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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 9.1884

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Lasteyrie, Robert de: Vierge en ivoire de la collection Bligny
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https://doi.org/10.11588/diglit.25357#0309

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— 301 —

et de noblesse. La Vierge a dans la main droite une pomme qu’elle semble
présenter à son divin fils, attitude bien fréquente au Moyen-Age, et que
rappelle l’inscription suivante, qui se iit au dessous de la Vierge deBenoîte-
Vaux, au diocèse de Verdun :

Læva gerit natum, gestat tua clextra malurn 1.

On sait qu’il faut sans doute y voir une allusion au péché de nos premiers
parents, que le Christ a racheté par son incarnation.

Cette belle pièce d’ivoire est haute de 0 m 38 centimètres; elle est si bien
conservée que i’on peut voir encore des traces de la couleur qui en rehaussait
jadis certaines parties. Ainsi le côté intérieur, ce qu’on pourrait appeler la
doublure du voile, de la robe et du manteau de la Vierge, et de la robe de
l’enfant Jésus, sont peints. en rouge. La ceinture de la Vierge était de couleur
verte et les éiégants petits quatrefeuilles qui la décorent étaient dorés,
ainsi que le coussin sur lequel la Vierge est assise. Un éiégant ornement
d’or, dont le dessin délicat paraît un dérivé lointain de ces légendes en carac-
tères coufiques qui ornaient certaines étoffes orientales, et que nos orfèvres
français, ceux de Limoges en particulier, ont imitées plus d’une fois 2,
formait unebordure au col de la robe, au pourtour du manteau et au bout des
manches de la Vierge. La robe de l’enfant Jésus était ornée de meme.

La belle planche, que nous devons à la libéralité de M. Biigny, nous
dispense d’insister bien longuement sur la valeur artistique de ce magnifique
morceau. Par ses dimensions et ses belles proportions, par la nobiesse des
figures, l’élégance des draperies, le fini du travail, il mérite d’être ciassé au
nombre des œuvres les pius remarquables que le Moyen-Age nous ait laissées.

Quoique le visage de la Vierge, ses traits fîns, sa bouche pincée, ses yeux
surtout si allongés, rappelient ia physionomie de certaines œuvres italiennes,
nous n’hésitons pas à croire que ce bel ivoire est d’origine française. Les
ornements du siège, le dessin si caractéristique des feuiilages qui forment ia

1. Citée par M. Palustre, dans le Dull. monmn.,
t. XLVI, p. 597.

2. Le beau ciboire d’Alpaïs, au musée du Louvre,
eu offre un des exemples les plus connus. Sur ces

imitations des légendes couflques par nos artistes
occidentaux, voir l’article de Longpérier dans le
Cabinet de l'amateur, t. I, p. 145-160. Cf. (Euvres
de Longpérier, t. IV, p. 115-131.
 
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