Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux (4.1878)

comme on le voit souvent sur les monuments de l’art, la tête ceinte
du bandeau tordu des lutteurs. Le haut du corps de sa compagne est
nu, tandis que ses jambes sont enveloppées d’une draperie qui tombe
jusqu’à ses pieds. Ce n’est pas Hébé ; son type n’est pas assez divin
pour qu’on reconnaisse en elle l’épouse olympienne d’Hercule ; c’est
une simple mortelle. Dès lors il ne semble guère douteux que le sujet
n’ait été puisé dans les traditions locales de la Béotie et qu’on ne doive
y voir les amours du fils de Zeus et d’Alcmène avec une des cinquante
filles de Thestios ou Thespios (i). Ce sujet avait dû être traité plus
d’une fois par les artistes de la Béotie, et en particulier par eeux de
Thespies, car sept des fils nés du demi-dieu et des Thespiades étaient
considérés dans cette ville comme les à-qxoïïyo'., les héros éponymes des
di verses fractions de la population (2), et trois étaient comptés parmi
les héros locaux de Thèbes, tandis que l’on racontait que les qua-
rante autres avaient émigré en Sardaigne avec Iolas. Pline (3) signale
des statues des Thespiades par Cléomène, qui avaient été transportées
à Borne. L’importance des filles de Thestios et de leurs amours avec
Hercule, dans les traditions religieuses de Thespies, tenait aussi à
leur signification calendaire (4), car elles personnifiaient manifeste-
ment les cinquante lunaisons (5) au bout desquelles revenait la fête
pentaétérique des Erotidies (6), la grande fête de Thespies.

S. TBIYIEB.

AUTEL ANTIQUE DANS LA CATHÉDRALE DE SIENNE.

(Planche S.)

Je ne sache pas que l’on ait jusqu’à présent publié les remarquables
morceaux antiques employés dans la décoration du Dôme de Sienne, ni
l’autel qui forme le piédestal d’une des colonnes de la porte de la Libreria,
ni le candélabre de marbre transformé en bénitier qui, à l’entrée de la nef
principale, fait pendant à celui de Jacopo délia Quercia. Du moins, toutes

négligence, sont beaucoup trop grêles et mal for-
més. Mais ce qui est bien caractéristique, c’est le
large et puissant développement de la poitrine,
«tépva EÔicayn, comme dit Philostrate (Vit. so-
phist., II, 4). Les cheveux et la barbe sont aussi
conformes au type herculéen habituel.

(1) Aoollodor., II, 4, 9, et 7, 8; Pausan., IX,
27, 5; Diod. Sic., IV, 29.

(2) Il y a sûrement un lien entre ces sept héros
8y)|ao5^oi de Thespies et la forme particulière de
la tradition, d’après laquelle Hercule aurait possédé

en sept nuits les cinquante filles de Thestios. He-
rodor. ap. Athen., XIII, 4.

(3) Hist. nat., XXXVI, 33, 39.

(4) Voy. Preller, Griech. Mythol., 2° éd., t. H,

p. 180.

(8) Comparez les cinquante enfants nés d’Endy-
mion et de Séléné, d’après les traditions de l’Ëlide.
Pausan., V, I, 2; cf. Artemidor., IV, 47; Bœckh,
Explic. in Pindar., p. 138.

(6) Plutarch., Amator., I.