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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 8.1883

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Lenormant, François: Bacchus, bronze Florentin de la Renaissance
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https://doi.org/10.11588/diglit.25012#0210
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— 180 —

pensera donc d’un commentaire plus développé. Je dirai seulement, ce dont on
ne peut juger qu imparfaitement par notre planche, que la pose cambrée et à
demi-renversée du corps, qui se prononce surtout lorsqu’on voit la figure de
trois quarts, est exactement la môme dans le bronze et dans le marbre. Mais les
conditions de la matière ont permis, dans l’imitation de métal, de réduire
considérablement le point d’appui de la figure, de substituer un simple tronc
mince, autour duquel s’enroule un cep de vigne, au petit Satyre sur lequel
s’appuie le Baccbus de marbre, et dont le flanc et la jambe du dieu ne se
détachent pas.

Le mouvement des jambes, des bras et, par suite, de la tête, est, d’ailleurs,
dans le bronze, exactement l’inverse de ce qu’il est dans le marbre de Michel-
Ange. C’est la jambe droite qui s’infléchit en avant dans ce dernier, la gauche
dans le premier. Le marbre fait élever dans la main droite du dieu, et assez
fortement, la coupe, vers laquelle il tourne, en la redressant, sa tête, empreinte
d’une ivresse marquée, tandis que sa main gauche s’abaisse en tenant une
grappe. C’est, de la main gauche que le bronze lui fait tenir la coupe moins
élevée, et sa tête s’abaisse pour la regarder avec une expression d’une mélan-
colie méditative. Quant à la main droite, elle tient la grappe et se prépare à en
presser le jus dans la coupe. Le type du corps du Bacchus, tel que l’a sculpté
Michel-Ange, est d’une vigueur plus rustique que celui qu’a modelé l’auteur du
bronze de la collection Golitzine, qui a cherché à rendre une nature juvénile et
fine, d’une sveltesse élégante et un peu maigre.

Ces différences sont considérables. Elles ne permettent pas de considérer le
bronze actuellement conservé à Moscou comme une simple réduction du
marbre de Florence, ni comme l’œuvre de Michel-Ange lui-même. C’est un
autre artiste qui a modelé ce bronze, mais un artiste d’un grand talent, tenant
encore par certains côtés aux traditions de l’ancienne école, mais s’engageant
résolûment dans la voie nouvelle qui s’ouvrait à l’art. Sans se réduire propre-
ment au rôle de copiste, en modifiant considérablement son modèle, il a imité
de près l’admirable statue que le grand Buonarotti produisait dès 1495 et où il se
montrait tellement en avant de ses contemporains, statue qui, dès son appari-
tion, fut hautement admirée et appréciée à sa juste valeur.

Fr. LENORMANT.
 
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