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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Lenormant, François: [Observations sur l'enfant criophore de la statue de bronze de Rimat et de l'autel latino-palmyrénien du musée du Capitole]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0174
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— 168 —

des immortels, fut éprise d’amour pour lui. Ils se rencontrèrent à la chasse; la
déesse poursuivit le jeune dieu, qui, pour résister à la tentation amoureuse, se
mutila d’un coup de hache comme Attis. Astronomé, au désespoir, le ressuscita par
sa chaleur vivifiante et lui donna, en mémoire de cet événement, le nom d’Eschmoun,
puis elle lui fit prendre place dans le ciel à côté d’elle. C’est identiquement la fable
d’Adonis, avec les noms seulement changés ; et en disant que le dieu fut appelé
èrà vr, Oiop.r, xvjç ÇtaŸjç, Damascius nous montre que l’on considérait en ce cas
•jaüa comme « le feu ardent », |nn wx, du ciel (l).Eschmoun se transformait ainsi
en dieu solaire juvénile, de dieu sidéral et cosmique qu’il était à l’ordinaire ; et
c’est la même métamorphose qu’il avait subie dans le culte de Thèbes de Béotie,
où, apporté par la colonie cadméenne, il était devenn Apollon Isménien (2). Tout
ceci m’induit à penser que l’Asclépios-Eschmoun, dont le temple s’élevait au plus
haut de la citadelle de Byrsa (3), était encore un des aspects du dieu-fils de la
triade suprême carthaginoise, dieu qui se présente également sous les formes
diverses de Iolaos, Sn’ (4), Baal-Adôn, Malak-Baal, et qui s’hellénise en Dionysos.

Si l’enfant criophore de Rimât était de date ancienne, on devrait sans doute lui
donner le nom d’Eschmoun, d’autant plus que ce dieu était un de ceux qui avaient
le plus de titres à être présentés comme le pasteur du troupeau céleste. Mais la
statue de bronze de la collection de Luynes , au Cabinet des médailles , n’est pas
antérieure au me siècle de l’ère chrétienne. A cette époque le seul nom que l’on
puisse adopter pour le désigner est celui du Sol invictus, Sol sanctissimus, dont le
culte, apporté de l’Orient, était alors devenu général dans tout l’empire romain (5),
qui réunissait en lui les attributs des différents dieux solaires de l’ancien
polythéisme asiatique , et que l’esprit de syncrétisme , toujours plus développé ,

fils de Cronos. Movers me parait, en effet, avoir
établi d’une manière décisise l’existence d’une
forme d’Astarté appelée nnyj ou nnïJ-inüî? -
'Ao-TpuYo'^it. C’est en la confondant avec cette
déesse, que les rabbins font de Nâamah, femme de
Lamech dans la Genèse, une Vénus (Fabricius ,
Cod. pseudepigraph. Vet. Testant., t. I, p. 274), un
démon de la nuit et des pollutions nocturnes
comme Lilith (Eisenmenger, Entdecktes Judenthum,
t. II, p. 423). Ils la donnent comme l’épouse du
démon de la planète Mars, Samaël ou Schomron, la
mère du démon de la volupté, Asmodée (Zijoni,
f. 14; voy. Eisenmenger, t. II, p. 416). et de
beaucoup d’autres démons (Parascha Bereschith, f.
15). Enfin ils la font résider à Tvr, dont Pile
sainte est Pile Astéria (Movers, Die Phœnizier,
t. I, p. 637).

C'est cette déesse rfaitf dont le nom entre en

composition dans le nom propre féminin du
Poenulus de Plaute, Giddeneme, naW-75. Il faut
aussi la reconnaître dans la reine mythique de
Byblos, femme de Malcandre [Melqarth), que
Plutarque [De Is. et Osir., 15) fait intervenir dans
l’histoire d’Osiris-Adonis, et dont il dit : ai/Af J'î

01 /Xif 'AtTTCtpTJIV, ci tffi 2a«S-IŸj 0J et S N £/*aY0VV, OTÉp
av^EAAnvts A0nvai<fa ipoirtiToity.

(1) Voy. Maury, Rev. archéol., t. III, p. 771.

(2) Ch. Lenorma'nt et J. de Witle, Él. des mon.
cêramogr. , t. II, p. 111 et 317; voy. mes
Premières civilisations, t. II, p. 335.

(3) Appian., Punie., VIII, 130.

(4) Voy. ce que j’en ai dit dans la Gazette archéo-
logique, 1876, p. 126 et s.

(5) Preller, Rœm. mythol., XII, 5 ; p. 754 et s.,
1re édit.
 
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