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Fontane, Charles
Un maître de la caricature - And. Gill: 1840 - 1885 (Band 1) — Paris, [1927]

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https://doi.org/10.11588/diglit.8795#0216
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** 176 ** ANDRÉ GILL ****

d'octobre et poursuivit ainsi sa publication de mois en mois, jusqu'au n° 7, daté
22 avril 186G, inaugurant la nouvelle série de la Lune, hebdomadaire qui porta désor-
mais en sous-titre : Semaine comique illustrée. Le titre de la Lune, dessiné par
Gédéon, ne varia que par sa dimension qui fut, plus tard, réduite pour donner plus d'ampleur
à l'illustration de première page.

C'est dans le n° 5 (février 1866), et à la cinquième page, que Gill débuta à la Lune.
Il est incontestable que c'est à la force du poignet, si l'on peut dire, qu'il s'y fit une
place prépondérante, mais il est juste de dire aussi qu'il y fut un peu poussé par son
ami Vermesch qui, — sans avoir l'air d'y toucher, — le recommandait à l'attention de
son directeur dans une apologie où perce la bonne camaraderie.

« De l'esprit comme un singe : ses légendes valent mieux que ses dessins; c'est sans
doute parce qu'il le veut, car plusieurs de ses Binettes rimées prouvent qu'il peut faire
fort bien quand cela lui plaît. Gill est une des figures originales du Monde artiste : il
doute de tout, mais on lui fait croire à peu près ce que l'on veut. Pour donner une idée
de sa naïveté, il affirme que l'Evénement est lu par tout le monde, et qu'Albéric Second
est amusant. Cela n'empêche que si j'avais un journal illustré, je l'attacherais à ma
rédaction... avec des saucisses1. »

Au moment où ces lignes paraissaient, Gill n'avait pas encore donné la Dernière mort
de Rocamhole, suivie bientôt de la Charge de Thérésa (n° 27 du 15 décembre 1866),
laquelle devait lancer définitivement le journal dont le tirage atteignit alors vingt-quatre
mille exemplaires. Le succès de la Lune ne fit que croître avec les portraits-charges de
Gill; la collection en est restée célèbre. Il existe des tirages à part de certains sujets qui
sont devenus très rares. A notre connaissance, ils forment trois séries : la première, publiée
par Madré, porte le titre de Célébrités du jour; la deuxième, Portraits-charges, Dussacq,
éditeur; et enfin la troisième, intitulée Album de la Lune, sans aucune autre indication ni
numérotage. Cette dernière, la meilleure, est sur papier fort et soigneusement coloriée.

C'est dans le Hanneton du 1er octobre 1865 que se trouvent les origines de la Lune,
laquelle fut pompeusement annoncée par ce flamboyantpallas :

AS-TU VU LA LUNE?

... Un beau matin la France se réveillait avec un soleil de plus... LE SOLEIL, journal
de Polydore Millaud.

... En présence d'un pareil événement, le Hanneton ne pouvait rester indifférent. A son
de trompe, il convoqua ses actionnaires, tous millionnaires, ses abonnés, qui le sont
moins, et ses rédacteurs qui ne le sont pas du tout.

« Enfants, leur dit-il, la patrie est en danger. Millaud s'avance à la tête d'un soleil
formidable. Il veut griller la petite presse. Déjà nos confrères effarés fondent sous ses
rayons. Nouveau Josué, c'est au Hanneton de l'arrêter dans sa course : à lui le Soleil, à
nous la Lune, à lui le jour, à nous la nuit.

Et mille voix émues crièrent en chœur : Faisons la Lune! »

1. Hanneton, n° 196, du 19 août 1866. « Les Hommes du Jour », xxn. André Gill.
 
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