SUPPLEMENT A LA GAZETTE DE COLOGNE
M A R D I , 31 j A N T l E R 1786.
ß Vaps.ovif. , 3 Janvier. Le sroid qu’on eprouve depuis une
semaine dans nos oontre'es est des plqs rigpureux: on le com-
pare a celui des divers les plu? rüdes connus. On a trouve des
animaux ßt meine des ho.mmes gßl.e's d^ns les campagnes, Si
dans les'pays plus septentrionaax le froid a augmßnte' en pro-
portiqn, on dqit s’attpndre ä de faclieux detail?.
La vertu est d.e tous les pays & de töutes les settes. On ra»
porte i.ci un trait dign.e ßes plus grands e'loges.
“ JJne famille Polonoife des plus distingu.e'eg, par une d.es re-
yolutions trop prdinaires, dans un pays que les discordes & les
^uerres civiles ont souvept de'vaste, e'toit fombe'e de l’e'le'yation ßt de i’Qpulerjce, dans
l’obscurite' & la misere. Un fils qui restoit, avoit e'te contraipt d’entrer au service d’un
gentilhom.nje Polonois, comme simple domestique, mais il avoit change de nom. Sst
bonne sortune le conduilit dans u-ie auberge tenue, comme le sont presque ioutps les
hötellerie? .& cabarets en Fotogne, par un Le bon Ifraelite, apres avoir examine
attentivem.ent la figure de ce je.un,e sromme, lui demanda civilement son npm ,que l‘ai^>
,tre ne sit aucupe djfficulte' de donner. — Oui, dit l’höte $ il eß: vrai que vous vops fai-
res apeiler ainsi, mais ce n’est poin.t votre nom ve'rstable. Soles sincere & franc avec
pioi: je reconnois sür votre yisage des traits , que j’ai tout lieu de re'verer. Si j,e ne pe
’trompe, vous ötes le fils du digne, mais insortund Prince Woronicski. ~ J’en doisj.Qq-
venir, dit le jeune homme, mais dans l’imposilbilite' d.e soptenir l’e'clat de ma naissance,
j’ai cru qu’il e'toit plus prudent de la celer. —- Dien tout puissant! s’e'cria le Juif, je
vous remercie pour la faveur, que je req.ois en ce morpent de votre honte', en m’offrant
J’occaßoa de m’acquitter envers le£’!s, d’une p?rt.ie des Obligation? que j’ai ä ses p^rens,
Oui, Monsieur, c’est ä votre noble famille que je siois mop exiftence & mop bqnbeur.
Je n’ai lo.ngtems subiiste que des ge'ne'rpsites de vos parens’; la Proyi.den.ee a be'ni mes
travaux; & je me trouye depuis quelques anne'es | la tete d’un<e fortune conside'rable»
qu'il eit de mou devoir de paitager .avec le . epresentant de mes bienfaiteurs. Les d?“
main Votre Excellence sera place'e dans la sphere qui lui conviejit. L’etat de seyvitude
n’a jamais e'te' falt pour vous; je sacrifierois moi-meme plutdt jna liberte', si je n’av.ois
yas d’autre moiende yousretirer de l’indigne esclavage, ou les malheurs vous ont plonge.
6i E.ffectivernent, des le grand matin du iendemain, le Prince aiant re$u ».econ-
jaoissant Ifra?l:te une bourse de 1000 ducats, partit dans un carosse ä six chevaux, qu’il
lui avoit en outre fait pre'parer avec une suite convenable? & il se rendit a Varsovie ? qü
S’e'tant sait recon.noitre, il ne tarda point d’eUe comble' des bienfaits du Roi, & hono»
re' memedu cordon de PAigle-Blanc, le premier ordre de Chevalerie d.e ce Roiaume. Peu
apres le Prince revint voir le Juif, ä qui il devoit de'ja fant, & qui pendant son absen-
ce lui avoit pre'pare' de nöuveaux sujets de grat.itude» Car il svsit regpqie' une glliance
eptre S®n Excellence, & qne riche he'ritiere ÜAUemagne, qui lui aporta pour dot cent
piille florins d’Empire, & la promesie d’une somme plus c.onsiderable, ä la naissancß de
leur premier sils ”.
D.e Rome, le 14 Janvier. S, S. .est incommodee depuis quesques jours ; on a e'te
pblige’e de lui faire plusieurs saigne.es; depuis ce mqiijent, Elle s’est senti soujage'e; &
l’on a tout lieu d’espe'rer que son indispositiop nsaura päs de s.uites sacheuses.
Le projet de re'unir l’Eglise Russe ä la Romaine , ylent d’etr.e remis sür le tapis ; ou
dit meme qu’il a de'ja pris alles de consistance pour espe'rer qu’il sera enfin satisfait aqx
vues bienfaisantes de l’auguste Impe'ratrice de Toytes les Ruflies.
Il se cqnsirme, nous dit-on, qqe Je Prince Hertcliuf est enferme' ä ; qqe les
P u
M A R D I , 31 j A N T l E R 1786.
ß Vaps.ovif. , 3 Janvier. Le sroid qu’on eprouve depuis une
semaine dans nos oontre'es est des plqs rigpureux: on le com-
pare a celui des divers les plu? rüdes connus. On a trouve des
animaux ßt meine des ho.mmes gßl.e's d^ns les campagnes, Si
dans les'pays plus septentrionaax le froid a augmßnte' en pro-
portiqn, on dqit s’attpndre ä de faclieux detail?.
La vertu est d.e tous les pays & de töutes les settes. On ra»
porte i.ci un trait dign.e ßes plus grands e'loges.
“ JJne famille Polonoife des plus distingu.e'eg, par une d.es re-
yolutions trop prdinaires, dans un pays que les discordes & les
^uerres civiles ont souvept de'vaste, e'toit fombe'e de l’e'le'yation ßt de i’Qpulerjce, dans
l’obscurite' & la misere. Un fils qui restoit, avoit e'te contraipt d’entrer au service d’un
gentilhom.nje Polonois, comme simple domestique, mais il avoit change de nom. Sst
bonne sortune le conduilit dans u-ie auberge tenue, comme le sont presque ioutps les
hötellerie? .& cabarets en Fotogne, par un Le bon Ifraelite, apres avoir examine
attentivem.ent la figure de ce je.un,e sromme, lui demanda civilement son npm ,que l‘ai^>
,tre ne sit aucupe djfficulte' de donner. — Oui, dit l’höte $ il eß: vrai que vous vops fai-
res apeiler ainsi, mais ce n’est poin.t votre nom ve'rstable. Soles sincere & franc avec
pioi: je reconnois sür votre yisage des traits , que j’ai tout lieu de re'verer. Si j,e ne pe
’trompe, vous ötes le fils du digne, mais insortund Prince Woronicski. ~ J’en doisj.Qq-
venir, dit le jeune homme, mais dans l’imposilbilite' d.e soptenir l’e'clat de ma naissance,
j’ai cru qu’il e'toit plus prudent de la celer. —- Dien tout puissant! s’e'cria le Juif, je
vous remercie pour la faveur, que je req.ois en ce morpent de votre honte', en m’offrant
J’occaßoa de m’acquitter envers le£’!s, d’une p?rt.ie des Obligation? que j’ai ä ses p^rens,
Oui, Monsieur, c’est ä votre noble famille que je siois mop exiftence & mop bqnbeur.
Je n’ai lo.ngtems subiiste que des ge'ne'rpsites de vos parens’; la Proyi.den.ee a be'ni mes
travaux; & je me trouye depuis quelques anne'es | la tete d’un<e fortune conside'rable»
qu'il eit de mou devoir de paitager .avec le . epresentant de mes bienfaiteurs. Les d?“
main Votre Excellence sera place'e dans la sphere qui lui conviejit. L’etat de seyvitude
n’a jamais e'te' falt pour vous; je sacrifierois moi-meme plutdt jna liberte', si je n’av.ois
yas d’autre moiende yousretirer de l’indigne esclavage, ou les malheurs vous ont plonge.
6i E.ffectivernent, des le grand matin du iendemain, le Prince aiant re$u ».econ-
jaoissant Ifra?l:te une bourse de 1000 ducats, partit dans un carosse ä six chevaux, qu’il
lui avoit en outre fait pre'parer avec une suite convenable? & il se rendit a Varsovie ? qü
S’e'tant sait recon.noitre, il ne tarda point d’eUe comble' des bienfaits du Roi, & hono»
re' memedu cordon de PAigle-Blanc, le premier ordre de Chevalerie d.e ce Roiaume. Peu
apres le Prince revint voir le Juif, ä qui il devoit de'ja fant, & qui pendant son absen-
ce lui avoit pre'pare' de nöuveaux sujets de grat.itude» Car il svsit regpqie' une glliance
eptre S®n Excellence, & qne riche he'ritiere ÜAUemagne, qui lui aporta pour dot cent
piille florins d’Empire, & la promesie d’une somme plus c.onsiderable, ä la naissancß de
leur premier sils ”.
D.e Rome, le 14 Janvier. S, S. .est incommodee depuis quesques jours ; on a e'te
pblige’e de lui faire plusieurs saigne.es; depuis ce mqiijent, Elle s’est senti soujage'e; &
l’on a tout lieu d’espe'rer que son indispositiop nsaura päs de s.uites sacheuses.
Le projet de re'unir l’Eglise Russe ä la Romaine , ylent d’etr.e remis sür le tapis ; ou
dit meme qu’il a de'ja pris alles de consistance pour espe'rer qu’il sera enfin satisfait aqx
vues bienfaisantes de l’auguste Impe'ratrice de Toytes les Ruflies.
Il se cqnsirme, nous dit-on, qqe Je Prince Hertcliuf est enferme' ä ; qqe les
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