Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 14.1889

DOI article:
Molinier, Émile: La collection Spitzer
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22133#0119
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LA COLLECTION SPITZER

(Pl. 21 a 34)

D’ici à peu de semaines la Collection Spitzer va être dispersée; il n’en subsistera que
le souvenir et un catalogue monumental, magnifique répertoire de monuments pour
l’étude de l’Antiquité, du Moyen Age et de la Renaissance, bien fait pour accentuer les
regrets désormais superflus de ceux qui ont rêvé de fixer à jamais toutes ces richesses
dans notre pays. Il s’est passé pour le Musée Spitzer ce qui s’est toujours passé en France
lorsqu’il s’est agi de la vente d’une grande collection; on aurait eu le droit d’être sur-
pris qu’il en fût autrement : nous admirons et dénigrons à outrance, tour à tour, et avec
la même facilité ; quand je dis nous, j'entends ceux qui s’occupent des arts. Et puis nous
sommes fort étonnés que ceux qui ne sont point dans le secret, le jour où on leur
demande de dénouer les cordons de leur bourse pour accomplir nos vœux, fassent alors
les difficiles ou se refusent catégoriquement à payer nos fantaisies. Les uns et les autres
ont tort : les premiers d’admirer ou de répandre sur une collection les bruits les plus
mauvais et les plus perfides avec une légèreté inconcevable ; les seconds de ne pas mieux
se renseigner. Que n’ai-je pas entendu dire sur la collection Spitzer! les uns prétendaient
que le Louvre ou le Musée de Lluny étaient, à côté d’elle, de simples musées de chefs-
lieux de canton; les autres que ce n’était qu’un ramassis d’objets truqués, restaurés,
refaits ou même faits de fond en comble; ce qui, par parenthèse, n’était guère poli
pour votre serviteur et les collaborateurs dont les noms resteront attachés au Catalogue.
Mais à quoi bon récriminer? ce qui est fait est fait; la Collection Spitzer quittera en
grande partie la France pour aller enrichir les musées étrangers, et les mêmes objets
que l’on dénigrait si fort rue de Villejust deviendront admirables le jour où ils seront
exposés dans les vitrines de Berlin ou de Londres : singulière façon de comprendre
le patriotisme qui consiste à nous dépouiller volontairement pour donner à nos voisins
des armes pour nous combattre.

Avant que l’œuvre de dispersion fût accomplie il nous a semblé utile de mettre sous
les yeux des lecteurs un certain nombre de monuments de la Collection Spitzer; nous
avons reçu la gracieuse autorisation de nous servir de quelques-unes des planches du
Catalogue, ce qui me permettra de faire ressortir le mérite des différentes séries qui
composent le Musée. Je ne referai pas avec le lecteur une promenade à travers toutes les

14

Gazette Archéologique. — Année 1889
 
Annotationen