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Galerie Fischer <Luzern> [Editor]
Auktion / Galerie Fischer: Albert-Anker-Sammlung des Herrn Fritz Zbinden sel., Ziegelei in Erlach; 24. und 25. November 1932 im Zunfthaus zur Meise in Zürich — Luzern, [Nr. 29].1932

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https://doi.org/10.11588/diglit.6793#0010
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id6e. II se trouva qu'ä sa mort les circonstances lui permirent d'acquerir tout
d'un coup un fort noyau d'oeuvres d'une succession qui se partageait entre les
enfants de l'artiste.

II faut bien se rendre compte en effet, que si aisee qu'ait fini la carriere de
Zbinden, il n'etait pourtant pas d'une fortune teile qu'il püt s'accorder tous ses
caprices. II en eüt sur son domaine, dans sa maison, et ä son bord de lac, dont
il süt bien ce qu'ils lui avaient coüte. II entendait tout faire marcher de pair.
Mais les bonnes occassions d'acquerir des Anker, ce fut bientöt fini, et en voulut-
il encore, il y fallüt y mettre de bauts prix. II les y mit bien courageusement
certes, et c'est en quoi il devint reellement admirable: sa passion finit par lui
coüter des sacrifices de plus en plus s£rieux.

II avait eu d'abord force dessins, aquarelles, tableaux, Stüdes; il voulut rehausser
cet ensemble, qui certes n'en avait pas besoin, puisque quelques uns de ces
petits formats sont parmi les plus exquises choses du Maitre, Celles qui temoig-
nent le mieux de ses dons de peintre, par quelques une de ces figures plus
grandes auxquelles s'etait tant dispersee l'activite d'un infatigable travailleur;
puis il voulut aussi avoir une grande composition, et se decida pour ce vieux
Charlemagne visitant une ecole, qui est aussi parmi les ceuvres historiques du
peintre bernois une chose exceptionnelle. Et cependant ce qui explique l'evolu-
tion de Anker vers l'histoire est le meme sentiment d'amour pour le sol natal
que chez Zbinden, et aussi le besoin de l'aimer jusque dans le pass£ en appre-
nant ä toujours mieux connaitre ce passe. Mais chez Anker une circonstance
fortuite vint contribuer ä le pousser dans cette voie, sa collaboration aux tra-
vaux du fa'iencier Deck, ä qui il fournit toutes sortes de projets de grands plats
decoratifs, representant des personnages historiques, ou des höros de theätre,
pr£pares par des Stüdes de costumes de toutes les epoques. Ajoutons-y quantit£
de besognes d'illustrateur de livres historiques. Tous travaux dont les traces
sont nombreuses dans la collection Zbinden.

Du reste toutes ces Stüdes pour des costumes de fa'iences Deck sont de l'excellent
Anker et qui, avec son s£rieux, sa probite en face de la nature et du modele,
s'occupait avant tout de s'accroitre, de se maintenir, d'acquerir toujours plus
une main infaillible au Service d'un ceil exact. II ne s'agit presque plus ici d'un
costume qui, ä tout prendre, est fort vite su, mais ce qui est bien plus impor-
tant pour ce que l'on en veut faire — et pour l'artiste tout court — qui soit
humainement porte. Autrement dit, chaque lecteur des Goncourt saura comment
la Clairon ou la Saint Huberty s'habillait. Mais un peintre ne sait jamais assez
bien comment le costume d'un autre temps que le sien epousait un corps. Et
le modele d'aujourd'hui sert ä celä, tout en restant d'aujourd'hui, et n'induisant
pas en meme temps que le costume l'äme d'autrefois. Mais n'est-ce pas beau-
coup que chacune des aquarelles de Anker de ce temps-lä rendit si sensible
cette juxtaposition: un gueux quelconque et une robe de moine. Moyennant
quoi nous sommes bien loin ou d'un inquisiteur ou d'un Frere Jean des Ento-
meures! Mais n'est-il pas aussi interessant de surprendre avant tout le jeune

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