1’ O J S I 1.
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ces Feeres.
Les qudtre partles da jour , poeme envers
libres , i'mite de l’ Ällemand de M. Zscharie ;
dedie a MonJeigneur le Comte DE Provence.
P. M. l’Abbe Aleaume , Secretaire intcr-
prete du s’rince : A Faris 1773 , de
l’imprimerie de Pierre - Alexis le Prieur,
Imprimeur du Roi. in-8.
M..l’Abbe Aleaume paroit connoicre par-
ticulierement la Litterature , & sur-tout la
poesie Allemande j Fes ressexions sür ce su-
jec sont faires avec allez, de goür ; il
fair voir que la constitution du Gauverne-
nient , les meeurs & la situation des Al-
lemands inssuent beaucoup sür leur poe-
sie; leur pays divise en une multitude de
petirs Etats disserents, independants les uns
des äutres , anis seulement par la consti-
tution generale qui fair un corps ’de ces
parties , ccpendant toujours separees, &
la langue qu’on parle dass tous avec quel-
ques diversites dans la prononciation , Sc
quelquefois dans certainesexpressions & dans
certains tours , font peut-dtre un des plus
grands obllacles ä leurs progres dans di-
vers genres 5 leur theätre, par exemple , est
etfeore dans l’enfance; il demande- de gran-
des villes tres peuplees , & une societd
p'crfedtionnee qu’on ne doit pas trowver
dans uue contree ou l’on voit taut de Sou-
verains qui vivent chäcun chez eux , &
donnent Ic ton ä la porrion desujets qu’ils
gouvernent. Leurs Poetes , pour ainsi dire ,
disperses dans ce pays vaste , ne se reu-
nissenc pas dans de grandes capitales od ils
peuvent se voir, se consulrer, sxclairer ;
c’est par lettres , c’est par la voye de l’im-
prcsiion qu’ils communiquent ensemble ;
ils restent isoles, repandiis qa & la, plus
xapproches de la Campagne qui frappe sans
cesse leurs regards, & qui Jeur offre dans
la Nature des tableaux ä leur portec qu’ils
ont essaye de peindre, & qu’ils ont peints
avec sucaes. M. Aleaume leur rend justice ;
’1 relevc avec beaucoup de goür ce que
Ion doir louer en eux, & ce qui merite
d’ecre imitd; il s’est lailse aller au seati-
ment dans ces details, bientot il reprend
le ton du critique , & il fixe avec auranc
d'isquitc ce qu’il faut bläaacr Sc cyiter dans
33 Ils ne savent jamais s’arre-
ter; leurs deseriptions satiguent par leur
multiphcke ; ils peignent la Nature comme
un amant voudroir peindre sa maltresse ;
le moindre detail les interesie ; le moindre
traic leur paroit prccieux 5 & comme ils
aimeot. tour en eile , ils se croient obli-
ges de tour peindre, Mais la Nature esb
une de ces Beautes de perspestive , dont
il ne faut saisir que les grands traits ; la
monotonie , Sc la loagueur sont un autre
defaut trop commun aux Poetes Allemands;
on leconnoic l’inssuence du Nord dans la
lenteur de leur marche , dans l’expieflioo
prolixe , dans la repetirion faflidieuse des
memes lentimcnts , des in£mes ids.es ; on
y trouve rarement , comme dans les ou-
vrages des Grecs Sc des Romains , ce
pallage rapide d’une idee ä (ine idee dis-
ferente , ce slyle anime & ijnpetue-ux , ins
pire par une ame sensible & retentisianre
si j’ose ainsi parier , qui srappde dans 1g
meme instant de plusieurs impresiions , pres-
see du besoin de les produire au debors^»
rencontrc ou inventc ces expressions qu».
reveillenc dans l’esprit plusicurs idees & pln~
sieurs sensations.
Ces ressexions donnent une idee de la ma»
niere dont M. l’Abbe Aleaume a envisagc
Ion travail;. il n’a pris que les grands traits
du Poete Ällemand , & la sseur pour ainsi
dire, de chaque sujet qu’il a traite. Sa
dedicace a Monseigneur le Comte dä Pro-
vence elf ingenicuse; il lui parle des ta-
bleaux qu’il va lui ofitir j c’cst la nature
qui les a traccs.
Et comme dans nos champs sa main toujours fertile
A place l’agreable ä cöte de l’utile ,
Elle vous accorda des vos plus jeunes ans.
Les Ruits de la.raison , & la sseur des talents.
Puisse le Dien de la Itimiere ,
Dont en vers inegaux ma muse irreguliere ,
Va chanter le lever , le cours Sc ledeclin ,
Ne faire qu’un beau jour de votre vic entiere 1
Digne d’un si brillant marin,
Que votre midi sans nuages ,
RemplilFeles heureux pr6sages,
Dont votre aurere a ssatte notre espoir 1
Que lesoirdevos jours s’ecoule sans orages,
Er que lanuit jamais ne remplace 1c soir.
Le matin est d’abord l’objet des chants
da Poetcj il pcint l’aarorc näilsiuitc dissi-
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ces Feeres.
Les qudtre partles da jour , poeme envers
libres , i'mite de l’ Ällemand de M. Zscharie ;
dedie a MonJeigneur le Comte DE Provence.
P. M. l’Abbe Aleaume , Secretaire intcr-
prete du s’rince : A Faris 1773 , de
l’imprimerie de Pierre - Alexis le Prieur,
Imprimeur du Roi. in-8.
M..l’Abbe Aleaume paroit connoicre par-
ticulierement la Litterature , & sur-tout la
poesie Allemande j Fes ressexions sür ce su-
jec sont faires avec allez, de goür ; il
fair voir que la constitution du Gauverne-
nient , les meeurs & la situation des Al-
lemands inssuent beaucoup sür leur poe-
sie; leur pays divise en une multitude de
petirs Etats disserents, independants les uns
des äutres , anis seulement par la consti-
tution generale qui fair un corps ’de ces
parties , ccpendant toujours separees, &
la langue qu’on parle dass tous avec quel-
ques diversites dans la prononciation , Sc
quelquefois dans certainesexpressions & dans
certains tours , font peut-dtre un des plus
grands obllacles ä leurs progres dans di-
vers genres 5 leur theätre, par exemple , est
etfeore dans l’enfance; il demande- de gran-
des villes tres peuplees , & une societd
p'crfedtionnee qu’on ne doit pas trowver
dans uue contree ou l’on voit taut de Sou-
verains qui vivent chäcun chez eux , &
donnent Ic ton ä la porrion desujets qu’ils
gouvernent. Leurs Poetes , pour ainsi dire ,
disperses dans ce pays vaste , ne se reu-
nissenc pas dans de grandes capitales od ils
peuvent se voir, se consulrer, sxclairer ;
c’est par lettres , c’est par la voye de l’im-
prcsiion qu’ils communiquent ensemble ;
ils restent isoles, repandiis qa & la, plus
xapproches de la Campagne qui frappe sans
cesse leurs regards, & qui Jeur offre dans
la Nature des tableaux ä leur portec qu’ils
ont essaye de peindre, & qu’ils ont peints
avec sucaes. M. Aleaume leur rend justice ;
’1 relevc avec beaucoup de goür ce que
Ion doir louer en eux, & ce qui merite
d’ecre imitd; il s’est lailse aller au seati-
ment dans ces details, bientot il reprend
le ton du critique , & il fixe avec auranc
d'isquitc ce qu’il faut bläaacr Sc cyiter dans
33 Ils ne savent jamais s’arre-
ter; leurs deseriptions satiguent par leur
multiphcke ; ils peignent la Nature comme
un amant voudroir peindre sa maltresse ;
le moindre detail les interesie ; le moindre
traic leur paroit prccieux 5 & comme ils
aimeot. tour en eile , ils se croient obli-
ges de tour peindre, Mais la Nature esb
une de ces Beautes de perspestive , dont
il ne faut saisir que les grands traits ; la
monotonie , Sc la loagueur sont un autre
defaut trop commun aux Poetes Allemands;
on leconnoic l’inssuence du Nord dans la
lenteur de leur marche , dans l’expieflioo
prolixe , dans la repetirion faflidieuse des
memes lentimcnts , des in£mes ids.es ; on
y trouve rarement , comme dans les ou-
vrages des Grecs Sc des Romains , ce
pallage rapide d’une idee ä (ine idee dis-
ferente , ce slyle anime & ijnpetue-ux , ins
pire par une ame sensible & retentisianre
si j’ose ainsi parier , qui srappde dans 1g
meme instant de plusieurs impresiions , pres-
see du besoin de les produire au debors^»
rencontrc ou inventc ces expressions qu».
reveillenc dans l’esprit plusicurs idees & pln~
sieurs sensations.
Ces ressexions donnent une idee de la ma»
niere dont M. l’Abbe Aleaume a envisagc
Ion travail;. il n’a pris que les grands traits
du Poete Ällemand , & la sseur pour ainsi
dire, de chaque sujet qu’il a traite. Sa
dedicace a Monseigneur le Comte dä Pro-
vence elf ingenicuse; il lui parle des ta-
bleaux qu’il va lui ofitir j c’cst la nature
qui les a traccs.
Et comme dans nos champs sa main toujours fertile
A place l’agreable ä cöte de l’utile ,
Elle vous accorda des vos plus jeunes ans.
Les Ruits de la.raison , & la sseur des talents.
Puisse le Dien de la Itimiere ,
Dont en vers inegaux ma muse irreguliere ,
Va chanter le lever , le cours Sc ledeclin ,
Ne faire qu’un beau jour de votre vic entiere 1
Digne d’un si brillant marin,
Que votre midi sans nuages ,
RemplilFeles heureux pr6sages,
Dont votre aurere a ssatte notre espoir 1
Que lesoirdevos jours s’ecoule sans orages,
Er que lanuit jamais ne remplace 1c soir.
Le matin est d’abord l’objet des chants
da Poetcj il pcint l’aarorc näilsiuitc dissi-