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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Ledrain, Eugène: Aegypto-semitica
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0197
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— 191 —

III.

Dans la deuxième livraison de la Gazette archéologique de 1878, j’ai attribué
le caractère de talisman préservateur, à un scarabée phénicien représentant une
mouche et précédemment publié dans le même recueil par M. C.-W. Mansell. Ce
savant, dont les doctes et pénétrantes études de mythologie sémitique nous inté-
ressent si vivement, compléta ma pensée. Il groupa un certain nombre d’objets
dont la Phénicie, imitatrice de l’Égypte , se servait comme de phylactères.

La dernière intaille donnée à cette occasion par M. Mansell (1) me paraît
cependant avoir un sens différent de celui qu’il lui attribue. Elle offre l’image d’un
serpent uræus couronné, la tête surmontée du disque du soleil entre deux cornes
de vache; c’est bien un phylactère, mais d’une autre espèce, que les cippes tTBonis.
Il y a deux catégories d’amulettes : ceux qui préservent d’un mal; ceux qui font
acquérir un bien. Si Horus sur les crocodiles a pour objet d’écarter la morsure des
animaux malfaisants ou d’en guérir , si le scarabée portant gravée une mouche doit
préserver des moustiques, l’image de la fourmi des dégâts de ces insectes, le
serpent d’airain du venin des reptiles , d’autres amulettes jouissent d’une vertu
supérieure. Le scarabée funéraire de l’Égypte a le pouvoir d’aider le défunt à faire
ses transformations d’oulre-tombe, comme Osiris; la statuette funéraire lui permet
de bien remplir ses fonctions d’agriculteur dans les merveilleux champs d’Aalou.

C’est bien dans cette dernière catégorie de phylactères, et non dans la première,
comme l’a fait M. Mansell, qu’il faut ranger l’intaille où se dresse le serpent cou-
ronné. Elle ne représente pas une simple vipère, qui aurait pour objet de préserver
de la piqûre des reptiles. Nous y voyons un uræus, symbole des déesses, et accom-
pagnant maintes fois leur nom en qualité de déterminatif. Ici, l’uræus n’est rien
moins qu’Isis ; sur sa tête , il porte l’attribut de la déesse, les cornes avec le
disque solaire ; il a les ailes demi déployées que l’on attache souvent aux flancs
d’Isis. C’est sous ces ailes qu’avec Nephthys elle réchauffa autrefois les membres
déchirés d’Osiris , de façon à le ranimer. Devenu Osiris en mourant, le défunt a
droit à ces mêmes soins des « deux sœurs divines ». Aussi les représente-t-on
souvent, chacune à l’un des deux bouts du sarcophage, enveloppant la momie de
leurs ailes tutélaires. Grâce à elles, le cadavre momifié pourra, plus tard, faire son
rajeunissement.

Souvent même le défunt est figuré tout à fait sous leurs ailes à demi déployées,
comme celles de l'uræus de notre amulette. A l’appui de cette explication je dé-
tache d’une curieuse peinture égyptienne sur bois, provenant originairement d’une
caisse funéraire, que possède le Cabinet des médailles, trois scènes superposées,

(1) Gazette archéologique, 4878, p. 40.
 
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