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Galerie Fischer <Luzern> [Editor]
Auktion / Galerie Fischer: Albert-Anker-Sammlung des Herrn Fritz Zbinden sel., Ziegelei in Erlach; 24. und 25. November 1932 im Zunfthaus zur Meise in Zürich — Luzern, [Nr. 29].1932

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https://doi.org/10.11588/diglit.6793#0009
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I^our la fin particuliere qui nous interesse ici, peu nous importe que Fritz
Zbinden ait represente admirablement le bon garcon suisse, perseverant et tetu
au travail, qui a su vaincre les circonstances, arriver honnetement ä une fortune
considerable; qui s'est constitue un admirable domaine, a mis en train et agrandi
une tuilerie modele, et a donne, en son pays auquel il tenait tant — ce meme
Seeland bernois d'Albert Anker — un admirable exemple de tenacite et d'energie;
II a vraiment fini en un sorte de gentilhomme campagnard de bonne race, Ce
qui nous interesse ici, c'est donc non pas que le jeune garcon d'Erlach se soit
change en un des plus gros proprietaires du pays, — ces choses se voient assez
souvent, — mais que, tout en restant attache comme pas un ä son coin de terre
natale, il se soit eleve sans etudes speciales, sans frequentation originelle des
milieux artistiques, sans sejours prolonges dans les villes, et en somme unique-
ment par la sante de son goüt naturel, par des visites ä quelques musees
voisins, Neuchätel, Berne et Soleure, ä une sorte de passion pour l'art — un
certain art; — qu'il se soit lance ä collectionner et que, de fil en aiguille, il ait
reussi, en se basant uniquement sur ses preferences personnelles, sans se laisser
beaucoup influencer par le tiers ou le quart, ä demontrer que, meme ainsi, sans
dons speciaux ni culture poussee dans aucun domaine artistique, on puisse
bellement orner sa vie et sa demeure, se procurer d'immenses joies. Ce qui
frappe, c'est la plenitude de logique d'une pareille existence qu'un mot räume:
aimer son pays. C'est parce qu'il l'a passionnement aime qu'il est arriv£ ä pas-
sionnement aimer aussi l'art qui le representait. C'est parce qu'il a voulu le
connaitre ä fond, en apprendre tout ce qui lui etait possible de son passe, qu'il
s'est achemine de la prehistoire ä l'histoire et de l'histoire ä l'art; de sa collec'
tion d'antiquites lacustres ä Celles de monnaies romaines, puis aux curiosites
medievales de toutes sortes, aux beaux meubles, aux vieux poeles de la Neuville,
aux vues de la contree entourant son lac de Bienne par tous ces charmants et
touchants petits maitres suisses, avec lesquels il se sentait tant d'affmites; enfin
a Albert Anker, vrai chroniqueur de la vie de son temps — et que voici d£jä
le «bon vieux temps», sinon le «temps du pere Anker».

Les circonstances furent excessivement favorables ä la passion du jeune collec-
tionneur. Anker lui plaisait avant tous, et il l'aima d'abord non pas du tout
parce que c'etait un art de teile ou teile sorte, mais parce que cet art represen-
tait des gens comme son pere, sa mere, sa parente\ et lui meme, et ses camara-
des d'ecole; des objets tels que ceux dont il s'£tait servi des l'enfance; des fermes
telles que Celles ou il avait vecu et dans les paysages qu'il avait eus tous les
jours sous les yeux. C'est lä un commencement, une base qui en vaut bien une
autre. II se souvenait d'avoir vu passer de ses fenetres l'artiste, il l'avait ren-
contre sur les chemins et ä l'auberge d'Anet; il avait penetre une ou deux fois
dans son interieur etant devenu l'ami de son fils. Anker signifiait pour lui toute
son enfance et tout le passe de la race. D'autre part la dispersion extraordi-
naire de l'oeuvre du maitre, dejä de son vivant, lui en avait donne la plus haute

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