’une reservee a ceux qui ont accueilli le Verbe
(v. 10 du Prologue), 1’autre a ceux qui ne Lont pas
accueilli (v. 12). Dans le tetraevangile byzantin du
XIe siecle Paris, BNF, ms gr. 64, au f. 159, ces
memes versets sont rendus tout autrement: develop-
pant une iconographie beaucoup plus litterale, Far-
tiste byzantin presente d’abord le Christ en train de
parler a des Juifs, reconnaissables au chale de priere
qu’ils portent sur la tete, puis le Christ parlant a
d’autres personnages revetus d’un costume a Fanti-
que, qui s’inclinent devant lui et en qui il faut recon-
naitre les apotres (fig. 10, cf. infra, n. 149). Dans le
manuscrit de Bamberg, Fon voit, a gauche, des ad-
orateurs des idoles, s’inclinant, mains couvertes d’un
lingę en signe de respect, devant la statuę d’un dieu
antique, et de 1’autre cóte une communaute ecclesia-
le qui se regroupe autour d’une cuve baptismale
(fig. 8). Qui sont ces adorateurs des idoles? Des
Juifs ou des paiens? Leur identification avec des
Juifs ne poserait pas de probleme dans un manuscrit
du XIII6 siecle, car Faccusation d’idolatrie etait alors
souvent lancee contrę eux: il suffit pour s’en con-
yaincre d’ouvrir la Bibie moralisee, ou de lirę 1’une ou

86 M. C a m i 11 e, The Gothic Idol. Ideology and Image-making in
Medieral Art, Cambridge, reprint, 1992 (“Cambridge New Art
History and Criticism”), p. 165-196; S. G. Lip ton, “Jews,
Heretics and the Sign of the Cat in the Bibie moralisee”, Word
and Image, 8, 1992, p. 362—377; Ead., “The Root of Ali Evil:
Jews, Money and Metaphor in the Bibie moralisee”, Medieval
Encounters, 1/3, 1995, p. 301—322; Images of Intolerance. The
Representation of Jews and Judaism in the Bibie moralisee,
Univ. of California Press, 1999 [sur les deux ms de Vienne]; H.
Schreckenberg, Die christlichen Adversus-Judaeos-Texte (11.—
13. Jh.), Francfort-Berlin, etc., 3e ed., 1997.

87 A. Guerrau-Jalabert, “Spiritus et Caritas. Le bapteme

dans la societe medievale”, dans F. Heritier-Auge et E.

Cop e t - Ro ug ie r, ed., La parente spirituelle, Paris, 1995,

p. 133—203; J. Baschet, Le Sein dupere. Abraham et lapater-
nite dans 1’Occident medieral, Paris, 2000.

1’autre des recherches recentes sur le sujet86. Au mi-
lieu du XI6 s., en revanche, il convient d’etre cir-
conspect, surtout dans le domaine pictural. Certains
travaux recents sur la notion de parente spirituelle87
engageraient a ne voir dans ces idolatres que “les
autres”, sans autre specification, c’est-a-dire ceux qui
ne sont pas de la communaute ecclesiale, n’ayant pas
reęu le bapteme. Cette lecture se confirme par les
particularites de la partie droite de Fimage, ou les
fonts baptismaux jouent un role primordial pour
designer “ceux qui Font reęu” et a qui a ete donnę,
par consequent, “le pouvoir de devenir enfants de
Dieu”. Ainsi, ce qui, selon le Codex d’Uta, s’obtenait
per fidem et operationem, s’obtient ici par le
bapteme. La partie droite elle-meme n’est pas en-
tierement librę d’une certaine ambiguite, notam-
ment en ce qui concerne Fidentite de celui qui
confere le bapteme: ce “baptiseur” designe comme
lohannes, nimbe et vetu a Fantique, est-il l’evangeli-
ste ou le Baptiste? La cuve, en elle-meme, n’est pas
dirimante ; bien entendu, c’est avant tout le signe
du bapteme chretien, dont la tradition remonte aux
apotres, donc entre autres a Jean Fevangeliste; sur
le plan artistique, on citera volontiers le f. 426 du
manuscrit gr. 510 de la BNF (Constantinople, IXe
s.)88, ou les douze apotres conferent le bapteme a
douze personnages plonges chacun dans une cuve,
et le f. 4v du manuscrit Bamberg, Staatliche Bi-
bliothek, cod. bibl. 22 (Reichenau, fin du Xe s.) ou
saint Pierre confere le bapteme a un futur chretien89,
ou encore la cuve baptismale de Liege, oeuvre occi-
dentale du debut du XII6 siecle90. Quant au
bapteme confere par le Baptiste a ses concitoyens et
a Jesus lui-meme, c’est dans le Jourdain qu’il a ete
donnę, et c’est ainsi qu’il a ete le plus souvent figurę.
Un F historie, dans la Bibie Stuttgart, Wiirttember-
gische Landesbibl., Cod. Bibl. fol. 60, f. 32 (Allema-

88 L. Brubaker, Vision and Meaning in the Ninth-Century
Byzantium. Image as Exegesis in the Homilies of Gregory of
Nazianzus, Cambridge, 1999, fig- 42 et p. 243 s.

89 Cette page et celle qui lui fait face et qui la complete ont
ete analysees par H. Toubert, “Iconographie et histoire de la
spiritualite medievale”, Revue d’Histoire de la Spiritualite, 50,
1974/3—4, p. 265-284 (278-280), reed. dans Ead., Un art di-
rige. Reformę gregorienne et Iconographie, Paris, 1990, p. 19—
36 et fig. 3—4, puis par P. Skubiszewski, “Ecclesia,
Christianitas, Regnum et Sacerdotium dans Part des Xe—XIe s.
Idees et structures des images”, Cahiers de chńlisation medie-
vale, 28, 1985, p. 133-179, part. p. 153-164, fig. 16-17, qui
leur consacre une etude magistrale.

90 J. Lafontaine-Dosogne, “La tradition byzantine des
baptisteres et leur decor, et les fonts de Saint-Barthelemy a
Liege”, Cahiers archeologiąues, 37, 1989, p. 45—68.

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