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Frézier, Amédée François
Dissertation historique et critique sur les ordres d'architecture — Paris, 1769

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https://doi.org/10.11588/diglit.1613#0007
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SUR LES ORDRES. g
sur leur réputation ; ils regardent leurs préceptes comme des loix
auxquelles il nest pas permis de contrevenir, toutes vaines 8c
puériles qu'elles soient. Ils sont ensuite conduits dans leurs études
par des vues d'intérêt ; il s'agit, pour leur fortune, d'étudier le
goût du siecle, de la nation dans laquelle ils vivent, & particu-
lièrement de ceux qui font la dépense des bâtimens dont ils
ambitionnent la conduite ou l'entreprise, pour mériter la préfé-
rence sur les concurrens qui se présentent. Or comme les gens
riches, à qui ils ont affaire, ne sont pas toujours les plus éclairés,
on ne leur propose de projets que sur des modèles à la mode,
dont ils ne connoissent ni le bon ni le mauvais ; ou, s'ils veulent
de la nouveauté, on s'efforce d'en produire à quelque prix que
ce soit. De-là viennent ces bisarres variétés qui s'érigent peu à
peu en modes, & qu'on appelle dans le monde le bon ou le
mauvais goût, sélon qu'il approche ou s'éloigne le plus de la
nouveauté.
Il est aisé de prouver que la plupart de ces prétendues déco-
rations n'ont point de beauté réelle, puisque nos modes ne sont
ni confiantes ni universelles ; les orientaux, les occidentaux, les
habitans du septentrion & ceux du midi ont leurs usages en fait
de bâtimens, & des décorations à leur gré : sommes-nous les
seuls peuples qui ayons en partage le meilleur goût & le bon
sens ? Les gens qui n'ont pas voyagé, sont quelquefois asTez
peu éclairés pour donner dans cette folle présomption ; mais,
pour les désabuser , il n'y a qu'à leur faire connoître que nous
empruntons tous les jours des invendons des étrangers. Nous
devons les plus beaux modèles d'archite£ture, premièrement aux
Grecs, & ensuite aux Romains, qui les ont imités. Si nous en-
trons dans le détail, nous trouverons que nous tenons des Ita-
liens nos sallons, les couronnemens de balustrades en terrasses,
qui sont d'un bel efset, 8c nos entre-sols ; des Espagnols & des
Portugais, nos fenêtres abaissées au-desfous de l'appui, & nos bal-
cons même, jusqu'àleurs ferrures; 8t que nous copions dans nos
décorations d'ornemens le goût arabelque Se le chinois, au lieu
du romain que nous abandonnons.
Peut-on dire que les unes ou les autres de ces nadons aient
toujours eu des règles consiantes de beauté dans les décorations
de leur architefture ? Non, certainement, puisqu'elles ont varié
chez eux dans un asTez petit intervalle de tems. Quelle difsérence
des édifices des anciens Grecs & Egyptiens à ceux des Mahomé-
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