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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 7.1881-1882

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Lenormant, François: Pénélope: miroir étrusque
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https://doi.org/10.11588/diglit.25013#0203
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pelotons clc laine teinte en pourpre (1). Depuis, M. Stephani a rejeté cette opinion
d’une façon dédaigneuse, et sans y accorder l’importance qu’elle méritait (2). Là où
l’on a vu Pénélope, il ne veut reconnaître que des scènes (le la vie quotidienne, do
simples femmes dans leur gynécée, ayant près d’elles une oie favorite, car cet oiseau,
dit-il, était pour les anciens « das Hausthier -/.a-’ àï;-/v- » Il me semble, du reste,
exagérer singulièrement en ceci la portée des textes qu'il cite en abondance (3). De
ces textes, en effet, il résulte que les Grecs élevaient très habituellement des oies
dans leurs basses-cours, mais non qu’ils en faisaient un oiseau d’agrément, un com-
pagnon constant de la vie dans les maisons. C’est dans la basse-cour du palais
d'Ithaque qu’était nourrie l’oie que Pénélope voit en songe enlevée par un aigle et
qu’en se réveillant elle trouve encore en vie, ce qui lui paraît d’un bon augure (4).
Remarquons, par contre, que cetépisode de Y Odyssée était encore uneraison pour les
artistes de placer l’oie auprès delà figure de Pénélope. Enfin l’épouse d’Ulysse était par
excellence le type poétique et héroïque de la matrone, et l’oie était prise comme un
emblème de la vio matronale (o), parce qu’elle était une vigilante gardienne de la
maison (6), yiv y.ooy.cv. o6p.o)v aûXaxa p.îXes^p.ova (7), et aussi à cause de la démarche
grave, àlaquelle la même idée est restée attachée dans les idées populaires des Grecs
d’aujourd’hui, comme le prouve la chanson des paysans de l’Attique,

Na */a[AY))(c6<70uv Ta (3o*Jvà, va (BXéuto tyjv ’AQyjva,

Nà pXéTia) TYjV àyàir?) ^ou, 7to0 TrspTraTEÏ aàv y.vjva.

Le magnifique miroir étrusque, décoré do reliefs au lieu da graffiti, qui fait un des
ornements de la collection de M. Auguste Dutuit, à Rouen, et que nous publions
dans la planche 18, me paraît apporter une confirmation'décisive de l’opinion de Pa-
nofka et de M. de Witte, et contredire absolument la dénégation qu’y a opposée
AI. Stephani. Ce ne sont point, en effet, des scènes familières, des sujets de genre,
qui sont retracés à l'habitude sur les monuments de cette classe; ce sont des sujets
mythologiques ou héroïques empruntés aux traditions de la poésie des Hellènes,
dont la mode exerçait un empire souverain chez les Etrusques à l’époque ou ils ont
été tous exécutés.

Je ne crois pas possible d’hésiter au sujet de l’attribution du nom de Pénélope à la
femme que le miroir de M. Dutuit nous montre accompagnée d’une oie. Trop de par-

ti) Ibid., pl. i.

(2) Compte-rendu de la Commission Impé-
riale archéologique de Saint-Pétersbourg, 1863,
p. 51 et 77.

(3) Ouvr. cit., p. 17.

(4) Odgss., T, 535-553.

(5) Antipat. ap. Anthol. Palat , VII, 425;
Petron., Satyr., 137; voy. Stephani, ouvr. cit.,

p. 21.

(6) Aristot., Hist. anim., J, 1, 15.

(7) Antipat., loc. cit.
 
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