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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 9.1884

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Lasteyrie, Robert de: Vierge en ivoire de la collection Bligny
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https://doi.org/10.11588/diglit.25357#0310
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— 302 —

couronne de la Vierge, le beau style des draperies nous portent à y voir un
travail français, probablement contemporain de Philippe le Bel.

Inutile de dire que l’auteur de ce magnifique ivoire est et a toutes chances
de rester éternellement inconnu. Mais à défaut du nom de l’auteur, on voudrait,
au moins savoir quelque chose de l’origine, de la provenance, de l’histoire de
cette statue. Malheureusement, il nous est bien difïîcile de satisfaire sur ce
point la curiosité de nos lecteurs.

Cette Vierge passe pour avoir appartenu jadis à l’abbaye de Frigolet
(Bouches-du-Rhône). Enlevée, à l’époque dela Révolution, sans qu’on sache
par qui ni comment, elle tomba entre les mains d’un habitant d’Aix,
dont le petit-fîls consentit à la vendre à M. Blignv, en 1882. Un accident grave
survenu, soit pendant la Révolution, soit pendant cette longue période de
temps que lastatue passaentre les mains depropriétaires quin’en appréciaient
pas la valeur, avait mutilé ce chef d’œuvre, la tôte de l’enfant Jésus avait été
brisée et perdue. Heureusement, elle trouva un asile dans la boutique d’un
marchand d’antiquités de Marseille, nommé Lazare; elle y fut découverte, en
1857, par un collectionneur bien connu, M. Carrand, qui s’empressa de
l’acquérir. Le premier soin de M. Bligny, lorsqu’il fut devenu possesseur de
la statue, fut naturellement de s’assurer que la tête recueillie parle sieur Lazare
était bien celle qui manquait à l’enfant Jésus.

II alla donc à Pise, où M. Carrand fils s’était retiré. II obtint de lui l’autori-
sation de rapprocher du corps de la statuette la tête en question. II put
reconnaître, comme nous l’avons constaté nous-même, que les deux pièces se
raccordaient parfaitement, que les irrégularités de la cassure coïncidaient de
façon à ne permettre aucun doute. II sut obtenir de M. Carrand la cession de
ce'précieux morceau, et depuis un an, la belle Vierge de Frigolet, redevenue
complète, peut de nouveau soutenir la comparaison pour son mérite artistique
et sa bonne conservation avec les plus belles pièces d’ivoire que le Moyen-Age
nous ait laissées.

R. de LASTEYRIE.
 
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