Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 14.1889

DOI Artikel:
Durrieu, Paul: Une peinture historique de Jean Foucquet: le roi Louis XI tenan un chapitre de l'Ordre de Saint-Michel
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22133#0076
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
6*2 UNE PEINTURE HISTORIQUE DE JEAN FOUCQUET

De chaque côté de l’écusson, deux auges sont à genoux, recouverts d’une armure d’or
dont les diverses pièces affectent la forme de coquilles. De la main droite, ces anges
tiennent une épée nue; de la gauche, ils soulèvent les extrémités du collier de l’Ordre
suspendu au dessous de l’écusson comme une guirlande. Cette décoration de la marge
inférieure, dont notre reproduction privée du charme de la couleur ne peut malheureu-
sement rendre exactement l’aspect à la fois brillant et harmonieux, est de la même main
que le tableau principal et exécutée avec autant de soin et de finesse.

La présence des armes de France suffirait à attacher un prix particulier au volume. Ce
blason n’est pas un simple ornement; c’est une marque de provenance, un véritable
ex libris. Les différentes bibliothèques et spécialement notre grande collection nationale
nous ont conservé un certain nombre d’exemplaires des Statuts de l’Ordre de Saint-Michel
datant de la fin du xve siècle ou de la première moitié du xvie h En les étudiant tous, les
uns après les autres, il est facile de constater que lorsque ces livrets portent, comme ici,
des armoiries peintes en tête, ce qui est d’ailleurs l’exception, ces armoiries sont
toujours celles du personnage qui a été le premier à posséder l’exemplaire en qualité de
membre de l’Ordre. Si donc l’écusson se trouve être l’écusson royal, on peut affirmer
qu’on est en présence d’une copie faite pour un des souverains qui ont régné sur notre
pays1 2. Tel est le cas, pour le manuscrit français 19819.

D’un autre côté, l’exécution de ce manuscrit remonte indubitablement à une époque
voisine de la création de l’Ordre en 1469. Il existe à la Bibliothèque nationale, dans la
collection de Clairambault, volume 1242, pages 1421 à 1469, une autre copie des Statuts
de Saint-Michel qui présente beaucoup d’analogie avec celle dont nous nous occupons.
Le format est pareil. L’écriture du texte est de la même main. Sur la première page on
voit également une peinture représentant le roi Louis XI tenant un chapitre de l’Ordre;
et dans cette peinture, l’ensemble de la composition est disposé de la même façon. Mais
là s’arrête la ressemblance. Au point de vue de la valeur d’art, il y a une distance
immense entre les deux pages. Autant celle que nous publions est marquée au sceau de
ces qualités supérieures qui dénotent la création originale d’un véritable artiste, autant
l’autre est affaiblie, timide, dénuée de caractère, en un mot trahissant la main d’un
vulgaire praticien, qui doit le meilleur du mérite qu’on peut encore reconnaître à son

1. Je citerai seulement, rien qu’à la Bibliothèque
nationale, les mauuscrits français 14361, 14362,
14363 (exemplaire de Charles VIII), 14364, 14375,
19815, 19817, 19818 (exemplaire du connétable de
Montmorency), 24013, 25189; sans compter l’exem-
plaire de la collection Clairambault, venant du duc
Charles de Guyenne.

2. Cette observation peut être vérifiée sur le manus-
crit français 14363 de la Bibliothèque nationale qui a

été écrit et décoré pour Charles "VIII. Cet exemplaire
est orné, lui aussi, d’une miniature de toute beauté, un
vrai chef-d'œuvre de la peinture française à la fin du
xve siècle. Ce n’est pas ici le lieu de décrire cette page
exquise et d’en discuter le caractère. Je me bornerai à
dire qu’une série de rapprochements me semble per-
mettre de penser que Jean Perréal peut ne pas avoir
été étranger à son exécution.
 
Annotationen