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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Ledrain, Eugène: Aegypto-semitica
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0196

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— 190 —

l’idée de la renaissance? Il est le matin, il est le printemps, le triomphe de la
lumière et de la vie sur les ténèbres et sur la mort. Il venge son père Osiris, l’être
bon, tué par Typhon ou les puissances mauvaises, en reparaissant le premier après
les nuits et après les hivers.

Le graveur hébreu n’a pas craint de se mettre en opposition avec la Thora , en
écrivant sur cette intaille la plus douce page de la mythologie égyptienne. Pour
Israël, à l’époque des rois, la nature entière s’anima, pendant quelques heures, de
la vie des dieux et des déesses ; l’anémone du printemps lui parut aussi pleine des
larmes d’Astarté, la rose du sang d’Adonis, et à Horus il rattacha le lotus éclatant.

Mais, conformément au génie de sa race , le graveur de notre intaille dut viser
un but pratique encore plus que la reproduction d’une idée spéculative ou d’un
simple ornement. Sans doute cette intaille était considérée comme un amulette
ayant pour objet d’aider le défunt à obtenir son rajeunissement dans l’autre vie.
L’inscription semble bien indiquer qu’Ouziou fit faire cette image pour son père
mort. Comment alors aurait-elle pu avoir un autre but que celui dont je parle?

Une autre intaille juive du Musée Britannique (1), portant gravé un sphinx à tête
d’épervier, paraît avoir eu la même destination. La tête est bien celle de l’oiseau
d’IIorus , tel qu’on le voit accroupi à la base des statues en bois de l’ancienne
Egypte, et qu’on le rencontre , dans les inscriptions, sous le nom encore obscur de
Kemhesou (2). La position de Kemhesou sur des bases de statues contenant de
petites momies d’insectes ou d’oiseaux, qu’il semble couver pour une autre existence,
indique bien le rôle de cette représentation. Elle avait évidemment, comme tout
ce qui était dans les tombes égyptiennes, une vertu d'amulette, et devait contribuer
à faire attendre au défunt la « renaissance de ses chairs ». Ce qui est aussi inté-
ressant qu’étrange, c’est de voir la figure de Kemhesou sur une pierre juive et un
pareil amulette aux mains des fils de Jacob. Un tel objet éclaire vivement la page
où Isaïe reproche aux filles de Sion leurs « petites lunes » , leurs Astartés en or
et en argent, servant à la fois de parure et d’amulette.

Ainsi, de Salomon à la Captivité, ces intailles nous le découvrent, non-seulement
on chanaanisa, s’il est permis de s’exprimer ainsi, quand Jézabel, la Tyrienne ,
fit assiéger par ses qecleschoth (courtisanes sacrées) et par ses qedeschim , encore
plus infâmes, la conscience d’Israël; non-seulement, on assyrianisa sous Achaz
et Manassé ; mais l’Égypte, avec ses dieux et ses coutumes superstitieuses, eut son
heure de mode, parmi les tribus. On se mit à couvrir les défunts Israélites des
mêmes amulettes que les momies de la vallée du Nil.

(«) Vogüé, Revue archéologique, 2e sér., t. XVII
(1868), p. 449, pi. xvi, n° 38.

(2) Voir en particulier le Papyrus de Luynes,
litanie solaire, auquel j’ai consacré un travail
spécial.
 
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