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Fréart, Roland
Parallèle de l'architecture antique et de la moderne: avec un recueil des 10 principaux auteurs qui ont écrit des 5 ordres, Sçavoir, Palaldio & Scamozzi ... planches orig. augm. de 10 autres representant en grand le Piédestal de la Colonne, ... — Paris, 1702

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https://doi.org/10.11588/diglit.6057#0096

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86

PARALLELE DE L'ARCHITECTURE

Ortographie d'un des autels de la Rotonde.
Chapitre XXXVI.
|JOur ne laisïer point l'esprit du lecteur embarassé parmy les modernes, èc
A peut-être encore dévoyé du droit chemin de l'Architecture, je vais luy met-
tre devant les yeux, un échantillon du plus beau temple de l'antiquité , qui est
un des tabernacles de la Rotonde ; afin qu'il revienne à cette noble &c parfaite
idée de l'art, que je luy ai toujours proposée au commencement de tous les or-
dres , par des exemples semblables; sur lesquels comme sur des fondemens iné-
branlables , il doit établir & arrêter ses études :car les écrits des modernes, à
cet égard là, ne sont qu'une terre remuée de frais, 6c un mauvais fonds , sur
quoy on ne peut bâtir rien de folide. Mais parce que j'ai ci-devant aisez parlé
des modenatures &, des proportions Corinthiennes, & que ce dessein est trop
petit pour servir à cet effet, je toucherai seulement icy deux ou trois choses,
qui concernent plus la composition générale du dessein, que la régularité de l'or-
dre 5 dont la première est, que maintenant c'est comme une mode, ou plutôt
une manie universelle, de n'estimer beau que ce qui eit tout rempli & surchargé
d'ornemens de toutes iortes, sans choix, sans discretion, &C sans convenance
ni à l'ouvrage, ni au sujet : tellement que cette composition d'autel sera esti-
mée tres-pauvre, au jugement de nos petits maîtres à la mode, qui pour l'en-
richir, au lieu que le frontispice n'est soûtenu que d'une colonne à chaque côté,
y en feraient une pile de quatre ou sîx , ÔC peut-être de davantage, avec deux
ou trois reslàutemens des mouleures de la corniche, afin de rompre la suite &
l'alignement des membres, dont la régularité leur est ennuyeuse. Ce serait ausTi
trop peu pour eux d'un fronton, ils y en ajustent deux asséz souvent, & quel-
quefois trois, tous l'un dans l'autre. Ils n'estiment pas encore qu'un fronton
soit beau s'il n'est brizé & lambrequiné de quelqueécusson,ou bien d'un car-
touche. Les colonnes mesme, qui sont le soûtien Ô£ le fondement des ordres,
ne sont pas plus épargnées que le reste; on les contresait non seulement en leurs
chapiteaux, &C en leurs bases, mais encore dans leur fuste 5 car maintenant c'est
un trait de maître, de faire une tige de colonne torse ou entortillée d'anneaux,
ou de quelques ligatures capricieuses, qui les font paraître remastiquées & res-
taurées. Enfin on peut dire que la pauvre Architecture est maltraitée. Mais il
ne faut pas en imputer le plus grand reproche à nos ouvriers François ; car les
Italiens sont maintenant encore plus licentieux, &c font bien voir que Rome a
presentement lès modernes aussi bien que les antiques.

FIN DS LA PREMIERE PARTI?.
 
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