Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 14.1889

DOI article:
Durrieu, Paul: Une peinture historique de Jean Foucquet: le roi Louis XI tenan un chapitre de l'Ordre de Saint-Michel
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22133#0077
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
UNE PEINTURE HISTORIQUE DE JEAN FOUCQUET 63

œuvre à l’excellence du modèle dont il s’est inspiré1. Il suffit de mettre en regard les
deux exemplaires pour se convaincre que l’enluminure du manuscrit Clairambault est
une imitation flagrante de l’admirable frontispice qui ouvre le manuscrit français 19819.
Celui-ci a donc été forcément peint le premier.

Or, l’exemplaire de la collection Clairambault porte en lui-même une indication
pouvant servir à le dater très approximativement. Un écusson placé au milieu de la
marge inférieure du frontispice, au même endroit que les armes royales de France sur
notre planche, atteste qu’il a appartenu au frère de Louis XI, Charles de France, duc de
Guyenne.

Ce prince fut le premier personnage auquel le collier de l’Ordre de Saint-Michel ait été
conféré. Il est inscrit en tête d’une liste de quinze chevaliers nommés le 1er août 1469
par Fordonnance même de création de l’Ordre. Il est évident qu’une fois l’institution
régulièrement organisée, on dut s’occuper sans trop tarder de distribuer à chacun des
nouveaux dignitaires un exemplaire des statuts, et naturellement le duc de Guyenne
avait tous les droits à être servi avant les autres. En tout cas, il est une date au delà de
laquelle on ne peut descendre. C’est celle de la mort du duc de Guyenne. Celle-ci nous
fixe un terme relativement très rapproché, car elle survint moins de trois ans après
l’institution de l’Ordre, le 20 mai 1472. La peinture de la première page du manuscrit
Clairambault était certainement achevée avant le moment où le frère de Louis XI fut
enlevé par un mal soudain. A plus forte raison en est-il de même pour la miniature
plus ancienne dont cette page n’est qu’une imitation. Et ceci nous reporte bien à
l’époque indiquée.

Il faut donc reconnaître, dans le manuscrit français 19819, une copie des statuts de
Saint-Michel écrite et décorée pour le roi Louis XI, grand maître et fondateur de l’Ordre;
copie exécutée peu de temps après la promulgation de l’ordonnance de création; copie
ayant enfin une sorte de caractère officiel, puisqu’elle a été prise comme modèle lorsqu’il
s’est agi d’enluminer un autre exemplaire pour le donner au premier créé des chevaliers
de Saint-Michel.

Ces constatations si précises offrent cet avantage de reposer sur des faits absolument
certains qui ne laissent place à aucun doute. En poussant un peu plus loin, on peut
encore trouver matière à un rapprochement bien intéressant dans le texte môme des

1. Chose curieuse, tandis que l’original du roi Louis
XI tenant le chapitre de l’Ordre de Saint-Michel, peint
en tête du manuscrit français 198.19, restait jusqu’à
une époque bien récente totalement méconnu, la très
faible imitation de la collection Clairambault a joui
d’une fortune toute différente. Gaignères en a fait exé-
cuter une copie agrandie qui se trouve dans son
recueil au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque

nationale (vol. VII, f° 3). Montfaucon, à son tour, a
donné une gravure de la copie de Gaignères (Monumens
de la Monarchie Françoise, III, pl. lxi) et, de nos jours
encore, cette copie a été reproduite dans différents
ouvrages de vulgarisation, notamment dans les Chro-
niqueurs de l'histoire de France, par Mme de WittK
4e série, p. 439.
 
Annotationen